Page 1 sur 2

Décrire des banalités dans une histoire de Fantasy.

Publié : 24 Mai 2007, 00:40
par Thanatos
Alors voilà mon problème!

j'écris et je décris un monde de Fantasy mais par contre les personnages ( quand il ne zigouille pas du dragon à la pelle) ont des activités tout à fait banales.

Par exemple, les chevaliers lisent des romans épiques pendant leurs pauses, les mages font de la pâtisserie pour accompagner leur thé du quatre heure, les grands comploteurs se perdent dans les couloirs des grands palais et redeviennent pendant quelques temps des enfants terrifiés de ne plus jamais revoir le monde...

Enfin bref, rien d'épique et rien de fantastique. Parfois C'est presque si Eugénie Grandet de Balzac vivait dans la tour de Sauron ou l'Etranger de Camus qui aurait zigouillé Druss.

Attention je dis pas que j'écris comme Balzac ou Camus mais de temsp en temps ça tombe davantage dans la contemplation que dans la description du fantastique.

Alors est-ce que vous pensez que ce genre de chose "parasite" le récit intial?

Publié : 24 Mai 2007, 01:05
par pingu
non.

Publié : 24 Mai 2007, 07:46
par Napalm Dave
Au contraire: cela donne du réalisme au récit et évite l'impression de héros super immortels.
Dans la "Chute des Anges", mes héros passent une bonne partie de leur temps à fuir en se cachant dans des forêts périlleuses et je m'attèle à décrire comment ils y survivent, chassent, cueillent etc. Il ne faut pas qu'on ait l'impression qu'ils sortent leur nourriture du chapeau magique.
J'ai prévu un chapitre entier où ils dînent à la table d'un prêtre pour avoir un prétexte à discussion (et à explications pour le lecteur). :cool:

Publié : 24 Mai 2007, 09:55
par Lyssandre
Non ! Ils ont besoin de vivre, les héros, aussi puissants soient-ils. Ils ont besoin de manger, de discuter, de rire... Et ils ne peuvent pas tout réussir tout le temps (ils peuvent se perdre dans les donjons par ex, oui, :lol: ). C'est ce qui rend le récit plus réaliste, c'est essentiel. On ne lit pas de la fantasy pour voir des héros superpuissants au top de leur forme alors qu'ils n'ont pas mangé depuis 3 semaines et pas monté de camp pour se reposer dignement depuis 1 mois !
Moi, l'idée qu'un chevalier lise un roman épique me fait rire... C'est pour apprendre ? :lol:

Publié : 24 Mai 2007, 10:44
par Xss
Non à 1000% XD Marre des clichés : cette banalité rajoute beaucoup de vie! J'accroche très rarement à la fantasy car le plus souvent les persos/réactions/situations/etcetc ne me paraissent jamais un tant soit peu réalistes car justement on enlève tout ce qui est banal (en dehors des grosses scènes d'actions, des vilaines bêbêtes, et de tout le reste propre à la fantasy, hein? XD)...Enfin, je crois, je ne lis pas trop la fantasy car le peu que j'en ai gouté ne m'a pas emballé du tout!

Publié : 24 Mai 2007, 11:50
par Blackwatch
Même réponse que les autres: en théorie, ca ne me semble pas parasiter l'ambiance et ca ajoute du réalisme. Maintenant, il faut voir comment tout ça s'imbrique dans ton récit.

Publié : 24 Mai 2007, 13:41
par Ookdelph
Napalm Dave a écrit :Au contraire: cela donne du réalisme au récit et évite l'impression de héros super immortels.


Oué ! Parce qu'après tout, même les immortels vont au petit coin. Et mangent des sandouitches quand ils ont la flemme de faire une blanquette. Na.

Publié : 24 Mai 2007, 15:20
par Amalrus
Je plussoie énergiquement ! Les petites banalités du quotidien désacralisent les héros et les ramènent à des dimensions plus humaines. L'identification est d'autant plus facile.

Publié : 24 Mai 2007, 15:22
par GabrielleTrompeLaMort
Et puis ces moments de "détente" ou d'action secondaire permettent de ralentir le rythme de l'histoire, de permettre au lecteur (et au héros) de se reposer et de prendre du recul, de réfléchir. :)

Publié : 24 Mai 2007, 17:42
par Napalm Dave
N'oubliez pas d'ailleurs que les contingences banales et matérielles peuvent servir l'intrigue: Dans le seigneur des Anneaux, une bonne partie de la pression et du suspens autour du voyage de Frodon et Sam est constituée par leur manque d'eau et de nourriture qui peu à peu amenuise leurs forces et leur morale, les fatigue, les rend irritables(et l'anneau en profite bien d'ailleurs).

Publié : 24 Mai 2007, 18:04
par le_navire
C'est justement sur quoi je travaille dans mes dernières corrections de mes Dieux Maudits. A rajouter des scènes qui détournent de l'action parce que sinon, ça devient barbant à force de cumuler les épisodes qui vont bien. Mes bêta-lecteurs ne me l'ont pas pardnonné, et ils avaient bien raison !

