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Les contrats d'édition
Publié : 28 Juil 2006, 14:25
par Sand
Un fil clair qui fait le point, avec l'aide du site du Cose-Calcre
Allez hop, vu que la question est revenue plusieurs fois (et en plusieurs post pour plus de lisibilité)
Le compte d'éditeur
http://www.calcre.com/contrats/?page=001
Inutile d'épiloguer sur le contrat d'édition dit normal. Il est régi par l'art. L.132-1 du Code de la propriété intellectuelle (CPI) et fonctionne sur le schéma suivant : l'auteur cède des droits d'exploitation (dits patrimoniaux ou pécuniaires) à un éditeur en échange d'une rémunération proportionnelle (les droits d'auteur) sur les ventes réalisées. Le terme de cession signifie que l'auteur n'a plus le monopole, une fois le contrat signé, sur certaines dimensions commerciales de son oeuvre. En se les appropriant, l'éditeur prend pour lui le risque économique de l'édition, mais aussi les gains réalisés, dont une partie seulement sera reversée à l'auteur au titre des droits d'auteur. Ce principe de rémunération proportionnelle est souverain en droit français et ne souffre que quelques rares exceptions (rémunération forfaitaire) stipulées dans le CPI.
Les dérives qui se font jour dans les pratiques fondées sur le C/E concernent essentiellement deux points :
* La rémunération des auteurs, soit que le pourcentage de droits d'auteur devienne scandaleusement bas, soit que l'éditeur pratique une rémunération forfaitaire là où elle n'est pas justifiée, soit enfin qu'il profite de certaines ambiguïtés juridiques pour minorer l'assiette des droits d'auteur (c'est-à-dire leur base de calcul).
* L'élargissement abusif des droits d'exploitation cédés par l'auteur. Il existe en effet différents droits patrimoniaux (reproduction, représentation, traduction, adaptation...) et la cession de l'un n'entraîne jamais la cession implicite de l'autre. Dans les contrats, chaque droit cédé doit donc faire l'objet d'une mention explicite. Cependant, et en particulier depuis l'essor des déclinaisons numériques, de nombreux éditeurs tendent aujourd'hui à tirer abusivement la couverture à eux pour exploiter des droits dont ils ne sont pas licitement propriétaires.
C'est le contrat pratiqué par Cinquième saison

Publié : 28 Juil 2006, 14:25
par Sand
Le compte d'éditeur limite
http://www.calcre.com/contrats/?page=002
Le Compte d'Éditeur Limite, très en vogue aujourd'hui, qualifie cette zone flottante où le C/E (compte d'éditeur) flirte sans le reconnaître avec le C/A (compte d'auteur). On trouve dans cette catégorie deux spécimens notoires :
C/E « S.DROL » (à Seuil de DROits Légers, dit aussi contrat LIGHT).
Le compte d'éditeur à seuil de droits légers est un contrat d'édition dans lequel l'auteur ne touche aucun droit sur une fraction ou la totalité du premier tirage. Comme la cession à titre gratuit est illégale, les hommes de loi qui ont rédigé le projet ont pris soin de faire figurer ensuite des pourcentages (peu généreux). Si le livre se vend bien, c'est-à-dire s'il dépasse le seuil sur lequel butent 80 % des ouvrages de la même catégorie, l'auteur touchera un epsilon. C'est ce qu'on appelle aussi, depuis L'Écho du Calcre n° 102 (p. 16), les contrats light (ils n'engraissent que l'éditeur...).
Les éditions L'Harmattan ont fait du contrat light leur spécialité en introduisant dans leur littérature contractuelle le fameux « 0% de droits ».
C/E « CORSE » (COnditionné au Résultat d'une Souscription Éditeur).
La situation est telle que de petits éditeurs de poésie en viennent aujourd'hui à faire signer un contrat conditionné au résultat d'une souscription, c'est-à-dire que le contrat ne prend effet que lorsque l'éditeur a reçu un certain nombre de souscriptions.
Ce n'est théoriquement pas du compte d'auteur puisque c'est l'éditeur qui organise et finance la souscription à partir de son propre fichier et que l'auteur n'est pas obligé d'y participer (si l'auteur doit financer l'impression et l'expédition du bon de souscription, cette pratique se ramène à du C/A abusif).
