Réécriture

Gaborit Mathieu
Messages : 6
Inscription : 09 Déc 2007, 18:20
Localisation : Paris 75011

Réécriture

Messagepar Gaborit Mathieu » 11 Déc 2007, 12:34

Votre avis, votre sentiment sur le principe de la réécriture.
J'avais, jusqu'ici, une vraie conviction à ce sujet : dès lors qu'un éditeur vous propose de rééditer un ouvrage déjà publié, il s'agit là d'une occasion unique de corriger le tir et de profiter de l'expérience acquise pour améliorer le texte.
Je n'en suis plus si sûr. D'un côté, la véracité du texte. Sa sincérité dans l'instant, avec son bagage de l'époque, autrement dit tout ce qui fait l'auteur au moment où il a écrit ce bouquin. Assumer, donc, cet état, assumer les lourdeurs, la naïveté, les fautes de style, les dialogues maladroits, etc.
De l'autre, l'opportunité de mettre à profit l'expérience, d'offrir aux nouveaux lecteurs un texte qui, a priori, va gagner en puissance.

Alors, trahison ou pas ?
J'en parle précisèment pour la bonne raison que je suis sur la réécriture de Bohème (deux bouquins sortis il y a fort longtemps chez Mnémos) et que, pour la première fois, j'ai le sentiment que je ne dois pas peut-être tout réécrire. Croyez-moi, l'exercice est un supplice. A chaque page, peut-être même à chaque paragraphe, vous voyez ce qu'il faut changer. Revoir la structure, épaissir les personnages, étoffer les descriptions, travailler surtout sur le rythme.
Mais, et c'est là tout le piment de l'affaire, pourquoi ? Pourquoi ne pas assumer les défauts d'un texte ? Le simple fait de le dire m'arrache une dent : comment peut-on soumettre à des lecteurs un texte qu'on pourrait rendre meilleur ?
Il y a peu, une phrase du réalisateur Coppola m'a bouleversé : "savoir que je ne suis pas le plus mauvais suffit pour que je continue à travailler".
C'est idiot, n'est-ce pas ? Une phrase du verre à moitié vide, une phrase un peu sinistre. Et pourtant... l'essence même de ce qui ne devrait pas exister en France, cette sacralisation à outrance du livre, cette sensation que l'écrit est une chose fragile, précieuse, absolue. Un paradoxe, alors : si le texte n'est qu'un magma ordonné à un instant X, pourquoi ne pas le remanier ?
Peut-être l'histoire d'une trajectoire, celle qu'on vit en qualité d'auteur, qu'on doit mener jusqu'au bout, sans se retourner. Surtout, ne pas se retourner. Assumer, encore et encore. Assumer cette expérience si follement empirique qui ne doit rien au passé et se consacrer toute entière à l'avenir.
Bref.
A ce jour, j'ai le sentiment que la réécriture était un mensonge. Qu'elle est condamnée par essence dans la mesure où un bouquin peut se réécrire à l'infini, bien entendu. Que le mot "FIN" est bien plus important que tout le reste. Qu'il est une fin pour toujours, pour l'histoire comme pour vous.










On a sacralisé

Avatar de l’utilisateur
Roland Vartogue
Phacochère sacré
Messages : 581
Inscription : 02 Mars 2005, 23:25
Localisation : Longpont-sur-Orge, la cité éternelle
Contact :

Messagepar Roland Vartogue » 11 Déc 2007, 12:43

Ah, je ne pense pas que la réécriture soit un procédé vicié par définition. Tolkien a réécrit en partie Bilbo le hobbit de manière à assurer une cohérence avec le Seigneur des anneaux. Je crois que, dans un tel cas, c'était justifié.

Même chose pour le tome 1 de la Tour sombre, dont Stephen King s'était pas mal éloigné au fil de sa saga.
C'est là que j'ai rencontré mon seigneur et maître. Ce n'était pas par hasard, comme ce n'est pas par hasard si je suis le conteur de cette histoire.

Avatar de l’utilisateur
ereneril
Calembourbeur
Messages : 710
Inscription : 24 Oct 2005, 15:04
Livre préféré chez Mille Saisons : Les Perles d'Allaya
Localisation : Ambassade lilloise du Dentikistan
Contact :

Messagepar ereneril » 11 Déc 2007, 13:38

Belle question.

Pour tenter d'y trouver une réponse (ou tout du moins de trouver une façon d'aborder le sujet), je ferai aussi un parallèle cinématographique.

