Les fils d'Arghun,

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Rudiment
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Re: Les fils d'Arghun,

Messagepar Rudiment » 13 Mars 2010, 10:41

Bonjour Kbferrand,
Je ne parlerai ni d'orthographe ni de grammaire, Wallis l'a fait. Je me propose de te livrer quelques remarques sur la formulation. Je prends pour exemple le dernier paragraphe.
J'y ai coloré le probleme principal: verbe + QUE/QUI + verbe, qui implique souvent une cohorte d'articles, d'adjectifs et parfois d'averbes.

Epolis n’était pas de l’avis de Vlad, il avait souvent tiré ses renseignements de source populaire, des brigands de quartiers et autre détrousseur. Il savait d’expérience que ce qu’il y apprenait était souvent plus fiable et surtout moins risquée que les informations venant d’espions infiltrés. Même s’il était vrai qu’il ne fallait pas être trop pressé pour parvenir à ses fins. S’il était certain que quelque chose de peu honorable se tramait au palais des seigneurs d’Essaphèse, Epolis ne pensait cependant pas qu’il y avait là une situation à régler en urgence, il croyait à quelques complots commerciaux destiné à frauder les taxes et autres impôts impériaux. Il préférait donc attendre que les informateurs de Vlad trouve une solution plutôt que risquer d’infiltrer un espion à la solde de son maître. Lorsqu’il rentra au temple ce soir là après avoir vidé quelques pintes et passer un peu de temps avec une des filles de joies qui exerçait leurs talents au premier étage du pot de chair, ce fut d’avantage la discussion qu’il avait eut avec son maître que celle ayant attrait aux activité des Essaps qui le tracassa.

Epolis n’était pas de l’avis de Vlad, il avait souvent tiré ses renseignements de source populaire, des brigands de quartiers et autre détrousseur.

- Un détrousseur est brigand de quartier, je pense. Remplace ce mot par un autre plus parlant, comme "prostituée" ou "faux mendiant".
Il savait d’expérience que ce qu’il y apprenait était souvent plus fiable et surtout moins risquée que les informations venant d’espions infiltrés. Même s’il était vrai qu’il ne fallait pas être trop pressé pour parvenir à ses fins.

- Une info ne peut pas etre risquée; c'est le moyen pour l'obtenir, qui l'est.
S’il était certain que quelque chose de peu honorable se tramait au palais des seigneurs d’Essaphèse, Epolis ne pensait cependant pas qu’il y avait là une situation à régler en urgence, il croyait à quelques complots commerciaux destiné à frauder les taxes et autres impôts impériaux.

- "Quelque chose de peu honorable" parle peu; pourquoi pas "machination" ou "magouille" ? Comme la phrase est longue, tu peux la raccourcir en assimilant "taxes" á "impots".
Il préférait donc attendre que les informateurs de Vlad trouve une solution plutôt que risquer d’infiltrer un espion à la solde de son maître.

- Pourquoi ne pas reformuler avec un conditionnel ? Tu y gagnerais en concision :
"Les informateurs de Vlad trouveraient bien un moyen sans infiltrer un espion." ou quelque chose dans le genre.
Lorsqu’il rentra au temple ce soir là après avoir vidé quelques pintes et passer un peu de temps avec une des filles de joies qui exerçait leurs talents au premier étage du pot de chair, ce fut d’avantage la discussion qu’il avait eut avec son maître que celle ayant attrait aux activité des Essaps qui le tracassa.

Cette phrase est bien longue. Si les infos relatives aux loisirs d'Epolis ne sont pas essentielles pour la suite de l'intrigue, compresse-les. Exemple:
"Apres un détour chez les filles du Pot de chair."
Pour mieux traduire le sujet du tracas d'Epolis tout en maintenant le suspense, tu peux terminer le paragraphe par une interrogation :
"Qu'est-ce que mijotaient les Essaps?"

Je ne sais pas si mes remarques t'aideront, mais garde ceci á l'esprit quand tu te relis : limiter au minimum vital les phrases á rallonge Principale + QUE + Conjonctive.

A plus !

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kbferrand
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Re: Les fils d'Arghun,

Messagepar kbferrand » 13 Mars 2010, 12:12

Merçi Wallis,
tu as raison mes fautes d'orthographes sont une vraie calamité. :oops: Tout petit déjà...(0 pointé en dictée toute ma scolarité!!!)
tes remarques sont tout à fait pertinente, tu as bien cerné le problème: la relecture! Je relis, je corrige pourtant, mais justement, je change la tournure des phrases et des fois j'oublie d'enlever l'ancienne version! Ce qui donne forcément certaines aberrations. Personne d'autre n'a lu ce que j'écris, ( boohooe: )juste les forums, donc les retours sont plus que bienvenu.
Alors oui ta démarche m'interesse
voilà ce que tu as déjà lu en tenant compte de tes remarques, hormis une expression que j'aime bien quand même.
L’hiver était venu, le souvenir des moissons n’était plus à présent qu’une lointaine rumeur. Dans une rue d’Arthamun, la silhouette d’un homme élancé se mouvait d’une manière féline, passant de l’ombre à la lumière blafarde de la lune d’un pas léger, presque bondissant. Un nuage s’échappait de sa bouche. Bien qu’emmailloté sous une cape épaisse, un présent de son ami Massid jadis ramené d’une de ses campagnes du Nord, il avait froid. Sentant ses os se glacer, il pressa le pas. Il serait peut-être en avance mais tant pis, une fois sur le lieu de son rendez-vous il trouverait bien un endroit où s’abriter un peu. Le quai des embarcadères regorgeant de caisses pleines de marchandise, il ne doutait pas qu’il puisse se tapir entre deux cargaisons en attente. Quelle idée de se retrouver en un pareil endroit en cette saison, se dit-il. Comme si son seigneur et ami n’avait pas pu trouver un lieu plus convivial, par exemple, une des nombreuses auberges situées non loin de là. Ils auraient pu y partager une bonne chope tout en se remémorant les souvenirs où il était encore à son service et à celui de son épouse. Ce temps lui semblait bien loin à présent.
Son maître, comme il se plaisait encore à l’appeler malgré les nombreuses requêtes de celui-ci pour se démunir de ce qu’il considérait comme un sobriquet, avait décidé qu’il serait plus utile ici.
L'homme arriva à un embranchement et bifurqua sur la droite. A cet endroit la rue se faisait plus étroite et plus sombre, devenant une ruelle, puis un véritable boyau. Bien que le quartier fût mal famé, il aimait s’y balader, ici, il se sentait presque comme chez lui. D’ailleurs, il n’y courrait aucun risque. La plupart des brigands et des égorgeurs du quartier le connaissait et le redoutait, pas pour sa force ni pour son habileté à manier les armes- il était un bien piètre bretteur- mais plutôt pour l’étendu de ses fréquentations. Bien qu’aucun d’entre eux n’eut connu ses véritables attributions, tous savaient ce qui était arrivé à ceux qui avait eu la bêtise de le taquiner de trop prés.
Arrivé au bout de l’étroit passage, il déboucha sur une petite place. Quelques gueules saoûles y étaient occupés à se disputer une amphore de mauvais vin et ne prêtèrent aucune attention à son passage. Il s’engouffra dans une autre ruelle, guère plus large que la précédente. Après une centaine de pas, il déboucha sur les quais et observa les alentours, recherchant une trace de son maître. Il ne vit personne. Pas même la trace d’un garde en faction, des dispositions avait du être prises pour s’assurer que l’endroit serait désert. De toutes manières, les fous suffisamment suicidaires pour s’attaquer aux cargaisons impériales étaient peu nombreux. Il était nettement moins risqué de s’en prendre aux bourgeois en vadrouille.
Il marcha le long des entrepôts, tous étaient soigneusement verrouillés. Contrairement à ce qu’il avait espéré, pas la moindre caisse n’avait été laissée sur le quai. Alors qu’il allait s’abriter derrière un refend, il sentit une poigne ferme se refermer sur son épaule et l’attirer entre deux bâtiments.
un peu musicien aussi, www.myspace.com/kevinferrand

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Rudiment
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Re: Les fils d'Arghun,

Messagepar Rudiment » 13 Mars 2010, 15:04

kbferrand a écrit :Oups je me suis trompé de chapitre.
Chapitre 4, pardon :oops:

Mes remarques pour le dernier paragraphe du chapitre posté restent valables.
Celui que tu postes maintenant est de bien meilleure facture. Continue comme cela ! Les phrases sont plus légeres et il y a de nets progres en ortho et en grammaire. Il se lit bien plus facilement qu'avant. Je précise encore quelques petites choses, en espérant qu'elles te soient sinon utiles, du moins intéressantes pour la suite de ta rédaction.

L’hiver était venu, emportant avec lui le souvenir des moissons tel une lointaine rumeur.

Tel s'accorde normalement avec le nom ou le pronom qui suit > TELLE
Dans une rue d’Arthamun, la silhouette d’un homme élancée

Qu'est-ce qui est "élancé" ? la silhouette ou l'homme? Accorde en conséquence et remanie au besoin la syntaxe, sinon il y a une faute.
Bien qu’emmailloté sous une cape épaisse

On est emmailloté avec ou de quelque chose. D'autres forumeurs pourraient préciser, ici.
un présent de son ami Massid jadis ramené

Si tu écris "ramené", alors il s'agit de son ami, pas du cadeau. Je pense que tu parles de cet objet, alors choisis "rapporté".
Quelle idée de se donner rendez vous en un pareil endroit en cette saison, se dit-il. Comme si son seigneur et amis n’avait pas pu trouver un lieu plus convivial, par exemple, une des nombreuses auberges situées non loin de là.

Si ton perso est vif d'esprit, il aura compris que ce n'est pas pour tailler une bavette que son maitre l'a contacté pour le rencontrer á ce lieu.
remémorant les souvenirs lointains

Remémorer signifiant "se remettre en mémoire", on ne peut pas se remémorer un souvenir, qui est déjá en mémoire puisque c'est un... souvenir. Bref, remplace "souvenirs" par "époque".
pour se démunir de ce qu’il considérait comme un sobriquet,

Se démunir d'un sobriquet? Je ne crois pas que "démunir" soit correct.
L'homme arriva à un embranchement et bifurqua sur la droite. A cet endroit la rue se faisait plus étroite et plus sombre, devenant une ruelle, puis un véritable boyau.

C'est la nuit, et malgré la clarté lunaire, je doute que ton perso puisse se déplacer facilement dans une ruelle ou un boyau. Peut-etre devrais-tu ajouter quelque chose sur une popssible source de lumiere ? (torche, lanterne, rai de lumiere d'une fenetre...)

Bien que le quartier fût mal famé, il aimait s’y balader

Balader étant du registre familier, il s'accorde mal avec le subjonctif qui précede. Trouve un verbe d'un registre courant. "Flaner" conviendrait.

D’ailleurs, il n’y courrait aucun risque.

"Courrait" est du conditionnel présent. Tu as besoin de l'imparfait de l'indicatif. > courait.

La plupart des brigands et des égorgeurs du quartier le connaissait et le redoutait,

S'ils le redoutent, c'est qu'ils le connaissent, au moins de réputation. Donc supprime la redondance.
pas pour sa force ni pour son habileté à manier les armes- il était un bien piètre bretteur- mais plutôt pour l’étendu de ses fréquentations. Bien qu’aucun d’entre eux n’eut connu ses véritables attributions, tous savaient ce qui était arrivé à ceux qui avait eu la bêtise de le taquiner de trop prés.

Tu gagnerais á reformuler ce passage. "Etendu" prend un "e". "Bien que" apparait déjá quelques phrases avant; supprime-le. Attention á l'accentuation de "prés"... D'ailleurs, "taquiner" implique cette idée de grande proximité. A la place de "tous savaient ce qui était arrivé à ceux qui avait eu la bêtise de le taquiner de trop prés.", tu peux essayer : "Les inconscients savaient le risque de le taquiner."
Arrivé au bout de l’étroit passage,

"Arrivé" est une redondance. A supprimer.
Quelques gueules saoûles y étaient occupés à se disputer une amphore de mauvais vin

"Occupé" est á accorder avec "gueules". Comment ton personnage sait-il que c'est du mauvais vin ? Y a-t-il gouté ? Pour les alcoolos, de la pisse de mule est un nectar. D'ailleurs, ils se moquent éperdument de la qualité. Eux, c'est plutot la quantité, qui les intéressent, sinon ils ne voudraient pas de cette vinasse.

Code : Tout sélectionner

et ne prêtèrent aucune attention à son passage.

"Et ne lui preterent aucune attention."
Il s’engouffra dans une autre ruelle, guère plus large que la précédente.

Je croyais qu'il marchait d'un pas pressé. Pourquoi court-il tres vite, maintenant ?
Après une centaine de pas, il déboucha sur les quais

Déboucher se répete.
une trace de son maître.

"trace" me semble mal choisi. Reformule avec "signe", d'autant que tu repetes "trace" ici :
Pas même la trace d’un garde en faction,

De toutes manières,

De toute maniere.
les fous suffisamment suicidaires pour s’attaquer aux cargaisons impériales étaient peu nombreux.

Probleme de logique. "Peu nombreux" ne veut pas dire qu'il n'y en a pas, de ces suicidaires. Donc, la présence de gardes se justifie. Il vaut mieux supprimer cette phrase.
Il marcha le long des entrepôts, tous étaient soigneusement verrouillés.

Comment le sait-il, qu'ils sont vérrouillés ? S'il essaie de les ouvrir pour s'y abriter, pourquoi ne l'indiques-tu pas ? "étaient" est inutile.
Contrairement à ce qu’il avait espéré,

"Hélas" ou "malheureusement" est moins lourd.
Alors qu’il allait s’abriter derrière un refend

Je ne suis pas un spécialiste, mais il me semble qu'un mur de refend se trouve á l'interieur d'un batiment. Si c'est le cas, c'est que le perso a ouvert un entrepot. Et si, par la suite, il est attiré entre 2 batiments, c'est qu'il est ressorti avant. Ou alors il a trouvé un mur de refend sous une sorte d'abri ouvert ; dans ce cas, comment peut-il si rapidement etre attiré entre 2 batiments ?