Très vite, cependant, les retombées du fichier de l'éditeur se révéleront décevantes, surtout si ce dernier publie beaucoup et sans trop de rigueur. Le poète passif aura ainsi toutes les « chances » de ne jamais voir aboutir l'édition de son recueil.
Publié : 28 Juil 2006, 14:26
par Sand
Le compte d'auteur
http://www.calcre.com/contrats/?page=003
Là je vais juste les lister pour ne pas charger, allez sur le site donné en lien pour les détails ^^
Nous appelons C/A « normal » un processus éditorial qui s'applique à respecter au plus près les dispositions formulées par l'article L.132-2 du CPI.
On doit y respecter les critères suivants :
- pas de cession de droits,
- définition minutieuse des engagements techniques,
- entière possession du tirage par l'auteur,
- mandatement pour une phase de lancement correctement définie,
- possibilité de résilier ce mandat,
- indication claire des modalités de la diffusion,
- pas de notion de « droits d'auteur »,
- risques, avantages et bénéfices de l'opération correctement définis au départ par le maître d'oeuvre,
- obligation de conseil et de mise en garde respectée,
- prestation complète (fabrication + lancement + diffusion),
- relation transparente avec l'auteur.
Inutile de dire que le C/A normal est pratiquement un mouton à cinq pattes. On trouve pourtant dans Audace quelques prestataires corrects et consciencieux, que le Calcre gratifie alors d'une à trois étoiles.
NUANCES dans l'appréciation d'un compte d'auteur
* C/A SÉLECTIONNÉ & C/A « PUR ET DUR »
* C/A TOTAL & C/A « à PARTICIPATION »
* C/2 (COMPTE À DEMI)
CONTRATS ABUSIFS
LES GRANDS CLASSIQUES
Contrat Conditionné (le plus redoutable)
Contrat Panaché
Contrat à Remboursement Livresque
LES MODERNES
Les nouveaux contrats abusifs sont des contrats à compte d'auteur à participation réelle. D'une part, ils sont abusifs parce que ce sont des contrats de cession avec 0 à 10 % de droits d'auteur. D'autre part, nous les disons à participation réelle car ce qui est exigé de l'auteur ne représente qu'une fraction des coûts de fabrication du premier tirage du livre (entre 20 et 80 %).
Les variantes opèrent dans trois directions : la souscription préalable, l'achat d'une partie du tirage, la fourniture d'une maquette « bonne à imprimer ».
C/A « SPA » (Souscription Préalable de l'Auteur)
C/A « A-FAI-PT » (Achat d'une FAIble Partie du Tirage)
C/A MAQ (fourniture de MAQuette)
Publié : 28 Juil 2006, 14:28
par Sand
Je copie une info relevée ailleurs (il s'agit d'un contrat à compte d'éditeur) :
Beltane a écrit :Sous l'impulsion d'Ayerdhal, les auteurs ont mis au point une sorte de charte de leurs droits, le SERF, ainsi qu'un contrat type agréé par eux, le CEL. C'est le contrat utilisé par Nestiveqnen notamment. Les 2 documents sont lisibles sur le net :
le SERF (lettre ouverte aux éditeurs et parlementaires, signée par nombre d'auteurs) :
http://membres.lycos.fr/nesti/nesti/serf.htmle CEL :
http://membres.lycos.fr/nesti/nesti/cel.htm
Là, voilà tout ce qui existe. C'est vrai que c'est pas évident de s'y retrouver...
Publié : 28 Juil 2006, 14:55
par Roanne
Très intéressant ! Question bête : est-ce que je peux piquer ces définitions pour quelqu'un qui m'a posé des questions auxquelles je ne sais pas répondre ?
Est-ce que je peux m'en servir pour un article ?
Publié : 28 Juil 2006, 15:03
par Roanne
Merci Sand : je vais simplement donner le lien du forum à la personne en question

.
Publié : 29 Juil 2006, 12:02
par Chwip
Je suis tombée par hasard
là dessus
Ca m'a l'air bien hybride. J'ai téléchargé le contrat type pour y jeter un oeil.