La réécriture d'un livre peut se comparer avec la réalisation de remake. Je pars du principe que la V1 avait déjà une qualité certaine (un livre sans cette qualité de base n'aurait pas été édité ou n'aurait pas un succèès suffisant pour être resorti plus tard).

Or, que voit-on ? Dans la très grande majorité des cas, les remake sont au mieux inutiles et le plus souvent ratés et inférieurs à l'oeuvre originale. Pourtant la réalisation de ces remake est souvent confiée à des cinéates de talent ayant prouvé leur compétence sur d'autres oeuvres. Ils ne sont malheureusement preque jamais capable de retrouver la saveur originelle.

Je citerai un exemple : Cape fear (les nerfs à vif) de Martin Scorcese (pas le moindre des réalisateurs) avec de Niro, Nick Nolte, Jessica Lange. Bref du beau monde. Au résultat on obtient un très bon thriller. Sauf que quand on le compare avec sa version originale, on a l'impression de voir un nanard à peine digne d'une série de TF1. De Niro est ridicule face à Mitchum. Nolte n'a rien de Gregory Peck...

Réécrire est vain j'en ai peur.
On peut lisser le produit, gommer toutes ses petites inperfections mais on va lui retirer une partie de son identité. Le résultat sera plus académique, plus lisse. Mais sera-t-il "meilleur" ?

Cela dit, si je suis un jour confronté à cette demande, serais-je capable de résister à l'appel des sirènes ? La tentation de faire mieux doit être grande, très grande...
Dernière édition par ereneril le 11 Déc 2007, 13:57, édité 2 fois.
Les dés ont fini de rouler...

Avatar de l’utilisateur
lapin blanc
As de la masse
Messages : 260
Inscription : 24 Jan 2005, 16:59
Localisation : Nord
Contact :

Messagepar lapin blanc » 11 Déc 2007, 13:45

L'écriture d'un ouvrage s'insère pleinement dans un état d'esprit, et / ou époque de son auteur.
Relire un texte, des années plus tard, alors que chez l'auteur tout a changé: âge, sentiments, expérience ... ne peut conduire qu'à une insatisfaction et donc à une envie de réécriture.
Pourtant l'ouvrage, en plus de raconter une histoire, témoigne également d'une tranche de vie de l'auteur. Lire l'ensemble des ouvrages d'un écrivain c'est un peu regarder son évolution au travers de ses écrits ( que ce soit d'un point de vue technique de l'écrit ou état d'esprit de l'auteur).
Réécrire un roman, c'est comme vouloir effacer une tranche de sa vie et rendre son texte conforme à ce que l'on est à un instant précis.
Dans ce sens la réécriture peut être un jeu sans fin.
Suis le lapin blanc ...

Avatar de l’utilisateur
adu
ordre de l'automne
Messages : 150
Inscription : 17 Jan 2007, 22:10

Messagepar adu » 11 Déc 2007, 14:23

A mon sens s'engager dans la voie de la réécriture est une erreur, car un texte ne sera jamais parfait, il faudra toujours le réécrire pour le rendre meilleur, encore et encore.

De plus réécrire maintes fois un texte peut être perçu comme une tromperie pour le lecteur qui a acheté le ou les premières versions. Sur le coup, quand Les chroniques des Crépusculaires ou Abyme (je sais plus lequel des deux) a été réédité après avoir été remanié, ça m’a un peu gêné, comme si je possédais une version tronquée, abâtardie d’un livre bien meilleur.
Chais pas si je suis bien clair.

Avatar de l’utilisateur
electre
Messages : 92
Inscription : 30 Nov 2005, 22:28
Localisation : lyon
Contact :

Messagepar electre » 11 Déc 2007, 15:18

curieusement, j'aurais tendance à prendre la réécriture comme une nouvelle aventure. Certes la première version est une oeuvre achevée, un instantané de la vie de l'auteur à un moment de sa vie. Je ne suis pas sûre que réécrire efface ce premier instantané. Ecrire, c'est choisir, à chaque page et à chaque mot: pourquoi ne pas s'aventurer vers les autres choix que l'on aurait pu faire? il y a toutes sortes de réécritures, de celle qui change les virgules à la refonte complète, celles que l'on fait soi-même, celles que l'on fait d'autrui. et celles que l'on fait de soi-même quand on a changé. où l'on approfondit des problématiques qui nous semblaient moindres, à l'époque. c'est interressant aussi. c'est une approche différente, plus difficile peut-être. parce qu'on se bat contre soi-même, je suppose.
Et le poète saoûl engueulait l'univers...