A plus !

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kbferrand
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Re: Les fils d'Arghun,

Messagepar kbferrand » 13 Mars 2010, 16:41

Salut Rudiment,
merçi pour tes remarques
voilà j'ai essayé d'en tenire compte sauf là:
Rudiment a écrit :Il s’engouffra dans une autre ruelle, guère plus large que la précédente.

Je croyais qu'il marchait d'un pas pressé. Pourquoi court-il tres vite, maintenant ?

s'engouffrer, verbe pronominal :study:

Sens: Entrer en hâte. (en hâte ne signifit pas qu'il court)
Quelques gueules saoûles y étaient occupées à se disputer une amphore de mauvais vin et ne lui prêtèrent aucune attention
Je ne comprend pas ce que tu me reproche là scratch
le fait de donner un point de vu qui n'est pas de mon personnage pose-t-il un souci? est-ce une règle d'écriture?
il me semble pour ma part avoir lu ce genre de truc chez pas mal d'auteur, moi je trouve que ça fonctionne, ça étoffe un peu l'écrit. Mais je veux bien que tu précise le truc, c'est pas un reproche du tout :wink:
Pour le reste, pas de problème c'est cool ta façon de triturer un peu le sens, de chercher la petite bête, ça me fait voir les choses d'un point de vu que je n'aurais pas explorer.
voilà donc si y a encore des horreurs balance moi ça à la tête :-?
IV

Rencontre sur les quais




L’hiver était venu, le souvenir des moissons n’était plus à présent qu’une lointaine rumeur. Dans une rue d’Arthamun, une silhouette élancée se mouvait d’une manière féline, passant de l’ombre à la lumière blafarde de la lune d’un pas léger, presque bondissant. Un nuage s’échappait de sa bouche. Bien qu’emmailloté sous une cape épaisse, un présent de son ami Massid jadis rapporté d’une de ses campagnes du Nord, il avait froid. Sentant ses os se glacer, il pressa le pas. Il serait peut-être en avance mais tant pis, une fois sur le lieu de son rendez-vous, il trouverait bien un endroit où s’abriter un peu. Le quai des embarcadères regorgeant de caisses pleines de marchandise, il ne doutait pas de pouvoir se tapir entre deux cargaisons en attente. L’idée de retrouver en un lieu pareil et par un tel froid ne l’enchantait pas spécialement mais se justifiait par la discrétion nécéssaire à son entrevue avec son seigneur et ami. Il aurait de loin préféré un endroit plus convivial, comme une des nombreuses auberges situées à proximité. Ils auraient pu y partager une bonne chope tout en se remémorant l’époque où il était encore à son service et à celui de son épouse. Ce temps lui semblait bien loin à présent.
L'homme arriva à un embranchement et bifurqua sur la droite. A cet endroit, la rue se faisait plus étroite et plus sombre, devenant une ruelle, puis un véritable boyau. Bien que le quartier fût mal famé, il le connaissait comme sa poche. D’ailleurs, il n’y courait aucun risque. La plupart des brigands et des égorgeurs du quartier le redoutait, pas pour sa force ni pour son habileté à manier les armes- il était un bien piètre bretteur- mais plutôt pour l’étendue de ses fréquentations. Si peu d’entre eux connaissait ses véritables attributions, tous savait qu’il était suicidaire de le taquiner.
Une fois au terme de l’étroit passage, il déboucha sur une petite place. Quelques gueules saoûles y étaient occupées à se disputer une amphore de mauvais vin et ne lui prêtèrent aucune attention. Il s’engouffra dans une autre ruelle, guère plus large que la précédente. Après une centaine de pas, il arriva enfin sur les quais et observa les alentours, recherchant un signe de son maître. Il ne vit personne, pas même la trace d’un garde en faction. Son ami avait du prendre des mesure pour s’assurer que l’endroit serait désert.
L’homme marcha le long des entrepôts, tous étaient cadenacés et pas la moindre caisse n’avait été laissée sur le quai. Alors qu’il venait de repérer un contrefort dérrière lequel s’abriter, il sentit une poigne ferme se refermer sur son épaule et l’attirer entre deux bâtiments.
- Et bien Epolis, on se promène ?
Epolis souffla, il avait reconnu la voix de son seigneur.
- Voulez-vous ma mort !
- Je serais bien embêté de devoir me passer de tes services répondit l’homme d’une voie enjouée.
- Mon maître est trop bon.
L’homme se rembruni, Epolis lu dans son regard la contrariété.
- Je croyais t’avoir demandé mille fois de ne plus m’appeler ainsi.
- Excusez-moi, la force de l’habitude se défendit Epolis, mais ce n’est pas cela qui vous contrarie, n’est ce pas ?
- Tu lis en moi comme dans un livre répondit l’homme, irrité.
- Cela fait si longtemps que nous nous connaissons. Est-ce à cause des garçons ?
L’homme ne répondit pas. Il préféra se perdre dans la contemplation des remous qui agitaient les eaux sales du bassin. En le longeant vers l’ouest, on passait sous les murailles qui cernaient Arthamun puis après être passé sous le pont et franchi l’énorme herse qui protégeait l’entrée du canal on débouchait dans les eaux du fleuve Irsan, la limite ouest de l’empire déllaens. Sur l’autre rive commençait les territoires immoriens, ennemis juré de l’empire. L’homme connaissait ces terres pour être un des rares déllaens à en être jamais revenu. Il huma la froidure de l’air pour se redonner un peu de courage puis revint à la conversation.
- Comment vont-ils ?
- Tout se passe pour le mieux, répondit Epolis. Massid veille sur eux.
- Personne ne s’est penché sur la raison de leur arrivée à l’académie?
- Il y a eut des questions mais rien qui ne vaille la peine de se ronger les sangs.
- Et au temple ?
- Comme prévu, le secret a été plus difficile à maintenir en place mais Scentua a su gérer ce problème, seul Tauris et lui semble être au courant. Cependant, son autorité en a pris un coup. Il est à craindre que les autres prêtres n’aient pris son silence pour un manque de confiance envers eux et surtout pour une provocation. Depuis, les rapports au sein de l’assemblée se sont dégradés.
Epolis sentit le regard de son interlocuteur s’assombrir.
- Tous ces risques pour si peu, cracha-il en serrant les poings. Je savais qu’ils la réussiraient cette maudite épreuve. Nous voilà bien avancés maintenant. Que m’a-t-il pris de les écouter tous.
- Ils ne vont ont guère laissé le choix, dit Epolis pour rassurer son ami. Tôt où tard cela finira par se savoir, autant qu’ils soient préparés.
- Peut-être as tu raison, mais il m’est difficile d’accepter d’avoir du mettre leurs vies en péril. Ils sont si important.
- Elles ne l’étaient pas. Comme vous l’avez dit, vous saviez qu’ils réussiraient.
- Ce n’est pas pour autant qu’ils sont tirés d’affaires. Cette épreuve n’est pas la plus difficile qu’ils seront amenés à endurer, tu le sais très bien.
Son maître avait raison, Epolis ne pouvait le nier. L’avenir apporterait à Rhul et Khérus leurs lots de danger de toutes sortes. Leurs enseignements à l’académie n’en serait qu’un parmi d’autre et, finalement, l’épreuve qu’ils avaient passés à la fin de l’été n’était qu’une goutte d’eau dans l’océan de risque qu’ils seraient amené à traverser.
- N’ayez crainte nous veillerons sur eux assura Epolis.
- Je sais, cependant il me tarde de pouvoir les voir par moi-même. J’envisage de rendre une petite visite de courtoisie à mon vieil ami Massid.
- Il en serait ravi, mais la prudence est de rigueur.
- Me prendrais-tu pour un enfant? demanda l’homme en plaisantant, visiblement ragaillardi par la perspective de cette visite.
- Je ne me le permettrais pas, répondit Epolis d’un ton narquois.
Sous certains aspects son maître n’avait pas changé depuis toutes ces années. Il était toujours aussi lunatique, passant de l’ombre à la lumière en un éclair. Cependant ce trait de caractère s’était accru depuis la mort de son épouse, Erilia. Ses phases de pénombres avaient prit le pas sur ses moments de clarté de façon alarmante.
Epolis remarqua de nouveau un changement d’humeur sur le visage de son maître.Il y vit de l’inquiétude aussi nettement que si un sculpteur en avait travaillé les traits, ciselant le relief de chaque petite rides, creusant les joues à la gouje ou aiguisant les pommettes pour transmettre l’émotion recherchée.
- Y a-t-il autre chose ? demanda-il.
- Tu as éveillé mon inquiétude, cette situation à la Ghyria ne me plait guère.
- Avez-vous une idée pour y remédier ?
- Je ne sais pas, dit l’homme, pensif. Il me faut y réfléchir, je t’informerai de ma décision.
- Très bien. Quand repartez-vous?
- Nous levons le camp dans trois jours, cela me laisse un peu de temps pour me rendre à l’académie.
- Comme vous voudrez, mais au risque de paraître ennuyeux je réitère mes appels à la prudence.
- Tu as raison Epolis… tu m’ennuies !
Sur ces derniers mots l’homme s’éloigna d’une démarche assurée en longeant les quais puis disparu entre deux entrepôts.
Epolis soupira, il ne trouvait pas prudent que son maître se rende à l’académie. Il lui suffirait d’y être reconnu pour envenimer la situation. Epolis avait un peu atténué la réalité afin de ne pas inquiéter son maître, craignant, comme il en était parfois capable, une intervention démesurée de sa part.
Epolis décida de rentrer par un chemin détourné afin de réfléchir à la manière dont il allait pouvoir gérer cette crise. Toutes ces réflexions lui donnèrent grand soif et comme par magie, cela ne pouvait être un hasard, ses pas le menèrent jusqu’à une taverne qu’il connaissait bien.
Au dessus de la porte une enseigne en fer forgé se balançait langoureusement. Elle représentait les formes gracieuses d’une femme mêlées à celle, non moins harmonieuse, d’une chope,. Lorsqu’Epolis poussa la porte du pot de chair, la douce musique des chants d’ivrognes et des rires des catins résonna à ses oreilles et l’odeur âcre du tabac lui chatouilla les narines. Il salua la patronne qu’il connaissait bien, au grand damne de son cocu de mari, et commanda une cervoise avant de s’installer dans un coin sombre où il se délecta de la comédie humaine. Ce soir, il n’avait pas envie de se mêler de trop prés aux ivrognes. Ceux-ci ne lui en tinrent pas rigueur, trop occupés qu’ils étaient à s’enivrer tout en caressant de leur mains calleuses les poitrines des filles de joie.
Peu après avoir commandé sa troisième pinte, Epolis vît un homme ventripotent pousser la porte de la taverne et faire un tour de vue de la salle. Lorsqu’il le remarqua, l’homme commanda deux pintes en grognant puis se dirigea vers sa table.
- Cela faisait longtemps que je ne t’avais vu traîner par ici, dit-il à Epolis.
Il tira un tabouret de dessous la table puis sans même demander s’il pouvait s’asseoir et fit subir au pied du pauvre meuble le poids de son énorme postérieur.
- C’est que je suis très occupé en ce moment dit Epolis.
- Ouais, tes nouveaux protégés, dit l’homme en passant entre ses doigts une barbe mal entretenue dans laquelle une faune peu ragoûtante se baladait en toute liberté.
- Pas si fort, dit Epolis.
L’homme tourna la tête et beugla des insanités à l’attention de la salle sans que personne ne lui porte la moindre attention.
- Pas si fort ! dit-il en se gaussant, tout le monde s’en contrefout de se qu’on raconte. Regarde-les, les trois quart sont complétement pleins et le quart qui reste s’évertue à le devenir.
- Peut-être bien, dit Epolis, mais baisse qu’en même d’un ton.
- D’accord, comme tu voudras, mais c’est qui ces gosses pour que tu fasses tant d’histoire?
- Ça je le garde pour moi répondit Epolis. C’est pour moi cette pinte demanda-il en remarquant la deuxième chope ?
- Ça, je le garde pour moi ! Répondit l’homme en imitant la voix d’Epolis.
- Allez Vlad, soit pas chien.
Vlad avala une lampée de bière puis claqua sa chope sur la table avant d’éructer lamentablement.
- Très bien, dit-il en tendant la deuxième chope à Epolis. Mon bon cœur me perdra!
- Merci, dit Epolis un brin dégoutté par les manières de son compagnon de beuverie. Au fait, pendant que j’y pense, t’es tu renseigné à propos de la discussion que nous avons eue l’autre jour.
- Ouais mais ce n’était pas facile, lâcha Vlad la bouche encore pleine de bière. Ton patron va falloir qui pense à me dédommager, à faire un petit geste, si tu vois ce que veux dire, histoire de faire marcher le commerce quoi.
- Raconte et on verra. Si c’est intéressant je verrais ce que peux faire.
Vlad regarda Epolis dans les yeux, il hésitait à lui révéler ce qu’il savait avant d’avoir vu la couleur de l’argent, mais même si les apparences pouvaient laisser croire le contraire, avec Epolis il savait qu’il n’était pas en position de force.
- Et bien, commença-t-il, j’ai eu le renseignement d’un de mes cousins qui fait souvent des petites affaires du côté d’Essaphèse et qui connaît bien la faune locale, si tu vois ce que veux dire, ajouta-il en faisant un clin d’œil. Lui-même l’a apprit du maître coq du palais des Essaps avec qui il était en cheville pour un trafic de gnole.
- D’accord, le pressa Epolis, des informations dignes de foi, et alors ?
- Ben, il semblerait que ce que ce tu croyais soit vraie.
Epolis fronça les sourcils.
- A quel point ? demanda-il inquiet.
- Ces derniers temps le cuisto se plaignait, cause qu’il devait se décarcasser et mettre les petits plats dans les grands, rapport au beau monde qui se presse à la cour.
- Du beau monde ?
- Du très beau monde insista Vlad, et en masse. Ca va, ça vient, qui se plaignait le cuisto et avec ça, parait que les Essaps étaient jamais content. Des nobles des quatre coins de l’empire et aussi des gros bourgeois qui repartaient par la petite porte et bien plus léger qu’en arrivant. Enfin, de la bourse parce qu’en ce qui concernait la boustifaille c’étaient pas les derniers, à en croire l’animal. Mais ça c’est arrêté net quand les Essaps ont pris le chemin de la cité impériale. Enfin bref, il se trame là bas des choses pas très orthodoxes si…
- Si je vois ce que tu veux dire! ponctua Epolis. Oui je vois, enfin j’imagine. Tu as des noms ? demanda-il.
- Des noms ! répéta Vlad en se gaussant. Tu ne veux pas une liste pendant qu’on y est? Non j’ai pas de nom et c’est pas avec ce que paie ton patron que t’es prêt d’en avoir. Moi c’est des renseignements de bas étages pas du gratin, si tu vois ce que je veux dire.
Epolis afficha un air contrarié et se rinça le gosier comme pour aider à passer ce qu’il venait d’entendre.
- Ce que je vois, c’est que la prochaine fois, il faudrait que j’en sache un peu plus, ton loustic là…
- Mon cousin.
- Oui, ton cousin où qui tu voudras, fait en sorte qu’il s’intéresse d’un peu plus prés à ce cuisinier. Il me faut des noms ou au moins des dates. Qui est venu, quand ont eut lieu les banquets ou les repas en privée des Essaps.
- Ça, ça va être dur, dit Vlad en grimaçant.
- Si c’est de l’argent que tu veux tu l’auras. Mais je te l’ai dit, il me faut des renseignements précis.
- Non, ça va être dur parce que le cuisto c’est fait attraper par l’intendant, rapport au trafic de gnole. Ce crétin en a tellement sorti que ça a finit par se remarquer et l’intendant des Essaps c’est pas un tendre. Il a fait battre le cuisto jusqu’à ce que celui-ci se rappelle même plus de son propre nom et il l’a jeté au cachot. Le bougre y est certainement encore, s’il est toujours vivant. Dommage, sa goutte était vraiment bonne.
- Et bien, trouve un autre informateur, dit Epolis, fatigué.
- Tu me fait marrer, rétorqua Vlad entre deux rots, c’est pas si simple. Les Essaps sont pas du genre à laisser leurs affaires tomber dans l’oreille du premier grouillot venu. Ils sont prudent ces gens là, tu peux me croire. Tu ferais mieux de t’adresser à tes autres filières moi. J’fais pas dans la dentelle, tu devrais le savoir depuis le temps.
Epolis n’était pas de l’avis de Vlad, il avait souvent tiré ses renseignements de source populaire, des brigands et autre prostitués. Il jugeait leurs fiabilités d’expérience plus élevée et moins risquée à récolter que les informations venant d’espions infiltrés, même s’il ne fallait pas toujours être trop pressé pour parvenir à ses fins. Dans le cas présent, la situation n’était pas trés urgente. Il s’agissait, à coup sûr, de quelque magouille destinée à frauder les taxes ou autres impôts impériaux. Vlad finirait bien par trouver de nouveaux informateurs.
En rentrant au temple ce soir là, après avoir vidé quelques pintes et passer un peu de temps avec une des filles de joie exerçant ses talents au premier étage du pot de chair, Epolis fut d’avantage tracassé, par la discussion partagée avec son maître que celle ayant attrait aux activités des Essaps. L’avenir dirait s’il avait eu raison ou bien tort.
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Rudiment
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Re: Les fils d'Arghun,

