Prix Mille Saisons 2017 dans les Chroniques d’Altaride 27

Les éditions Le Grimoire présentent Du Plomb à la lumière: L’anthologie du Prix Mille Saisons 2017. Août 2015

–  Chroniques d’Altaride 27 par Benoît Chérel –

La Cour des miracles

Faisons d’abord le point sur La Cour des miracles, le recueil de nouvelles de la première édition du prix Mille Saisons. Selon Olivier Portejoie, le jeu en valait la chandelle : « On peut dire que la sauce a bien pris, l’idée d’une collection interactive intéresse les lecteurs. Il est plaisant de pouvoir avoir son mot à dire en tant que lecteur ! » Côté ventes, La Cour des miracles s’en sort plutôt bien par rapport au marché. « Sur une tirage à 2 000 exemplaires (ce qui est assez important), 600 ont déjà été vendus. Il faut savoir que les romans de science-fiction ou de fantasy sont aujourd’hui rarement tirés à plus de 1 000 exemplaires, tient à préciser Olivier. Ce sont là des chiffres beaucoup moins importants qu’il y a vingt ans et les gros tirages sont très rares actuellement dans ce type de littérature. » Il y a donc eu une perte de lectorat, et on ne peut pas accuser le numérique, dont les chiffres ne sont pas vraiment extraordinaires non plus. Il faut sans doute chercher plutôt la réponse dans la multiplication des supports, des propositions et des modes de diffusion. La Cour des miracles a essentiellement été vendue en salons. Le marché du livre, après s’être rétracté, se maintient solidement sur sa position, en tout cas dans les milieux portés par les cultures de l’imaginaire, et il y a encore de la place pour les bons produits, « comme La Cour des miracles », précise Olivier Portejoie.

La rémunération des auteurs

La question de la rémunération des auteurs a soulevé des interrogations au sein des groupes d’auteurs sur les réseaux sociaux. Olivier Portejoie insiste sur le fait que l’approche proposée par Mille Saisons est nouvelle, mais généreuse : chaque auteur de nouvelle et chaque illustrateur publiés reçoit dix anthologies imprimées, pour une valeur totale de 250 € (prix de vente). Mille Saisons se veut une maison d’édition équitable : elle propose aux auteurs qui le souhaitent d’acheter des ouvrages à moitié prix (ils toucheront donc 50 % du prix du livre s’ils le vendent eux-mêmes). Un rapide calcul. Les droits d’auteur sont généralement de 10 % (voir 8 % lorsque l’auteur débute). Soit, sur 23,63 € (prix de vente TVA déduite de l’anthologie), 2,36 €… à diviser entre les 40 participants (20 auteurs et 20 illustrateurs). Sur 2000 exemplaires (moins les 200 dédiés au service de presse et les 400 exemplaires donnés aux auteurs et aux illustrateurs), on obtient 82,68 € par personne si tous les exemplaires sont vendus. De plus ces droits sont payables en fin d’année lors du décompte des ventes. « Chez nous, précise Olivier, chaque auteur obtient 250 € en livres et la possibilité d’en acheter à moitié prix pour les revendre à son seul bénéfice. » Le gagnant a, en plus, un chèque de 500 €. Ce qui fait du prix Mille Saisons l’un des mieux dotés. « J’ai créé le prix, raconte Olivier Portejoie, pour encourager les auteurs qui veulent vivre de leur plume. 500 € pour une nouvelle et la proposition aux auteurs de vendre en salons, cela va dans le sens de les aider à gagner leur vie. Généralement les auteurs qui vendent en salons touchent 10 % du prix du livre. Si nos auteurs étaient payés en droits d’auteur, ils y perdraient. »

Une anthologie interactive

L’idée, chez Mille Saisons, est de continuer à développer cette anthologie interactive d’une année à l’autre. Pour la deuxième édition, intitulée Du plomb à la lumière, « nous repartons sur les mêmes règles, qui ont fait leurs Bar L e prix Mille Saisons, nous en avions déjà parlé il y a près d’un an, dans le numéro 29 des Chroniques d’Altaride. Olivier Portejoie, le directeur de collection, nous avait présenté en quoi consistait cette initiative éditoriale novatrice, portée par la plus ancienne maison d’édition rôliste, Le Grimoire. Nous y revenons, car Mille Saisons propose actuellement aux créateurs en herbe de participer à la deuxième édition de son prix. L’occasion de faire le point sur l’action menée depuis un an par l’éditeur. 28 preuves, explique Olivier : le gagnant obtient une récompense de 500 € et la possibilité de publier un roman inspiré par sa nouvelle chez Mille Saisons ». Mais il y aura du neuf : encore plus d’interactivité ! L’éditeur a d’ailleurs décidé qu’à chaque nouvelle anthologie, il y aurait une innovation, et toujours plus d’interactivité. Dans La Cour des miracles, chaque nouvelle était accompagnée d’une illustration différente. Dans Du plomb à la lumière, il y aura, en plus, une musique spécialement composée pour chaque nouvelle. Elle sera d’une durée à peu près égale au temps nécessaire pour la lecture de la nouvelle associée et pourra être téléchargée par les lecteurs grâce à un QR Code.  « Le lecteur qui achète l’anthologie dispose donc d’un droit d’action, chaque anthologie est en quelque sorte une action de la maison d’édition », insiste Olivier. Il peut en effet voter maintenant trois fois :

