Ha, les archétypes liés aux types physiques...
J'aime bien celui, dont Mirerwen confirme juste au-dessus l'ancrage dans l'inconscient collectif, de la rousse joueuse et sensuelle, au tempérament supposé du même feu que celui de sa chevelure et de sa toison.
L'homme roux, lui, est vigoureux, robuste, mais un peu brute et mal dégrossi, en tout cas très viril (ne sent-il pas la sueur en bon mâle bien rugueux) lié qu'il est sans doute au stéréotype de l'Ecossais (roux par excellence) gaillard mais rustre. Si malgré tout un roux est dépeint comme mince de constitution, il sera sans doute rieur et joueur, malicieux, et là on rejoint un peu les attributs de sa contrepartie féminine.
Le brun et la brune, trop répandus, ont plus difficilement pu être associés à un caractère plutôt qu'un autre, même si l'on sait que le brun peut être "ténébreux" alors que le blond ou le roux ne peuvent pas l'être. Et la brune est perçue comme en règle générale un peu plus mature, accomplie, que la blonde dont les cheveux sont ceux de l'enfance (chères têtes blondes).
Cette dernière, antique et médiévale, est pure, noble, (une princesse est forcément blonde) "fair" comme disent les anglo-saxons (adjectif intéressant : ce qui est fair est pâle, fair eyes ce sont des yeux clairs, a fair hair c'est une chevelure blonde ; mais fair c'est aussi ce qui est beau, bon, aimable, juste et honnête), et pleine de candeur ; hollywoodienne elle est devenue à contrepied séductrice, femme fatale avec Garbo et Dietrich, ou faussement enfantine et aguicheuse avec Marylin Monroe. Par sarcasme l'idée d'innocence et de candeur est dévoyée en naïveté confinant à la crétinerie (mais c'est le même stéréotype de caractère, simplement poussé vers le négatif).
Le blond antique et médiéval est aussi noble et beau (un prince lui aussi est fréquemment blond), hollywoodien il est resté volontiers meneur d'hommes et plus souvent héros qu'à son tour, d'ailleurs il sent bon le sable chaud.
Mais avec la seconde guerre mondiale et la guerre froide est apparu le "blond méchant", cruel et aussi froid que le pays dont il est originaire, comme ces Allemands et ces Russes de film (Ha ! Ivan Drago de Rocky IV

) aussi blonds qu'impitoyables.
Les cheveux blancs sont des cheveux de vieux blonds, de vieux bruns ou de vieux roux, donc moins ciblés en matière de stéréotypes, excepté toutes les caractéristiques de l'âge et de la vieillesse.
Sauf bien sûr les cheveux blancs de "jeunes", étranges et signes de malédiction si possédés de naissance (les albinos sont maléfiques ou affligés de tares, un certain Elric n'était-il pas hémophile en plus d'être un nécromancien) ou, lorsque acquis lors d'une expérience traumatisante, signe que leur porteur a eu affaire à d'indicibles et épouvantables entités venues d'étranges éons où même la mort peut mourir et que donc c'est un type à éviter tout pareil, on ne sait jamais.
On pourrait s'aventurer sur le terrain des coiffures, aussi riche en stéréotypes multiples et contradictoires selon les époques et les contextes (la chevelure longue chez un homme pouvant être d'un barbare comme d'un beatnik...).
Ou bien sur d'autres éléments du physique qui ont prêté et prêtent toujours à bien des stéréotypes. Je pense notamment aux nez.
Combien de fourbes ont eu et ont encore le nez crochu ? Combien de princes au nez droit ou aquilin ? Combien de nez retroussés ont équipés des personnages mutins et malicieux ?
Et la question qui me taraude : quelle est la représentativité de la partie de la population (à laquelle j'appartiens) capable de rouler sa langue en tuyau chez les personnages de fantasy ?
Il y a plus de mystères dans le ciel et sur la terre, Horatio, que n'en rêve toute ta philosophie.