Faire une critique à un écrivain adolescent

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Ookdelph
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Re: Re:

Messagepar Ookdelph » 28 Août 2008, 11:49

Coyote J. Urusemal a écrit :
Any a écrit :Pour ce qui est d'écrire à 13 ans. Bien sûr on peut écrire bien à cet âge même si souvent c'est bien... pour quelqu'un de 13 ans.
L'âge mental n'intervient pas beaucoup, ou plutot il est limité par le vécu.



Je le dirais pas comme ça. Il faut dire que, lorsque l'on écrit de la fiction et plus particulièrement de la SFFF, le vécu est beaucoup plus un boulet au pied qu'un atout. Il est synonyme de trop d'encrage dans la réalité.

... je peux rire jaune un bon coup, là ?

HAHAHAHAHAHA :-]

A mon avis, pour l'écrit le vécu n'est JAMAIS un boulet. Ne serait-ce que pour créer des personnages qui ne sonnent pas le carton-pâte creux à des kilomètres, et dans un roman, beaucoup de choses dépendent des personnages.

Oh, et "ancré dans la réalité", c'est pas forcément un mal non plus. On retrouve la fameuse (et unique) constante de l'écriture : "ça dépend". Ça dépend comment on l'utilise, la réalité, à quelle pronfondeur se trouve l'ancre, dans quelles eaux, etc.

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paladin
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Re: Faire une critique à un écrivain adolescent

Messagepar paladin » 28 Août 2008, 12:19

Je ne suis absolument pas d'accord avec l'idée que le vécu et l'Ancrage (Comme une Ancre de marine et pas de l'Encre) dans la réalité soient des boulets pour écrire de la SFF!

Ce n'est pas parce qu'une histoire fait intervenir des éléments imaginaires qu'elle ne doit pas être réaliste, dans le sens où le lecteur précisement doit y croire! D'où la nécessité d'un univers cohérent et enraciné dans le vécu:

Voir par exemple à quel point les personnages de Stephen King sont fouillés dans leur psychologie et leur cadre de vie quotidien. Et même si on prends le cas de la fantasy et de ses mondes imaginaires: prenons Tolkien, la Terre du Milieu n'est pas qu'un univers vague où se promènent des elfes, des nains et des orques: il y a un quotidien, avec sa vie des champs et sa vie des villes, la necessité de manger, de trouver un abri pour dormir quand Frodon et Sam sont dans leur quête...

Bref , qu'on se retrouve confronté avec des extra-terrestres, des vampires ou des dragons n'enlève rien des éléments de vécu qui justement donne la consistance et la réalité à l'histoire!
Ce qu'il y a d'admirable dans le fantastique, c'est qu'il n'y a plus de fantastique : il n'y a que le réel.

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Re: Faire une critique à un écrivain adolescent

Messagepar Kran » 28 Août 2008, 12:31

Encrage dans la réalité... C'est une jolie association pour parler de l'écriture. :biggrin:
La vie est une histoire, racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien.

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Ookdelph
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Re: Faire une critique à un écrivain adolescent

Messagepar Ookdelph » 28 Août 2008, 12:33

Vous faites bien de mettre le doigt dessus, je l'avais pas vu.

Joli faute dans ce contexte, c'est vrai :)

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Re: Faire une critique à un écrivain adolescent

Messagepar Napalm Dave » 28 Août 2008, 12:54

Il me semble au contraire que le manque de vécu handicape invariablement un auteur ado sur au moins un point: le traitement des sentiments, des émotions et des interactions entre personnages. le manque de vécu et de recul par rapport à ce genre de choses entraîne plus de maladresses que, à mon avis, sur le style et la forme.
Le réel et la connaissance de notre univers permet au contraire de mieux penser ses univers et de savoir jusqu'à quel point on souhaite s'en détacher justement.

En revanche, j'aurais tendance à dire que le manque de lectures n'est pas un handicap à l'écriture chez un jeune auteur (et au risque de me faire jeter des fruits pourris): ça évite le syndrome de l'imitation, c'est à dire le manque de recul par rapport à des univers d'oeuvres déjà existantes.
Mais de cela, j'en ai déjà parlé sur "Un pas de l'autre côté de la ligne".

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Re: Faire une critique à un écrivain adolescent

Messagepar Coyote J. Urusemal » 28 Août 2008, 13:42

Eh bien, le moins qu'on puisse dire, c'est que je ne suis pas d'accord avec tout ce qui a été dit depuis que cette page a été ouverte. Aussi bien, je rigolais avec cette histoire de coups de pied au cul, autant là, je suis vraiment pas sur la même longueur d'onde.

