Je réussis généralement mes scènes de combat sans pour autant être un expert des disciplines guerrières, en tant que lecteur, je butte souvent sur des récits où celles-ce sont réduites à des descriptions qui s'enchaînent mécaniquement, de manière laborieuse.
un des secrets est, il me semble, de changer souvent de structure de phrase, de point de vue (objectif et subjectif) et de se servir du décor comme cela a été dit plus haut:
Ainsi ma toute première nouvelle parlait d'un carnage auquel participait un soldat du futur, un légionnaire pénal plus exactement. je décrivais d'abord la course, puis l'odeur des produits inflammables, puis sa peur face à une charge de véhicule, Puis je changeais de point de vue en décrivant un missile sifflant au dessus de sa tête pour s'écraser derrière lui. Il faut que les sens du lecteurs soient mis à contribution et que tout s'enchaîne avec souplesse (et c'est pour cela quen je préfère le présent qui permet plus facilement d'enchaîner et d'accumuler les phrases).
Plus facile à dire qu'à faire, me direz vous, je vais fouiller mes propres textes pour trouver des exemples:
Une baston générale en fantasy, au présent, à plus de dix contre un:
Les danseurs accourent et se placent tout autour de lui, de manière à l’encercler, avec un mouvement unanime et d’une souplesse parfaitement inhumaine. Les musiciens, eux, se sont lentement redressés et le seigneur des airs remarque qu’ils sont plus grands et surtout plus robustes. Il esquisse un mouvement menaçant de sa serre et quelques uns de ses adversaires reculent d’un pas. Ils ont les mains ouvertes et ne tiennent aucune arme, ils n’en ont nullement besoin : ce sont de véritables serres d’oiseaux de proies, avec des paumes étroites, de gros doigts rapprochés et des griffes acérées, incroyablement longues. Leurs regards de braise et leurs longs cheveux tombant derrière leurs masques les identifient comme étant de l’engeance des Shrats, les Alfars démoniaques. Le seigneur des airs a une moue de dégoût en les voyant. Les Shrats sont une plaie à la face de la gente elfique, des parodies de fées nées de la cendre laissée par les démons et leur pouvoir destructeur. Il y en a là dix-sept, mais Saàrnarion est sûr de lui.
« A votre place, je ne m’approcherai pas trop près ! dit-il.
Il accompagne ce commentaire sarcastique d’une salve de bombes d’ air. Plusieurs Shrats sont aussitôt projetés en arrière dans un vacarme d’explosions. Des morceaux de masques et de costumes ont jailli avec des filets de sang. Mais les elfes sombres n’ont pas attendu pour contre-attaquer, ils bondissent à l’unisson sur leur puissant adversaire, griffes en avant. Le combat ressemble à une danse démente et à leur façon de se mouvoir, il est difficile de déterminer quand les Shrats sont mortellement touchés. Saàrnarion les crible de coups et ils sautent en arrière, pliés, avant de se redresser lestement et de revenir à la charge. Ceux qui viennent de tomber sous l’effet de la salve font face de nouveau, ils s’escriment à présent sur l’armure du seigneur des airs. Certaines des serres enflammées trouvent les défauts de la cuirasse, infligeant de cruelles douleurs à sa chair, mais les coups de Saàrnarion sont bien plus redoutables, et les Shrats au sang brûlant ne semblent guère apprécier la morsure du givre ! Il ouvre les bras et une onde puissante balaie les créatures comme des pantins désarticulés. Le souffle atteint même ceux restés en retrait, qui doivent se protéger le visage de leurs bras. Un craquement semblable à celui du tonnerre envahit toute la vallée, assourdissant les ennemis de Saàrnarion. Seuls les musiciens sont restés stoïques, car les cultistes, eux, hurlent en se tenant les oreilles.