Avatar de l’utilisateur
Kran
ordre de l'été
Messages : 351
Inscription : 16 Nov 2007, 17:41
Localisation : J'ose pas le dire !

Re: Réécriture

Messagepar Kran » 11 Déc 2007, 15:20

Gaborit Mathieu a écrit :Surtout, ne pas se retourner. Assumer, encore et encore. Assumer cette expérience si follement empirique qui ne doit rien au passé et se consacrer toute entière à l'avenir.
Bref.
A ce jour, j'ai le sentiment que la réécriture était un mensonge. Qu'elle est condamnée par essence dans la mesure où un bouquin peut se réécrire à l'infini, bien entendu. Que le mot "FIN" est bien plus important que tout le reste. Qu'il est une fin pour toujours, pour l'histoire comme pour vous.


Je ne vois pas de meilleure réponse à la question que tes dernières phrases.

À moins que l'auteur n'en ressente le besoin pressant et irrépressible (et dans ce cas, le résultats ne sera pas meilleur mais différent), je ne vois pas pourquoi perdre du temps dans une réécriture. Le temps est court, il y a tellement de belles et nouvelles choses à écrire. :wink:
La vie est une histoire, racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien.

Avatar de l’utilisateur
Beltane
Ze Flag-Horn heure
Messages : 591
Inscription : 06 Déc 2006, 12:11
Contact :

Messagepar Beltane » 11 Déc 2007, 15:44

Ce sont les Chroniques des Crépusculaires qui existent en deux versions, avec carrément la fin qui change, si je ne me trompe pas.

Pour ma part, la réécriture me semble légitime dans 2 cas :

* quand on change de format (ex. l'un des romans du cycle de Ténébreuse de Marion Zimmer Bradley reprend le motif d'une nouvelle précédemment publiée de l'auteur, en le développant, donc en lui apportant un plus.)

* quand le texte s'inscrit dans un tout littéraire (cycle, saga, monde...) et qu'il présente des incohérences à cause de changements d'orientation décidés par l'auteur au cours du développement de ce tout.

Dans le simple cas d'un changement d'éditeur, on peut en profiter pour corriger les coquilles (ce qui est souvent le cas entre deux tirages d'un même titre chez un même éditeur), mais la réécriture de l'histoire n'est pas absolument nécessaire.

De toute façon, on pourrait en parler à l'infini, c'est tout de même l'auteur et lui seul qui sait ce qu'il veut faire, ce qu'il veut que soit son bébé littéraire, et s'il a envie de lui offrir un lifting, nul ne peut lui dénier ce droit ni lui contester cette liberté. et s'il n'a pas envie, s'il préfère assumer, c'est aussi sa liberté et son droit.

La réponse à tes "pourquoi?", Mathieu, toi seul la détiens. Parce qu'il n'existe pas de réponse universelle. C'est lié à ton ressenti face à un texte bien précis et dans un contexte bien précis.

En tant qu'auteur, je traîne aussi mes casseroles. Il y a celles que j'assume, parce que je n'ai pas envie de revenir dessus, et parce qu'elles sont un authentique reflet de ce que j'étais à un moment donné. Et il y a celles que je retravaille ou retravaillerai, parce que j'ai le sentiment de ne pas en avoir encore fini avec ces textes-là (probablement parce que je n'étais pas satisfaite d'eux, déjà à l'époque de leur publication, et qu'avec l'âge et l'expérience, je sais voir tout ce que je n'aurais pas dû céder lors de la direction littéraire, c'est-à-dire tout ce qui fait que ce texte n'est pas mien entièrement. Il y a donc désir et besoin de me le réapproprier).

Gaborit Mathieu
Messages : 6
Inscription : 09 Déc 2007, 18:20
Localisation : Paris 75011

Messagepar Gaborit Mathieu » 11 Déc 2007, 16:57

De fait, savoir faire la part des choses, la part des textes qu'on assume et ceux qui, à l'époque, n'ont peut être pas eu toutes leurs chances. Une histoire de contexte, oui, naturellement. La relation avec un éditeur, l'histoire toute personnelle, et, en définitive, cette petite alchimie qui nous rend maître du mot "fin".
Diable, ce mot "fin" me hante :cool:

Avatar de l’utilisateur
Beorn
Peluche de choc
Messages : 1127
Inscription : 04 Nov 2006, 22:29
Localisation : aimanté sur le frigo

Messagepar Beorn » 12 Déc 2007, 10:08

Bah, pour moi la relecture fait partie intégrante du travail de rédaction jusqu'à 6 mois, voire un an après le premier jet. Mais au-delà, on change trop soi-même.

