Hum,
je me vois un peu dépourvu pour te répondre, parce que je n'ai pas très bien pu coordonner tes arguments, ni voir en quoi ils allaient dans le sens d'un statu quo sur la loi Lang.
Tu contredis quelques exemples, comme si ça devait tout démonter..
Enfin je vais essayer de répondre de façon pas trop décousue.
Non, le livre n'est pas un produit comme les autres. Je m'attendais à cette réponse, (et je suis d'accord), mais il est comparable à un autre produit culturel, raison pour laquelle j'ai pris l'exemple d'un DVD culturel qui lui est bien soldable.
Tu dis que les gens achètent uniquement les livres qu'ils ont décidé d'acheter. Je ne crois pas que ce soit vrai. Des tas de livres s'achètent de façon compulsive (sinon, je ne vendrais pas un seul des miens, et je ne suis pas le seul exemple !!), pour des tas de raison. je suis sûr que toi aussi tu achètes parfois des livres dont tu ne savais rien, qui t'ont déçu (et parfois plu).
Donc si pendant que je déambule je vois un livre sur mon thème favori, avec une jolie couverture, je m'arrête. Et si en plus je vois que ce livre est soldé, il se peut que je saute sur l'occasion pour l'acheter (toujours une histoire de calcul de risque : si je suis déçu, l'investissement initial et donc la perte financière aura été minime). Pareil, mutatis mutandis, pour un cadeau.
Donc cette formule permettrait de faire découvrir plus de livres au contraire !
En fait, je crois que la mesure ne bénéficierait qu’aux très gros tirages à qui on donnerait une « seconde vie » à coups de publicité et de mise en avant, et là, on retombe dans le danger déjà évoqué de disparition des petites librairies.
je ne vois pas bien le rapport entre les grands tirages et les petites librairies... qui vendent ces grands tirages.
Effectivement, cette mesure est clairement faite d'abord pour les grands tirages. Et c'est bien là dessus que repose l'essentiel de mon argumentaire. Les grandes maisons font plutôt des grands tirages, d'où un danger si pas vendu, etc.
Le risque est pour les petites maisons d'éditions, qui ne pourront pas s'aligner sur les prix. Mais la loi empêche le bradage pandant un an ! C'est largement suffisant il me semble pour que les livres des petites maisons d'édition parus dans l'année soient vendus à prix équilibré sur le marché.
Quant à la concurrence des livres bas coûts, l'argument ne tient pas, puisque
c'est déjà le cas aujourd'hui. Après 24 mois, ces livres peuvent sortir sur le marché à prix réduit. Or, force est de constater qu'ils ne font pas concurrence aux sorties de l'année, pas plus que les rééditions poches. Et vu le faible coût, c'est plutôt un achat "en plus" qu'un achat "à la place de".
Tu penses que ce serait une sécurité pour l’éditeur, que de se retrouver en concurrence avec des livres soldés ? Comme je l’ai dit en 1), soit la mesure ne marchera pas et ne rapportera pas grand chose, soit elle sera un facteur de RISQUE, au contraire, pour les éditeurs.
Je n'ai pas bien compris cet argument. manifestement il se repose sur l'argument précédent, que je conteste absolument. Puisque les livres sont déjà soldés aujourd'hui, après 24 mois, et que cela ne provoque aucune concurrence. Je ne vois pas de quel risque tu veux donc parler.
Il est clair que le risque financier est moins grand pour un éditeur si celui-ci peut solder ses exemplaires après 12 mois si le livre n'a pas marché, que d'être obligé d'attendre 24 mois.
Concernant la comparaison avec le marché anglo-saxon, la question est celle de la poule et de l'oeuf. Tu dis que si le marché anglo-saxon est plus diversifié, c'est parce que la demande est plus importante.
Mais la demande n'est-elle pas plus importante parce que le marché anglo-saxon a su se diversifier et ne pas faire que toujours des auteurs blockbuster, mais aussi innover, produire des livres risqués, qui ont payé, parce que ces maisons d'édition ont pu se payer le luxe du risque !
(parce que je ne vois pas pourquoi, au fond, le marché anglo saxon ne fournirai pas à un public de plus en plus large toujours les mêmes romans qui marchent à coup sûr !).
Savoir d'où vient leur réussite est donc une question de point de vue (l'oeuf, ou la poule).
Soit le public a réclamé des oeuvres plus diverses, et les maisons ont répondu exactement à cette attente sans avoir à prendre de risque (je n'y crois pas);
soit ils ont pris des risques pour diversifier leur offre, risque maîtrisé par une possibilité de brader un échec. Risque moindre aussi du fait d'un public plus large, bien sûr, mais si c'est échec, ça reste un échec. (et la France a-t-elle vraiment un public si restreint que cela. la francophonie est importante, sans parler de traductions toujours possibles si on croit en son livre).
La loi Lang aujourd'hui ne bride pas l'achat de livre !!! Les français ont faim de livres (d'ailleurs, ils lisent peut-être plus d'auteurs étrangers que d'auteurs français... si ça se trouve); je n'ai jamais prétendu le contraire !
Je prétend par contre que cela bride la prise de risque des éditeurs, et donc la diversité possible des romans publiés.
Le marché du livre est tiré par quelques très gros consommateurs passionnés
Il me semble que cette affirmation contredit l'affirmation précédente, à savoir que les français, de façon générale, lisent beaucoup. ce ne sont pas quelques français qui tirent le marché du livre. Ou alors je veux bien des chiffres. Je crois qu'une bonne partie de la France achète des livres (pas forcément ceux que tu (nous) aimerais qu'ils achètent, mais bon... Le marché est fait par cette foule considérable, non par un public restreint.
si des petites librairies disparaissent, il y aura moins de concurrence, peut-être moins de ventes et donc moins d’économies d’échelle, facteurs qui peuvent faire augmenter globalement les prix.
Moins de concurrence ?... les petites librairies sont-elles des concurrents sérieux en face de Virgin, la Fnac, Carrefour ? j'en doute. Mais admettons.
Moins de ventes ? Là non, forcément non. Si la disparition des petites librairies provoque une baisse des ventes, tu peux être sûr que les gros investiront pour être rpésent en centre ville et on verra apparaître des petite librairies Fnac/ carrefour, Virgin. pas de concurrence ok (je veux bien jouer ce jeu là) , mais sûrement pas moins de vente (en nombre).
Les gens qui patientent 1 an pour acheter moins cher, je suppose, préféreront patienter encore 6 mois pour avoir le livre en poche.
Ceux qui patientent exprès, oui possible. Quoique. Personne ne peut le savoir. Mais admettons.
Mais ce n'est pas vraiment la cible. Les livres soldés sont justement fait pour être proposés à des gens qui ne les avaient pas vu (puisque a priori ce sont plutôt les échecs littéraires). Les best seller resteront chers, je pense.
(et je ne vois pas trop ce que tu veux montrer par là)