Des avis?
[edit] Un contrat non modifiable, j'hallucine! Ils se font pas <censured>!! C'est très limite, ça. Même plus que limite! [/edit]
Publié : 29 Juil 2006, 12:21
par Oliv
En même temps, il ne faut pas être surpris: il est de notoriété publique que les "Editions Le Manuscrit" s'apparentent à une triste arnaque.
Publié : 29 Juil 2006, 12:26
par Chwip
En même temps, je débarque un peu, je me mets au fait de ce qui se trame dans ces contrées hostiles.
A moins que quelqu'un ne se dévoue pour me filer des cours particuliers

contrat de droit d'auteur
Publié : 19 Jan 2007, 14:24
par marionp
Bonjour,
Nouvelle sur ce forum, j'espere que vous pourrez m'aider. J'édite des histoires pour les enfants. Je fais appel à une super illustratrice. Dans chacune de mes histoires, revient le même personnage. Elle l'a créé et j'ai trouve le nom. Dans le contrat, faut il mentionner ceci et qu'est ce que ca implique en terme de droit de reproduction etc?
Merci par avance de vos lumieres!!
A bientot
Marion
Publié : 23 Mars 2007, 09:41
par Chwip
Marion : Normalement, le choix de l'illustrateur et des illustrations est une prérogative de l'éditeur...
Alors si vous travaillez ensemble, il faudra négocier avec l'éditeur et avoir un contrat chacune, je pense. Mais j'avoue que je ne sais pas trop.
Sinon,
Après deux jours de boulot sur le contrat d'édition pour vérifier que ma moitié aurait un contrat en béton, je suis incollable - ou presque - sur le contrat d'édition. C'est très intéressant, et accessible aux non-juristes si vous lisez attentivement les documents commentés.
[mode pub] Vous pouvez retrouver la liste des docs que j'ai potassés et quelques tuyaux
sur mon blog Quêteou
sur mon LJ.[/mode pub]
Publié : 23 Mars 2007, 12:45
par Roanne
Excellent, les auteurs passés par CoCyclics qui seront retenus par une maison d'édition sauront qui enquiquiner

.
(je note tes liens !)
Publié : 25 Mars 2007, 19:27
par Sand
Dans le cas de livres illustrés pour enfant, il est courant de présneter un récit déjà illustré, je crois.
Et il me semble que c'est quand même un contrat chacun.
Publié : 22 Juin 2007, 13:27
par Sand
http://marcautret.free.fr/news/nw0706.php#S3
À paraître cette semaine (18 juin 2007), sous l’égide du Conseil permanent des écrivains (CPE), un guide juridique pro domo intitulé Le contrat d’édition : comprendre ses droits, contrôler ses comptes. Minutieux et militant, cet ouvrage piloté par Emmanuel de Rengervé ne vous dit pas tout sur le métier d’écrivain mais presque tout sur le contrat qui le liera (ou pas !) à l’éditeur providentiel (ou pas !) : conditions de validité de la cession des droits d’exploitation, obligations de l’auteur et de l’éditeur, fin de contrat, droit moral, règles concernant le plagiat et la contrefaçon... Si les lecteurs de 150 questions sur l’édition se sentent incollables sur ce chapitre-là, ils ne perdront rien à lire la deuxième partie du guide, entièrement consacrée à la reddition des comptes. On y trouve notamment les principes légaux et un concentré de jurisprudences posant les principes de la rémunération des auteurs, puis un traitement clair des clauses litigieuses, des « provisions pour retour », etc., le tout assorti d’un lexique et de conseils pratiques plutôt offensifs. Par exemple, une armada de lettres types à envoyer dans les gencives des mauvais payeurs !
Cet ouvrage offre à la fois une synthèse et une mise à jour de deux précédents titres du CPE traitant respectivement du contrat d’édition et de la reddition des comptes. Le contrat d’édition : comprendre ses droits, contrôler ses comptes sera essentiellement diffusé par les canaux des associations membres du Conseil, au tarif théorique de 12 €. Mais une version PDF gratuite pourrait circuler prochainement sur le site du Snac
Publié : 28 Mai 2008, 11:15
par Chwip
Le topic qui disparaît c'est celui-ci (théoriquement).
