Dis, Harfang, t'arrive facilement à discuter de ce domaine avec des personnes non "initiées" ? De mon côté, j'ai du mal. Je sens les gens de mon entourage réticents, comme si le sujet les mettait mal à l'aise.
Cibylline, désolé si mes réponses sont vives. Si tu penses que ça part en sucette, c'est dommage.
Même si tu ne réponds pas, je vais quand même préciser quelques petites choses.
Non, tu ne respectes absolument pas ce que j'ai dit. En l'étiquettant "TF1", tu démontres clairement que tu méprises mon point de vue et que tu penses que tu détiens la science infuse.
1) J'ai du mal à cerner ton point de vue, en fait. Tu retombes toujours sur le fait que des travailleurs sociaux peuvent être nuls. Je ne le nie pas mais je ne vois pas ce que ça apporte.
2) Si j'avais la science infuse, je ne ressentirai pas le besoin de parler de ça sur un fofo.
Clairement, tes interventions ne m'ont pas redoré l'image que je peux avoir des AS, mais, bon, j'ai pas attentu après toi pour me faire mes opinions.
Je ne sais pas quelle image tu as des AS. Juste qu'ils peuvent parfois être mauvais.
Cela-dit, je ne voulais pas discuter de cela, je ne voulais pas faire la promotion des services sociaux.
Un enfant peu se droguer, fuguer, etc. sans que ses parents soient mauvais.
Ce n'est pas parce que je n'aime pas qu'on déreponsabilise la place des parents que je crois tout le monde coupable et que je me pense meilleure que les autres.
D'accord. Je comprends mieux ce que tu voulais dire par "que parce que l'adulte n'a pas fait ce qu'il fallait."
Oui c'est certain. Mais on ne le sait pas par avance ce qu'il faut faire. On peut très bien élever parfaitement 4 gamins et avec le cinquième (pas forcément le petit dernier), ben ça ne marche pas et on ne comprend pas pourquoi.
Ce que je voulais juste faire comprendre c'est qu'on peut se retrouver en gros conflit avec son gamin sans pour autant être un "mauvais" parent.
Il ne s'agit pas de déresponsabiliser, bien au contraire. Il faut aider à ne pas baisser les bras, à faire des efforts pour changer de comportement (et dieu sait que c'est dur !).
Mais il ne s'agit surtout pas d'accabler et sortir à un parent "tu n'as pas fait ce qu'il fallait", c'est violent, très violent.
Allez hop, passons !
J'en reviens à cette réflexion :
Demande-toi si le pire est une injustice chaotique, fondamentale à la nature même de la vie, ou si c'est une injustice parfaitement contrôlée qui détermine chaque aspect de ta vie, jusqu'à l'heure à laquelle tu devras aller aux chiottes et s'il est convenable que tu te grattes les couilles devant tes gosses.
Cela pose des questions très intéressantes et d'actualité, puisque l'ensemble du champ d'intervention sociale est remise en cause par notre cher gouvernement.
On navigue entre les deux extrêmes que tu cites et il est très difficile de fixer une limite du champ d'intervention, entre interventionnisme à outrance et le "laissez-les tous crever, dieu reconnaîtra les siens".
Pour rester dans le domaine de la protection de l'enfance, à partir de quel moment l'intervention se justifie ?
Grosso modo (j'vais pas vous assomer avec les textes de loi), l'intervention se justifie dès lors que l'intégrité physique et morale de l'enfant est menacée.
Physique, c'est à peu près clair. Morale, c'est déjà plus fou.
Quelques exemples (certains vont vous rappeler des faits réels qui ont défrayer la chronique

) :
- Un gamin de 12 ans est déscolarisé et traîne dans la rue tard la nuit avec les potes à fumer des joints et à faire des bêtises.
Doit-on intervenir ?
Actuellement, c'est le cas, ne serait-ce que parce qu'il y a l'obligation scolaire jusqu'à 16 ans.
Mais, après tout, est-ce que ça se justifie ?
Le gamin fait des conneries, il compromet son avenir socio-professionnel. Mais est-il vraiment en danger ?
Ok, il risque plus que la moyenne de se retrouver avec un couteau dans le bide pour une sale histoire de shit... mais ça reste rare quand même. Allez, au pire, il va faire quelques mois de taule ou devenir un criminel pur et dur. Après tout, il y en a toujours eu, hein ?