Saàrnarion charge, comme exalté par les rayons de lune. Il laboure le corps d’un Shrat resté au sol tout en se saisissant d’un autre qui tente de bondir. Son énorme griffe l’enserre et le soulève par la taille, avant de se refermer avec un horrible craquement d’os. Des gerbes d’un sang orange giclent comme si Saàrnarion avait simplement pressé un fruit trop mûr. Indifférent aux brûlures provoquées par ce liquide malsain, Saàrnarion fauche dans les rangs des Shrats, encore étourdis par l’onde de choc. Leurs coups se font hasardeux alors que ceux du seigneur des airs sont d’une précision mortelle. Ceux qui tentent de se relever sont tranchés par des lames de givre volantes. Les musiciens n’ont toujours pas avancé, mais ont ouvert leurs bras, révélant des armes portées au côté. Saàrnarion a fait un véritable carnage et seuls trois des elfes maléfiques parviennent à rejoindre leurs robustes alliés en clopinant ; l’un d’eux a manifestement un bras brisé. Sous la lueur de Pourprelune, la cuirasse argentée du chevalier féerique leur apparaît rougeoyante, maculée de traînées sanglantes. Esquissant un sourire narquois, il s’avance lentement, faisant bouger ses serres avec une satisfaction sadique.
« Vous savez quoi ? dit-il, sardonique. J’adore Pourprelune, et à plus forte raison quand elle est pleine ! Elle exalte nos émotions, et les miennes sont très puissantes ! »
Les grands joueurs de timbales dégainent leurs armes en un mouvement rapide et unanime. Leurs membres décharnés sont encore forts, avec des muscles de fer reliés par d’étroites articulations. De l’autre main, ils font tomber leurs masques, permettant à Saàrnarion de les reconnaître pour ce qu’ils sont : des mercenaires renégats, les âmes damnées de Zarglesh ! Ces créatures sont les vestiges d’anciens adeptes du Démon de la Contestation ; ceux qui ont fait le « grand saut » de la mort pour en revenir plus haineux encore. Elles ne sont pas humaines, ou du moins, elles ne le sont plus, comme l’attestent leurs visages : leurs yeux laiteux n’ont pas de pupille et sont dénués de toute expression. Leurs traits semblent figés dans une éternelle grimace de folie et de joie malsaine. De profondes marques barrent ce qu’il leur reste de joues, aux pommettes si saillantes qu’elles forment comme des pointes. Malgré son dégoût, Saàrnarion les regarde bien dans les yeux, il n’est nullement impressionné par les lames noires dentelées qu’ils brandissent, des épées et des haches plus conçues pour déchirer la chair que pour frapper efficacement…
Un duel en fantasy:
Duarken est seul face au chariot et à Galienn. Un coup d’œil rapide lui permet de voir Camirède qui plonge lestement sous les roues, serrant contre lui le couffin. Le domestique rampe en s’aidant des coudes : mais il n’a pas remarqué le phénomène étrange qui est train de prendre naissance. Des crépitements parcourent le tissu grossier qui enveloppe la petite fille. Les lueurs grésillent et viennent danser sur son gilet de lin.
Se remettant de sa surprise, le seigneur du feu menace le baron de sa hache, la lame brille étrangement à la lumière de Pourprelune. Ses décors d’entrelacs semblent prendre vie en se teintant de rouge.
« Ton rituel ne pouvait avoir lieu. Je te laisse une chance de partir, Galienn le fourbe ! gronde Duarken.
— Je ne te crains pas ! Pas comme tous ces idiots ! »
Une gerbe d’éclairs noirs fuse de la paume ouverte du baron et le chevalier n’a guère que le temps d’opposer son bras. Il grimace lorsque le sort pénètre ses chairs, lui assénant une douleur atroce. Des flammes dorées viennent lécher l’armure de Duarken et l’entourent d’un manteau crépitant. Galienn n’a pas lâché prise. Ses muscles se contractent quand il intensifie la puissance de l’éclair. Son visage rougeaud vient d’enfler comme un fruit mûr.
« Tu n’as toujours pas compris ? La puissance m’a été donnée par Orias ! » crie-t-il d’une voix suraiguë.
Duarken souffre et recule sous la force du sort. Il sent les lumières noires vriller son bouclier de feu pour lui percer le corps. Une Aëlle surgit et bondit vers le chariot mais Galienn la vise de son autre main. Les éclairs la déchirent comme une volée de traits acérés.
