Auteur ou Ecrivain ?

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Khellendros
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Auteur ou Ecrivain ?

Messagepar Khellendros » 07 Sep 2007, 16:29

Bonjour !

Une petite question... Vous êtes auteurs, ou écrivains ?


Une question que je me pose suite au fil ouvert par Beltane avec l'interview de Mr Millet (pardon, l'entretien) : ici,
qui lui fait une distinction :

Mr Millet a écrit :F. B.: On sent un arrière-goût d'aigreur. Pourtant, si Anna Gavalda ou moi n'existions pas, vos livres ne se vendraient pas plus, hélas pour vous!

R. M.: Je ne suis pas aigri et mes livres ont leur public. Par ailleurs, les gens dont vous parlez ne sont pas pour moi des écrivains, mais des auteurs...


Mr Millet toujours a écrit :Nous sommes, avec quelques-uns, les derniers écrivains, et nous vivrons cela de manière héroïque, peut-être même en riant.



Comme tout cela était flou pour moi, je me suis penché sur le dictionnaire de l'Académie française (huitième édition) :
Les Académistes a écrit :Auteur : Il se dit spécialement de Celui qui a fait un ouvrage de littérature, de science ou d'art.

Ecrivain : Celui qui compose des livres. Écrivain public se disait de Celui qui faisait métier d'écrire pour le public des lettres, des mémoires, des pétitions, etc.



Les dico étymologiques sont assez flous puisque pour certains les mots sont synonymes.


La question peut paraître naïve, mais si quelqu'un pouvait m'éclaircir sur les différences entre un auteur ou un écrivain, merci !

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Beltane
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Messagepar Beltane » 07 Sep 2007, 17:13

Franchement, c'est très subjectif.

On peut être auteur d'un livre comme d'autre chose. Par exemple, je peux dire de mon père ou de ma mère qu'il/elle est l'auteur de mes jours.

On peut être l'auteur d'un témoignage.

L'auteur c'est celui qui est à l'origine d'une chose et qui en porte la responsabilité.

Ecrivain, c'est beaucoup plus limitatif, puisque cela ne s'emploie que pour désigner celui qui est l'auteur d'un acte écrit, soit pour le compte d'autrui (l'écrivain public), soit en composant un livre.

Et dans les écrivains, on peut trouver les romanciers, les poètes, les essayistes, les novellistes etc., certains tâtant d'ailleurs de plusieurs genres.

Quand j'ai débarqué sur le net, sur une mailing list de fantasy, je me suis présentée comme écrivain, puisque j'écrivais des textes littéraires qui avaient en outre été édités. Et je me suis fait tomber dessus à bras raccourcis : on m'a accusée d'être prétentieuse en employant ce mot. Et je ne comprenais pas pourquoi.

Maintenant je comprends mieux. Dans la bouche de "l'élite", c'est drôlement restrictif, l'emploi du mot écrivain. Pire que la définition du dictionnaire ! Et voilà pourquoi je parle de subjectivité en début de post.

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Enea
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Messagepar Enea » 07 Sep 2007, 23:04

à mon humble avis :
on peut avoir été écrivain, ne plus l'être et pourtant être toujours l'auteur d'un texte.

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Sombreloup
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Messagepar Sombreloup » 08 Sep 2007, 12:48

Peut-être qu'auteur c'est pour désigner quelqu'un qui n'écrit qu'occasionnellement. Alors qu'écrivain c'est plus quelqu'un qui en a fait un métier. Non ? Enfin je m'en fout, de toute manière ce type c'est juste un sale con.
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Messagepar Ferrand » 08 Sep 2007, 12:56

Je pense que dans son idée, un auteur est un type qui pond un texte, la plupart du temps un navet ou une bouse.
Lui se sent écrivain, normal il a été publié et reconnu.
Ce qui tend à démontrer l'égocentricité de ce mec.

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Messagepar Neryelle » 08 Sep 2007, 13:59

Facile.

Moi, je suis écrivain.

Les autres, c'est de la merde, c'est que des auteurs. :twisted:

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Oliv
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Messagepar Oliv » 21 Sep 2007, 12:03

Beltane a écrit :Franchement, c'est très subjectif.

Pas mieux.

Bon, histoire de ne pas répondre à ce sujet pour rien, j'apporte ma propre vision de la chose, forcément subjective et n'ayant pas valeur de vérité, donc.