Réécrire un roman des années plus tard, ce serait comme euh... (cherche une métaphore éclairante... scratch ) comme d'essayer de changer la forme du tronc, sur un arbre déjà adulte : ce n'est pas possible sans le tuer carrément.

Cela dit, à ta place, je ne pourrais pas m'empêcher de gommer quelques petites maladresses qui me font rougir (il y en a forcément). En se forçant à se limiter strictement aux pires .
Mettons que ce soit comme de tailler les branches basses... :roll:
Mais je suis affecté par le syndrome du réécriveur fou, ce qui n'est peut-être pas le cas de tout le monde.

Sinon, il doit être possible de faire un roman tout neuf avec des éléments récupérés sur un vieux roman, même si ça ne doit pas être très rigolo (on doit toujours tomber sur ses propres ornières, à force de manier les mêmes idées). Cela dit, ça ne semble pas être ce que demande ton éditeur.


Sur le mot "FIN" et le fait de finir un roman : moi aussi, j'ai horreur de me dire que c'est terminé. C'est la même chose, d'ailleurs, pour les romans que j'ai adoré lire.
Mais il faut bien l'accepter, ce mot "fin", en se disant que finalement, on n'a jamais fini d'écrire. Un roman, ce n'est qu'un chapitre de ce qu'on va écrire au cours de sa vie.
Les conseils de Tonton Beorn + ses frasques dans le monde de l'édition
T1 "La perle et l'enfant" (Mnémos) en librairie le 23 septembre !

Avatar de l’utilisateur
Mike
Messages : 68
Inscription : 06 Nov 2007, 14:56
Localisation : quelque part
Contact :

Messagepar Mike » 12 Déc 2007, 10:54

Je suis comme toi Beorn, même si je suis plus jeune ^^ Réécrire un roman des années plus tard c'est le changer de tout au tout. Je prends exemple sur le seul que j'ai abouti. Au départ je l'avais commencé il y a cinq ans et j'ai dû arrêter pour cause de vie bordélique (c'est fou que on est vite dépassé parfois...). Presque trois ans après je 'lai repris mais en fait, j'ai carrément changé l'histoire. J'ai juste repris certains personnages, l'intrigue principale a été grandement modifié etc... En gros, ça n'a plus rien à vori avec ce que c'était au début, y a juste le titre qui est le même. L'an dernier, j'avais fini de le corriger et je l'ai soumis à quelques éditeurs. Bon lettre de refus, normal rien denouveau jusque là. Cette année je me suis mis en tête de le reprendre et je le trouve trop naïf. Bien que j'ai l'intention de garder en partie la structure du livre, j'ai décidé de le réécrire complètement. De nouveaux chapitres et personnages vont être intégrés et surtout la qualité d'écriture ne pourra être que meilleure car là c'est affligeant. Enfin bref, de toute façon, tout ce que je fais quand je le laisse reposer plusieurs mois, je trouve que c'est pathétique...

Je précise qu'en fait, le livre a été écrit sous l'impulsion d'une maison d'édtion qui était prête à me faire confiance mais malheureusement pour cette maison, elle a vu le jour que très peu de temps (c'étaient les seuls qui ne m'avaient pas refusés).

Avatar de l’utilisateur
Beorn
Peluche de choc
Messages : 1127
Inscription : 04 Nov 2006, 22:29
Localisation : aimanté sur le frigo

Messagepar Beorn » 12 Déc 2007, 11:24

Mike a écrit :Je suis comme toi Beorn, même si je suis plus jeune ^^


J'suis quand même pas si vieux, rôôôô. J'suis plus jeune que Mathieu Gaborit, d'abord.
Les conseils de Tonton Beorn + ses frasques dans le monde de l'édition
T1 "La perle et l'enfant" (Mnémos) en librairie le 23 septembre !

Ed

Messagepar Ed » 16 Déc 2007, 17:25

Je ne vois pas ce que ça a de mal de réécrire un bouquin si on s'impose certaines limites en tout cas.
Revoir légérement les intrigues, améliorer les tournures de phrases, rendre le tout un peu meilleur de ce qu'on était capable débutant.