Publié : 24 Mai 2007, 21:18
par Roanne
:lol: Ce n'est pas moi qui critiquerais les petits détails du quotidien car mon propre récit est entièrement basé dessus.

Les serveuses ont un esprit très pratique, il faut bien :lol:

Les petits détails du quotidiens permettent de faire des pauses, d'apprendre à connaître les personnages (sont-ils maniaques ou jettent-ils les miettes sous la table ?), de s'identifier, de les trouver humains.
Indispensable à mon avis.
En tout cas en temps que lectrice, les héros qui ne font jamais la vaisselle, si ce n'est pas justifié, je trouve ça louche ! :lol:

Publié : 25 Mai 2007, 08:05
par Napalm Dave
J'ajouterais encore que les mondes de la fantasy sont antiques / médiévaux voire juste "post- poudre noire" donc très arrièrés. Une bonne partie de l'intérêt de ce genre de monde, c'est justement ce côté "arriéré" et pas seulement de se mettre dessus à l'épée ou à la morgenstern.
Les gens ne pensent pas comme dans un monde contemporain, ne réagissent pas pareil, ne vivent pas pareil. On ne peut pas aller se ravitailler au fast-food du coin quand on a rien prévu, ni coucher au formule 1: les expéditions doivent être préparées et les voyages durent des jours et des jours. Les paysans triment toute la journée pour obtenir dix grains de blé pour un seul planté dans l'année. Ils sont donc souvent fatigués, irrascibles, méfiants envers les étrangers. En revanche, ils sont moins prompts à ignorer un héros en difficulté et auront peut-être plus le sens de l'horpitalité: ils savent à quel point les voyages sont pénibles et dangereux.

Sans technologie moderne, tout est différent: les gens vivent avec le soleil car ils n'ont pas la lumière électrique comme nous. Ceux qui vivent la nuit sont suspects... Les distractions sont peu nombreuses et les nobles se complaisent dans des jeux violents, souvent aux dépends des pauvres gens.

En bref, c'est tout cela qu'il faut prendre en compte lorsque l'on écrit de la fantasy.

Publié : 25 Mai 2007, 09:20
par Mattieu
Il faut faire attention entre banalité et ennui.
Autant la banalité peut servir l'histoire, autant elle peut également être déplacée.

Publié : 28 Mai 2007, 21:38
par Beorn
Comme Mathieu, je me méfie des banalités.
Dans un roman, tout soit être utile, le moindre mot.

Des moments creux dans le rythme, comme dit Gaby, il en faut bien sûr.
La description de petits gestes du quotidien qui n'ont pas de rapport direct avec l'action, c'est intéressant aussi, ça permet d'enrichir les personnages et de poser une atmosphère. Et ça peut aussi servir l'histoire.

ex : si un personnage riche et puissant entre dans la cahute d'un pauvre et dans la discussion, de rage, brise un pot en terre cuite, ça aura plus de sens si on nous a dit un peu avant que c'était avec ce pot qu'il faisait sa cuisine, recevait ses invités, allait chercher de l'eau au puit etc.. qu'il n'en avait qu'un seul et n'avait pas les moyens de s'en acheter un autre.
Alors seulement on pourra comprendre ce qu'il ressent en ramassant les morceaux cassés.

Maintenant, décrire des sènes qui n'ont rien à voir avec l'histoire juste pour se faire plaisir, c'est oublier un peu le lecteur dans l'affaire...

Donc pour moi, des banalités, un peu oui, mais pas au hasard et juste pour s'amuser : chaque mot doit être utile.

Publié : 28 Mai 2007, 23:57
par Xss
Maintenant, décrire des sènes qui n'ont rien à voir avec l'histoire juste pour se faire plaisir, c'est oublier un peu le lecteur dans l'affaire...

Donc pour moi, des banalités, un peu oui, mais pas au hasard et juste pour s'amuser : chaque mot doit être utile.


Oui bah, il existe plusieurs types de lecteurs, et justement ces "scènes qui n'ont rien à voir" (style : "machin fait la cuisine") sont justement un des trucs qui me font rentrer dans le récit.
J'en connais quelques-uns par exemple qui n'avaient pas aimé la longueur des derniers Harry Potter, ainsi que certains passages bien inutiles, moi ce sont ceux que j'ai préféré. D'autres ne supportent pas que Stephen King s'étire en longueurs, moi j'adore (oooh, Le Fléau).
Moi, les romans qui vont trop à l'essentiel je ne les supporte pas sauf si l'auteur est un génie et qu'il parvient à ne pas m'ennuyer.
Bref, chacun sans truc, et tant mieux : vive la diversité et quand il y en a pour tous les gouts! XD

Publié : 29 Mai 2007, 08:40
par Beorn
Xss a écrit :Moi, les romans qui vont trop à l'essentiel je ne les supporte pas sauf si l'auteur est un génie et qu'il parvient à ne pas m'ennuyer.