Mon point de vue est qu'un auteur est une personne ayant crée quelque chose. Dans le cadre qui nous intéresse, toute personne ayant écrit un texte - sans distinction de qualité, de finalité ou de "publié ou pas publié" - est donc un auteur. En revanche, un écrivain est, à mon sens, quelqu'un pour qui écrire va plus loin que l'acte d'avoir produit quelque chose: il l'est tout simplement dans sa manière de voir le monde, comme qui dirait 24 heures / 24, notamment en étant toujours à l'affut de nouveaux éléments à intégrer à ses oeuvres à venir. Là encore, pour cette définition il n'est pas question de juger de la qualité de ce qui a été écrit: il y a de bons écrivains et des écrivains lamentables.

Je ne sais pas si cette phrase parlera à d'autres qu'à moi, mais je pense que, si l'on peut-être auteur de quelque chose en particulier, on est écrivain de manière générale.

Voilà quelques réflexions pour faire avancer ce schmilblick, même finalement tout cela n'a pas grande importance.
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Messagepar lambertine » 22 Sep 2007, 10:39

Réponse bassement matérialiste :

Un écrivain est un auteur qui vit de sa plume.

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Oliv
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Messagepar Oliv » 22 Sep 2007, 10:59

D'accord, Lambertine, mais qu'appelles-tu "vivre de sa plume"? Je veux dire, très rares sont les auteurs à ne pouvoir faire que ça: la plupart, même ceux qui sont relativement connus et qui vendent tout à fait honorablement, ont d'autres activités plus rémunatrices à côté. Dans ce cas, ne sont-ils pas écrivains pour toi?
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Messagepar lambertine » 22 Sep 2007, 14:56

Ce que j'appelle vivre de sa plume, c'est avoir l'écriture comme principale source de revenus et comme principale activité. Si j'écris 8 heures par jour, tous les jours ou presque et que ça me rapporte plus que du beurre à mettre dans les épinards, mais me permet de payer mon loyer, je suis écrivain. Sinon, non. Ce qui ne préjuge en rien de la qualité de mes textes, d'ailleurs.

Ou plus bêtement : un écrivain est une personne dont la profession est "écrivain".

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Messagepar Oliv » 22 Sep 2007, 15:33

Ah oui, effectivement, vu comme ça... Voilà qui change la vision que l'on peut avoir de l'écriture, quand on songe soudain qu'environ 99% des auteurs publiés ne sont pas des écrivains.
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Clendorie
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Messagepar Clendorie » 22 Sep 2007, 15:39

Effectivement...
Mais est-il si important de faire la distinction?
Après tout c'est pas un gage de qualité.
Parce que même si c'est un écrivain il peut t'avoir pondu une bouse comme on en voit rarement
Et un auteur réaliser le chef d'oeuvre du siècle

lambertine
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Messagepar lambertine » 22 Sep 2007, 16:13

Ben oui. C'est si important d'être "écrivain" ?

t, non, 99% des auteurs publiés ne sont pas des écrivains. 99% des auteurs publiés sont incapables de se mettre, comme Simenon ou Balzac, tous les jours, devant leur machine à écrire (ou leur ordinateur) et de pondre leur quota de chapitres, puis de corriger les autres.

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adu
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Messagepar adu » 22 Sep 2007, 17:43

Faudrait peut-être lock cet appel au troll ?

Chwip
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Messagepar Chwip » 22 Sep 2007, 19:18

A la différence des écrivains d'aujourd'hui, autrefois, ils avaient des mécènes qui subvenaient à leurs besoins. C'est facile d'être écrivain quand quelqu'un assure le steak.

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Messagepar Clendorie » 22 Sep 2007, 19:28

Sans oublier qu'il vendaient leurs oeuvres en 2 temps:

comme chronique à la ligne dans les journaux (ce qui explique la longueur/lourdeur de certains romans du 19ème)

et plus tard en romans

d'un autre côté la distinction écrivain/auteur est plutôt floue
de nombreux écrivains n'on jamais vécu de leur art ( Beaudelaire par exemple) et pourtant ils sont qualifiés d'écrivains. Donc...

Chwip
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Messagepar Chwip » 22 Sep 2007, 19:39

Surtout, ils refilaient leur bouquins à plusieurs éditeurs différents selon le type d'édition.

