Prayers for Bobby ("Bobby, seul contre tous" pour la traduction française...Beurk!), attention ça risque de spoiler un peu.
Adaptation d'un livre basé sur l'histoire de Mary Griffith, militante américaine pour les droits des homosexuels après que son fils gay se soit suicidé dans les années 80 à cause de son fanatisme religieux.
J'en avais tellement entendu sur ce téléfilm (attention, préparez vos mouchoirs, vous allez vous noyer dans vos larmes, c'est un très bon téléfilm, très bien fichue, etc...), au score assez élevé sur imdb, que la déception est assez présente. Non pas que ce soit mauvais, non, mais car c'est "correct" sans plus car limité par le format "téléfilm". Parce que pour le coup, ça a la couleur d'un téléfilm, la saveur d'un téléfilm, le look d'un téléfilm (contrairement à certains téléfilms qui auraient pu sortir en salles...). C'est bien simple, même les photos promos du film sont plus agréables pour la rétine que ce qu'on voit dans le film. Aucune ambition (ou à peine...Allez, soyons honnête : je dirais que les 10 dernières minutes sont bien faîtes) dans la mise en scène, dans les plans (90% des dialogues en champ contre champ...Que c'est ennuyeuuux), les éternels fondus au noir obligatoires pour caser la pub mais qui gâchent automatiquement le rythme du film (pour le moment les seuls fondus au noir que j'apprécie sont ceux du père Josh Whedon dans ses séries), et quand enfin il se passe quelque chose c'est pour avoir ces fichus effets inutiles de caméras et de flashs si présents dans n'importe quel téléfilm. Mais le plus gros problème avec ce fichu format téléfilm, c'est le fait que 90 minutes pour raconter une telle histoire c'est peu. Vraiment très peu, alors que le long métrage aurait nécessité au moins un quart d'heure supplémentaire. Pour ces raisons les évènements se déroulent bien trop vite, les passages importants semblent expédiés, et la deuxième partie du film (le retournement de veste de Mary Griffith, donc à la base le thème principal de ce téléfilm) est pour le coup vraiment trop courte. Avant cela on doit se coltiner une première partie qui a l'air trop longue car pas franchement bien fichu : Sigourney Weaver joue les mères affolées en poussant des "Bobbyyyy" l'air effrayé toutes les 5 minutes, la descente aux enfers de Bobby est, comment dire...Inexistante à cause d'une narration bancale : après tout, tout le monde sait que le bonhomme va se suicider, le suicide étant pratiquement montré dès la première scène du film, donc pas de suspense de ce côté là. Il fallait raconter les causes de ce drame. Force est de constater que les évènements menant à son suicide sont, heu, comment dire, bah oui loupés, tant est si bien que son suicide ressemble plus à une grosse crise de emo-kid qu'à autre chose : le gars est quand même loin de sa famille et de sa mère fanatique donc tranquille, en coloc avec une très bonne amie, sort avec le cousin gay de cette dernière, s'entend très bien avec la belle famille, a un boulot...Mais il suffit que Bobby apprenne que son petit ami soit adepte du libertinage, et qu'il se remette à penser à sa mère qui ne veut pas d'un gosse gay pour que notre Bobby se jette d'un haut d'un pont...Cherchez l'erreur. On va me dire que les choses se sont sans doute réellement passées ainsi, mais qu'est ce que ça passe mal en film.
Et il ne reste plus que 40 minutes à peine pour traiter l'évolution de Mary Griffith de fanatique religieuse en symbole de la lutte LGBT...Et forcément, 40 minutes c'est peu, très peu.
Mais le pire c'est d'avoir l'impression que quelques scènes coupées ont du sauter. Voir de se dire qu'il y a certaines erreurs de montage (dans le pure style "tient, Bidule vient de monter rapidement dans sa voiture, alors que le plan précédant il était sur le trottoir"), dans le seul but de grignoter quelques secondes.
Vu l'histoire, le casting, un film de plus de deux heures aurait été bien meilleur avec un budget bien moins fauché, et le tout destiné au grand écran, car pour le coup c'est un peu du gâchis je trouve. Même Sigourney Weaver (dont tout le monde ne dit que du bien : "son meilleur rôle depuis longtemps, si elle n'est pas nominée aux Emmy Awards c'est qu'il y a un problème") a l'air un peu nunuche sur les bords par moments.
Dommage, le réalisateur aurait eu besoin de plus de moyens, car la volonté est là. Bon téléfilm, mais mauvais film quoi.
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Le réalisateur? C'est là que ça devient intéressant, car il s'agit de se tâcheron de Russell Mulcahy!
Oui, monsieur Highlander, et également monsieur "je sorts des DirecttoDVD fauchés et assez pourris depuis des années, entre deux mauvais films cinés". J'avais vu Le Roi Scorpion 2 récemment, un navet qui faisait presque figure de chef d'œuvre comparé à ses derniers films (mention spéciale à son "île Mystérieuse" dont quelques images me suffirent, avec le pauvre Patrick Stewart en capitaine Némo et le pauvre Kyle Maclachlan paumé dans ce nanar). Et c'est là qu'on se demande comment se réalisateur de séries B a finit aux commandes d'un tel film (je crois qu'il doit s'agir de son seul film dramatique là, ou de l'un des seuls...). Commande des studios, ou bien projet personnel qui lui tenait à cœur? Car pour le coup on tient là le meilleur film de Mulcahy depuis très longtemps à mon humble avis, du coup il me tarde de voir son prochain film au cinéma, pour une fois qu'il a l'air intéressant en plus (la bande annonce m'a donné envie...Et je crois que je commence à aimer Thomas Jayne)! Ma parole : peut-être assistons-nous à la résurrection du père Mulcahy! Nanarland devra virer sa fiche-réalisateur de la section Has-Been!

Enfin bref, Russell Mulcahy est parvenu à émouvoir quelques millions de spectateurs aux USA, et tout le monde s'en fiche : au lieu de parler de cela sur les fora de IMDB, fanatiques religieux, chrétiens pro-gays, athéistes et autres homos s'étripent joyeusement...Ouais, en gros le monde tourne rond quoi!
