Morki a écrit :Avant de commencer, quelques précisions d'emblée: ce topic n'a pas pour but de vous dire comment faire votre royaume/empire/... Je vais me contenter de lister deux ou trois choses sur le pourquoi du comment, ce qui vous permettra déjà de passer les plus grosses énormités.
Néanmoins, je le répète, je ne viens pas vous dire comment faire; simplement faire une description sommaire de ce qui a existé, de ce que ça pouvait avoir de différent de de réalités qui ne nous sont plus évidentes.
Effectivement, beaucoup de monde ne perçoit plus le Moyen-Âge qu'à travers les RPG papier/informatiques, les films, les BD et les romans. Or, même dans un roman aussi bien documenté que les Dames du Lac (et c'est le féru de littérature arturienne qui parle), il y a une très grande part de libertés prises; ça ne dépareille pas les qualités du roman, bien sur. Mais quand au fil du temps ces libres adaptations sont reprises indéfiniement sans retour au sources, on en arrive à des incohérences flagrantes dans un univers en carton-pâte. Pour un peu, on verrait les ficelles qui font avancer les nuages. Connaître les sociétés d'antan permet de s'en inspirer pour pondre un background cohérent, j'ai commencé par la plus évidente. Je vous donne une base; à vous d'en faire ce que vous voulez.
@ Oliv: comme je l'avais précisé d'emblée, mon but n'est pas de dire qu'il faut ABSOLUMENT reproduire la société médiévale (sinon ce pavé-là ne serait que la préface d'une introduction), mais comme l'ont souligné Napalm Dave et Anilori avec justesse, j'ai écris tout ça comme une boîte à outil, dans le genre "trucs qui peuvent servir". L'idée c'est vraiment fais ton marché s'il y a des trucs qui t'intéresse, et si tu veux des précisions sur tel point, pas hésiter à demander (pour dire que je ne pense pas que l'heroic fantasy doivent absolument se calquer sur le Moyen-Âge classique, un de mes univers qui roupille dans mes cartons s'est construit en un savant mélange de cité médiévale à la sauce politique de type Rome républicaine, avec toutes les modifs qu'implique un usage intensif de magie à haute dose; d'ailleurs, tu remarqueras que mes exemples empiètent sur l'Histoire Moderne, le Haut Moyen-Âge et l'Antiquité romaine...)
Mais c'est clair que te reprocher de ne pas respecter les codes de l'amour courtois du XIIIè dans un monde imaginaire, c'était taper à côté de la plaque.
@ Xss: tout le monde qui réagirait comme à l'époque médiévale? Wa! Dur à faire, mais je crois que ce serait digne de Pratchett.
[Les médiévaux pouvaient être beaucoup plus modernes qu'on le croit; et j'adore Pratchett]
5°) Religions
EDIT:
Ici, je ne fais que lister quelques éléments et citer quelques exemples; comme d'hab, je serais bien en peine (et un peu crétin aussi) de vouloir vous forcer à faire quoi que ce soit, et pour faire plaiz' à Oliv, je laisse quasiment le monde médiéval pour plonger dans le monde méditerranéen antique.[/EDIT]
[pour plus de facilités et éviter le centrage sur le monothéisthme, je vais vous faire un bref exposé d'Histoire des Religions en général]
*On distingue trois types de religions, et deux catégories (sachant évidemment que toute classif est arbitraire, et que ce n'est jamais vraiment tout l'un ou tout l'autre).
Monothéisthme: un seul Dieu [il est à noter que dans ce cas, il est problable que Dieu ait à assumer l'origine de concepts contradictoire: bien/mal, ...]
Polythéisthme: plusieurs dieux
Enothéisthme: à mi-chemin entre les deux; il n'existe qu'un dieu suprême, mais aussi de multiples formes divines qui sont les manifestations d'une parcelle de l'essence du dieu (ses avatars; le plus connu reste celui de Vishnu, si ça vous intéresse).
Orthopraxie: religion fondée sur la pratique. Pour faire simple, on s'en fout que tu croies ou pas, mais tu fais les rites/.../ pour pas fâcher les dieux.
Orhodoxie: religion fondée sur la croyance; où le fidèle doit croire les bonnes choses pour que ça marche.
*le sacré baigne absolument tout. Je vais pas sortir cette phrase pour me la péter, mais la religion, c'est l'hypostase du moi social. A comprendre par là que la religion a toujours un caractère implicite qui est le reflet des aspirations, traits distincitfs, ... d'une société. Même si les puissances divines que nous crééons existent, il faut se souvenir qu'un dieu doit toujours servir à quelque chose.
Le sacré est perceptible partout: dans la montagne, l'immensité du ciel, les étoiles, la mer, le désert, les orages violents, les arcs-en-ciel, éclipses, conjonctions stellaires, étoiles filantes, tremblements de terre, ...
Si la religion est absente de votre monde, pensez à des choses en quoi les gens puissent croire; que ce soit la science, la gouvernement du royaume, ... Mais les sociétés ont besoin de focaliser leurs attentes/inquiétudes/peurs sur quelque chose en quoi elles peuvent croire.
*Un dieux, ça se consulte. Dans les cités antiques du pourtour méditerrannéen, ils étaient vus comme habitant leurs temples (y'a des histoires assez marrantes sur Caligula qui avait fait bâtir une passerelle de chez lui jusqu'au temple de Jupiter, et à ce qu'il paraît on les entendait s'engueler); comme c'était les habitants les plus puissants de la cité, on leur demande leur avis. A noter que comme ils habitent là, des fois ils font des gosses. Il peut ya voir des familles qui le revendiquent (genre les Julii qui se réclamaient descendre de Vénus, et ainsi de suite).