« Mon sacrifice a avorté à cause de toi ! »
La voix du baron devient un gargouillis immonde. Ses vêtements de soie sont en train de craquer alors que son corps subit une transformation. Muscles et chairs se gonflent d’horribles boursouflures, se couvrent d’obscènes barbillons de chair. La tête de l’enchanteur s’incline soudain sous la pression de son cou. Les yeux s’écarquillent, prenant l’aspect de ceux d’un poisson bouffi. Duarken se sent faiblir, le combat qu’il mène est autant physique que psychique. La douleur lui devient si insupportable qu’il pose un genou à terre. Il a sous-estimé la corruption de Galienn : c’est maintenant à une incarnation démoniaque qu’il doit faire face ! Le seigneur du feu n’entend presque plus le vacarme de la bataille. Seuls lui parviennent les gloussements inhumains de Galienn et les battements sourds de son propre cœur.
« Duarken ! »
La voix qui vient de résonner dans sa tête est celle d’une petite fille. Son corps a brusquement cessé de ressentir la morsure des éclairs, envahi par une onde de puissance. Il ouvre les yeux pour voir son ennemi aux prises avec d’étranges volutes de brume qui ont pris naissance sous le chariot. Duarken voit l’enchanteur se débattre d’une manière comique, il lutte contre ces choses qui cherchent à l’enserrer à la manière de tentacules. Galienn fouille rapidement les replis de sa cape et brandit un objet qui tenait à son côté par des lacets de cuir. C’est un petit sceptre d’or pâle, brillant d’un éclat malsain et terminé par une lourde gemme d’un vert bilieux. Le noble l’agite et le brouillard magique se dissipe comme sous l’effet d’un coup de vent. Galienn bondit à bas du chariot et tandis qu’il bouge, son corps diminue lentement de volume, laissant retomber sur lui les lambeaux de ses vêtements.
« Prends garde, l’incendiaire ! Car cette arme est un poison mortel pour ceux de ta race ! crie-t-il en pointant le sceptre vers Duarken.
— Tu veux vraiment mourir, c’est ça ? Tu viens de te condamner par cette dernière infamie. »
Duarken charge en soulevant une traînée de feu mais le noble vient d’esquiver son revers de hache. L’épée s’abat en un arc écarlate. Galienn l’évite une nouvelle fois. La tête du sceptre luit soudain comme l’éclat moribond d’une étoile verte. Duarken bondit en arrière et un souffle jaillit de sa bouche, enveloppant le baron sous une tempête de flammes. Un rire moqueur retentit dans le brasier :
« Tes pouvoirs ne peuvent surpasser un sceptre de Vàndrass, idiot, car il a été forgé par un démon !
— Certes, mais tu n’y vois plus rien », répond le seigneur du feu en abattant sa lame ardente.
Il ne sent toutefois aucun autre obstacle que le sol. Cet adversaire agile commence à l’agacer. Lorsque les flammes s’atténuent, il le voit, le visage suant et noirci, figé dans un rictus sinistre. Duarken jette un regard furtif et distingue la silhouette de Camirède, prisonnière d’un nuage de brumes venu de nulle part. Les plaintes terrifiées du domestique se mêlent aux pleurs de l’enfant.
Galienn plonge en avant mais la hache de Duarken cogne le sceptre, déviant son attaque. L’épée déchire les restes du pourpoint du baron avec un horrible grésillement. Une odeur de chair brûlée envahit les sens des deux combattants. Galienn ignore pourtant la douleur, il frappe d’un mouvement leste le flanc de Duarken. Un court instant, les yeux du chevalier se voilent. Une douleur ignoble envahit son corps comme la morsure foudroyante d’un millier de serpents. Plein de colère, le seigneur du feu tourne brusquement sur lui-même. Les flammes de son épée meurent à l’approche du sceptre mais la lame tranche tissus et chair, séparant épaule, bras et tête du reste du corps. Galienn tombe lourdement, coupé en deux. Duarken grimace en voyant les yeux révulsés de celui qui était autrefois un noble raffiné et respectable. L’artefact démoniaque luit toujours faiblement dans sa main crispée.
Un combat multiple au corps à corps en fantasy, au passé:
C'est au moment où nous entrions, armes aux poings, qu'un projectile siffla avant de se planter derrière nous. Ceux qui s'étaient retournés perçurent un grognement et virent le corps du kaligàr lentement se soulever... Les Viridiens nous avaient tendu un ultime piège avant d'engager le combat !
