Bon, j'arrête de troller cinq minutes parce que je n'aime pas me fâcher avec Beorn par simple flemmardise...
D'abord, en effet les gros libraires discutent non pas le prix auquel ils payent le livre, mais le pourcentage accordé par le diffuseur/distributeur (ou parfois par l'éditeur). Pourcentage qui, selon les librairies et les conditions de placement, va de 30% HT accordé à un petit libraire qui prend 1 bouquin hors office, à 40% pour 1 bouquin hors office chez amazon. (les bouquins d'office se négocient en général autour de 33, 35 % selon les quantités.)
Pour un gros éditeur, le soldage est un argument intéressant : la vie de librairie, c'est trois mois. Si le livre a un certain succès, on peut prolonger son existence (particulièrement en jeunesse où les prix sont très décalés par rapport aux sorties, parfois, deux ans après). Pour eux, le passage à un an peut avoir un intérêt. A condition, bien sûr (et c'est pour ça qu'ils réagissent en hurlant si fort) que les gros libraires n'en profitent pas pour faire pression sur eux pour qu'ils soldent même sans le vouloir. Parce que la vie d'un gros succès par contre, est plus longue, et que ses rentrées font vivre une maison pour plusieurs années. Rien n'est simple, même au pays des mastodontes.
Quant au petits éditeurs, quant on sait qu'il arrive qu'un bouquin démarre sa vie huit ou neuf mois après sa publication, vous imaginez le tableau ? Entre 3 et 4 mois pour rentabiliser un bouquin avant que les gros libraires n'exigent un prix soldé ? On est morts.
Exemple : un des prix littéraires jeunesse les plus gros du marché, le Prix des incorruptibles, est un crève cœur pour les petits éditeurs. Il concerne des bouquin parus dans l'année qui précède, sauf que les organisateurs exigent un tirage spécial pour le prix, à tarif cassé (ce n'est pas du soldage, donc la législation ne s'applique pas). Et comme ça s'apparente à un passage en poche, les contrats font obligation à l'éditeur d'un versement à 50/50 (minimum) pour l'auteur. Autant dire que pour un bouquin paru dans l'année, il n'y a de rentabilité que si le bouquin ne marche pas ailleurs. Ce qu'un gros éditeur va déterminer en 3 mois. Un petit mettra bien plus longtemps, parfois trop pour accepter d'abandonner un titre en cours de route...
Et je ne rentre pas dans le débat petits libraires gros libraires qui a déjà été traité en long, etc.
Pour répondre à Lambertine tout en restant dans le sujet :
Au Navire, le taux de placement varie entre 300 (pour les rééditions) à 1200 pour les succès hors pair. Ce qui ne veut rien dire quand au final, on a des bouquins comme L'Inuit vendus à 5000 ex, ou les Virus, à 5500. Et ces deux titres continuent de se vendre à environ 50 ex par mois minimum alors que leur placement originel était de 700 environ.
Et les Virus (prix farniente en Belgique et prix Méditerranée des lycéens) est paru en novembre 2006. Et ses plus grosses ventes se sont faites entre septembre 2007 et avril 2008. CQFD.