Bref, Lambertine, ta définition me semble saugrenue... :shock:

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adu
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Messagepar adu » 22 Sep 2007, 22:10

lambertine a écrit : 99% des auteurs publiés ne sont pas des écrivains. 99% des auteurs publiés sont incapables de se mettre, comme Simenon ou Balzac, tous les jours, devant leur machine à écrire (ou leur ordinateur) et de pondre leur quota de chapitres, puis de corriger les autres.

Comment peux-tu affirmer une telle énormité ?
Partir de son propre cas c'est bien, généraliser c'est mal...

En plus un écrivain n'est pas forcément quelqu'un qui réussit à écrire plusieurs milliers de signes en une journée. Certains écrivains n'arrivent qu'à pondre 5.000 signes dans la journée.
Je me souviens même d'une anecdote relatée par Stephen King (je crois, mais je ne suis plus sûr) dans son livre Ecriture, mémoire d'un métier, sur un écrivain n'arrivant qu'à très peu écrire. Ce dernier se lamentait d'avoir écrit 7 mots en une journée. Un ami vient le voir et lui dit : "Sept mots ? Mais c'est beaucoup pour toi !", à l'autre de répondre : "Oui, mais je ne sais pas dans quel ordre les mettre !".

La quantité quotidienne ne rime pas avec qualité et professionnalisme, sinon les lycéens plagieurs de Bragelonne ou de fantasy à deux sous domineraient le monde de leurs infects écrits malodorants.

lambertine
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Messagepar lambertine » 23 Sep 2007, 08:56

D'abord, je ne parle pas de mon propre cas.

Ensuite, je ne porte pas de jugement de valeur On pose une question, j'y réponds (tout en me posant l'intérêt de la question, d'ailleurs. En quoi est-ce important d'être un "écrivain" plutôt qu'un "auteur" ?). Pour moi, un écrivain est quelqu'un qui a comme profession "écrivain" et qui passe l'essentiel de son temps à bosser sur son oeuvre. Pas nécessairement en alignant des phrases, mais en se documentant, en corrigeant, en remettant cent fois son ouvrage sur le métier, en assumant sa part de la promotion. Et qui gagne sa vie comme ça. Que peu d'auteurs arrivent à le faire parce qu'il faut bien payer le loyer et nourrir les gosses, et que la littérature rapporte peu, comme le théâtre, comme la musique, comme la plupart des arts, c'est triste mais c'est comme ça, Ce sont des domaines où il y a beaucoup d'appelés, peu d'élus, et où les élus ne sortent pas toujours du lot grâce à la qualité de leur travail (et où, aus.si, les élus sont fortement médiatisés, ce qui peut faire croire à Mr. Toulemonde que tous dans ce domaine gagnent des mille et des cents)

(... pour en revenir aux auteurs d'autrefois, combien d'entre eux avaient des mécènes ? Et combien écrivaient en dilettantes ?)

PS Je marche sur des oeufs, là. Je ne veux pas troller, loin de là. Mais, parce qu'il y a un mais, ma vision de l' "écrivain" est à l'opposé de celle de Monsieur Millet. Il attribue ce "titre" en fonction de la qualité des textes. Pour moi, ce n'est pas un titre, mais une profession. Je n'ai lu qu'un seul livre de Marc Levy, je ne préjuge pas de la valeur du reste de son oeuvre, mais il est un écrivain de profession. J'aime énormément Tolkien, pour ne pas dire plus, mais il n'est pas pour moi un "écrivain", mais un professeur d'université qui inventait des histoires et des mondes. Mary Higgins Clark est un écrivain, Ness du Prat est une biologiste auteur de SF, ce qui ne m'empêche pas de préférer un seul chapitre de Ness à tout M.H. Clark.