Messagepar Rudiment » 13 Mars 2010, 18:03

kbferrand a écrit :Pour le reste, pas de problème c'est cool ta façon de triturer un peu le sens, de chercher la petite bête, ça me fait voir les choses d'un point de vu que je n'aurais pas explorer.
voilà donc si y a encore des horreurs balance moi ça à la tête :-?

Rebonjour, kbferrand.
Je suis content que mes remarques t'apportent un autre point de vue, celui du lecteur que je suis, avec sa perception de ton histoire et celle du monde qui nous entoure, par lequel tout s'apprécie. C'est en effet essentiel pour tout écrivain de bénéficier des retours les plus variés possibles, afin qu'il puisse se situer dans son expression et évaluer au mieux sa connaissance de la langue. Meme si c'est le résultat d'une dissection probablement mal amenée de ma part. Alors je te prie de m'en excuser.
Au sujet de "s'engouffrer", nos perceptions, justement, sont différentes et j'admets que pénétrer en hate dans la ruelle peut etre transcrit par ce verbe.
En ce qui concerne la description des fetards en désaccord sur l'amphore de vin, tu as surement raison : le prisme est le tien. Je l'avais ressenti différemment, tant mon identification á ton personnage restait forte depuis le paragraphe précédent. De toute facon, étant l'écrivain, c'est toi qui décide !
Je continuerai á te lire et, si le temps me le permet, de poster mes commentaires avec le souci qu'ils te soient explicites. Sois en certain, ils seront toujours amicaux.

A plus !

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Re: Les fils d'Arghun,

Messagepar wallis » 14 Mars 2010, 22:37

Bonsoir,
J'ai relu ton extrait, avec plaisir cette fois.
Il n'est pas facile de se remettre en question et de tout reprendre. Bravo pour l'avoir fait.
Il est indéniable que tu as une certaine facilité pour conter et inventer, on accroche assez à ton personnage (Epolis) et on l'accompagne volontiers des quais à la place puis à la taverne. Je mettrai un bémol pour les dialogues qui sont un peu simples et prévisibles. Il faudrait peut-être que tu les densifies. Bon, mais ça c'est très perso, un autre aurait sans doute un avis différent !
Si j'ai bien compris il s'agit d'un premier chapitre d'un roman qui en comporte une trentaine. Si tu as mené l'histoire au bout, chapeau bas, car tu sous-entends dans ce premier chapitre tout un contexte historique et géographique qu'il convient de développer et de maintenir en concordance tout le long du récit. Et ça, au fur et mesure que tu déroules un roman (qui se tienne !), c'est loin d'être évident...
Dans ma relecture, j'ai quand même relevé quelques coquilles :

. L’idée de se retrouver en un lieu pareil

. un contrefort derrière lequel s’abriter

. Il y a eu des questions

. Ils ne vont ont guère laissé le choix

. Ils sont si importants.

. qu’ils sont tirés d’affaire

. Ses phases de pénombres avaient pris le pas sur ses moments

. au grand dam

. tout le monde s’en contrefout de ce qu’on raconte

. si tu vois ce que je veux dire, histoire de faire marcher le commerce quoi

. Si c’est intéressant je verrai ce que je peux faire.

. Ben, il semblerait que ce que ce tu croyais soit vrai.

. demanda-t-il inquiet

. cuistot

. les repas en privé des Essaps

. dur parce que le cuistot s’est fait attraper

. Il jugeait leur fiabilité d’expérience, plus élevée et moins risquée à récolter que les informations venant d’espions infiltrés, même s’il ne fallait pas toujours être trop pressé pour parvenir à ses fins.
La phrase est lourde et/ou mal construite.

. la situation n’était pas très urgente.

Il reste probablement d'autres erreurs, je n'ai fait qu'éplucher l'orthographe défectueuse. Il subsiste des répétitions et des maladresses grammaticales...

Bon courage et à bientôt.

Wallis.

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Re: Les fils d'Arghun,

Messagepar kbferrand » 14 Mars 2010, 23:05

Merci Wallis
je vais voir ça.
En fait ce n'est pas le premier chapitre mais le quatrième, les trois premiers sont un peu plus haut sur le forum mais ont peut être été retouchés depuis, je ne sais plus! :shock:
Je croyais avoir finit le roman(j'avais même attaqué le Tome 2) et puis en relisant j'ai décidé de changer des trucs de fond(sans compter la forme ou je profite de bon samaritain comme toi pour m'aiguiller) mais je crois que c'est sans fin, je suis du genre jamais satisfait de moi.
à plus
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Re: Les fils d'Arghun,

Messagepar kbferrand » 01 Avr 2010, 22:46

salut à tous, je livre à la vindicte le chapitre V des fils d'Arghun

Échauffourée à la cantine


Comme toujours à l’heure du déjeuner, la cantine de l’académie était comble. Des dizaines de bouches affamées s’étaient mises à la tâche afin de redonner à leurs propriétaires les forces nécessaires au bon déroulement de la journée. À une des tables, un groupe d’élève avait une conversation houleuse.
Enak était bien trop occupé à déguster le quignon de pain qu’il tenait comme un trésor pour porter la moindre attention à la discussion. Rhul ne put s’empêcher de sourire en voyant son ami absorbé de la sorte. La manière avec laquelle il détachait et savourait la moindre des miettes eut donné à croire, à qui ne connaissait rien de la nourriture de l’académie, que ses élèves étaient parmi les jeunes les plus mal nourris de l’empire, voir même du continent.
Ce n’était pas le choix du sujet de conversation qui était la cause du désintéressement d’Enak mais bel et bien sa gourmandise et son appétit sans faille. En un autre instant, il se serait certainement senti outragé des propos de Tamarus et se serait empressé de se jeter à corps perdu dans le débat, mais, à la sacro-sainte heure du déjeuner, il n’avait cure des petites chamailleries de ses camarades.
- Peux tu répéter ce que tu viens de dire ? demanda Khérus d’un ton emprunt de défit, tout en laissant retomber dans son écuelle sa cuillère encore pleine.
- Bien entendu, lui répondit Tamarus d’un air narquois. Je disais qu’il ne faisait aucun doute que Rhul et moi-même vous avons mis à tous deux une belle raclée ce matin. Si tu vois quelque chose à y redire, c’est que cela ne t’a visiblement pas servi de leçon. Auquel cas, je suis prêt à reprendre la correction là ou nous l’avons laissé avant que le capitaine n’abrège tes souffrances.
Khérus prit son air le plus offusqué tandis qu’Enak n’avait toujours pas décollé les yeux de son morceau de pain et s’apprêtait à enfourner une belle ration dans sa bouche grande ouverte.
- Parlons-en, justement ! Répliqua Khérus, Massid n’a fait que vous épargner de la botte secrète que je m’apprêtais à lancer.
Rhul et Tamarus se regardèrent circonspect et eurent chacun un sourire en coin.
- Entends-tu par « botte secrète » cette contorsion ridicule consistant à te trémousser comme un ver ? Demanda Tamarus.
Les garçons discutaient de l’entraînement du matin, dispensé par le capitaine Massid. Ils s’étaient s’affronter deux contre deux avec chacun un pied attaché à son partenaire, l’un, tenant un bouclier et l’autre le fut nu d’une lance. Tamarus s’était retrouvé lié à Rhul et Khérus à Enak. Tamarus n’exagérait qu’à moitié, lui et Rhul avaient bel et bien dominé le combat et donné du fil à retordre à leurs camarades. Khérus ne l’aurait admis pour rien au monde, même s’il savait au fond de lui qu’ils n’étaient pas du niveau de ses deux amis. Khérus et Enak étaient loin d’être mauvais, ils maniaient tous deux habilement les armes et faisaient preuve d'une grande vivacité, mais en comparaison du duo Rhul -Tamarus, cela était loin d’être suffisant. Ces deux derniers possédaient en effet un véritable don, Rhul détenait l’agilité et la rapidité tandis que Tamarus possédait une force impressionnante et une ténacité sans égal. Face à eux, peu ou prou d’élèves étaient capable de rivaliser, et ceux qui l’étaient en ressentaient une profonde jalousie. Cette convoitise s’exprimait surtout envers Rhul. En plus du mépris d’une partie des élèves, engendré par ses origines plébéiennes, ses capacités forçant le respect et la sympathie de la plupart des instructeurs, augmentaient d’autant les rancœurs à son égard.
Rhul s’esclaffa de la répartie de son ami. Il s’amusait toujours de voir Khérus et Tamarus se chamailler comme des chiffonniers. Les joutes oratoires en découlant, bien que peu éloquentes, étaient souvent représentatives de leur mauvaise fois. En cela, leur ressemblance était énorme, ce qui n’était pas le cas en ce qui concernait leur physique. Si Khérus était assez grand pour son âge et plutôt élancé, Tamarus était l’antinomie de cette description. Bien qu’étant un brin plus âgé que Khérus, il ne devait guère dépasser l’épaule de ce dernier. Cependant en concernant le poids et la corpulence, Tamarus arrivait bon premier.
- Tu peux te moquer, lança Khérus d’un ton faussement menaçant, mais tu regretteras tes paroles. Même si nous sommes amis, il te faudra me supplier de ne pas te mettre une déculottée dont tu te souviendras toute ta vie.
Les mots de Khérus, s’ils n’eurent pas pour effet de faire trembler de peur le bedonnant Tamarus, permirent néanmoins de sortir Enak de sa torpeur. Celui-ci éclata tellement de rire face au culot de Khérus qu’il en envoya le contenu de sa bouche - une bonne boulette de mie bien molle et imbibée de salive– faire un vol plané de plusieurs mètres. Il s’en fallut de peu que Tamarus ne la reçoive en pleine face, ce qui soit dit en passant eut été nettement préférable à ce qui se produisit ensuite, car tout le monde n’eut pas la chance d’éviter l’effroyable projectile. La malchance voulut que le morceau de mie mâchouillé pendant près d’une minute vienne s’écraser sur l’arrière du crâne de la dernière personne à qui il eut été souhaitable que pareil incident n’arrive. Bien qu’elle fût sans doute la plus méritante de la flopée d’élèves se trouvant dans la cantine : Amarik Lesdag.
Plusieurs mois s’étaient écoulés depuis l’incorporation de Rhul et Khérus à la haute académie militaire d’Arthamun. L’été était repartit, cédant la place à l’automne puis l’hiver était venu, inexorable. Les deux garçons avaient peu à peu appris à assumer le rythme pénible de leur enseignement. Leurs liens s’étaient peu à peu resserrés pour se muer en une franche et fraternelle amitié.
Avec le temps, ils s’étaient fait d’autres amis, parmi ceux-ci Enak et Tamarus, leur camarades de chambrée, étaient ceux avec lesquels ils s’entendaient le mieux. Dans l’ensemble ils avaient su se faire accepter, compte tenu de leurs origines non nobiliaires ou de bonnes familles cela aurait pu s’avérer plus compliqué. Cependant, il restait quelques garçons peu enchantés par la cohabitation avec des fils de roturier. Parmi ceux-là, un académicien s’était montré plus enragé que les autres et plus prompt à cracher son venin.
Amarik Lesdag était le fils d’un haut fonctionnaire récemment anobli. Il était de taille moyenne et de carrure athlétique, ses traits aiguisés trahissaient une nature dure et aigrie, comme le reflet d’une colère permanente et insatiable. Ses cheveux étaient blonds, parsemés de quelques reflets roux. Ses yeux étaient d’un bleu clair rehaussés de sourcils épais et d’un front anguleux. Sur son nez saillant cohabitaient une multitude de taches de rousseur.
Lorsque le projectile culinaire s’écrasa dans le dos d’Amarik, le chahut inondant la cantine s’arrêta net, comme si le temps avait ralenti pour que tous aient le privilège, sans pouvoir en modifier l’inévitable destin, d’assister à l’accident. Ce fait contribua certainement à transformer un banal incident en véritable déclaration de guerre.
Amarik se leva derechef de sa table et se retourna, le front empourpré de colère. Il parcourut les tables voisines d’un œil vengeur. Il ne lui fallut pas plus d’une seconde pour découvrir l’auteur de l’attentat boulanger. Enak aurait d'ailleurs eu grand peine à le dissimuler, outre le fait qu’il riait encore de la réplique de Khérus, son menton était encore couvert de miette. Se rendant tout d’un coup compte de la situation, il tenta de se contenir, mais la tournure des choses, bien qu’annonciatrice d’événement fâcheux, lui donna envie de se gausser d’avantages.
- C’est toi qui as fait ça, le castré ? Demanda Amarik d'un ton plein de colère.
Cette insulte, au lieu de calmer Enak, déclencha en lui un incontrôlable fou rire. Comme de bien entendu, cela ne produisit pas le même résultat chez Amarik qui entra dans une fureur noire.
- Ça te fait rire, continue et je te ferais bouffer ta merde !
Enak cessa de rire.
- Non merci, répondit-il sans se démonter, je n’aime pas trop la cuisine de ta mère.
- De ma mère !
Apparemment le garçon bien élevé qu’était Amarik Lesdag, n’apprécia pas qu’on lui renvoie son coup de la sorte. Il enjamba le banc de bois sur lequel il était assis en manquant se ficher par terre et se jeta sur Enak à bras raccourci.
Enak n’eut pas le temps de réagir, son agresseur le saisit aussitôt par le cou. Il sentit la fermeté de la prise se resserrer sur sa gorge et entraver son souffle, la moiteur de ses paumes coller sur sa peau.
Son visage virait au bleu lorsque la pression s’arrêta brusquement. Il ouvrit doucement les yeux et vit Amarik se tenir la tête en grimaçant.
Enak recouvra son souffle. Il, entrevit, derrière son agresseur, Rhul qui tenait une écuelle brisée à la main. Il bénit intérieurement son ami, mais ne put s’empêcher de considérer l’irréversibilité de ce geste. Tous connaissaient le caractère abject d’Amarik. Ce qui suivrait cette affaire-là ne serait bon pour personne.
Alors que le silence avait cédé la place à la confusion, aux cris et à provocations engendrées par la quasi-totalité du réfectoire, l’intervention d’un garde vint mettre un terme à l’anarchie croissante. Chacun regagna sa place au plus vite. Même Amarik, qui se massait toujours l’arrière du crâne se pressa de suivre le mouvement. Le garde s'avança de quelques pas dans la salle et jeta un coup d'oeil circulaire à l'assistance, c'était un jeune freluquet tout juste auréolé de sa première année de service actif. Il ne sembla pas remarquer les tessons qui jonchaient le sol. Il se contenta d’exiger le silence en braillant d’une voix de fausset, puis sans attendre de s’assurer qu’on lui obéissait, tourna les talons et retourna à son poste.
Cette intervention peu zélée suffit toutefois à apaiser la situation, du moins en apparence. Le calme revint dans la cantine même si tous les regards étaient tournés vers les protagonistes de l'incident. Tous purent ainsi voir le regard haineux d’Amarik à l’intention de Rhul ainsi qu’entendre sa promesse vengeresse proférée à peu près en ces termes:
- Toi le cul-terreux, tu me le paieras !
Rhul ne prit pas la peine de relever, et se tourna vers ses amis.
- Merci, lui dit Enak d'une voix rauque tout en massant son cou encore douloureux. Mais je ne sais pas si tu as bien fait d’intervenir, cela risque d’être pire à présent.
- Je ne pouvais quand même pas le laisser t’étrangler sans rien faire.
- Tu as eu raison trancha Tamarus, mais Enak n’as pas tort non plus, il va falloir être prudent.