Ookdelph a écrit :
A mon avis, pour l'écrit le vécu n'est JAMAIS un boulet. Ne serait-ce que pour créer des personnages qui ne sonnent pas le carton-pâte creux à des kilomètres, et dans un roman, beaucoup de choses dépendent des personnages.


Au risque de passer pour un type exécrable, je vais quand même devoir le dire : Les personnages que l'on cotoie dans son vécu sont, à quelques rares exceptions-près, de ceux qui "sonnent le carton-pâte". Mais on ne peut pas les blâmer pour ça. Ils ont grandi et vécu dans un Monde qui avait ses lois, ses codes, sa culture. Et même si je suis conscient que ce n'est pas ce que tout le monde fait, je pense qu'un auteur de fiction se déroulant dans l'univers qu'il a crée souhaite avoir la démarche de CREER des choses. Et il est sur et certain que dans un Monde totalement différent, les codes seront différents, et la façon de penser , ou même de ressentir, sera différente. Il faut s'efforcer de creer ca. Ce qui l'être humain est capable d'imaginer n'est qu'une infime portion de ce qui est "potentiel", et ce qui existe vraiment est une portion encore infiniment plus petites.


paladin a écrit :Je ne suis absolument pas d'accord avec l'idée que le vécu et l'Ancrage (Comme une Ancre de marine et pas de l'Encre) dans la réalité soient des boulets pour écrire de la SFF!

Ce n'est pas parce qu'une histoire fait intervenir des éléments imaginaires qu'elle ne doit pas être réaliste, dans le sens où le lecteur précisement doit y croire! D'où la nécessité d'un univers cohérent et enraciné dans le vécu:



Il y a une énorme différence entre réaliste et crédible, entre réaliste et cohérent; il y a déjà eu un débat là-dessus. D'ailleurs il partait de la base que ce qui est enraciné dans le vécu n'est pas toujours plus crédible ou cohérent que ce qu'on est capable de forger.



Napalm Dave a écrit :Le réel et la connaissance de notre univers permet au contraire de mieux penser ses univers et de savoir jusqu'à quel point on souhaite s'en détacher justement.


Certes, mais c'est à double tranchant. Parce que ça nous influence sans même que l'on s'en rende compte, dans des schémas pré-dictés par notre existence dans un Monde réel, qui n'est pas celui que l'on cherche à créer. Le simple fait d'exister nous conditionne a des réflexes dont il est parfois difficile de s'affranchir, alors que la création s'en trouverait nettement améliorée.
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Re: Faire une critique à un écrivain adolescent

Messagepar Sand » 28 Août 2008, 14:17

J'hésite à lancer une troll alerte, tellement c'est gros...

je pense qu'un auteur de fiction se déroulant dans l'univers qu'il a crée souhaite avoir la démarche de CREER des choses. Et il est sur et certain que dans un Monde totalement différent, les codes seront différents, et la façon de penser , ou même de ressentir, sera différente. Il faut s'efforcer de creer ca.

Pour imaginer des "codes différents" dans des "mondes différents", il faut auparavant savoir que son monde et ses propres codes ne sont pas les seuls.
Il faut donc un minimum de vécu.

Ce que certains ont, mais en général pas les ado typiques "j'veux un scooter !", ni une bonne partie de la population, au demeurant.


Ce qui l'être humain est capable d'imaginer n'est qu'une infime portion de ce qui est "potentiel", et ce qui existe vraiment est une portion encore infiniment plus petites.

Si j'étais meilleure en littérature anglaise, je citerai dans le texte, mais je vais me contenter de l'approximation :
"Il existe plus de choses sur la terre et dans le ciel que ne peut en rêver toute votre philosophie. " Hamlet, Shakespeare.

C'est pas tout neuf comme "débat", l'opposition "c'est la réalité la plus dingue" / "non c'est l'imagination qui est sans limite d'abord !"

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Re: Faire une critique à un écrivain adolescent

Messagepar Oliv » 28 Août 2008, 14:26

Je crois que j'ai compris ce que veut dire Coyote, même si cela parait absurde au premier abord. En fait, il faut partir du postulat que le cerveau du jeune — ce dernier étant par définition sans aucune expérience de la vie réelle et donc non "corrompu" par celle-ci — serait le meilleur terreau pour faire pousser des idées extraordinaires, des choses inouïes et autres concepts incroyablement novateurs.

Dans la théorie, l'idée est séduisante.