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Claire Panier-Alix
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Messagepar Claire Panier-Alix » 23 Sep 2007, 10:50

face à tant de science et de certitudes, laissons place aux réflexions universitaires : (colloque de l'université Bordeaux III)
-------------
1. Problèmes de définition (MDG)

Le terme écrivain , dûment employé, a donné lieu à des définitions très différentes sous la plume d’auteurs pourtant de la même période. Ainsi, pour la France des années 1950, il pourrait être intéressant de confronter les réflexions menées sur le métier et la vocation de l’écrivain par Maurice Blanchot, Albert Camus et Jean-Paul Sartre, l’un privilégiant les relations de tout écrivain avec son œuvre, l’autre avec la société, l’autre encore avec l’écriture comme « projet ». Dans L’espace littéraire (Paris : Gallimard, 1955), Blanchot définit ainsi les rapports entre l’écrivain et son œuvre , perçue comme toujours inachevée : « celui qui écrit l’œuvre est mis à part, celui qui l’a écrite est congédié » (p. 11). Et de commenter encore : « L’écrivain ne sait jamais si l’œuvre est faite. Ce qu’il a terminé en un livre, il le recommence ou le détruit en un autre » (Ibid). Se réclamant de Paul Valéry, il fait de l’inachèvement un trait spécifique de l’œuvre littéraire, par opposition à la « fin » qu’imposent à l’écrivain les contraintes éditoriales : « À certain moment, les circonstances, c’est-à-dire l’histoire, sous la figure d’un éditeur, des exigences financières, des tâches sociales, prononcent cette fin qui manque, et l’artiste, devenu libre par un dénouement de pure contrainte, poursuit ailleurs l’inachevé »(p. 12). Tout aussi artiste est l’écrivain, selon Camus, mais la difficulté de ce qu’il appelle tantôt « art », tantôt « métier », tantôt « vocation » se situe dans sa justification par rapport au reste du monde, de la communauté humaine. Dans son Discours de Suède, du 10 décembre 1957, à l’occasion de sa réception du prix Nobel, il déclare : « Le rôle de l’écrivain […] ne se sépare pas de devoirs difficiles » , tel celui de faire retentir « le silence d’un prisonnier inconnu », « par les moyens de l’art ». Dans toutes les circonstances, selon Camus, « l’écrivain peut retrouver un sentiment d’une communauté vivante qui le justifiera, à la seule condition qu’il accepte, autant qu’il le peut, les deux charges qui font la grandeur de son métier : le service de la vérité et celui de la liberté ». Sans employer le syntagme d’ « écrivain engagé » ou de « littérature engagée », il n’en emploie pas moins le terme engagement en le précisant ainsi : « Quelles que soient nos infirmités personnelles, la noblesse de notre métier s’enracinera toujours dans deux engagements difficiles à maintenir : le refus de mentir sur ce que l’on sait et la résistance à l’oppression » (Essais, Pléiade, p. 1072). Dans Baudelaire (1947), dans Saint Genet (1952à, et surtout dans L’idiot de la famille (1971), Jean-Paul Sartre a longuement analysé le phénomène bâtard qu’est pour lui l’écrivain. Ce qui, selon lui , définit d’abord l’écrivain ce sont les rapports, les mauvais rapports qu’il entretient avec les mots. Flaubert, (L’idiot de la famille) croit aux mots parce que ceux-ci le dominent , par famille interposée. Sartre en conclut que Flaubert sera incapable de se servir correctement du langage. Les mots lui viennent du dehors et s’imposent à lui. Des mots («Tu es un voleur ») dictent son destin à Jean Genet. Écrivain est dès lors celui qui accepte (ou est contraint d’accepter) d’être incapable de communiquer avec autrui , sauf avec les mots. Lui-même, Sartre raconte, dans Les mots (1964), comment dans son enfance il a été touché par la confusion entre les mots et les choses qui était le fait de son entourage. On a souvent dit que l’écrivain avait un « besoin » d’écrire. Cela peut s’expliquer dans le sens sartrien : l’écrivain n’a d’autre ressource que de communiquer avec les mots, puisque tout autre communication, si nécessaire à l’homme , lui est impossible, interdite. Aussi, et eu égard au principe existentialiste selon lequel l’homme se définit par son « projet », est-ce son écriture qui définit l’écrivain.

Marcel De Grève

Rijksuniversiteit Gent

2. Commentaire historique (RE)

Le mot d’écrivain a des origines plus artisanales qu’artistiques. L’écrivain, originellement, désigne celui qui fait profession de manier l’écriture sans considération pour la nature du texte produit. C’est le sens qu’il conserve encore dans l’expression « écrivain public ».

Cette remarque, d’ailleurs, nous oriente d’emblée vers une connotation du terme d’écrivain. L’écrivain public, en effet, ne se contente pas de traduire en signes écrits ce qu’on lui dicte : il donne une forme au propos et, au-delà de la forme, en détermine le contenu dans le langage de l’écriture.