Les quatre amis finirent leur repas dans le silence et se rendirent dans la classe du commandant Radzir ou ils suivirent l’un des plus ennuyeux cours de stratégie auxquel il ait été possible d’assister. Lorsqu’ils quittèrent la salle avec soulagement, ce dernier leur adressa un dernier mot du ton hautain qui n’était propre qu’à lui.
- Nous ne nous verrons pas la semaine prochaine dit-il, mes attributions ne m’en laisserons pas le temps. Le capitaine Massid se chargera de me remplacer. Vous préparerez néanmoins le devoir que je vous aie donné, le capitaine les ramassera.
Cette nouvelle fit naître un air de satisfaction sur les visages de la plupart des élèves. La stratégie était l’unique matière dispensée par Radzir, mais c’était également aux yeux des jeunes recrus, le moment le plus ennuyeux de la semaine.
Radzir était l’administrateur de l’académie, du moins en avait-il le titre. Si la qualité de ses cours était relativement discutable, plus que tout autre défaut, le peu de passion qu’il mettait à les dispenser les rendait insupportables. Radzir était là par obligation et ne mettait aucun entrain à prouver le contraire. À l’en croire, il avait d’autres attributions qui nécessitaient davantage son attention : il était le commandant de la garnison de la cité.
Les élèves sortirent du cours à la fois soulagé par la perspective de ne pas retrouver le commandant la semaine suivante et tendue face à celle de rendre leur devoir. Rhul et Khérus accompagné d’Enak et Tamarus se pressèrent pour ne pas manquer le début du cours d’histoire impériale du professeur Liadoc, seul civil enseignant à l’académie.
- Et bien cela nous fera du bien de ne pas le voir dit Khérus., « mes attributions ne m’en laisserons pas le temps, blablabla et bla»dit-il en imitant Radzir, je ne le supporte plus celui-là.
- Oui, ajouta Rhul et je suis curieux de voir comment Massid va le remplacer. J’ignorais qu’il avait des compétences de stratèges.
- Tu plaisantes ou quoi ? demanda Enak. Il a participé à des grandes batailles, il a servi sous les ordres de l’Empereur à ses débuts puis sous ceux de son fils Bolark.
- Olirk ! Le repris Tamarus.
- Oui c’est ce que j’ai dit, rétorqua Enak avec mauvaise fois. Enfin, tout ça pour dire que la stratégie, il connaît. Il a dû en voir défiler des plans de bataille.
- Je l’ignorais, dit Rhul.
- C’est qu’il n’est pas du genre à parler de lui. Il n’est pas prétentieux comme certains, dit Tamarus en faisant allusion à Radzir.
Soudain Enak qui était occupé à chercher quelques choses dans sa besace, pesta.
- Zut ! J’ai oublié de ramener le livre que le professeur Liadoc m’avait prêté, je l’ai laissé dans ma malle, je vais allez le chercher. Dites au professeur que j’arrive lança-t-il alors qu’il se dirigeait déjà en direction des dortoirs.
- Pourquoi est-ce qu’il a ce livre ? Demanda Khérus visiblement dépassé par le comportement de Enak, il ne trouve pas que l’on a assez de travail comme ça ?
- Tu sais qu’il est fou des cours de Liadoc, dit Rhul, ne me demande pas pourquoi, mais il en est fou.
- M’en parle pas dit Tamarus, il ne retient pas la moitié des noms qu’il y a dans ce bouquin, mais en tout cas il le lit tout le temps, tu n’as pas fait attention demanda-t-il à Khérus, rien qu’hier soir il a fallu que je lui demande trois fois d’éteindre sa bougie, il m’empêchait de dormir.
- Non, j’ai rien vu, répondit Khérus étonné.
- Rien d’étonnant, dit Rhul en riant, tu t’endors toujours avant les autres.
- Ouais c’est sûr que c’est pas toi qui perdrais ton temps à lire, ronfler c’est plus ton truc !
Pendant que les trois garçons étaient occupés à déterminer lequel d’entre eux était le plus insupportable compagnon de chambrée, Enak était déjà parvenu jusqu’au dortoir. Il fouilla dans sa malle et y trouva sans peine l’ouvrage du professeur Liadoc, un recueil écrit de sa propre main et qui recensait le lignage de la famille impériale sur plus de dix générations et les évènements les plus importants de leurs règnes. Il le glissa sous sa tunique et se pressa vers la salle de classe, il ne souhaitait pour rien au monde manquer le début du cours.
Il parvint à l’angle d’un couloir et arriva si vite qu’il manqua de percuter un groupe d’élève, il ne prit pas la peine de regarder de qui il s’agissait et murmura quelques mots d’excuse sans lever la tête.
- Tiens donc les gars, vous avez vu qui voilà dit Amarik Lesdag à l’intention de Gurik et Roda, ses plus fidèles et stupides sbires. On dirait que l’ont va pouvoir se faire Plaisir plus tôt que prévu, je sais que la vengeance se mange froide, mais on dit aussi qu’il faut battre le fer quand il est chaud.
Enak releva la tête et blêmit en voyant les yeux haineux d'Amarik, il regarda autour de lui et prit conscience de la panade dans laquelle il se trouvait. Il était seul face à trois brutes, mieux valait qu’il ne traîne pas trop dans le coin si cela était possible, il tenta de reprendre son chemin sans dire un mot.
- Attend une seconde, lui dit Amarik d’une voix faussement doucereuse, tu ne vas pas partir avant le début de la fête.
- Je, je n’ai pas le temps bredouilla Enak, le cours du professeur Liadoc doit déjà être commencé, vous devriez vous dépêcher.
- Comme il est drôle, dit Amarik en rattrapant Enak, le cours de Liadoc t’en a quelque chose à foutre toi, Gurik ?
- Rien du tout, cracha le dénommé Gurik en venant se mettre en travers du passage.
Enak tenta vainement de se faufiler entre Amarik et Gurik mais sentit la poigne ferme de ce dernier se resserrer sur son bras. Il tenta de se dégager, mais c’était peine perdue. Gurik était une force de la nature, encore plus impressionnante que Tamarus bien que nettement moins vif, tant du corps que de l’esprit. Enak prit une grande inspiration et vit sa courte vie défiler sous ses yeux, juste avant e recevoir un premier coup, en plein sur l’arrière du crâne. Ce fut le seul qu’il sentit réellement et ne vit que les visages de ses agresseurs tourbillonner autour de lui et disparaître dans une sorte de flou.
Lorsqu’il se réveilla, il sentit un flot de douleur le submerger. C'était comme si la moindre parcelle de son corps n'était plus que souffrance. Il ouvrit lentement les yeux et constata qu'il se trouvait dans un des lits de l’infirmerie, des visages qu’il lui fallu du temps pour reconnaître s’agitait au dessus de lui.
- Comment vas-tu mon garçon ? demanda une voix de basse.
- Il reprend connaissance, dit une seconde voix.
Enak discerna peu à peu les visages et finit par reconnaître le capitaine Massid et Dertis, Enak se demanda ce que le cuisinier faisait ici.
- Il a meilleure mine que tout à l’heure dit Dertis. Quand je l’ai vu allongé par terre, j’ai bien cru qu’il était mort.
Mort ! S’étonna Enak en se demandant si c’était bien de lui dont on parlait. Pendant un instant il ne se rappela pas de ce qui ne lui était pas arrivé.
- Qu’est ce que je fais ici ? Demanda-t-il, capitaine, qu'est-ce qui s’est passé ?
- Ça, c’est à toi de me le dire mon garçon, répondit Massid d’une voix calme peu dans ses habitudes. Dertis t’a trouvé dans le couloir prés des dortoirs, tu tenais ceci dans les mains. Massid tendit à Enak l’ouvrage du professeur Liadoc dont la couverture était souillée de tache noirâtre. Tu ne te souviens de rien ?
- Non, mentit Enak pour qui les images d’Amarik, Gurik et Roda lui revenaient doucement en mémoire.
- Qui t’a fait ça Enak ? Insista Massid.
Enak mentit de nouveau et eut un regard fuyant.
- Personne, j’ai dû glisser sur les vieilles dalles.
Massid le fixa droit dans les yeux et sembla comprendre qu’Enak ne parlerait pas.
- Très bien dit-il, comme tu voudras. Mais prend garde dorénavant, il n’y a pas que les dalles de cette académie qui soit glissante. Si tu sens que tu vas tomber de nouveau, fais-le-moi savoir avant de te retrouver par terre. En attendant, tu ferais bien de rester ici jusqu’à ce soir. Tu n’as rien de cassé, mais tu devrais te sentir pas très bien pendant plusieurs jours. Les dalles ne t’ont pas raté, il te sera difficile de suivre les entraînements. Tu viendras me voir demain après la revue, je te trouverais de quoi t’occuper.
Enak protesta.
- Mais ce n’est pas la peine, je me sens bien, ce n’était qu’un petit accident. Il tenta de se lever, mais sentit les muscles de son dos le cingler et se laissa retomber mollement sur le lit en gémissant.
- Depuis quand discute-t-on un de mes ordres demanda, Massid en ronchonnant avant de tourner les talons et de quitter l’infirmerie d’un pas décidé.
À peine le capitaine était-il sorti qu’Enak vit le visage de Khérus apparaître dans l’encadrement de la porte. Sa mèche en virgule rebiquait de plus belle sur son front reluisant de sueur, apparemment il avait couru pour venir jusqu’ici. Derrière lui, Rhul et Tamarus suivaient en rang serré.
- Qu’est-ce qui t’es arrivé ? Demanda Khérus sitôt rentré dans l’infirmerie.
- Une dalle! répondit Dertis qui était toujours dans la pièce, on se méfit jamais assez des dalles.
Rhul, Khérus et Tamarus regardèrent le cuisinier sans comprendre tandis que ce dernier quittait également l’infirmerie.
- Une dalle ? Demanda Tamarus.
- C’est rien dit Enak en souriant, faites pas attention à lui.
- Ouais, il est gentil, mais des fois il est un peu bizarre, dit Khérus.
- Alors, réponds, dit Rhul qu’est ce qui t’es arrivé, c’est Lesdag n’est-ce pas ?
Enak baissa les yeux et eut un silence qui en disait long. Il ne pouvait pas mentir à ses amis, mais ne pouvait pas non plus avouer qu’il avait pris une bonne correction, il avait presque aussi honte qu'il avait mal. Mais il n’eut pas à parler, ses camarades lurent dans son air penaud.
- Je m’en doutais dit Rhul, dés que je les vu rentrer en classe, j'ai remarqué à leurs sales airs réjouis qu'il avait dû faire un mauvais coup.
- Il va le payer ! Jura Tamarus, ils étaient tous les trois ?
Enak acquiesça d’un vague signe de tête et posa son regard sur le livre du professeur Liadoc sur la table de chevet. Il l’attrapa et constata qu’il était taché de sang. Il frotta la couverture du bout des ongles, mais le cuir était irrémédiablement imprégné.
- Il est abîmé, dit-il doucement.
- Ce n’est rien, ce n’est pas ta faute, dit Rhul. Liadoc ne t’en voudra pas. Il s’inquiétait de ne pas te voir à son cours et encore plus lorsqu’on est venu lui dire qu’il t’était arrivé un accident.
- Est-ce que j’ai manqué quelque chose d’intéressant ?
- Rien que tu ne connais déjà grâce à ce livre dit Khérus pour le réconforter un peu.
- Enfin, rien que tu n’aurais pas déjà oublié à l’heure qu’il est, ajouta Tamarus sur le ton de la plaisanterie.
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Re: Les fils d'Arghun,