Plein de rage, je chargeai dans le noir, mon grand-père à mes côtés, tandis que dans notre dos une lutte confuse s'engageait contre le seigneur des cavernes. Ses feulements résonnaient à travers le corridor, je priai alors intérieurement pour mes amis.
Les forains étaient éclairés par un bain de lumière provenant de lampes posées au sol. Je tombai tout de suite nez à nez avec l'homme qui avait enlevé Thybald, un petit replet moustachu au regard fuyant. Comme ses deux compagnons, il était revêtu d'une cape et d'un chapeau de pluie noir à larges bords. Il esquivait avec aisance et alors que je tentais de le frapper, je vis soudain que Thybald était attaché à sa taille à l'aide d'une corde. Je ne percevais même plus ce qui se passait autour de moi, j'étais trop occupé par ce malandrin qui bougeait de manière à exposer le petit garçon à mes propres coups d'épée. D'abord effrayé, celui-ci s'efforça ensuite de gêner le Viridien en le tirant en arrière. Nous étions engagés dans une véritable danse mortelle. Reprenant mon sang froid, je tranchai le lien d'un coup net. Thybald s'enfuit rapidement dans l'obscurité du couloir.
Derrière nous, la bataille faisait rage, on ne pouvait toutefois que la deviner. Je me souviens parfaitement de cette cacophonie de cris, de feulements et d'éclats de voix. A un moment, j'entendis un corps percuter violemment la roche et la plainte endolorie du père Richaire. Mais de tout cela, je n'ai que des bribes car nous combattions, mon grand-père et moi, les voleurs d'enfants à deux contre trois. Ils faisaient front pour nous faire reculer vers le monstre enragé qui portait des coups de pattes furieux contre les intrus que nous étions dans son repaire.
Nous allions être acculés lorsque mon grand-père me lança un regard assuré. Je le vis bondir lestement sur le voleur le plus proche, un mouvement de double feinte, le Viridien venait d'ouvrir sa garde mais n'eut pas le temps de se rendre compte de son erreur. Le vieux renard avait fait parler sa maîtrise des armes et venait de le transpercer juste sous la poitrine. Exalté, je chargeai dans un grand cri. J'engageai quelques passes d'armes, bientôt, le Viridien peina à parer mes attaques. J'assénai un violent moulinet qui brisa sa lame et rencontra sa gorge. Presque au même moment, j'entendis la lourde chute du kaligàr enfin vaincu...
Un combat tournoyant en SF:
Je me dirige vers un escadron de cathédrales. J'en repère une dont le ventre est garni d'appareils accrochés à des pylônes d'attache, puis je souris. Celle-ci n'aura pas l'occasion de larguer ses " missiles pilotés ". Les martyrs de l'Église Rédemptrice de Thyatire rejoindront leur dieu de fureur plus vite qu'ils ne le pensent, et sans la moindre gloire…
Un regard sur la verrière : quatre 204 viennent de décrocher pour me prendre en chasse.
" Curetons à six heures ! ", crie une voix juvénile dans ma radio.
Mais je n'ai nul besoin de son avertissement car je me prépare déjà à les accueillir. " Ça ne venait pas vite ! ", me dis-je avec ironie. J'amorce un piqué, regrettant simplement de ne pas pouvoir " aligner " la cathédrale et sa grappe de kamikazes. Elle sera sans doute pour mon jeune camarade, ce Marvin Boone - ou Brooks, je ne sais plus - qui vient de hurler dans mon récepteur. C'est un nouveau à la base, il remplace ce bon vieux Tarwick depuis que les culs bénis ont fini par l'avoir.
Ces pensées viennent de défiler dans ma tête à vitesse grand V. Je décris un brusque virage sur la gauche, anticipant les mouvements des croisés. Les lasers défensifs des cathédrales frôlent mon fuselage en une pluie de traits de lumière. Ça fiche toujours la trouille au début, mais on s'aperçoit vite que ces armes sont bien moins dangereuses que les attaques au corps à corps, par la chasse. Mes quatre adversaires tournoient derrière moi. Leurs tirs se rapprochent. En me poursuivant comme ils le font, ils augmentent dangereusement leurs chances d'encaisser un tir " ami ". Mais que leur importe ? Ils n'ont aucun instinct de survie. Le nihilisme de leur credo en fait de parfaits automates de guerre, pantins morbides s'agitant sous la voix de leurs guides spirituels.