Je crois que c'est respecter le public et lui offrir le mieux de ce qu'on est capable à un instant t. :cheers:

Réécrire une fois un roman OK aprés il faut savoir dire stop, halte au perfectionnisme et ne plus réécrire à chaque nouvelle édition.

Réécrire c'est toucher un plus large public et satisfaire les nouveaux lecteurs qui auront envie de mieux connaître ton oeuvre. C'est ainsi mieux faire fonctioner le bouche à oreille et gagner un plus large lectorat.

Pas étonnant que ça intéresse les éditeurs. :lol:

Avatar de l’utilisateur
Morki
Messages : 42
Inscription : 16 Oct 2006, 20:38
Localisation : Strasbourg
Contact :

Messagepar Morki » 16 Déc 2007, 21:14

Au départ, j'étais parti dans un trip sur l'allégorie de la quête du Grall, et je me suis dit... nan.
ce sera plus simple et moins pompeux de dire que je plussoie Beltane: réécrire ou pas, c'est un choix. A assumer.
Comment réécrire, se contenter des coquilles, ne changer que quelques détails ou mettre l'histoire en révisions, c'est une autre paire de manches...
"Je me suis attaché à la corde je descends en rappel."
"Tu l'as attachée à quoi la corde?"
"Euh..."

Avatar de l’utilisateur
orque fou
les dents de l'amer
Messages : 334
Inscription : 07 Juil 2006, 15:01
Localisation : boulogne (62)
Contact :

Messagepar orque fou » 18 Déc 2007, 09:42

le problème de la réécriture, comme le souligne beltane, c'est que la fin peut changer du tout au tour. Je parlais avec fabrice colin d'un de ses dyptiques ( arcadia), paru comme pour toi chez mnemos. Il me confiait qu'il devait le réécrire, et je lui ai dit ce qui selon moi n'allait pas dans les romans. Mais le problème, c'est qu'entre la vision du lecteur et celle de l'auteur, tout change, et la vision finale est totalement différente. Mais c'est un dilemne, car réécrire le roman, ne serait ce pas renier ce qu'il a fait avant ?
Dernière édition par orque fou le 19 Déc 2007, 13:14, édité 1 fois.
http://www.fantastinet.com/ , l'enyclopédie gratuite des littératures de l'imaginaire...

Avatar de l’utilisateur
le_navire
Corsaire perverse
Messages : 611
Inscription : 11 Août 2006, 16:00
Localisation : Cévennes
Contact :

Messagepar le_navire » 18 Déc 2007, 11:17

ça va les chevilles, l'orque ? :twisted:

Pour nos rééditions, on reprend les textes tels quels : parce qu'ils ont été choisis en fonction du fait qu'ils sont bons et qu'ils méritent une réédition. Pas la peine d'y revenir, donc.

La réédition, c'est déjà en soi une grosse difficulté : les ventes sont rarement bonnes. L'avantage de réécrire, c'est que le bouquin sera traité comme s'il était inédit.

Maintenant, je pense personnellement qu'un auteur à mieux à faire que de réécrire ses romans. S'il écrit mieux, ses péchés de jeunesse seront relus à l'aune de son succès actuel. Le seul cas où à mon avis ça peut valoir le coup, c'est lorsque la première édition imposait des contraintes à l'auteur (nombre de signes, format) et qu'il pense n'avoir pas été au bout de son histoire à cause de ça.

Sinon, je lui conseillerai plutôt de travailler à un nouveau texte dans le même univers...

Avatar de l’utilisateur
Beorn
Peluche de choc
Messages : 1127
Inscription : 04 Nov 2006, 22:29
Localisation : aimanté sur le frigo

Messagepar Beorn » 18 Déc 2007, 11:49

la navire a écrit :L'avantage de réécrire, c'est que le bouquin sera traité comme s'il était inédit.


Mais oui, bien sûr !

En fait, la réécriture est un argument commercial : vous avez déjà lu ce roman, vous l'avez aimé ? Ou du moins, vous en avez entendu parlé ?
Alors en voilà une nouvelle version toute neuve ! Profitez-en !

Un peu comme on nous avait vendu les trois premiers Star Wars dans les années 97-98 au cinéma, en nous disant qu'il y avait deux ou trois scènes de retouchées.
(ou un peu comme on marque "NOUVEAU !" en gros sur l'emballage du canard WC parce qu'il y a un nouveau bec verseur, oups, désolé, je rigole... :lol: )

Bon, l'intérêt pour l'éditeur se comprend (et donc pour l'auteur...), mais l'intérêt pour le roman, beaucoup moins déjà.
Les conseils de Tonton Beorn + ses frasques dans le monde de l'édition
T1 "La perle et l'enfant" (Mnémos) en librairie le 23 septembre !

