Base de connaissances - trucs d'écriture

[Trinitrotoluène]

Je vous propose que l'on partage ici toutes les petites choses que l'on remarque dans un roman, dans un film etc., ces petits trucs qui rendent le fonctionnement de l'histoire plus élégant, plus plaisant. Un post = un truc + un exemple, pas plus.
Je commence :

Toujours ménager, pour chacun de ses personnages, même ceux qui sont censés disparaître rapidement, même les personnages "utilitaires", un « moment de gloire », une scène où c'est eux la vedette, où ils montrent ce qu’ils savent faire.

Ex. : le héros, alors qu'il traverse la forêt, demande son chemin à un bûcheron, qui est un vil traître. Il lui donne une fausse indication qui enverra le héros en plein dans l'embuscade de son ennemi. Mais avant de questionner le bûcheron, le héros regarde cet homme en plein travail ; il voit alors ce bonhomme tout tordu et malingre abattre, en quelques bons coups de hache, un arbre de plusieurs dizaines de tonnes. Vlam ! symbole ! et moment de spectacle pour le lecteur

[Aelys]

Bonne idée !

Pour ma part, je ne résiste jamais à une bonne introspection du personnage, un petit moment sentimental de temps en temps... Et poétique si possible

Sinon, les réflexions stratégiques un peu complexes donnent tout de suite de la profondeur aux textes : jeux de pouvoir, luttes de domination... Avec des sous-entendus qui montrent que les personnages, gentils comme méchants, sont super intelligents et si possible pas manichéens du tout. Un peu comme dans [i]La Trilogie de l'Empire[i] de Feist.

[Trinitrotoluène]

Je dirais que l'introspection n'est déjà plus dans l'idée. Il s'agit vraiment d'un perso insignifiant, et de le montrer en train de faire. De toute façon, je trouve que quand un personnage agit, il est beaucoup plus "lisible", compréhensible, que quand il pense.

[Aelys]

Hmmm oui et non, ça dépend du contexte. Mais j'avais compris ton idée, j'en soumettais une autre ^^

Il y a beaucoup de romans qui manquent d'introspections, même courtes, et qui perdent en profondeur. Car quand on voit un personnage agir, si ce personnage est un minimum complexe, on se méfie et on cherche une raison, un coup tordu, ...

Par exemple, si notre héros décide à un moment ou à un autre de changer de camp parce que finalement, l'ennemi est plus gentil que l'allié, le fait même qu'il change de camp va nous en apprendre sur son caractère. Par contre, on va se demander s'il est sincère, s'il cherche à duper l'ennemi, ... Et si cette incertitude est bénéfique, je trouve qu'à la longue elle devient lassante. Donc, hop ! Une bonne introspection pour mettre les choses aux points, sans oublier si possible les sentiments un peu mièvres avec la douleur de trahir ses amis, le sens du devoir... (ai-je déjà dit que j'étais désespérément romantique ? )

[Trinitrotoluène]

Ma constatation du jour : nous sommes nombreux à utiliser des fiches personnages en écriture, mais ces fiches comportent en général un gros problème : elles sont très lourdes, listent des trucs qui ne nous serviront pas forcément, et finissent par ne plus être consultées.
La solution, à mon avis, réside dans une petite contrainte. Une fiche restreinte, avec des questions auxquelles on revient tout le temps, qui puisse tenir facilement sur une page.
Je vous livre ici la fiche que j'ai bricolée récemment. Je l'ai remplie en me basant d'un personnage qui "parle" à tout le monde : le diable. Je me suis volontairement restreint pour le remplissage des cases : pas plus de 2-3 idées par case ou une vingtaine de mots. Le résultat me semble à peu près fonctionnel (vous noterez que certaines cases restent carrément vides, quand la question est sans intérêt pour le personnage).
Je continuerai avec une "2e partie de fiche", qui permet de définir son personnage par rapport à l'intrigue qu'on se propose de raconter ; mais là, ça risque d'être moins évident à établir...

http://www.yousendit.com/transfer.php?action=batch_download&batch_id=ZW9ERkJhUENCTWxjR0E9PQ

[David]

Il manque "cueillette des cerises" en passe-temps. Et "brossage de poneys". Mais sinon c'est effectivement un bon principe, sauf à avoir peu de personnages et/ou aux caractères suffisamment différents pour qu'il ne soit pas nécessaire de faire des fiches pour chacun. Cela dit, pour ceux qui ont une mémoire de poisson rouge, ou bleu (ceux qui ont vu Le monde de Nemo comprendront), ça doit être bien utile.

Pinaise, ça a l'air d'être du boulot d'écrire en fait. Ça expliquerait pourquoi je n'y arrivais pas...