Messagepar kbferrand » 25 Août 2010, 23:00

et bien rebonjour à tous,
content que le forum soit de nouveaux sur les rails
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Re: Les fils d'Arghun,

Messagepar Stelarius » 25 Août 2010, 23:06

Bon retour parmis nous :cheers:

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Re: Les fils d'Arghun,

Messagepar kbferrand » 23 Oct 2010, 23:47

chapitre 6 des fils d'arghun
n'hésitez pas à dire ce que vous en pensez.
VI
L’homme en noir



Une froide bise soufflait du Nord, les élèves de la promotion cadette étaient amassés dans la cour de l’académie, prêts pour l’entraînement. Le vent glacial sifflait à leurs oreilles et semblait porter avec lui des rumeurs lointaines de malheur et de ténèbres.
Rhul frissonna tandis qu’une rafale lui traversait le corps. À côté de lui, Khérus n’était guère plus vaillant.
Rhul s’étonna que son ami ne supporte pas plus que ce froid. Venant des environs de Madestill, il devait être habitué à de pareilles conditions. Khérus était fils de bûcheron, son père s’occupait d’une petite exploitation forestière pour un seigneur local. Lui et sa famille vivaient aux abords des bois. Rhul pensait souvent que la vie ne devait pas être facile tous les jours. Cependant, il avait du mal à imaginer son ami en train d’abattre un arbre ou bien de le débiter. Il n’y avait qu’à regarder Khérus pour comprendre cette difficulté. Certes, il était d’une bonne taille pour son âgé, mais sa carrure était loin de l’idée qu’on pourrait se faire de celle d’un bûcheron. Il était plutôt sec et s’il n’avait pas un poil de graisse il n’avait guère plus de muscle.
L’après-midi promettait d’être longue et ennuyeuse. Rhul avait le moral au plus bas. Outre le froid et le ciel menaçant qui planait aux dessus de leurs têtes, les récents événements le taraudaient et le rendaient morose. Il n’arrivait pas à croire qu’une simple dispute avait pu déraper à ce point. Évidemment, il connaissait la stupidité d’Amarik et de sa clique, mais il en avait indéniablement sous-estimé la méchanceté. Enak s’en était bien tiré cette fois, il n’avait que quelques bleus et une petite plaie au front. Cela aurait pu être plus grave. Le pire de tout était qu’Amarik et ses sbires n’avaient même pas étaient inquiétés. Enak avait refusé de les dénoncer à Massid. Rhul, Khérus et Tamarus avaient bien essayé de l’en convaincre, mais Enak avait refusé. Peut-être espérait-il se venger d’une autre manière. Rhul l’espérait, c’était cette idée autant que celle de ne pas trahir la volonté de son ami qui l’avait empêché d’expliquer lui-même au capitaine ce qui s’était passé.
De l’ensemble de leurs instructeurs, Massid était celui que Rhul préférait. Si le capitaine lui avait paru un peu dur au premier abord, avec le temps, il avait appris à le connaître et à apprécier ses qualités. S’il était vrai qu’il était d’un tempérament strict, il l’était également que cette rudesse était guidée par un sens aigu de l’équité et de la justice. De plus, comme le leur avait dit Epolis le jour de leur arrivée, c’était un guerrier hors pair. Il était particulièrement doué au maniement de l’épée. Ce fait contribuait à renforcer l’admiration de Rhul. Ce dernier n’était évidemment pas le seul à apprécier Massid, c’était le cas de la majeure partie des élèves, mais il était sans aucun doute celui qui lui portait le plus d’admiration. Il ne tarissait jamais d’éloges quand il s’agissait de le comparer aux autres instructeurs. Cette estime avait la particularité d’être réciproque. Rhul, s’avérant être un élève doué et un garçon sympathique, Massid s’était tout naturellement pris d’affection pour lui. Même s’il tâchait de n’en rien montrer pour ne pas exacerber de sentiment de jalousie entre les académiciens, ses efforts s’étaient avérés peu concluant. En plusieurs occasions, la préférence du capitaine avait suffisamment transparu pour que certaines mauvaises langues déversent leur torrent de jalousie. Il va sans dire que celle d’Amarik Lesdag était de ces dernières.
Massid passa ses troupes en revue et l’entraînement commença.
Aujourd’hui, le capitaine et maître d’armes fit la démonstration de plusieurs parades pour le combat à l’épée. Il demanda à un des élèves de l’attaquer par un coup de taille et enchaîna plusieurs mouvements que le pauvre garçon n’eut pas même le temps de comprendre avant de se retrouver désarmé et tenu en respect par la pointe de l’épée. Massid demanda ensuite à la promotion de se diviser en groupe de deux et de répéter l’exercice qu’il venait de leur montrer.
Rhul fit équipe avec Khérus. En des circonstances normales, il se serait peut-être mis avec Tamarus, étant sensiblement du même niveau technique, le duel aurait été plus égal. Mais le choix ne se posait pas, puisque lui et Enak n’étaient pas présents. Massid les avait envoyés tous deux effectuer quelques recherches à la bibliothèque de l’académie. Ainsi, il avait fait d’une pierre deux coups. Premièrement, Enak n’étant pas en état de suivre l’entraînement, cela permettrait qu’il s’occupe sans trop se fatiguer. Deuxièmement, le capitaine ayant besoin de préparer le cours qu’il donnerait en remplacement du commandant Radzir, cela l’avancerait grandement dans ses recherches. Il aurait certes pu se débrouiller sans avoir à se replonger dans les livres, mais il avait jugé bon de se rafraîchir un peu la mémoire par la lecture de classiques. Il avait le souvenir de quelques ouvrages de stratégie militaire qui lui serait d’une grande aide. Étant sans cesse occupé à droite ou à gauche, il aurait eu du mal à prendre le temps nécessaire à la préparation d’un cours digne de ce nom. Or, sachant que ceux donnés par Radzir n’étaient pas forcément de ceux-là, Massid voulait faire de tout son possible pour rattraper le retard qu’il imaginait accumulé par ses élèves.
- Doucement, dit Massid à un des académiciens du nom de Parys. Lève ton bras plus haut, cette garde là ne vaut rien. Et toi Amarik, as-tu seulement regardé quand je vous ai fait la démonstration ? On jurerait que non. Prend plutôt exemple sur Rhul lui, a visiblement compris.
Amarik grimaça. Apparemment, il n’appréciait pas d’être comparé à Rhul. Massid sourit en coin. Il savait que ces deux-là ne s’appréciaient guère et n’avait bien entendu pas fait cette réflexion par hasard. D’autant que lui même ne portait guère Amarik dans son cœur qu’il suspectait à raison d’être responsable du passage à tabac du jeune Enak. Caresser à rebrousse-poil ce jeune freluquet, lui procurait par conséquent une certaine forme de plaisir. Personnellement, Massid n’avait pas de raison d’en vouloir à Amarik. Celui-ci était loin d’être un mauvais élève, mais le capitaine le trouvait assez antipathique. Un trait de sa personnalité qu’il tenait de son père pensait Massid qui avait eu plusieurs fois à faire au haut fonctionnaire de l’empire récemment anobli qu’était Percyt Lesdag. À en juger par le ton supérieur avec lequel celui-ci s’exprimait, sa tête avait dû grossir au rythme de son ascension sociale. Massid ne le supportait pas et avait reporté cette animosité sur son fils. Ce n’était pas une attitude très honorable, il en avait conscience, mais c’était chez lui quelque chose de viscéral.
Il était environ trois heures quand la grande porte de l’académie s’ouvrit sur un personnage emmitouflé dans une cape sombre. Il était de haute stature et se mouvait d’une démarche assurée que Massid reconnut aussitôt. Son visage était dissimulé sous une capuche dont des volutes blanches s’émanaient mollement avant de se déchirer dans l’air. À l’arrivée de l’étrange visiteur, les élèves cessèrent leurs exercices. Nullement satisfait de cette interruption, Massid éleva la voix à l’attention de ces recrues.
- Allez, tas de fainéants. Qu’est-ce que vous regardez ? Reprenez tout de suite l’entraînement ou ce sera dix tours de cour pour tout le monde.
À la perspective de la punition, les élèves reprirent aussitôt l’exercice.
L’homme en noir se dirigea vers la salle de repos réservé aux instructeurs sans accorder d’attention au regroupement. Massid alla à sa rencontre sans négliger d’ordonner de poursuivre l’entraînement sans lui. Il confia la surveillance du groupe aux bons soins de Rhul.
Certains académiciens ne manquèrent pas de reconnaître là un signe de préférence de trop. Rhul sentit le regard haineux d’Amarik se poser sur lui, il fit mine de l’ignorer.
- C’est qui ce type? Demanda Khérus juste avant de lancer une attaque sur Rhul.
- Sait pas, répondit Rhul en esquivant comme l’avait montré Massid.
Massid rejoint l’homme sur le pas de la porte et le salua.
- Alors Olirk, tu n’as pu t’empêcher de venir voir par toi même !
Le susnommé ne dit mot. Mais si sa capuche recouvrait son visage, Massid entrevit néanmoins son regard et y reconnut une lueur qu’il avait vu briller mainte fois. Il sut que son ami souriait.
- Je vois, ajouta Massid en invitant Olirk à entrer. Le froid te lit la langue, il y a à l’intérieur un bon feu qui la déliera sûrement.
Les deux hommes pénétrèrent dans la pièce. Elle était vide. À cette heure tous les instructeurs étaient occupés à dispenser leurs savoirs aux différentes promotions de l’académie. Un feu agonisait dans l’âtre d’une large cheminée, au fond d’une trop vaste pièce pour qu’il y fasse chaud.
- Ah, dit Massid avec un rire sonore, je crains que ce petit feu ne te fasse parler ! Mais je m’en vais lui rendre vie.
Il attrapa une grosse bûche sur un tas de bois dressé près de l’âtre et le jeta sur les braises. En quelques secondes, le feu, affamé, reprit un peu de vigueur.
- Ce sera parfait mon cher capitaine, dit Olirk en sortant doucement de son mutisme.
Après avoir jeté un œil vers les fenêtres en s’assurant qu’on ne les observait pas, il abaissa sa capuche, dévoilant un visage noble souligné de quelques rides naissantes. Il avait les cheveux bruns et son visage, parfaitement rasé, était mat comme ceux des peuples du sud. Il arbora un large sourire et s’approcha de Massid, lui donnant une accolade fraternelle.
- Cela fait si longtemps mon vieil ami, dit-il. Je suis heureux de te revoir. Tu n’as pas changé ! Si ce n’est peut-être cette vilaine barbichette qui orne aujourd’hui ton visage!
Il tirailla sur le bouc du capitaine qui se débarrassa de la prise de son ami en un mouvement.
- Il y a pourtant un moment que je le porte et il plaît plutôt à ces dames, rétorqua Massid en mimant la vexation avant d’éclater d’un rire sonore. Mais tu as toujours eu mauvais goût.
- Et bien je ne te contrarierais pas plus longtemps. Mais dit moi plutôt, questionna Olirk d’un ton brusquement sérieux, comment vont-ils?
- Bien mon ami, ils vont bien.
- Comment sont-ils ?
- Et bien je ne sais par où commencer. Ils sont forts, forts et fiers, ils feront de grands généraux, en particulier Rhul. Il montre tant de persévérance et de cœur à l’ouvrage.
- Je savais que cette épreuve était inutile, dit Olirk en s’empourprant.
- Mais ils l’ont réussit Olirk, ils l’ont réussit ! C’était nécessaire, tous étaient d’accord pour le dire !
- Oh non, pas tous Massid, pas tous! Guiltar n’y était pas non plus favorable. Seulement, j’ai fléchi. Imagine si l’un d’eux était mort.
- Mais ce n’est pas le cas.
Soudain, un brouhaha s’éleva de la cour. Massid, intrigué, s’empressa vers une des fenêtres étriquées qui jouxtaient l’entrée et regarda à travers les carreaux recouverts d’autant de givre que de crasse. Ce qu’il vit lui mit le rouge au front. Il se dirigea furibond vers la porte qu’il ouvrit avec fracas.
- Et bien bougonna-t-il, il semblerait que ses diables veuillent combattre plus tôt que prévu.
À l’extérieur régnait un grand chahut. Les élèves avaient cessé leur entraînement et s’étaient regroupés en un cercle d’où montaient cris d’encouragement et commentaires en tout genre. Au centre, une bagarre avait éclaté. Sept recrues se livraient une lutte acharnée à l’épée de bois. Le combat avait l’air sévère et opposait deux élèves à cinq autres apparemment pressés d’en démordre.
Rhul et Khérus se tenaient dos à dos pour ne pas se laissait déborder. Leurs assaillants, tournant autour d’eux en lançant de brèves attaques, cherchaient une faille dans laquelle s’engouffrer.
Massid était à mi-chemin du groupe et s’apprêtait à intervenir quand il découvrit l’identité des protagonistes de l’escarmouche. Une idée émergea alors en lui et il s’immobilisa au beau milieu de la cour. Les académiciens trop occupés par le spectacle, ne l’ayant pas vu arriver ne le remarqua donc pas plus lorsqu’il fit demi-tour. Lorsqu’il pénétra de nouveau dans la salle des instructeurs, Olirk le toisa d’un air surpris.
- Et bien, lui demanda-t-il alors que Massid refermait la porte derrière lui, tu ne les sépares pas ?
- Non ! Tu vas pouvoir juger de leurs capacités. Et je t’avoue que je suis curieux de voir comment ils vont se sortir de ce mauvais pas.
- Ne le prend pas mal dit Olirk. Mais, aussi ludique que cela puisse être, je ne suis pas venu jusqu’ici pour observer tes recrues se donner en spectacle.
- C’est qu’il ne s’agit pas de n’importe quelles recrues. Précisa Massid en regardant Olirk droit dans les yeux.
Le visage d’Olirk s’illumina soudain d’un intérêt profond.
- Tu veux dire que c’est eux ? Demanda-t-il
Massid répondit par l’affirmative en désignant du doigt l’un des deux garçons.
- Le plus petit des deux, c’est Rhul. L’autre qui porte un heaume là c’est Khérus.
Olirk regarda les deux garçons d’un œil incrédule.
- Je ne les aurais jamais reconnus.
- Ce sont presque des hommes.
Olirk ne dit mot. Il prit une profonde inspiration et, Massid à ses côtés, observa en silence le combat qui se jouait à l'extérieur.
En voyant ses ennemis former un cercle autour d’eux, Rhul regretta l’absence d’Enak et Tamarus. La fine lame de Tamarus, de même que l’ingéniosité d’Enak, leur serait d’une cruelle absence. Leurs assaillants tournaient autour d’eux en se rapprochant un peu plus à chaque tour. Rhul serra les poings sur la garde de son épée, à ce moment il lui semblait que celle-ci était de fer et non plus en bois.
Soudain, le plus grand des cinq assaillants, une montagne du nom de Guryk, tenta une offensive et brisa le cercle. Par chance, son attaque fut maladroite. Rhul n’eut aucun mal à la contrer en quelques mouvements et il repoussa son adversaire d’un coup donné du plat de son épée. Un autre adversaire en profita pour lancer une attaque sur son flanc gauche. Rhul n’échappa à un mauvais coup que grâce à son bouclier. La violence du choc le déséquilibra malgré tout. Il ne réussit pas à se stabiliser et chuta de côté.
Khérus se précipita vers lui et le protégea le temps qu’il reprenne ces esprits, repoussant tant bien que mal plusieurs assauts ennemis. Rhul se releva dans une rage folle et fondit sur son adversaire.
Et en un instant il lui asséna plusieurs coups de taille d’une grande férocité. Le malheureux tenta vainement de contenir l’assaut en se protégeant derrière son bouclier qui vibrait sous les coups. S’il eut s’agit d’une véritable épée il ne fait aucun doute que l’arme défensive aurait volé en éclat. Un dernier coup, plus puissant que les autres, mit à bas l’adversaire qui s’affala sur les pavés.
Khérus profita de la confusion pour passer également à l’assaut.
Il poussa d’un coup de pied le garçon qui était le plus prés de lui. Un peu enrobé, le pauvre roula comme une barrique et entraîna dans sa chute un deuxième assaillant qui se tenait à sa droite. Il ne restait plus que deux académiciens debout, Amarik Lesdag et son acolyte Roda, grand sec aux cheveux foncés aussi bête que méchant. Sans perdre un instant, Rhul et Khérus se divisèrent la tâche. Rhul prendrait Amarik tandis que Khérus se chargerait de Roda.
Cependant, Amarik ne laissa pas le temps à Rhul d’engager le combat. Il fonça sur lui, brandissant son épée avec des yeux de fou. De rage il jeta par terre son bouclier, se privant par la même occasion d’une défense souvent salutaire. Rhul ne comprit ce geste insolite qu’en apercevant Amarik saisir un objet dissimulé jusque-là sous sa tunique. Rhul reconnut la dague que le garçon avait plusieurs fois exhibée dans les quartiers communs réservés aux élèves. Mais il ne se démonta pas.
Il para le coup d’épée de bois d’Amarik à l’aide de son bouclier. Il savait que cette attaque n’était qu’une diversion destinée à détourner son attention de la lame. Il entama ensuite un mouvement de pivot vers la droite pour éviter le coup de dague. Les deux adversaires se retrouvèrent dos à dos l’espace d’une seconde, la lame figée dans la main d’Amarik scintillant malgré la lumière blafarde hivernale. Rhul continua sa parade. Il se retourna et saisit l’arme qu’il s’empressa de jeter à terre. Amarik n’avait rien vu venir. Il resta bouche bée quand il sentit la pointe de l’arme factice de Rhul lui piquer les reins.
- Je crois que tu es vaincu ! Dit Rhul à son oreille d’un ton qui illustrait son plaisir. Alors, cessons là cette querelle stupide. Ah au fait, ajouta-t-il, ne touche jamais plus un cheveu d’un de mes amis, ou la prochaine fois cette épée ne sera pas en bois.
- Tu paieras cher ceci, pauvre bâtard puant, cracha Amarik.