Avatar de l’utilisateur
Curwen
Lutin curieux
Messages : 258
Inscription : 01 Mai 2007, 20:49

Messagepar Curwen » 18 Déc 2007, 12:32

Je ne crois pas dire de bétises en prétendant que les réécriture entre deux rééditions d'un ouvrage sont extrêmement banales et ce depuis le XIXème siècle. Les versions des romans de Victor Hugo ou d'Alexandre Dumas qu'on a tous au format poche aujourd'hui, ce sont celles qu'ils ont sorties en dernier, avec toutes leurs retouches.
La littérature moderne n'a pas retenu les premières parutions et elles sont grandement tombées dans l'oublie

Pourtant on ne s'en porte pas plus mal, non ?
Lilith, grande Lilith, regarde le Marié

Avatar de l’utilisateur
Beorn
Peluche de choc
Messages : 1127
Inscription : 04 Nov 2006, 22:29
Localisation : aimanté sur le frigo

Messagepar Beorn » 18 Déc 2007, 13:50

Tiens, c'est vrai.
Quelques remarques quand même :

1) c'était des écrivains exceptionnels, ils auraient pu remanier ou non, ça aurait été bon quand même, sans doute.
2) c'était il y a un sacré bout de temps.
Ni le statut de l'auteur, ni celui du roman n'étaient les mêmes qu'aujourd'hui.
3) c'était peut-être aussi des coups de pub des éditeurs, après tout, s'agissant d'auteurs qui ont eu un succès extraordinaire de leur vivant... Il faudrait comparer avec des gens qui étaient inconnus à l'époque et qui ne présentaient aucun intérêt à "remettre en tête de gondole".
4) ce n'était pas le cas de tous leurs romans (est-ce que Hugo a remanié les Misérables ? :?: ) et dans le cas de Dumas, une grande partie de ses romans formaient un univers cohérent, donc on était dans la problématique du "remaniement pour cause de suite".

Il y a aussi le cas de Proust, qui a passé toute sa vie à réécrire ses romans (son roman, en fait) à tel point que c'est considéré aujourd'hui comme faisant partie intégrante de sa technique d'écriture.

Enfin, personnellement, me relonger dans du vieux et du refroidi pour remuer la vase, beurk, je préfère aller de l'avant.
Les conseils de Tonton Beorn + ses frasques dans le monde de l'édition
T1 "La perle et l'enfant" (Mnémos) en librairie le 23 septembre !

Avatar de l’utilisateur
Beorn
Peluche de choc
Messages : 1127
Inscription : 04 Nov 2006, 22:29
Localisation : aimanté sur le frigo

Messagepar Beorn » 18 Déc 2007, 14:09

Pour expliquer mon point N°2 :
aujourd'hui, le "remaniement" s'applique surtout au cinéma, avec la fameuse technique du "remake", carrément omniprésente dans les studio... Mais c'est devenu beaucoup plus rare pour un roman.

Pourquoi ?
Si je peux tenter une explication, je dirais que le cinéma d'aujourd'hui reprend la place qu'avait le roman du XIXème : un divertissement avant tout, un spectacle à grande notoriété. Débarrassé de cette espèce de sacralité de l'oeuvre : noble, immuable, unique et tout le blabla (qui m'énerve un peu et que pourtant je défends au fond) qui entoure le roman aujourd'hui.

[Pour faire un peu d'histoire du cinéma : jusqu'aux années 60 aux USA, les distributeurs étaient propriétaires des bobines et ils ne se gênaient pas pour pratiquer des "coupures" dans les films. Histoire de faire "moins long" ou d'enlever un bout qui ne leur plaisait pas. Et le réalisateur n'avait pas son mot à dire.
Il existe donc aujourd'hui des centaines de bobines "massacrées" présentant des versions différentes, plus ou moins tronquées, des mêmes vieux films.]


Cependant en tant qu'auteur, je maintiens que réécrire, le plus souvent, ce n'est pas une bonne idée. Et que dans tous les cas, c'est extrêmement délicat. :roll:
Les conseils de Tonton Beorn + ses frasques dans le monde de l'édition
T1 "La perle et l'enfant" (Mnémos) en librairie le 23 septembre !


Revenir vers « Entrée des artistes »

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 56 invités