Roland Vartogue a écrit :
Parce que c'est ce genre de romans qui leur a donné envie de devenir eux-même auteur sans doute.
Je suis assez d'accord avec cette affirmation, mais je pousserais le raisonnement légèrement au-delà, à savoir vers les clichés de ce genre, qui ont la propriété d'être fort séduisant, pour peu que l'on y soit sensible.
Une saga épique va souvent de pair avec des personnages charismatiques, des scènes dramatiques, des batailles capitales pour l'avenir des peuples ... . Toutes ces toiles, quand elles sont bien peintes, donnent envie de se mettre à la peinture.
Je me fie aux extraits des "plus-ou-moins-débutants" que l'on lit sur ce forum, mais bien souvent, on retrouve ces éléments : le méchant ténébreux, ou le personnage principal qui trouve son tourment de part le massacre de ses proches dans une mare de sang et de feu, ou des instants exagérément féériques.
Là où je veux en venir, c'est que plus que l'envie de prendre un plaisir masochiste à produire une saga en 20 tomes, il y a l'envie de créer un univers qui soit paradoxalement "marquant comme un cliché". Et là, on se met à rêver de héros qui vivent la plus longue aventure jamais connue. On cherche à retranscrire les évolutions de celui-ci au cours du temps. Et forcément, pour ça, un oneshot ne donne pas cette sensation de durée.
L'autre fait qui marque (enfin je prends le risque de généraliser), c'est que en plus de l'influence des sagas épiques, on relève assez facilement l'influence des jeux-vidéos dans les écrits des jeunes (15 à 20 ans ? ou plus ?) auteurs.
Il y a un style de jeu, le "Role Playing Game" qui colle parfaitement à l'héroic fantasy. On retrouve bien souvent le thème du voyage de la compagnie de héros, vers un but, celui de sauver le monde (Parce qu'on ne fait pas dans la dentelle, quand on est méchant de RPG). Ce voyage, caractérisé par une phase de jeu incluant déplacement et combats, est ponctué par des scènes clés qui font avancer l'histoire petit à petit.
En quoi retrouvent t-on le jeu-vidéo dans ces romans ? Dans la forme je trouve.
On n'a pas une histoire réellement continue, mais une histoire ponctuée par ces scènes oh combien attrayante et efficace, mais qui le sont parce qu'il y a des phases de déplacement et de combat entre deux... . Elles sont diluées dans le jeu. Du coup, on a un ensemble qui serait dynamique si on l'adaptait visuellement, mais qui est haché et peu digeste à l'écrit.
Pour rebondir sur la question d'origine, je pense que l'attrait des jeux-vidéos, support jeune en quelque sorte et parfois proche des sagas épiques, peut être aussi un facteur qui pousse le jeune auteur à écrire. Et là encore, on retrouve les clichés, méchants ténébreux et tout le tintouin. Quand le jeu est réussit, ces éléments sont d'autant plus marquants. Les émotions sont véhiculées de manière plus spontanée que dans un bouquin. Du coup, on cherche à recréer ce sentiment à l'écrit. L'ensemble de ces scènes s'intégrant très bien dans les sagas épiques, on se dirige naturellement vers elles.