Bienvenue Lalaith Moon.
Concernant ce débat passionnant, je peux difficilement parler de ce que je ne connais pas. Cependant il y en a tant qui le font que j'aurais tort de me priver

.
Je ne suis pas passé par l'université mais par une école d'ingénieur. En plus de se tourner vers les sciences (domaines plus facilement assimilables par le marché du travail que les lettres modernes ou l'histoire des princes teutons entre le XII et le XIIIème siècle), ce cursus impose plusieurs mois de stage en entreprise et/ou en laboratoire de recherche. Comme le disait Oliv, ce qui compte aujourd'hui, ce n'est pas le diplôme mais l'expérience, même infime. Et je crois que c'est ce qui manque à la fac (pour le peu que j'en sais). Hormis les sections dîtes professionnelles, il y a une déconnexion avec le monde du travail.
A quoi sert l'université (et d'une manière générale les études)? A acquérir des connaissances pour elles-mêmes ou à se former à un emploi?
Il y a clairement des sections qui n'ont que des vocations "culturelles". Le seul débouché direct est la recherche dans un domaine bien spécifique (qui peut être littéraire). Question: comme plusieurs l'ont signalé, ne suffit-il pas de lire les bouquins chez soi? L'intérêt de l'université ne tient plus que dans la rencontre avec LE professeur, la référence dans son domaine ou simplement un pédagogue qui, par son talent, transmettra plus de savoir qu'une simple lecture.
Pourtant, même dans les sections a priori plus en accord avec les attentes du marché, l'université ne semble pas adaptée à la formation qualifiante (j'entends, celle recherchée par les employeurs). L'université devrait à mon sens inclure des stages en entreprise, en laboratoire ou en administration, pour compléter le savoir théorique par un aspect pratique. Corriger moi si je me trompe (ce qui ne serait pas si étonnant), mais ce n'est pas (encore?) le cas actuellement.
Pour en revenir à Lili, je vais dans le sens d'Oliv. Quitter l'école après le bac (et même avant) impose le respect, ne serait-ce qu'en démontrant une force de caractère qui va outre les conventions. En comparaison, je suis bien faible. Je suis allé en classe préparatoire (là où on voulait de moi) parce que le système est une extension directe du lycée avec une prise en main complète des profs. Je me connais, je me serais noyé en université.
Ensuite j'ai réussi bon an, mal an (et il y en a eu des mauvaises années), à entrer en école d'ingénieur dans un domaine qui me plaisait (la géologie). Passé la première année qui restait très générale, la spécialisation et la professionnalisation a pris le pas, tuant peu à peu la passion du début. C'est comme la lecture d'une poésie à laquelle succède son décryptage méthodique, jusqu'au quart de pouce d'alexandrin où l'on verra comment la seconde allitération en 's' crée une sensation suave formidablement rappelée par un effet d'écho dix vers plus loin
(et on respire).
Tout ça pour répondre lorsqu'on te demande si ce que tu fais maintenant te plait: "Ca ne me déplait pas", manière élégante de dire: "il faut bien manger" (et payer le vison de sa femme

). A cela j'ajoute parfois d'un air un peu rêveur: "si j'avais le moindre talent, je claquerais tout et j'écrirais des livres." Ca reste à prouver.