Après, évidemment, elle ne tient pas deux secondes devant la pratique, puisque lorsqu'on a côtoyé des ados un peu plus de dix minutes — ou même, quand on a soi-même été ado — on sait pertinemment que la plus grande imagination dont ils puissent faire preuve, c'est de remplacer les Elfes Noirs par des Elfes Rouges dans leur trilogie de fantasy inspirée du dernier jeu vidéo à la mode.
À l'Affreux Oliv (Mars 2005-Février 2010), la Patrie pas reconnaissante.

Si vous me cherchez, je ne suis plus ici.

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Re: Faire une critique à un écrivain adolescent

Messagepar Ookdelph » 28 Août 2008, 14:53

Coyote J. Urusemal a écrit :Au risque de passer pour un type exécrable, je vais quand même devoir le dire : Les personnages que l'on cotoie dans son vécu sont, à quelques rares exceptions-près, de ceux qui "sonnent le carton-pâte". Mais on ne peut pas les blâmer pour ça.

Non. Ces gens peuvent être d'un ennui à mourir, d'une banalité à crever, mais ils sont réels, on ne peut pas faire plus vrai. Ils ont leurs raisons pour être ainsi, qu'elle résultent de choix ou de contraintes extérieures, mais il y a toujours une logique – liée à la société, à l'environnement, comme tu le pointes aussi.

Et n'importe quel monde, réel ou imaginaire, a besoin de ces gens-là pour exister ; même si on ne parle pas d'eux, parce que la banalité n'est pas plus intéressante à raconter que le bonheur.

Quant à inventer, je plussoie vigoureusement Sand : pour créer, réellement créer, il faut d'abord bien connaître les règles dont on veut s'affranchir, et pour ça il faut savoir les appliquer correctement. Pour reprendre un exemple artistique que prennent parfois (trop souvent ?) certaines personnes pour dire "ahouais mais moi aussi je peux faire pareil" (voire "ouais mais ma p'tite nièce de trois ans fait mieux")…

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("Pigeon aux petits pois". Ça ne s'invente pas !)

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("La vie". Et je défie votre petite-nièce de faire ça avant d'avoir grandi.)

Il y a une différence claire, nette et précise entre faire parce qu'on ne sait pas faire autrement, et faire parce qu'on a cherché à atteindre ce but. Oh, et si on va trop loin il y a aussi un point où la justification a plus d'importance que la beauté de l'oeuvre elle-même, mais là je vais pas en causer, on tomberait quelque part entre Klein et Léa Silhol, ça ne ferait pas de bien à la discussion :twisted:

... Je crois bien que j'ai légèrement dérivé, mais j'avais envie de causer de ça. Voilà, c'est fait.

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Re: Faire une critique à un écrivain adolescent

Messagepar Tristeplume » 28 Août 2008, 15:00

A la décharge de Coyote et parce que j'aime bien prendre la défense de la veuve et de l'orphelin, je dois dire que j'ai toujours trouvé que j'avais plus d'imagination quand j'étais ado que maintenant et que j'en ai de moins en moins au fur et à mesure que je vieillis. De même, mes rêves sont beaucoup moins riches et fous que quand j'étais gamin.
Bien sûr, ce n'est qu'une impression et ce n'est que mon cas.

Après, dire cela, ça ne va pas du tout en contradiction avec tout ce que le vécu peut apporter comme richesse et maturité dans nos histoires.

Hop, c'était la minute du médiateur. :lol:

Tiens, ça me donne envie de resortir mes vieilles rédacs de sixième pour vérifier ça.
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Re: Faire une critique à un écrivain adolescent

Messagepar Samantha » 28 Août 2008, 15:10

Ça me rappelle un sketch de Boulet sur "les enfants n'ont aucune imagination", qui montre qu'en gros dans le professorat, la première chose que l'on remarque, c'est que les enfants créent uniquement par mimésis, alors qu'on pourrait s'attendre à ce qu'ils soient justement affranchis de tous nos conditionnements.
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Re: Faire une critique à un écrivain adolescent

Messagepar Sand » 28 Août 2008, 15:14

La dernière intervention de tristeplume me rappelle un note de Boulet (qui va dans le sens contraire)... (j'éditerai quand je l'aurai retrouvé)

http://www.bouletcorp.com/blog/index.php?date=20071211

(Sam m'a grillée !)

A part ça, les remarques de Daelf me rappellent la rengaine d'une prof de dessin : pour déconstruire, il faut savoir construire.

Toute la différence entre le hasard et le talent.
Dernière édition par Sand le 28 Août 2008, 15:20, édité 1 fois.