Lia tu as supprimé ton post ?
Je réponds quand même : le principe de l'édition à compte d'éditeur est la cession des droits de l'auteur à l'éditeur (qui prend en charge tous les risques financiers) moyennant une rémunération proportionnelle (et exceptionnellement forfaitaire).
Donc oui, les auteurs cèdent leurs droit à MS quand ils signent un contrat avec nous et ça n'a rien de scandaleux.
Pour ce qui est des éditions Riez (?) et de leur mode de rémunération, d'après ce que j'ai entr'aperçu, ils font de la rémunération proportionnelle, ce qui n'est pas forcément avantageux pour l'auteur, ni justifié par l'éditeur.
[edit: Pour ce qui est de l'exploitation des droits audiovisuels, c'est encore plus compliqué...]
Enquêtons, donc.
Publié : 28 Mai 2008, 11:19
par Ookdelph
Chwip a écrit :Le topic qui disparaît c'est celui-ci (théoriquement).
Oui, en effet.
Je voulais ajouter que concernant les droits dérivés (adaptations ciné ou autres) il me semble que normalement, cela fait l'objet d'un contrat à part, le cas échéant… Ce qui doit être précisé dans le contrat de base.
C'est bien ça ?
Publié : 28 Mai 2008, 11:22
par Chwip
Oui, c'est un contrat à part qui prévoit les cas où l'éditeur trouve un type intéressé, et les pourcentages qui lui reviendront ainsi qu'à l'auteur.
Ca prévoit aussi les modes de négociation du contrat d'exploitation audiovisuelle, et les trucs indispensables à mettre dedans.
Publié : 28 Mai 2008, 11:55
par Lia Vilorë
Oui j'ai supprimé mon poste parce que j'avais relu la définition donnée de Riez puis l'article du contrat à compte d'éditeur. Pour conclure que c'était la même chose. "Editions du Riez" ça s'appelle.
http://www.editionsduriez.fr/
Mais finalement on cède nos droits d'auteur contre les droits d'exploitation ? C'est pas les droits d'exploitation qu'on cède ? J'ai encore mal lu l'article ?
*C'est compliqué tout ça*
l'auteur cède des droits d'exploitation (dits patrimoniaux ou pécuniaires) à un éditeur en échange d'une rémunération proportionnelle (les droits d'auteur) sur les ventes réalisées.
Rémunération proportionnelle c'est, on est payé proportionnellement au succès du livre à la vente, c'est ça ?
Publié : 28 Mai 2008, 12:01
par Chwip
Alors tu as des droits sur ton bouquins, des droits "patrimoniaux" et des droits "moraux". Tu vends tes droits patrimoniaux pour que l'éditeur les exploite, et en échange, il te verse une rémunération proportionnelle càd un pourcentage du prix de vente du livre (7 à 10% en général).
Chaque fois que l'éditeur vend un bouquin, tu es payée 7% du prix du livre, mais tu ne touches rien sur les bouquins qui sont distribués gratuitement (services de presse, etc.) ni sur les bouquins qui te sont offerts, par exemple.
En revanche tes droits moraux (que ce soit sous ton nom, que tu puisses retirer le livre, etc.) ne se vendent pas.
Publié : 28 Mai 2008, 12:42
par Lia Vilorë
Aaaah, oké ! Merci Chwip ^^
Donc, si j'ai tout suivi parce qu'on sait jamais, le "droit d'auteur" c'est le 7% qui revient à l'auteur à la vente de chaque exemplaire du livre.
Et les "droits d'exploitation" c'est la part de l'éditeur. De là il faut être vigilant avec le contrat à savoir quels droits patrimoniaux on cède pour qu'ils soient exploités par l'éditeur, c'est bien ça ?
*Je suis con quand je suis pas réveillée, j'aurais pensé tout de suite à la phrase "vous toucherez des droits d'auteur" j'aurais compris de suite.*
J'ai confondu avec ce que vous disiez à propos des droits dérivés. En ce cas comme vous dites, si un roman est adapté à l'écran il s'agit d'un autre contrat à part.