Je n'ai pas forcément la fiche biographique de l'auteur sous les yeux, loin s'en faut, mais il y a quand même des indices qui ne trompent pas et c'est là qu'un lecteur critique mais constructif doit savoir proportionner sa réponse en fonction de l'auteur et de son âge.
Pour commencer, disons-le tout net: même si écrire n'est pas une activité si marginale que ça, un ado qui se donne déjà la peine de terminer un texte et de le soumettre à la critique accomplit déjà une démarche positive. Je ne sais pas si vous vous rappelez bien votre adolescence et votre vie de lycéen, mais à l'époque, au moins pour moi, s'égarer sur les chemins de l'imaginaire ne rendait populaire ni auprès des autres ados, ni auprès des parents. Je n'ose même pas imaginer ce que c'est devenu à l'ère de "secret story" et la star academy. Tout ça pour dire qu'un djeunz qui a au moins la volonté d'écrire et de se faire lire, c'est en soi positif et cela mérite un peu d'encouragement. Non je n'ai pas peur de le dire, il faut les aider, au moins un tout petit peu.
Je fréquente des foras où viennent de très jeunes auteurs: certains sont déjà très forts et m'étalent facilement dans des jeux d'écriture et des projets collectifs comme le projet Lycan des "Songes du Crépuscule", la plupart sont simplement des contributeurs sympas qui écrivent leurs petits textes peinards et cherchent à s'entraîner pour s('améliorer. C'est pourquoi j'ai tendance à être plus modéré que certains dans mon analyse des textes de jeunes.
Il ne faut pas croire, je suis très heureuse de voir que l'écriture attire autant de "djeuns", c'est vrai, c'est une très bonne chose. En revanche, je me demande si certains n'en n'attendent pas de trop. J'ai la désagréable impression que certains adolescents pensent avec sincérité que leurs balbutiements littéraires vont les conduire au succès.
C'est un peu le problème de beaucoup de très jeunes auteurs: leur démarche est sympathique mais ils prennent la question de la publication dans le mauvais sens. Celle-ci doit-être pour eux une reconnaissance préalable à leur investissement dans l'écriture alors qu'elle devrait être plutôt un but à atteindre après s'en être donné les moyens, après avoir mis un maximum de chances de leur côté. Cela dit, la réflexion ne vaut pas que pour les ados mais pour les "jeunes auteurs" en général (et ceux-ci peuvent avoir 13 comme 83 ans, hein?).
Pour ce qui est des sagas, je pense que c'est normal: je serais bien mal venu, à titre personnel, de critiquer les projets pharaoniques qui caractérisent les jeunes auteurs: ce serait l'hosto qui se fouterait de la gueule de la charité. L'engouement pour les grandes sagas vient surtout d'un âge où l'on pense pouvoir tout faire et d'une civilisation de l'image qui imprime le "grand spectacle" dans les consciences. Oui on est tous passés par là et je ne fais pas exception, même si je me rends compte qu'un petit 250 000 signes honnête a bien plus de chances d'être fini de passer éventuellement auprès d'un éditeur.
Je dirais que béta lire des textes de jeunes se fait à peu près de la m^me manière que pour un auteur plus âgé (ouah! la révélation que voilà!:lol: ): soyez critique mais constructif, soulevez ce qui ne va pas, insistez sur les problèmes de cohérence et cherchez à encourager (je persiste et signe). Vous ne seriez pas inutilement cassant, sous couvert d'internet, avec un auteur plus âgé sans doute?:evil:
Simplement, pour un texte d'ado, insistez moins sur des problèmes de style ou du moins soyez plus large dans vos appréciations (un style se forge et se travaille tout au long de la pratique de l'écriture). Après, si votre ado prend mal vos critiques, et bien tant pis pour lui: il perd une chance formidable, mais ça fait partie de son apprentissage de la vie. Et s'il vous dit "oui oui, merci pour tes remarques" et n'en tient pas compte, tant puis aussi, il y a de fortes chances qu'il fasse ça en dilettante et que finalement, la pression de l'Aïkido acrobatique, des sorties et des derniers "beat them up" n'étouffe son grand oeuvre de fantasy en 18 volumes!^^