Oui bah, il existe plusieurs types de lecteurs, et justement ces "scènes qui n'ont rien à voir" (style : "machin fait la cuisine") sont justement un des trucs qui me font rentrer dans le récit.


Oui. :wink:
Moi aussi, les romans trop courts et ascétiques me laissent froids, en général. Ce que j'aime, c'est les longs romans où on a le temps de se perdre.
Quand je dis "utile" je ne pense pas "directement utile à l'intrigue". J'adore les longueurs de Stefen King, mais elles ne sont jamais inutiles, elles construisent les personnages et l'atmosphère, et elles viennent au moment où il en a besoin pour ralentir le rythme.

Ce n'est jamais au hasard.

Publié : 29 Mai 2007, 18:20
par Xss
Oui. Wink
Moi aussi, les romans trop courts et ascétiques me laissent froids, en général. Ce que j'aime, c'est les longs romans où on a le temps de se perdre.

Erf, je ne parlais pas forcément d'histoires courtes XD J'aime bien lire des nouvelles de temps à autres, surtout de Lovecraft par exemple...Bon, on va quand même dire que lui c'est vraiment le cas à part...Avec son style j'aime bien les histoires bateau (du style "il y a le village pas-bôôôô-qui-fait-peuuur au milieu de nul part où le plouc de Boston va forcément se perdre...") qui vont à l'essentiel...J'ai zappé tout un passage des Montagnes Hallucinés où il racontait durant des pages les découvertes archéologiques de l'expédition (dans la deuxième partie de l'histoire...).

Quand je dis "utile" je ne pense pas "directement utile à l'intrigue". J'adore les longueurs de Stefen King, mais elles ne sont jamais inutiles, elles construisent les personnages et l'atmosphère, et elles viennent au moment où il en a besoin pour ralentir le rythme.

Sans doute, mais je connais des romans où un simple "hors-sujet" où le personnage principale se décarcasse pour préparer une omelette me réveillerait : le Tome 1 de l'Epée de Véritée, par exemple, qui allait trop souvent à l'essentiel. Boudioouuu, je ne suis pas près à de le relire ce livre! :lol:

Publié : 29 Mai 2007, 18:46
par Napalm Dave
J'ai zappé tout un passage des Montagnes Hallucinés où il racontait durant des pages les découvertes archéologiques de l'expédition (dans la deuxième partie de l'histoire...).


Genre de détails dont je rafole, étant donnée ma curiosité mystico-historico-ésotérique :lol:

Je me rappelle d'un passage de "Vendredi ou la vie sauvage" qui décrit très en détail la cuisson d'une volaille locale au boucan (le four en terre des boucaniers) avec de l'argile et foule de détails culinaires. Dans cette histoire de survie sur une île déserte, ce passage rajoute de l'importance au matériel car précisément, le matos c'est l'enjeu de la survie. En plus, c'est très gai et poétique.

En fantasy comme en post-apocalyptique, le matos et les détails bassement matériels sont importants justement parce que on se trouve dans un monde sans économie industrielle où l'on peut tout acheter facilement: se soigner est difficile, les blessures ne guérissent pas comme ça (l'infection et l'aggravation des blessures, remarquez comme personne n'en parle ou presque), les mauvaises vues et autres handicaps ne se corrigent généralement pas. C'est justement aussi pour cela que la magie revêt toute son importance en fantasy; elle peut soigner, permettre de parcourir de longues distances en peu de temps etc.

Publié : 07 Juin 2007, 11:09
par Linaka
Bon, ben je plussoie.... ;)

Mon roman est aussi largement basé sur des "banalités", que je préfèrerai appeler des mises en place d'ambiance ou de décor. Pour ne pas qu'elles tombent dans l'ennui, il suffit d'y ajouter de l'humour, des anecdotes intrigantes, etc.
Pis moi l'idée d'un mage qui fait de la pâtisserie, j'adoooore! C'est aussi ça qui fait qu'on s'attache énormément à Gandalf par exemple: ses petits côtés personnels comme le fait qu'il aime fumer de l'herbe à pipe.

Et Tolkien l'avait bien reconu: les lecteurs avaient aimé le SDA à cause, en partie, des Hobbits, qui sont très humains, très quotidiens. On s'identifie plus facilement ainsi.
C'est d'ailleurs ce qui fait que j'accroche moins au cycle d'Elric qu'à d'autres romans: Elric est torturé, manipulé par le destin, désespéré, etc etc, et du coup il manque complètement de banalité qui le rendrait humain. C'est le style recherché, je sais, mais pas celui auquel j'accroche le mieux.

PS: pour un exemple de banalité si bien réussie qu'elle a été félicitée par K.Dick lui-même, lisez Le Vaisseau elfique, de J.P.Blaylock. C'est un petit trésor ;)