Une rafale passe à moins d'un mètre de ma verrière. J'amorce une descente puis redresse d'un coup. Les Aengels viennent de passer au-dessus de moi en vol dispersé. Sourire aux lèvres, j'en vise un. Les obus Gauss forment une ligne écarlate avant de le transformer en fleur de feu. Les 204 semaient la terreur parmi les forces aériennes des nations opposées à la grande croisade rédemptrice. Mais à présent, nous disposons d'appareils capables de meilleures performances moteurs et je viens encore de le prouver. Tout autour de moi, ce sont des dizaines de duels qui se livrent, une multitude de combats sans merci à l'intérieur d'un nuage de fumée noire. Un croisé vient juste de faire un looping et fond sur moi à pleine vitesse. Son canon axial luit comme un gros œil doré alors qu'il délivre une rafale soutenue. Une poussée sur les gouvernes et je me retrouve presque à la verticale, un instant immobile dans les airs. Je n'ai que le temps de voir passer l'ange, sur le dos ; alors que mes tirs le réduisent en miettes, je garde un instant l'image fugitive d'une tête casquée au travers du cockpit, ses optiques lui donnant l'aspect d'une grosse mouche.
Une explosion fait trembler ma propre carlingue, mais je redresse vite et remet les moteurs à pleine puissance. Ce que je viens de faire est très risqué et m'aurait certainement valu un bon coup de pied au derrière à l'issue d'une séance d'entraînement. Mais là, je dois en mettre plein la vue à cette petite caméra fixée au dessus de ma tête. Je suis un pilote médiatisé et j'ai une réputation à défendre…
Feu et fumée dominent à présent le ciel. Je franchis un rideau de volutes opaques au moment où une cathédrale sombre vers le sol dans la cacophonie de ses alarmes de bord. Le spectacle de leur chute est toujours saisissant : les vaisseaux d'assaut dévient doucement de leur trajectoire et semblent s'abîmer avec la même lenteur qu'un paquebot qui coule. En vérité, je n'ose imaginer les explosions que produit leur rencontre avec la terre ferme. Heureusement, nous combattons la plupart du temps au-dessus de l'océan. Ce n'est pas le mieux pour nos chances de survie en cas de crash. C'est pour protéger ces chers citoyens ! Chaque fois que je doute de ce que j'accomplis tous les jours contre les croisés, je me repasse dans la tête les images volées par nos espions sur Bukovia ou Dagaris. Le souvenir de ces vidéos atroces suffit amplement à attiser ma haine de l'ennemi.
Mes batteries cueillent au passage un 204 qui volait sur une autre trajectoire, juste devant les bouches à feu - une vignette de plus sur ma carlingue. Je dois soudain braquer les commandes pour éviter l'attaque croisée de mes deux derniers adversaires. Ce coup-ci, je l'ai échappé belle ! Mais alors que je peste contre ma propre distraction, je vois l'un d'eux tutoyer de trop près le flanc d'une cathédrale. L'ange sombre est déchiré par une grêle de tirs perdus…
Je monte en chandelle pour engager la dernière poursuite. Ma cible est rapide, bien plus difficile que les bombardiers. En le forçant à éviter mes rafales, je le piège. Il perd trop de vitesse. Sa ligne de vol se précise. Le 204 explose tout à coup et je passe sans dévier ma course. Les flammes lèchent brièvement mon fuselage, puis elles sont loin derrière moi.
Je pousse un profond soupir avant d'évaluer la situation. Le ciel matinal de ma planète est en feu mais nous sommes encore victorieux. Les masses sombres des cathédrales apparaissent sous le rideau de fumée. D'ici, on dirait les dos de baleines monstrueuses s'enfonçant doucement dans l'eau de la mer turquoise. Celle-ci les envahit coursive par coursive, compartiment par compartiment et bientôt, elles iront rejoindre la forêt des récifs artificiels. Requins des sables et crabes goliaths déchiquetteront les restes de la glorieuse croisade spartànite…