Rhul s’apprêtait à pousser un peu plus fort sur la garde de son épée quand un cri de colère résonna dans la cour. Les élèves, qui avaient reconnu la voix de leur instructeur, s’empressèrent de reformer les rangs. Ceux qui gisaient les fesses par terre eurent à peine le temps de se relever. Khérus et Roda rejoignirent les rangs avant que Massid ne soit sur le groupe. Rhul et Amarik n’eurent pas cette chance Massid les saisis tout deux par le collet.
- Qu’est-ce que c’est que ce tapage ? Brailla-t-il à leurs oreilles. Ne peut-on vous laisser seuls un instant sans que l’envie vous prenne de vous égorger. Et toi Rhul je t’aie confié la surveillance et voilà que dès que j’ai le dos tourné tu es le premier à faire du grabuge. Si c’est du fer que vous voulez tâter, sachez que vous en tâterait suffisamment quand viendra l’heure de la bataille et que vos corps joncheront le sol à la merci des charognards. En attendant ce jour, vous apprendrez que je ne tolère aucune attitude de ce genre pendant mes entraînements, ici on se bat uniquement quand j’en donne l’ordre.
Massid dut s’empêcher de sourire. Cette comédie l’amusait beaucoup, mais il ne fallait en aucun cas qu’il ne le laisse paraître aux yeux de ses élèves. Ce petit jeu devait avoir l’air convaincant, hurler après les recrus était une chose qu’il avait l’habitude de pratiquer et souvent sans réelle rancœur. Pour se faire respecter, il lui fallait passer pour un personnage sévère. Avec les années, il avait tellement bien appris son rôle que celui-ci avait fini par déteindre sur lui. Il était si convaincant qu’il aurait pu être admis parmi une des troupes du théâtre de la citer sans pour autant passer pour un amateur. Mais soudain, il vit par terre quelque chose qui le fit changer d’humeur. Maintenant, il ne jouait plus.
- Une dague ! Voilà qui complique l’affaire. Pesta-t-il en lâchant Rhul et Amarik comme deux vulgaires sacs à patates.
Il se baissa et ramassa l’arme dont le manche était aussi gelé que l’air qui soufflait sur la cour. Par chance, la lame n’était pas couverte de sang, mais cela aurait pu être le cas. La perspective qu’un de ces élèves ait pu se retrouver blessé sérieusement ou même mortellement lui glaça le sang avant de le mettre hors de lui. Il s’en voulait à lui même, mais ce furent les académiciens qui subirent son courroux. En particulier Rhul, la déception du capitaine pour son champion pouvait se lire sur son visage lardé de cicatrice.
- À qui appartient ceci ? Demanda-t-il en essayant de se contenir.
Personne ne répondit.
Massid sentit un afflue de sang lui empourprer le visage.
Il interpella Rhul et lui ordonna de donner le nom du propriétaire de la dague. Rhul se terra dans un silence qui énerva davantage le capitaine.
- Tu refuses de répondre, et bien soit ! Je considérerai donc que cet objet t’appartient. Si ce n’est pas le cas, tu prendras pour son propriétaire dit Massid en adressant un regard dédaigneux à Amarik. Tu sauras ce qu’il en coûte de refuser de m’obéir. Tu vas goûter aux joies du cachot mon garçon. En cette saison, tu verras, c’est un séjour dont tu te souviendras longtemps.
Rhul ne répondit pas, qu’aurait-il pu dire ? Il était face à une tempête et devait tenir bon, l’essuyer sans broncher. Une vague de mélancolie le submergea lorsqu’il imagina l’infect cachot où l’on allait le jeter. L’injustice dont il était victime était cruelle, mais il ne tenait qu’à lui d’y mettre un terme. Il lui suffisait de raconter ce qui s’était passé. Non ! Se dit-il en son for intérieur, aussi écœurant soit cet Amarik, il ne le dénoncerait pas. Sans doute était-il un bâtard comme l’avait dit Amarik mais lui au moins, agirait avec honneur. Il comprenait maintenant pourquoi Enak n’avait rien dit. Il serra les poings aussi fort qu’il le put et ses doigts devinrent blanc, rendu exsangue par la pression qu’il leur infligeait.
Khérus regarda son ami et imagina ce qu’il devait ressentir. Il eut mille fois l’envie de crier la vérité, que la dague était à Amarik, qu’il n’avait fait que se défendre. Mais ce n’était pas à lui de prendre cette décision, il appartenait à Rhul de le faire.
Massid détourna les yeux de ceux de Rhul. Il ordonna à deux élèves de quérir un garde afin de l’escorter jusqu’au cachot. Il ne leur fallut que quelques minutes pour revenir en compagnie d’un homme en armes. Après un bref ordre du capitaine, celui-ci emmena Rhul.
Le capitaine s’adressa à ses recrues d’une voix encore vibrante de colère.
- Voyez ce qui arrive quand on me désobéit. Que cela vous serve de leçon à tous. Quant à toi, dit-il à Amarik, ne crois pas t’en tirer à si bon compte, tu seras de corvée d’écurie pendant les trois prochains mois. Tu pourras ruminer ta bêtise avec des êtres certainement plus intelligents que toi. En attendant hors de ma vue. Et pour tout le monde, dix tours de cour ! Et au pas de course.
Pas même, Amarik n’osa rétorquer quoi que ce soit. Tous se débarrassèrent de leurs armes factices et entreprirent leur premier tour de cour sous les regards amusés d’un groupe de la deuxième promotion qui passait par là.
Avoir distribué des sanctions avait quelque peu soulagé Massid qui sentait la colère s’estomper lentement. Cette colère faisait maintenant place aux remords. Il regrettait déjà d’avoir infligé une punition si sévère à l’encontre de Rhul. Son emportement l’avait fait agir plus vite et plus fort que sa raison ne l’aurait désiré. D’autant plus qu’il était sûr que la dague ne lui appartenait pas. Non, en vérité il avait puni si sévèrement le garçon car il avait refusé de lui obéir devant le reste de la promotion. Il lui fallait faire un exemple. Plus que toute autre raison et aussi paradoxal que cela puisse paraître c’était sa préférence pour Rhul qui l’avait contraint à le traiter si sévèrement.