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Re: Faire une critique à un écrivain adolescent

Messagepar Tristeplume » 28 Août 2008, 15:18

Eh, les filles, avant de me lapider, notez bien que je ne parle que de moi et d'une impression.

Les affirmations de Coyote ne font qu'aller dans le sens de mes interrogations.

Et vous, vous n'avez pas cette impression ?

PS : c'est qui ce Boulet ? C'est quand même pas de chance de s'appeler comme ça...
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Re: Faire une critique à un écrivain adolescent

Messagepar Sand » 28 Août 2008, 15:23

"avoir l'impression que", c'est assez loin de la réalité, très souvent ^^

Boulet est dessinateur/scénariste de BD. (c'est évidemment un pseudonyme !)

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Re: Faire une critique à un écrivain adolescent

Messagepar Tristeplume » 28 Août 2008, 15:30

Ahah ! Excellente la planche ! :lol:

"avoir l'impression que", c'est assez loin de la réalité, très souvent ^^


Ah mais j'suis bien d'accord ! Mais souvent c'est l'impression qui forge la réalité.

Et tu n'as pas réondu à ma question. :P
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Re: Faire une critique à un écrivain adolescent

Messagepar Samantha » 28 Août 2008, 15:55

Merci Sand de l'avoir retrouvée :cheers:
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Re: Faire une critique à un écrivain adolescent

Messagepar Coyote J. Urusemal » 28 Août 2008, 16:25

Pour répondre à Oliv' : le débat a beaucoup dérivé. Ma remarque sur le vécu, en premier lieu, était d'ordre général, et n'avait pas beaucoup de rapport avec la façon d'écrire des adolescents. Comme je l'ai dit plus haut, l'avantage qu'ils ont par leur manque de vécu est handicapé par leur manque de pratique et de technique. Donc effectivement, en pratique, cela ne fonctionne pas. Et ce n'est effectivement pas ce qu'on constate non plus quand on lit certains textes.

Pour ce qui est de Sand et d'Ookdelph, votre argument est exactement le même que celui énoncé plus haut par Napalm Dave, je vais donc répondre exactement la même chose : On peut voir les choses comme vous le dites, mais c'est à double-tranchant. Ce que l'on vit ou découvre du Monde réel, où de ce qui a déjà été fait encrasse notre processus de création original. Bon, après les cyniques me répondront que la création originale n'existe pas, et que tout est un remake d'un remake et bis repetita, mais comme je viens de le dire...ce sont des cyniques ^^. Plus on passe de temps à vivre selon les codes d'ici et plus on les assimile, moins on fait attention à eux, et moins on est capable de s'affranchir d'eux.

Et puis ça dépend de quoi on parle. Dans pas mal de cas, dire qu'il faut tout connaître d'un système afin d'éviter de le reproduire laisse entendre qu'on est potentiellement capable de le reproduire,même sans connaissance. Ce qui est loin d'être toujours vrai
Admettons que vous n'y connaissiez rien en physique. Si je vous demande, là maintenant, de me ré-inventer complétement les principes fondamentaux de cette science de A à Z, vous croyez vraiment que vous avez la moindre chance de retracer toute la pensée scientifique depuis Aristote ? Moi, j'en doute. Et d'ailleurs, pour rester dans l'exemple des sciences, je pense que beaucoup de chercheurs en fondamentale aimeraient bien "désapprendre" une partie de ce qu'ils savent pour raisonner sur un tout autre schéma, sur une façon de penser qui n'inclue pas des notions comme l'energie, la masse, et autres modèles inventés par l'homme. Ca les aiderait à réfléchir sur de nouveaux modèles plus généraux.

Ce dont je parle ici en science, peut, à mon sens, très bien s'appliquer au processus de création d'un univers, ou même d'un personnage. Quelqu'un parlait de la réalité des personnages qui devaient manger ou de trouver un abri, tout à l'heure. Bien. Pourquoi ? Et si on menait une réfléxion sur le mode d'alimentation de notre nouvelle race ? Et sur le concept d'"alimentation" tout court ? Ce qui t'avait paru être une évidence dissimule peut-être quelque chose au-delà duquel il faut aller voir. Je suis conscient que c'est difficile : Descartes a essayé une fois, et tout ce qu'il en a tiré c'est une formule bateau.

Non. Ces gens peuvent être d'un ennui à mourir, d'une banalité à crever, mais ils sont réels, on ne peut pas faire plus vrai. Ils ont leurs raisons pour être ainsi, qu'elle résultent de choix ou de contraintes extérieures, mais il y a toujours une logique – liée à la société, à l'environnement, comme tu le pointes aussi.