- Une gamine de 16 ans est "ramenée" au pays pour être mariée (de force).
Doit-on intervenir ?
Là, comme ça, ça semble choquant. Mais après tout, elle n'est pas véritablement en danger.
- Une dame vient demander une aide financière alimentaire pour boucler son fin de mois et alimenter ses gosses. On constate en étudiant ses factures qu'il y a 100 euros de téléphone portable, 30 euros d'abonnement internet, quelques euros aussi pour le cable ou canal +, qu'elle a fait un prêt conso pour acheter un super écran plat.
Doit-on se contenter de lui donner les sous et basta ?
Ou peut-on se permettre une "intrusion" afin de lui faire comprendre qu'elle pourrait mieux gérer son budget.
Après tout, elle est libre, elle fait ce qu'elle veut de son fric et on ne peut pas lui reprocher d'offrir un peu de confort de vie à ses enfants... oui ? non ?
- Monsieur est polygame. Il a 3 femmes et 15 ou 16 enfants. Tous entassés dans un F5. Pour bien faire, monsieur ramène souvent des gamins du pays (dont on ignore tout de la filiation réelle). Gros problèmes d'hygiène (le bruit et l'odeur, vous connaissez

), de santé, d'intégration sociale, gros problèmes scolaires des enfants, ceux qui ne filent pas droit sont renvoyés au pays...
Bref, beaucoup de fragilités de notre point de vue social et culturel.
Doit-on intervenir ?
Mais après tout, s'ils sont heureux comme ça ?
- Vous l'avez peut-être remarqué, il y a depuis quelques temps une sensibilisation médiatique au sujet de l'enfance en danger : le fameux numéro vert 119.
C'est à notre niveau que c'est traité.
N'importe quand, un travailleur social peut venir sonner à votre porte parce qu'un voisin grognon a balancé que vous laissiez dormir votre gamin tout nu sur le balcon.
Le travailleur social est envoyé au charbon là. Dans la plupart des cas, il est très très très mal accueilli (on retombe sur ce que disait Nicky sur la "mauvaise réputation"), mais ça, on s'en fout, il est payé pour ça et c'est logique. J'imagine parfaitement ma tronche si jamais ça devait m'arriver.
Alors oui, c'est intrusif, c'est une forme de violence.
Mais peut-on ignorer un signalement ? Si on ne le fait, ne risque-t-on pas de passer à côté de quelque chose de grave ?
- Une gamine de 10 ans dit que sa mère la frappe. Comment traiter cette information ? Quel crédit apporter à la parole de l'enfant ? A celle de la mère ? A quel point être intrusif pour savoir ce qui est vrai ou pas ? Enquêter, au risque d'arriver à de mauvaises conclusions ?
Ou bien attendre qu'il y ait un vrai accident ? Qu'un véritable constat médical soit fait ?
Après tout, quelques baffes de temps en temps, ça n'a jamais tué personne... ou presque.
Et puis, vous connaissez très bien le syndrome victime / agresseur. La petite fille "mise à l'abri" a de fortes chances de réclamer à corps et à cri de revenir près de sa maman qu'elle aime (malgré tout), alors, après tout,...
Laissez faire, après tout c'est la vie et c'est parfois moche ?
Ou intervenir ? Et intervenir jusqu'à quel point ?
EDIT (pour Beltane) :
J'savais pas pour le XVI
Mais bon, j'ai ma réponse : ce n'est pas être maltraitant que de chercher à protéger ses enfants, merci bien :)
Bah, tu le savais bien.
Oui, ce n'est pas être maltraitant que de chercher à protéger ses enfants... mais on peut le devenir en voulant "trop" ou "mal" les protéger.
Si t'en viens à la séquestrer quand elle aura 16 ans parce que tu as peur qu'il lui arrive quelque chose... oui, ça sera maltraitant... mais en même temps tellement compréhensible.
Le seul truc "éducatif" qui semble assez évident, c'est de maintenir le dialogue avec les enfants, quelque soit leur âge (mais sans les mettre à une place d'adulte non plus). C'est facile à dire mais ça implique tout un tas de petites choses. Ne serait-ce que faire des repas tous ensembles autour d'une table (ce qui se fait de moins en moins) (et pas forcément tous les jours, parfois ce n'est pas possible).
Fin bon, y a aussi des familles où personne ne se parle et où tout se passe bien.