- Que c'est-il passé ? demanda Olirk quand Massid repénétra dans la salle des instructeurs. Je ne t’avais pas vu si en colère depuis le jour où je t’avais volé tes affaires alors que tu te baignais dans ce lac, et que tu avais été contraint de rentrer au camp nu comme un ver.
Ce souvenir détendit un peu Massid qui laissa s’échapper un sourire.
- Pas tout à fait nu, rectifia-t-il. J’avais ramassé en route quelques branches pour cacher certaines parties encombrantes de mon anatomie. Ce sont ces maudits gamins, dit-il en revenant à l’incident. Figure toi que non content de se battre à coup d’épée de bois un de ces lascars à sortit une dague. Ces imbéciles auraient pu se tuer !
- Rhul ? Demanda Olirk d’un ton inquiet.
- Rassure-toi, personne n’est blessé. Et je ne pense pas que cette dague lui appartenait. À vraie dire c’était certainement celle de ce vaurien d’Amarik Lesdag.
- Lesdag ? Un rapport avec Percyt ?
- C’est son fils. Répondit Massid.
- Si tu crois que Rhul n’y est pour rien alors pourquoi ce garde a-t-il emmené ?
- Car il a refusé de parler, c’est une vraie tête de mule.
Olirk sembla comprendre et parut rassuré.
- Et pourquoi se battait-il ?
- Pas la moindre idée, certainement une querelle sans importance, mentit Massid qui soupçonnait que cette affaire avait certainement un lien avec celle qui avait touché le jeune Enak. Mais changeons plutôt de sujet veux-tu. Repenser à cela commence à m’énerver. Dis-moi comment se portent les frontières du sud-ouest ?
- Tout semble aller pour le mieux. D’après cette vieille fripouille d’Epsir, le calme régnerait sur la garnison d’Althemaen. On n’y a pas vu signe d’immoriens depuis des mois, pas même un raid au printemps. Cela fait des années que cela n’a pas était aussi paisible, ajouta Olirk qui arborait une expression d’inquiétude

- Et bien tant mieux ! S’exclama Massid. Mais ça n’a pas l’air de te réjouir.
- Oh si, détrompe toi. C’est juste que… tu sais ce qu’on dit à propos de ce qui précède la tempête.
- Tu vois le mal partout ! Ces stupides immoriens ont surement saisi qu’il ne gagnerait jamais une guerre contre l’empire, voilà tout.
- Puisse tes paroles se révéler exacts.
- De toute façon contre un chef de guerre tel que toi que peuvent-ils bien faire !
- Garde ton miel, vieux pirate, les conseillers de mon père m’en enduisent suffisamment.
Les deux amis discutèrent encore un long moment tandis que, dans la cour, les élèves tournaient toujours. Ils cessèrent leur conversation alors que le soleil allait bientôt disparaître derrière les épais remparts de la cité.
Ils convinrent de ne pas laisser passer autant de temps sans se revoir. De toute façon, les circonstances étant ce qu’elles étaient Olirk surveillerait de prés l’académie. Il partit comme il était venu, drapé dans sa longue cape noire. Il passa la porte puis rejoint, comme convenu, son escorte dans une rue adjacente.
Déjà la lune apparaissait entre les nuages, éclairant de sa lumière blanchâtre la colonne qui regagnait son lieu de campement à quelques kilomètres de la ville.
un peu musicien aussi, www.myspace.com/kevinferrand

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Re: Les fils d'Arghun,

Messagepar Rudiment » 24 Oct 2010, 15:53

Bonjour, Kb. Voilá bien longtemps que tu ne nous avais plus rien posté !

J'aime bien ce que tu écris. Faute de temps pour davantage, je te livre ici conseils et impressions (qui valent ce qu'ils valent) sur tes trois premiers paragraphes seulement.


kbferrand a écrit :chapitre 6 des fils d'arghun
n'hésitez pas à dire ce que vous en pensez.
VI
L’homme en noir

Une froide bise soufflait du Nord, les élèves de la promotion cadette étaient amassés dans la cour de l’académie, prêts pour l’entraînement. Le vent glacial sifflait à leurs oreilles et semblait porter avec lui des rumeurs lointaines de malheur et de ténèbres.
Rhul frissonna tandis qu’une rafale lui traversait le corps. À côté de lui, Khérus n’était guère plus vaillant.


-- La bise étant un vent froid, tu peux supprimer "froide".
-- A la place du verbe "amasser", tu pourrais employer "rassembler".
-- "Académie" n'est peut-etre pas nécessaire. Pourrait-ils etre rassemblés dans la cour d'une autre école ?
-- "Tandis que" implique une idée d'opposition entre le terme qui précede et celui qui suit (enfin, je crois !). Ici, je n'en vois pas l'utilité. "Comme" serait plus judicieux, á mon avis.

Refondre les deux premieres phrases offriraient une concision de la description. Par exemple :

" Les élèves de la promotion cadette étaient rassemblés dans la cour, prêts pour l’entraînement. La bise du Nord sifflait á leurs oreilles, semblant porter en elle de lointaines rumeurs de malheur et de ténebres. "

kbferrand a écrit :Rhul s’étonna que son ami ne supporte pas plus que ce froid. Venant des environs de Madestill, il devait être habitué à de pareilles conditions. Khérus était fils de bûcheron, son père s’occupait d’une petite exploitation forestière pour un seigneur local. Lui et sa famille vivaient aux abords des bois. Rhul pensait souvent que la vie ne devait pas être facile tous les jours. Cependant, il avait du mal à imaginer son ami en train d’abattre un arbre ou bien de le débiter. Il n’y avait qu’à regarder Khérus pour comprendre cette difficulté. Certes, il était d’une bonne taille pour son âgé, mais sa carrure était loin de l’idée qu’on pourrait se faire de celle d’un bûcheron. Il était plutôt sec et s’il n’avait pas un poil de graisse il n’avait guère plus de muscle.


-- La premiere phrase est rendue lourde par les 2 "que". Au reste, le sens de la subordonnée n'est pas clair. Tu pourrais reformuler, genre : "Rhul s'étonna de trouver son ami si frileux."
-- Le passage sur Khérus également gagnerait á etre reformulé, question de concision. Au passage, quelques détails peuvent ici passer á la trappe sans nuire á la clarté du texte. Exemple : "Fils d'un bucheron des environs de Madestill, Khérus vivait avec sa famille aux abords de la foret, oú le quotidien ne devait pas etre facile."
J'ai de meme remplacer "vie" et "tous les jours" par "quotidien" qui, á mon avis, véhicule ici la meme connotation.
-- La description du physique de Khérus peut également profiter d'une coupe.

kbferrand a écrit :L’après-midi promettait d’être longue et ennuyeuse. Rhul avait le moral au plus bas. Outre le froid et le ciel menaçant qui planait aux dessus de leurs têtes, les récents événements le taraudaient et le rendaient morose. Il n’arrivait pas à croire qu’une simple dispute avait pu déraper à ce point. Évidemment, il connaissait la stupidité d’Amarik et de sa clique, mais il en avait indéniablement sous-estimé la méchanceté. Enak s’en était bien tiré cette fois, il n’avait que quelques bleus et une petite plaie au front. Cela aurait pu être plus grave. Le pire de tout était qu’Amarik et ses sbires n’avaient même pas étaient inquiétés. Enak avait refusé de les dénoncer à Massid. Rhul, Khérus et Tamarus avaient bien essayé de l’en convaincre, mais Enak avait refusé. Peut-être espérait-il se venger d’une autre manière. Rhul l’espérait, c’était cette idée autant que celle de ne pas trahir la volonté de son ami qui l’avait empêché d’expliquer lui-même au capitaine ce qui s’était passé.


-- Comme les conditions météo sont déjá claires pour le lecteur, tu peux faire sans dans la 3e phrase pour aider au sens amorcé dans la deuxieme. Ainsi, "Rhul avait le moral au plus bas." se retrouve juste avant "les récents événements le taraudaient et le rendaient morose." On gagne en solidité de l'articulation.
"Morose" est-il nécessaire apres "moral au plus bas" ?
-- "Il n'arrivait pas á croire..." Une question serait bienvenue, histoire de changer un peu des "que". Tout bonnement : " Comment une simple dispute avait-elle pu déraper á de point ?"
-- "mais il en avait indéniablement sous-estimé la méchanceté." Si tu parles de la méchanceté d'Amarik et de sa clique (et non de la méchanceté de la stupidité !!!) alors tu dois écrire "il avait indéniablement sous-estimé leur méchanceté."
-- "étaient inquiétés." "été" est préférable.
-- "Rhul, Khérus et Tamarus avaient bien essayé de l’en convaincre, mais Enak avait refusé." est inutile á mon avis, et tu évites la répétition de "refusé".
-- La derniere phrase est un peu lourde, avec ses "qui" et "que". Pourquoi ne pas écrie dans ce genre : "Par fidélité envers son ami et avec l'espoir que celui-ci se vengerait, Rhul n'avait pas rapporté ces événements au capitaine."

Dans tous les cas, Kb, tu es le seul capitaine á bord de ton texte ! L'important est de reformuler en cherchant concision et clarté.

A plus !

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Re: Les fils d'Arghun,

Messagepar Anafesto » 24 Oct 2010, 17:45

Au fait Rudiment, y'aurais pas facebook en Lituanie ?

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Re: Les fils d'Arghun,

Messagepar Rudiment » 24 Oct 2010, 21:25

Anafesto a écrit :Au fait Rudiment, y'aurais pas facebook en Lituanie ?


On est ravitaillés par les corbeaux, mais je viens de t'en dépecher un avec une requete. Tu reconnaitras l'avatar...

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Re: Les fils d'Arghun,

Messagepar kbferrand » 26 Oct 2010, 20:14

merçi rudiment,
c'est vrai que je n'ai pas posté depuis un bon moment, je vais arranger ça, en espérant avoir quelque retour de gens qui aurais eut le courage d'arriver jusqu'à ce chapitre.
mais toi,je vois que tu es toujours fidéle au poste pour une petite correction.
je t'en suis reconnaissant.
à +
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Re: Les fils d'Arghun,

Messagepar kbferrand » 14 Nov 2010, 18:39

VII


Une visite nocturne



Tauris était seul dans sa chambre. La pièce était plongée dans une quasi-obscurité. Sur un vieux candélabre, seules quelques bougies avaient survécu. Les autres s’étant peu à peu consumées jusqu’à leurs extinctions, ne laissant comme trace de leurs existences qu’un petit amoncellement de cire et quelques tâches sur les tomettes de terre cuite. Le vieux prêtre devait redoubler d’effort pour étudier l’ouvrage soigneusement disposé sur son lutrin. Il s’agissait d’une reproduction du livre de Dell conservé à la bibliothèque de Tulemdam. Elle était relativement en bon état compte tenu de son ancienneté et ses reliures étaient d’une facture magnifique. À en juger par les initiales paraphées sur sa dernière page, sa rédaction remontait à l’époque du grand prêtre Safis, ce qui la datait d’à peu près six siècles.
Il était de coutume que chaque grand prêtre rédige de sa main une copie fidèle du livre sacré. Seules pouvaient en varier les illustrations. Le texte lui, s’avérait toujours scrupuleusement similaire à celui, se voulant rédigé de la main même du dieu. Aucun commentaire ou interprétation personnels ne venait jamais s’ajouter aux écritures, ce travail était bien souvent l’œuvre d’une vie.
Le vieux prêtre tourna une des pages avec une extrême délicatesse, ne souhaitant pas courir le moindre risque d’en abîmer une en la cornant maladroitement. Scentua lui avait permis de consulter le livre afin d’en étudier l’iconographie et c’était là un gage de confiance doublée d’un grand honneur venant du grand prêtre. Tauris n’aurait pas toléré qu’il lui arrive le moindre incident. Malgré son âge, plus qu’avancé, il avait le regard émerveillé d’un enfant découvrant un jouet longtemps attendu. Il se délectait de la beauté des enluminures sur lesquels le temps ne semblait avoir eu aucune prise. Le vieillard aurait souhaité qu’il en fût de même de sa propre personne, mais c’était loin d’être le cas. Son dos le faisait atrocement souffrir et il sentait chaque jour le sol se rapprochait un peu plus, si cela continuait de la sorte, il finirait sans doute bloqué en deux, brisé tel un arbre après la tempête.
Il arracha son regard des pages qui se troublait et scruta, de l’autre côté de sa chambre, son lit bien douillet qui lui tendait les bras. Il s’était mis à l’aise et avait enfilé une robe de chambre épaisse par-dessus sa toge. La fatigue le gagnait et il s’apprêtait enfin à lui céder lorsqu’on frappa à sa porte.
Tauris soupira et hésita à porter attention à une interruption de ses projets, mais la curiosité et un relent de son sens du devoir eurent raison de ses désirs.
- Oui dit-il d’un ton résigné entrez.
Le visiteur s’exécuta et pénétra dans la chambre. Tauris n’eut pas à attendre que ce dernier s’avance dans la lumière pour reconnaître la silhouette familière d’Epolis.