[Trinitrotoluène]

Oui, ce sont des oublis ; il s'agit de "cueillette de cerises véreuses pour donner aux petits enfants" et "brossage de poneys innocents à rebrousse-poil". Les adorateurs du chaos auront rectifiés d'eux-mêmes.
Cela dit, même pour un roman monopersonnage, c'est utile d'avoir une fiche. Parce qu'on ne peut pas toujours écrire quand on voudrait, notamment.

[cmoi]

Bah, moi je conseillerais bien de rendre un peu idiot son (/sa) personnage principal(e), histoire qu'il ne semble pas trop parfait.
Genre le faire pleurer pour un truc auquel il pense et que personne ne comprend pourquoi, ça le rend complètement bête, mais c'est plutôt déconseillé pour les personnages masculins, parce que ce n'est pas beau un homme qui pleure ^^
Il y a aussi quand il ne comprend rien de ce qui se passe... enfin bref, lui mettre la honte de sa vie une fois pour s'amuser, mais plutôt dans les romans, c'est trop court dans les nouvelles.
M'enfin, ça peut peut-être aussi faire très mauvais effet. Et puis si l'écrivain se met à pleurer à chaque fois que son personnage pleure, ou rougit de honte à chaque fois qu'il fait une bétise, aïe pour la correction !

[Napalm Dave]

A vrai dire cela dépend du monde et du contexte: notre société soi-disant bien policée veut que les hommes ne pleurent pas mais dans les époques anciennes, ils n'exprimaient pas leurs émotions de la même manière. Tout le monde connait l'exemple du roi Henri IV, monarque à la main de fer et équilibré mais néanmoins émotif, qui pleurait des larmes de joie en recevant ses vieux amis. Alors pour ce qui est des larmes dans un monde fantasy ou historique...

La cohérence des émotions d'un personnage, ça se travaille, notamment à l'aide des fiches dont il a été question plus haut et qui aident à définir quelques traits significatifs d'un perso.
Le problème du personnage trop parfait ou antihéros, c'est autre chose: il s'agit d'éviter le "syndrome de l'Everest" qu'on rencontre trop souvent dans les écrits. A la rigueur, on pourrait débattre sur le sujet "un personnage doit il forcément avoir des points faibles pour être crédible" mais là on dévie du topic et d'autres sujets en parlent certainement.

[Oliv]

Je ne sais pas si on peut appeler cela un "truc" au sens où l'entend TNT, mais je profite du topic pour le mentionner car, même si cela peut sembler évident pour certains, vu ce que je lis parfois - y compris chez des "Auteurs Publiés" dont certains hantent ce forum - ça ne l'est pas pour tout le monde...

Mon "truc", donc: il faut absolument varier les structures des scènes. L'une d'elle peut commencer par une réflexion générale qui s'étire en longueur, puis la suivante par la description rapide d'un lieu, la suivante en plein milieu d'une scène d'action, la suivante par une ligne de dialogue... Tout cela pour d'évidentes raisons de variation de rythme - indispensables pour maintenir l'intérêt du lecteur - et pour ne pas susciter de lassitude. Rien n'est plus pénible que ces romans construits de manière monotone, où chaque scène commence par un lever de soleil, se poursuit par des interactions entre personnages et s'achève sur la fin de la journée, comme si chacune de ces scènes était un décor de jeu vidéo dans lequel les personnages débarquent, font leurs petites affaires puis disparaissent pour réapparaître dans le décor suivant... Enfin, vous voyez sûrement ce dont je veux parler, vous aussi avez sans doute eu à subir ce genre de lecture.

[Trinitrotoluène]

Bien vu Oliv. Je partage tout à fait ces remarques.
A ce propos, je vous joins un petit topo que j'ai fait il y a quelques temps (de manière empirique, en me basant sur les romans que j'aime bien, donc pas exaustif), et qui est une façon rapide de varier ses débuts de scène (où commencer le récit par rapport à l'événement raconté, comment se focaliser, quelle sorte de première phrase employer etc.) C'est une méthode, donc un truc un peu systématique, mais je pense qu'au bout d'un peu d'utilisation, on l'intègre inconsciemment et on se met à varier ses débuts de scène naturellement...
Fichier à dl ici :
http://www.yousendit.com/transfer.php?action=batch_download&batch_id=ZW9EMWZIcHZTRTQwTVE9PQ

(au fait, il y a pas un moyen d'héberger des fichiers sur le forum lui-même ?)

[Chwip]

(au fait, il y a pas un moyen d'héberger des fichiers sur le forum lui-même ?)

Techniquement si, mais le module est désactivé.

[Trinitrotoluène]

Bon ben tant pis alors.

Façon élégante de présenter un personnage : d’abord décrire un ensemble de personnes, indifféremment, avec celle qui nous intéresse au milieu. Puis des choses se passent, les personnes réagissent, et soudain, l’une d’entre elles, pas la plus visible, pas la plus remarquable, réagit, se retrouve rapprochée du héros. Et ce sera un personnage qu’on suivra dès lors durant toute l’histoire.