►► Pour un auteur de nouvelle. Le gagnant obtient 500 € et la possibilité d’écrire un roman, inspiré par sa nouvelle, qui sera publié chez Mille Saisons. Les votes pour les auteurs des nouvelles contenues dans La Cour des miracles se poursuivent jusqu’au 31 décembre 2015. Le premier prix Mille Saisons sera décerné en public au Salon du livre de Paris, en mars 2016. Ce sera également l’occasion de présenter l’anthologie Du plomb à la lumière, pour commencer à voter pour le prix Mille Saisons 2017.

►► Pour un illustrateur. Chaque nouvelle sélectionnée dans l’anthologie est illustrée par un étudiant de l’école Jean-Trubert, seule école délivrant un diplôme d’illustrateur et dessinateur de bande dessinée reconnu par l’État français.

►► Pour un compositeur (nouveauté du prix Mille Saisons 2017). Un compositeur par nouvelle, celui qui recueillera le plus de votes pourra réaliser la musique du roman écrit par l’auteur choisi pour le prix Mille Saisons 2017. « La musique ajoute une dimension supplémentaire, aussi bien artistique qu’interactive, explique Olivier Portejoie. Les mots de chaque nouvelle, le style de chaque auteur seront interprétés en langage musical. » À chaque anthologie, il y aura donc une nouvelle innovation. Pour 2018, Olivier la connaît déjà… mais nous avons eu beau le cuisiner : c’est encore un secret ! Revenons à nos moutons. Le thème de cette année, Du plomb à la lumière, est assez intrigant. Selon Olivier Portejoie, La Cour des miracles était un thème évident, porteur : « Ici, les auteurs, après analyse du titre, vont s’approprier les notions qu’il contient pour l’interpréter avec une histoire issue de leur univers. » Le but est ainsi de leur laisser avant tout une totale liberté, de leur permettre d’entrer dans une démarche innovante d’interprétation et de réappropriation des symboles.

Des auteurs libérés

Par ailleurs, un des principes de base de l’anthologie réside dans la possibilité donnée au lecteur de valider un contenu qu’il apprécie. « C’est une libération pour le créateur, s’enthousiasme Olivier. L’auteur est libéré des angoisses de l’écriture, de ses contraintes. Une première validation par la nouvelle permet aux auteurs qui hésitaient de se lancer dans l’écriture d’un roman. Un roman, cela prend du temps. Parfois plusieurs années. Pendant le processus, on se pose souvent des questions : est-ce qu’il va plaire ? Est-ce qu’un éditeur voudra bien de mon travail ? Sans savoir ce que le roman va devenir. Ici, ils peuvent valider leurs idées avec une nouvelle qui est soumise à l’approbation générale. Le roman ne sera donc pas initié à l’aveugle, mais des lecteurs l’attendront déjà ! » Cette approche nouvelle affranchit l’auteur des contraintes des maisons d’édition classiques : avec la combinaison « Anthologie + Collection interactive », le lecteur a le pouvoir de choisir.

■ Benoît Chérel
Août 2015 – Chroniques d’Altaride
Découvrez les Chroniques d’Altaride N°037 Juin 2015 La Misère

Misère ! Quel thème compliqué que celui de la misère en jeu de rôle ! Mais ce n’est pas ça qui va empêcher les Chroniques d’Altaride de s’y attaquer en ce mois de juin 2015 ! Vous trouverez donc dans ce numéro aides de jeu et réflexions rôlistes autour de la question de la misère, qui s’étend aussi à l’attrition dans les mécaniques de règles. Et bien sûr, comme tous les mois dans la revue rôliste, des entretiens avec des acteurs du milieu ludico-geek, qu’ils soient éditeurs, auteurs, maîtres d’hôtel ou, misère, même des chevaliers Jedi, des vrais !

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