Cela explique l’ambiguïté que comporte toujours la qualification d’écrivain, face en particulier, à celle, concurrente, d’auteur. Sartre, dans Qu’est-ce que la littérature ?, parle systématiquement d’écrivains et non d’auteurs dans la mesure où il désire désacraliser la fonction. Barthes, au contraire, valorise la notion d’écrivain (l’artiste) par rapport à celle d’auteur (le praticien).

Ces distinctions sont assez arbitraires. Dans la comedia espagnole, celui que nous appellerions l’auteur, c’est-à -dire celui qui avait écrit le texte, était qualifié de poeta alors que le titre d’autor (créateur) était réservé au metteur en scène. En fait, depuis le XVIIIé siècle, la notion d’écrivain s’est progressivement liée à un certain statut social. On parle de moins en moins d’ « homme de lettres » qui était un statut économique. L’homme de lettres était celui qui gagnait sa vie en écrivant. La notion d’écrivain est plus large. Peu d’écrivains, de nos jours , gagnent exclusivement leur vie avec leur plume, mais tous ceux qui écrivent habituellement des livres ne sont pas reconnus comme écrivains. À vrai dire, les critères sont assez flous et s’échelonnent d’une notion socio–économique à une notion quasi sacralisante.

Quand, dans certains pays, on parle d’une Union des écrivains, il est bien évident qu’il s’agit d’une union professionnelle ayant pour objet d’assurer à ceux qui écrivent – et quoi qu’ils écrivent – un certain statut. Il peut évidemment se mêler des jugements de valeur et se créer une hiérarchie littéraire à l’intérieur de cette union, mais il s’agit de garantir à l’acte d’écrire un certain nombre de droits. En France, les écrivains se réunissent en une Société qui a gardé le terme de « gens de lettres » dont la fonction principale est la perception des droits d’auteur et la protection sociale de ceux qui sont reconnus par la société comme des écrivains.

A l’autre extrême, la qualification d’écrivain est valorisante au point d’être considérée comme incompatible avec une existence d’homme ordinaire. Beaucoup d’écrivains se sont amusés, quand ils ont visité des classes d’écoles primaires, de l’étonnement des enfants à voir un écrivain « en chair et en os », persuadés qu’ils étaient qu’on ne les trouvait que dans les livres et comme disait l’un d’entre eux « qu’ils étaient tous morts ».

D’une manière générale la qualité d’écrivain peut se définir de deux façons : professionnellement ou historiquement. Il ne suffit pas d’écrire un livre pour être nécessairement un écrivain, encore que certains aient atteint la qualification d’écrivain avec un seul livre publié. Mais que ce livre portait en lui assez de richesse pour être considéré comme une œuvre. Car c’est là la caractéristique de l’écrivain : il est l’homme d’œuvre et cette œuvre peut s’étaler tout au long d’une vie sous la forme de parfois plusieurs dizaines de livres. Ces livres peuvent être répétitifs et reproduire indéfiniment les caractéristiques d’un modèle initial ou, au contraire, présenter une grande variété de genres, de styles, d’inspirations. Mais dans tous les cas, on peut noter, au fil des volumes, les marques d’un apprentissage professionnel, informel, certes, mais qui marquent des progrès dans l’art de l’expression écrite.

De ce fait tout écrivain a une carrière qui peut être brève ou très longue. Cette carrière est très largement déterminée et encadrée par des instances institutionnelles. L’acceptation du premier manuscrit par un éditeur peut être considérée comme un examen d’entrée. Viennent ensuite des consécrations officielles successives : le succès auprès de la critique, le best – seller, les prix littéraires, voir l’accession à telle ou telle académie. Selon les systèmes politico – économiques, l’argent ou le pouvoir contrôle le déroulement de cette carrière. Robert Escarpit †

Université de Bordeaux III

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bon, de mon point de vue, cela ne fait guère avancer VOTRE schmilblik, ce qui ne mempêchera pas de poursuivre mon chemin d'écrivain, de plus en plus loin des forums et autres listes (eh oui, l'écriture est exigeante en temps, et les serpents de mer comme celui-ci en font perdre beaucoup... avis aux écrivains en herbe whistle

Claire, déjà repartie.


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