La spécificité de l'espèce humaine est justement de s'être en quelque sorte affranchi de la plupart des contraintes de la nature grâce à deux particularités: le désir et l'imagination. C'est parce que l'humain a eu le désir de réaliser des conquêtes qu'il s'est rendu maître de la planète et parce qu'il a de l'imagination qu'il a pu résoudre des problèmes. Heureusement car entre nous soit dit, les singes glabres n'auraient pas vécu bien longtemps parmi les tigres à dents de sabre et les dinothériums.
Tout ça pour dire que la sexualité humaine est permanente et par essence, affranchie de la seule fonction reproductrice, elle s'est complexifiée.
En revanche, les pulsions sexuelles s'accordent souvent mal avec le principe de vie en société ne serait-ce que parce qu'elles peuvent inclure une part de violence (ou du moins la frustration est génératrice de violences et de névroses). Il a fallu des siècles pour que les sociétés commencent à admettre que la sexualité était indétachable de la nature humaine et que le sexe pouvait être un besoin au même titre que la nourriture ou celui de se protéger des intempéries.
Dans notre société contemporaine occidentale, la sexualité est toujours le sujet d'une certaine hypocrisie: un mélange de honte et de besoin de paraître. En somme, être un tombeur pour un homme est souvent associé au fait d'être énergique et d'en vouloir, et inversement, alors que pour une femme... En clair, il y a encore du chemin à faire avant que l'espèce humaine assume cette part d'elle-même.
Quant aux prostituées, elles sont un peu les intouchables de notre monde: leur existence même semble honteuse, elles sont l'objet de toutes les critiques mais au final, leur présence arrange tout le monde en vérité.