enger a écrit :Beorn :
ni de l’abrutissement des gens par l’industrie du divertissement de masse, je ne sais pas si ça intéresserait grand-monde ici.
Moi ça m'interresse ce sujet. Si tu pouvais développer quelque part dans le flood un article sur ce thème, je serais ton premier lecteur.
C'est vraiment long à expliquer en détail. Disons que dans un monde où les gens étaient presque tous illettrés, ignorants et complètement dominés (le moyen-âge et son système de classes), les penseurs des Lumières avaient imaginé que les gens étaient égaux à la naissance (l’idée d’universalité) et que, une fois instruit, un homme du tiers état en valait bien un de la noblesse.
Ces idées ont servi de socles aux différentes révolutions en Europe, et, ultimement, à l’idée d’éduquer l’ensemble de la population (l’école gratuite, obligatoire) avec l’espoir de faire un monde meilleur avec des gens moins ignorants. Tout ça a été très lent, avec des retours en arrière, bien sûr, comme les totalitarismes qui sont la négation des Lumières, mais dans nos pays, ça a globalement fonctionné : les gens étaient moins ignorants, ils avaient acquis les outils pour se cultiver s’ils le souhaitaient.
Une fois que tout le monde ou à peu près savait lire et compter, on a essayé de « démocratiser » la culture, c'est à dire de permettre au plus grand nombre d’accéder aux œuvres qui peuvent "développer le jugement" : musées, bibliothèques, maisons de la culture etc…
Et puis finalement, on s’aperçoit la majorité des gens ne sont pas intéressés. Ils préfèrent regarder TF1 et jouer à Doom plutôt que de « développer leur jugement ». Ils préfèrent donner leur « temps de cerveau disponible » plutôt que de le « cultiver », ce fameux cerveau. Pourquoi ? Je n’en sais rien, tout ce que je sais, c’est que c’est bien triste.
Je ne dis pas que c’est mal de regarder la Star Ac ou de jouer à sa console de jeu : si on a le bagage culturel par ailleurs, on peut bien s’amuser un peu, mais si on ne connaît QUE ça, alors c’est triste.
L’idée des penseurs des Lumières me plaît toujours : je serais un homme heureux si les gens lisaient plus, débattaient plus et s’intéressaient un peu plus à autre chose que leur petit univers. Je pense que le monde serait plus beau, nos enfants plus heureux et nos dirigeants moins nuls.
Personnellement, je considère comme un devoir de faire l’effort de me cultiver un peu (même s'il y a du boulot).
D’ailleurs je ne suis pas le seul : « l’exception culturelle » à la marchandisation du monde, le financement public du cinéma, les lois qui protègent l’édition et les librairies, tout ça part de la même idée : l’idée que plus les gens font l’effort de se cultiver, mieux ça vaut pour tout le monde.
Hum, désolé pour les gros traits, raccourcis historiques et enfonçages de portes ouvertes.