- Que me vaut l’honneur de ta visite mon cher Epolis demanda-t-il d’une voix doucereuse,
- Un sujet de dispute je le crains répondit Epolis sur un ton grave.
- De dispute ? Que se passe-t-il donc qui risque de jeter entre nous la discorde? Questionna Tauris tout en se replongeant à demi dans sa lecture.
- Un sujet suffisamment important pour que vous daigniez m’accorder toute votre attention.
Le vieillard soupira de nouveau et releva la tête vers son interlocuteur. Il pressentait que cette visite allait lui gâcher sa soirée.
- Certes, pardonne mon impolitesse. J’ai souvent du mal à extirper mon esprit de mes sujets d’étude, particulièrement lorsque je suis immergée dans un ouvrage aussi riche.
- Je le sais, ces derniers temps passés auprès de votre communauté m’ont permis de vous connaître sous bien des abords. Mais il me faut votre attention.
Tauris referma l’épaisse couverture avec le plus de précautions possible.
- Trés bien Epolis, je t’écoute.
- J’irais donc droit au but. Je suis venu vous parler des problèmes qui couvent au sein de la Ghyria.
- Des problèmes ? Sembla s’étonner Tauris, de quels problèmes veux tu parler ?
- De ceux qui ont attrait à l’autorité décroissante de Scentua.
- Soit donc plus explicite mon ami, dit Tauris, faisant mine de ne pas comprendre.
- Je vais l’être, Tauris, je vais l’être. Il ne fait nul doute que la politique religieuse de Tucialk ne soit du goût de la plupart des prêtres de l’assemblée. Même si j’ai le sentiment qu’il n’est pas l’un des plus férus de ses détracteurs, je sais que Scentua est loin d'adhérer à toutes les idées de notre empereur sur ce sujet épineux.
- Cela n’est un secret pour personne, si ce n’est une évidence, admit Tauris en affichant une moue minimaliste.
- Oui en effet, mais ce n’est pas le grand prêtre qui inquiète mon maître. Il s’est toujours montré d’une relative fidélité envers l’empire. Mais il semblerait que ces derniers temps une aversion latente envers l’empereur croisse au sein de l’assemblée. Mon maitre pense que Scentua ne montre pas l’aptitude et la volonté nécessaires à une gestion efficace de cette crise.
Tauris réfléchit une seconde avant de se hasarder à la moindre parole.
- Peut-être le mot est-il un peu fort, dit-il précautionneusement. Ce dont tu parles n’est au plus qu’une légère différence d’opinions. Il n’y a pas lieu de s’alarmer.
- Dans un contexte aussi brûlant que celui que nous vivons, la moindre « divergence d’opinions » peut prendre un tour extrêmement fâcheux. Il va sans dire que vous voyez ce à quoi je fais allusion.
Tauris voyait, il était inutile de lui préciser que le sujet qui inquiétait le plus Epolis et Olirk n’était nullement la crainte d’une quelconque opposition à la politique de l’empereur pour ce qu’elle était, mais bel et bien pour le danger qu’une agitation pourrait engendrer dans l’entourage de Rhul et Khérus. L’attention qu’avait suscitée la demande d’Olirk de soumettre deux garçons à une épreuve usant de sortilège dans un contexte où la magie était interdite n’avait pas manqué de susciter des controverses. Même si, nul au sein de la Ghyria, hormis Scentua et Tauris, ne connaissait la particularité de ces deux garçons, la curiosité qu’avait engendrée cet épisode pouvait amener certaines personnes mal intentionnées à s’intéresser à ce sujet. Bien sûr, tout ce qui se déroulait pendant les assemblées devait rester confidentiel, mais partout les murs ont des oreilles et les portes des langues capables de susurrer, à qui veut bien les entendre, les mots de la perfidie et de la trahison.
- N’ai de crainte Epolis, dit Tauris d’un ton rassurant, n’en ai pas plus qu’Olirk ne doit en avoir, cela passera. La politique de l’empereur n’est pas plus contestée aujourd’hui qu’elle ne l’était hier. Les prêtres la discutent, mais ils ne s’y sont jamais opposés en acte et crois moi cela continuera ainsi. Quant au sujet qui nous intéresse réellement il en va de même, ton maître peut-être tranquille, son secret est bien gardé.
- Puissiez-vous avoir raison. Mais les garçons sont à l’académie depuis près de six mois et les murs frémissent encore des racontars en tout genre. J’ai eu vent de certaines histoires qui ne me plaisent guère.
- Tu exagères de nouveau. Ces garçons n’intéressent personne ici. Il n’y a que l’épreuve demandée par ton maître, comme tu te complais à l’appeler, qui soit à l’origine de ce soubresaut de contestations. Elle n’a fait que ranimer les vieilles rancœurs et redonner aux prêtres le désir de pratiquer la magie.
- Ce désir est sans lendemain, mort né, répliqua Epolis, piqué au vif.
- Je sais. Certains espèrent malgré tout que l’empire leur redonnera un jour ce pouvoir.
Tauris se sentit submergé par une vague de fatigue. Du coin de l’œil, il entrevit sa couche le narguer et il mourrait d’envie de se fondre sous ses couvertures de laine. Le temps où il pouvait veiller toute la nuit, plongé dans ces ouvrages théologiques, lui parut bien lointain.
- Cela n’est pas possible, rétorqua Epolis, un peu plus irrité, le pouvoir dont ils jouiraient serait bien trop important. Notre empereur, ni aucun autre fort de son pouvoir, ne laisseront jamais le droit au prêtre de pratiquer à nouveau la magie.
- Sans doute as-tu raison, mon cher Epolis, dit Tauris dans le but d’écourter la conversation.
- Quoi qu’il en soit, cette situation ne doit pas perdurer. Scentua doit y mettre un terme au plus vite, son autorité ne doit pas décroître et permettre l’émergence d’idées néfastes. Cela pourrait entraîner des faits fâcheux ainsi que des représailles désirées par personne. Vous devez le persuader de se montrer plus ferme, qu’il stoppe ces contestations, sinon l’empire se chargera de le faire à sa place.
Tauris resta pantois, halluciné par les propos d’Epolis. L’empire venait de faire un pas de plus vers la soumission du temple. Un pas de plus pour faire des prêtres de vulgaire serviteur. Il voulut un instant protester puis ravala sa fierté et son indignation. Sa colère ne changerait rien et ne ferait sans doute qu’aggraver les choses.
- Bien, dit-il en se contrôlant. Mais pourquoi venir me trouver moi et pas Scentua lui-même?
- Nous n’en sommes pas encore là. Il faut sauver les apparences, expliqua Epolis. Mieux vaut qu’il l’apprenne de votre bouche. Vous êtes son plus proche conseiller, il vous écoutera sans se braquer.
- Et que se passera-t-il s’il refuse ou s’il échoue ?
- Il ne refusera pas, dit Epolis en tournant les talons, laissant le prêtre seul avec ses pensées.
Après avoir pris soin de déposer deux bûches dans la cheminée et avoir chauffé son lit, Tauris s’allongea sur le matelas et tira les épais rideaux du baldaquin. Il se terra sous les couvertures. Bien que gagné par la fatigue, il ne trouva pas facilement le sommeil. Il tourna et retourna dans sa tête les propos d’Epolis. Le lendemain, il devrait se faire le messager d’une décision qui le révoltait. Elle détruirait le rapport de confiance qui unissait le grand prêtre et l’assemblée. Même si sur le fond, la perspective que Scentua fasse preuve de plus d’autorité à l’égard de la Ghyria ne lui paraissait pas être une si mauvaise chose, il ne pouvait se résoudre à accepter que ce soit sous la menace. Même si l’ingérence du pouvoir impérial dans les affaires religieuses ne l’étonnait plus, il lui sembla qu’une page se tournait.
D’incessantes questions hantaient son esprit. Il se tourna et se retourna dans son lit tandis que les tourments s’emparaient de son corps frêle.
Une ombre planait au-dessus de lui, au-dessus d’Arghun. Il la sentait se répandre sur les terres du continent, sur les eaux du noir océan comme sur les montagnes du nord. Un profond changement était proche, un changement qui bouleverserait le monde et d’ou naîtrait un nouvel ordre. Un ordre dans lequel, il le savait déjà, il n’aurait pas sa place.
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Re: Les fils d'Arghun,

Messagepar kbferrand » 25 Sep 2012, 13:56

revenu d'entre les morts, je poste la suite des fils d'arghun, éternellement inachevé...ou pas :twisted:


VIII


Tôt le matin



Alors qu’un halo blanchâtre s’élevait lentement de l’est, auréolant le ciel d’une aurore timide et que le givre recouvrait encore de son baiser acerbe les branches d’arbres à présent nu face aux lacérations du vent, une silhouette courbée progressait d’un pas difficile sous les arcades cernant un des nombreux cloîtres du temple. Tauris ressentait chacune de ses articulations comme autant de raison de souffrir et chacun de ses pas comme une torture. Heureusement, guère plus d’une quinzaine de pas ne le séparait à présent de la porte des appartements de Scentua.
En le voyant s’approcher, deux gardes inconnus de Tauris et aux facies rougis par le froid lui barrèrent l’accès. Le plus cramoisie des deux s’adressa à lui d’un ton bourru :
- Le grand prêtre ne reçoit personne à cette heure.
- Êtes-vous complètement stupide ou quoi ! Je suis Tauris, l’assistant du grand prêtre et que faite vous ici d’abord ? Vos uniformes ne sont pas ceux des gardes du temple.
Les gardes demeurèrent impassibles. Tauris commençait à s’énerver quand une voix résonna à travers la porte.
- Gardes, que se passe-t-il ?
- C’est le prêtre Tauris grand maître, il tient absolument à vous voir et refuse de partir t’en que vous ne l’aurez pas reçu.
- Et bien, laissez-le entrer! dit Scentua d’un ton agacé.
- Qui sont ces deux idiots demanda Tauris en refermant la porte derrière lui.
- Oh ce n’est rien, répondit Scentua, installé derrière un large bureau un parchemin entre les mains. Epolis a jugé bon de m’octroyer une garde personnelle, mais ce ne sont des pas lumière. Pourquoi êtes-vous si matinale, mon ami ?
- Il fallait que je vous voie.
- Et cela n’aurait pas pu attendre le rassemblement de ce matin, je suppose.
- C’est que l$e sujet est délicat.
- Alors, je vous écoute, dit Scentua tout en repliant son parchemin.
Tauris entreprit alors de tourner lentement en rond autour d’un tapis, visiblement il ne savait par où commencer. Scentua sembla vite agacé par ce petit manège et commença à tapoter du bout des doigts sur le plateau de son bureau.
- Alors ?
- Et bien, se lança Tauris, j’étais venu ici dans un but bien précis et voilà que face à ce qu’exige le bon sens un je ne sais quoi de conscience me torture et m’empêche d’accomplir mon dessein, ou plutôt devrai-je dire celui d’un autre.
- D’un autre ? Auriez-vous eu par hasard la visite du notre cher chef de guerre, je ne croyais pas qu’il se rendrait dans l’enceinte du temple.
- Non, grand maître uniquement celle de son serviteur, mais comment avez-vous devinez.
- Mes informateurs m’ont fait part de mouvement de troupes important il y a quelques jours et on m’a récemment rapporté qu’un campement avait été monté non loin de la cité. Je me doutais qu’Olirk ne pourrait s’empêcher de venir traîner par ici, il a dû rencontrer Epolis en secret ou bien lui envoyer un message, la présence de ses gardes n’est pas un hasard. Et qu’attend-il encore de moi.
- Il voulait que je vous convainque de faire preuve de fermeté envers la Ghyria.
- De fermeté ? Demanda Scentua d’un ton curieux.
- Oui, mais je crains de ne pas pouvoir vous convaincre si je ne le suis pas moi-même. Dit Tauris en s’arrêtant une seconde de tournicoter.
- Et bien, continuez mon cher Tauris. Achevez-moi de vos nouvelles !
Tauris poursuivit. Il rapporta les propos qu’Epolis lui avait adressés la nuit passée, des craintes d’Olirk en ce qui concernait la sécurité des deux garçons à la montée des contestations au sein de l’assemblée. Pendant tout ce temps le grand prêtre resta imperturbable, les deux mains devant le visage, les indexs joints, effleurant la pointe de son nez aquilin. Son teint blafard et son regard vide rappelaient les statuts de pierre qui trônait dans la salle des grands rassemblements.
- Ainsi, il n’a pas tenu ses engagements, dit Scentua plus pour lui-même que pour son interlocuteur. J’ai été bien sot de croire qu’il en serait autrement.
- Vous avez voulu bien faire dit Tauris ne soyez pas trop dur avec vous-même.
- J’ai surtout été lâche trop longtemps, mais les choses vont changer. Il est grand temps que je reprenne les choses en main dit le grand prêtre en enfilant un épais manteau par-dessus sa toge.
Scentua ouvrit la porte et sortit d’un pas assuré.
Une heure plus tard, une grande agitation qui devait durer le reste de la journée perturba la sérénité qui baignait d’accoutumé les corridors du temple. De nombreux serviteurs se mirent à allez et venir, chargés comme des mulets, de paquet et de malles aux formes et aux tailles aussi variées qu’il existe de livre dans la bibliothèque de Tulemdam. Des rumeurs de toutes sortes accompagnèrent ce chambardement. On entendit tout et n’importe quoi, de la plus dramatique à la plus excentrique des rumeurs, du scénario le plus simple au plus rocambolesque. La vérité était qu’on ignorait tout du pourquoi d’une telle agitation. On en vint bien sûr assez rapidement à l’évidence que le grand prêtre partait en voyage, mais on n’avait pas la moindre idée de la destination ou du but de l’expédition.
- Prenez garde à cela voulez-vous, pesta Scentua à l’encontre de deux serviteurs qui empaquetaient un peu trop maladroitement à son gout ses effets personnels.
- Êtes-vous bien sûr que cette excursion soit nécessaire ? Lui demanda Tauris alors que le grand prêtre s’affairait dans son boudoir autour d’un de ses livres de magie.
- J’en suis certain, mon cher Tauris et il y a longtemps que j’aurais dû faire ce que je m’apprête à faire.
- Très bien comme vous voudrez, dit le vieux prêtre en s’éloignant en claudiquant, dans ce cas je vais finir de préparer mes bagages.
- Je ne sais pas il est très sage que vous m’accompagniez, la route sera dure en cette saison.
- Me congédiez-vous grand maître ?
- Bien sûr que non, vous êtes mon plus loyal allié, mais je crains juste pour votre santé. Sans vouloir vous vexé vous n’êtes plus tout jeune.
- N’ayez crainte, quand bien même je n’y survivrais pas, je préfère vous suivre que rester ici à me ronger les sangs.
- Très bien, comme vous voudrez.
Tauris se dirigeait vers la porte quand Scentua le rappela une dernière fois.
- Attendez, dit-il en plongeant la main dans sa poche et en en ressortant deux petits rouleaux de parchemin fermés par le sceau du temple. Voulez-vous bien faire parvenir ceci jusqu’à Massid.
Il tendit un premier rouleau au prêtre.
- J’envoie un page tout de suite, grand maître dit Tauris en s’inclinant doucement.
- Non je préfère attendre que nous ayons quitté la cité, je ne tiens pas à ce qu’il mette son nez dans nôtre décision de départ. Que le page attende quelques jours et qu’il le remette en main propre au capitaine.
- Et celui-ci demanda Tauris en désignant le second rouleau que Scentua tenait toujours dans sa main.
- Donnez-le à l’intendant dès à présent, qu’il y porte grande attention.
Tauris jeta un œil curieux aux rouleaux puis les glissa dans sa manche avant de sortir.
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