Et n'importe quel monde, réel ou imaginaire, a besoin de ces gens-là pour exister ; même si on ne parle pas d'eux, parce que la banalité n'est pas plus intéressante à raconter que le bonheur.


Tu pars du principe ou la banalité est la même dans l'imaginaire que dans le réél. Et c'est justement sur ce point que je ne suis pas d'accord.
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Re: Faire une critique à un écrivain adolescent

Messagepar Sand » 28 Août 2008, 17:16

Coyote J. Urusemal a écrit :Ce que l'on vit ou découvre du Monde réel, où de ce qui a déjà été fait encrasse notre processus de création original.


J'ai une haute idée de ma personne, mais pas à ce point.

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Re: Faire une critique à un écrivain adolescent

Messagepar Ookdelph » 28 Août 2008, 17:17

Sand : pour la "rengaine", ce n'est probablement pas un hasard... ;) Je l'ai aussi beaucoup entendue, mais sans comprendre tout de suite tout le sens et les implications de cette affirmation.

Tristeplume : tu n'es pas le seul ; il y a des moments où je donnerais cher pour retrouver la naïveté et le sens de l'émerveillement et du... rhâ je trouve pas le mot. (Un non-sens du ridicule à pleurer, peut-être ?) Bref, j'ai trouvé la trame de ce que je suis en train d'écrire quand j'étais ado, et c'était bien, c'était vertigineux. Maintenant, ah... *soupir* ... je suis en train de tout remettre en cause :twisted:

Coyotounet : j'ai l'impression qu'on ne parle pas de la même chose. Moi je parle d'expérience tout court, des gens, de la façon dont ils fonctionnent, dont ils réagissent fasse à diverses choses (événements, trucs bizarres, autres gens) Ce genre de choses. Terre-à-terre. Tout bête, mais indispensable à ce que ton récit "fasse vrai", parce que généralement, 1/ quand on raconte une histoire on le fait avec des personnages, 2/ quand on a entre 13 et 17 ans, les gens, on sait pas forcément ce que c'est (rien que le fait d'être un adulte, par exemple, ça peut paraître lointain et abstrait.)

Et tu arrives avec ton exemple de la physique... A quinze ans j'avais "inventé" un genre de moteur trop bien, j'avais fait des super shémas, j'étais trop contente parce que c'était cool et design. Sauf que ça restait fondamentalement un bidulle magique (premier principe de la thermodynamique ? Connais pas. Oui, je suis une cruche de littéraire, moquez-vous.)

J'ai l'impression qu'on ne parle pas de la même chose, donc... Que je parle d'expérience, et toi parles de connaissance. Pas pareil.

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Re: Faire une critique à un écrivain adolescent

Messagepar paladin » 28 Août 2008, 20:04

Je ne veux pas lyncher Coyotte, mais juste dire que je ne suis pas d'accord.
Je ne veux pas non plus lyncher les écrivains ados, c'est trés bien d'écrire trés jeune, ca fait partie des trucs qu'on améliore en pratiquant: mais remarquons quand même qu'on trouve peu de petit Mozart de l'écriture qui pondent une histoire géniale à 16 ou 17 ans (en tout cas de façon générale) Il y a des trés jeunes auteurs doués mais à cet âge là même si on les sent trés prometteurs il tatônent encore. D'une part parce qu'en effet ils manquent d'expérience dans le domaine des sentiments, des émotions (ce qui déjà autre que d'avoir simplement intégrés des codes sociaux...En plus je ne voudrais pas être méchant mais dans le genre "identification à un code commun", les ados font assez fort; c'est un passage obligé, mais une pensée indépendante et originale n'est pas trop leur âge)
Et ensuite, j'adhère tout à fait à la BD de Boulet; c'est qu'en fait l'imagination ne surgit pas ex-Nihilo, elle s'éduque! C'est l'intégration des histoires, des images, des mythes venu de l'extérieur qui ouvre de nouvelles perspectives à notre esprit et qu'à partir de cette "digestion" qu'on peut créer quelque chose de nouveau...Il est d'ailleurs assez rare, voire trés rare, qu'un auteur se mette à faire de la SFF ou n'importe quel autre style s'il n'en lit pas au départ: c'est la lecture, donc l'apport de l'imagination des autres qui nous incite à l'écriture, et donc à mobiliser notre propre imagination.
L'enfant est encore à l'état passif où il reçoit l'imaginaire des adultes. L'adolescent commence à essayer de créer mais il lui manque encore une certaine maturité dans ce domaine!
Ce qu'il y a d'admirable dans le fantastique, c'est qu'il n'y a plus de fantastique : il n'y a que le réel.



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