*Il y a plusieurs moyens de consulter un Dieu; soit on prie et on attend qu'il daigne répondre. Ou alors on l'interroge lisant des signes (météorologiques, vols d'oiseaux, lectures d'entrailles, de formes dans la fumée, astrologie, ...), en entrant en transe (auquel cas le gars qui se retrouve complètement à l'ouest soit va visiter le Dieu ou l'autre monde en pensée, soit se fait visiter et se fait la bouche du Dieu) de diverses manières, ça peut être collectif ou pas. On peut faire des mises en conditions (jeunes, méditations, rites de purification, ...).
*Y'a tout un tas de règles bizarres liés à la religion (par exemple, un prêtre de Jupiter ne pouvait être lié: donc pas de ceinture, bague, anneau, collier, ... si un prisonnier lui passe sous le nez, on lui coupe ses chaînes et on le libère; ou autre, dans la poésie scaldique [du Nord], il était interdit de nommer les choses par leur nom; ou encore, après une sanctification/purification du sanctuaire de Délos, il était interdit de naître et mourir sur cette île).
*Un Dieu, pour qu'il évite de faire la gueule et de bouder, on lui fait des sacrifices [en général, si le sacrifice est comestible, on le cuit, les odeurs nourissent les dieux, et les fidèles mangent la viande], réels ou figurés (exemple: le christianisme mime un sacrifice humain et une antropophagie rituelle pendant la messe). En particulier dans les orthopraxies, on sacrifie au dieu histoire qu'il nous laisse faire nos affaires tranquilles, ou qu'il nous arrange le coup (prendre la mer sans sacrifier au dieu de la mer du coin, ça sent le mauvais plan).
Les oracles peuvent être très prisés, même par les petites gens qui viennent consulter un dieu pour leurs affaires personnelles (maladie, stérilité, ...)
*Dans beaucoup de religions, on retrouve trois fonctionalités parmi les dieux: Ordre/Guerre/Fertilité. Avec toutes les variantes que vous voulez, mais de manière pratique, c'est vrai que c'est toujours mieux d'avoir un dieu qui assure la paix des ménages, un balèze qui protège des ennemis, et un autre qui assure la récolte et le renouvellement de la population.
*ce n'est pas parce que les dieux existent et ont de l'effet que la superstition n'existe pas. Rien ne vous empêche de croire que les oracles sont vrais (et en général, ils sont assez sybillins pour l'être), mais que danser la gigue sur les mains à la plaine lune pour garder ses dents toute sa vie, c'est du pipo.
*Prêtre et Magicien
Un système de jeu comme celui de D&D a admirablement saisi la nuance, mais elle peut ne pas sauter aux yeux. Le pouvoir d'un prêtre lui vient de son dieu, alors que le magicien manipule des énergies et plie la réalité à sa volonté. C'est tout bête, mais fnodamental pour avoir les idées claires.
*Public et Privé
Vous avez deux types de prêtres; celui qui opère au sein d'un clergé, dans une institution. Le pouvoir, il le tient de l'institution qui le reçoit du Dieu. Si le prêtre a un pouvoir foireux, ça vient de l'institution, mais sa position à lui n'est en général pas affectée. L'autre tient son pouvoir directement du pouvoir divin; c'est le cas du shaman ou du prophète. Leur influence est liée à leur charisme et leur aura propre. Si jamais ils ont une baisse de régime, c'est pour leur pomme.
*Lorsque vous créez un monde, ne vous contentez pas de lui inventer des légendes et un corpus de mythes; mais trouvez-y l'origine d'habitudes, d'interdits ou au contraire d'obligations; l'origine de quelques inventions, etc.
Je crois que je vais m'arrêter là pour l'instant (comme vous le constatez, j'ai dérivé; pour éviter le christianocentrsime, je suis descendu dans l'Antiquité)
EDIT:
Un truc auquel je viens de repenser et qui ne rentrera nul part; sans calto ni rien pour noter, on compte avec ses doigts. Donc les systèmes d'unités... pensez-les divisibles par 3 sans problème; c'est tout bête, mais ça fait déjà un peu moins grand guignol que la monnaie des sorcier dans Harry Potter. (et pour les grosses monnaies dans le cadre des grosses transactions, vous pouvez imaginer une monnaie de compte; qui n'existe pas en tant que pièce, mais que vous notez sur votre cahier de compte; genre les K dans les MMO, pour désigner les milliers de pièces)
RE-EDIT:
Pas forcément indispensable, mais si votre héros commence par acheter le pain pour finir demi-dieu qui sauve le monde sans les mains, il vaut mieux réfléchir à comment il s'est fait (le monde, hein, pour le héros on connaît tous l'histoire de la cigogne). Y'a des trucs tous bêtes, du genre "Dieu créa le ciel et la terre", des fois la religion n'y répond pas (par exemple la religion grecque ,e dit quasiment rien sur la création du monde), ou alors c'est très élaboré (genre la religion viking, où la création et ce qu'il y avait avant est évoqué assez clairement); ne négligez pas les éléments mythiques dans le décors quotidien; toujours dans le monde viking en guise d'exemple, le ciel, c'est le crâne du géant primordial, les eaux c'est son sang, les montagnes son corps, etc. Vous pouvez tout aussi imaginer que la création se structure d'elle même sans qu'un démiurge quelconque y mette son grain de sel, ou qu'il ne fasse que provoquer le processus sans y intervenir... Si vous cherchez moults situations types, prenez un bouquin sur les mythologies un tant soit peu sérieux, et vous trouverez des dizaines de situations types.
Si la question vous passionne tout à coup, je ne saurais trop vous conseiller le
Traité d'Histoire des Religions de Mircea Eliade. Dépassé mais très instructif; avec ça, vous savez dépiauter (et par corollaire monter) une religion béton en deux-deux.