Cela dit, je pense qu'il faut peut être aller chercher encore moins loin. Le lecteur moyen (comme moi) n'a qu'une notion très vague de ce qu'est un recueil, n'en a peut être jamais croisé (rare sont les professeurs de français qui en font lire à leurs élèves) et ne sais donc pas ce que le genre peut lui apporter. Il en croise un en rayon et ne prend pas la peine de se pencher sur cet "OVNI", sans même réfléchir aux contraintes imposées par la structure du livre.
Alors là, je voudrais rendre hommage à mes divers professeurs de littérature, qui m'ont souvent confrontée au genre de la nouvelle. Et d'ailleurs, je trouve que c'est une excellente formation : quel régal d'éplucher un texte où tout est lié, tout est fait pour surprendre le lecteur en quelques pages seulement... C'est vraiment stimulant ! Je ne comprends pas pourquoi ce n'est pas utilisé plus souvent, d'autant qu'au moins, les collégiens et lycéens finiraient le récit avant de commencer à l'étudier... Et ça permettrait peut-être de relancer un peu le marché !
La nouvelle fait la part belle à l'imagination. On intègre les informations à une vitesse cosmique, souvent une bonne partie de l'univers est suggérée par de petits indices semés dans le texte, et au final c'est le lecteur qui construit lui même sa perception de l'ambiance, des personnages etc..
En fait il est moins guidé, le travail est moins "mâché" que dans un roman, et le lecteur est plus mis à contribution.
Je suis assez d'accord, la nouvelle demande souvent plus de temps pour être digérée qu'elle n'en a demandé pour être lue. Le problème, c'est que bien souvent, si on ne s'y attarde pas, on passe à côté... Il m'est arrivé plusieurs fois de ne comprendre une nouvelle qu'après plusieurs semaines de réflexion, en revenant de temps en temps sur des passages qui m'intriguaient. Bien sûr c'est aussi valable pour certains romans, mais moins souvent : le roman m'apparaît plus comme un "produit fini", et la nouvelle comme un "produit infini", dans le sens où ses interprétations peuvent être infinies.
Alors oui, lire un bon vieux roman, ça a un côté reposant, rassurant : on sait à peu près à quoi s'attendre, et ça nous convient parfaitement !