Ahem...Bon, j'ignore totalement si ce qui suis sera intéressant ou non, mais bon, tant pis.
(désolé s'il y a des fautes qui vous rendront aveugles, mais là je n'ai vraiment pas le temps de relire : je dois y aller...-_-)
Bon, je crois que pour comprendre un peu mieux ce qu'il se passe il faudrait savoir un peu mieux, Neryelle, ce que tu recopies, comment tu le recopies, et dans quel but...Et au passage, savoir si cela te rapporte quelque chose en tant qu'écrivain, à savoir est-ce que cela te fait progresser, améliorer ton style, te permet d'écrire mieux, plus vite, plus facilement...Et là désolé, j'en doute assez. Contrairement à un dessinateur super débutant qui recopierait 100 dessins durant 100 jours et qui tout bêtement progresserait (suffirait de lui demander de dessiner quelque chose sans modèle le premier puis le centième jours), je ne crois pas que "recopier bêtement" des passages d'autres livres aide à s'améliorer...A moins qu'on ne recopie des passages qu'on apprécie grandement en payant une grosse attention au style de l'écrivain, en se demandant "mince alors, la manière dont il a provoqué cette émotion en deux phrases est très intéressante : est-ce que je serais capable de faire de même?". De même, recopier un dessin d'une autre personne, c'est bien pour s'entrainer...Mais le recopier et l'ajouter dans sa galerie perso en le faisant du coup passer pour du travail perso, et bien non : recopier une phrase d'un autre auteur ressemblerait un peu à ça.
Et puis il y a "copier" et "copier"...Ecrire une courte expression de deux mots que l'on a lut dans un livre et qui nous vient à l'esprit alors qu'on écrit, à la limite pourquoi pas en attendant de faire mieux? Je ne mentirais pas en disant que je ne l'ai jamais fait. Je crois que c'est dans le tome 1 de Luciole que j'avais lut quelque chose du style "Ethan se leva avec une
rare élégance", ou quelque chose dans ce style...J'ai refichu la courte expression "rare élégance" à un endroit d'un de mes romans en attendant de trouver quelque chose d'équivalent qui aurait le même effet, car cette expression correspond exactement à l'effet que je recherche...Mais je n'ai pas trop envie de l'utiliser sachant que je l'avais vu ailleurs avant (même si à tous les coups "rare élégance" peut être une combinaison de mots qu'on voit assez souvent). Bref, d'un côté on a les courtes expressions de ce style, d'un autre...Les longues phrases. Et là je vois pas trop l'utilité de les mettre.
De même, est-ce que s'inspirer lourdement est un signe de pillage?
Exemple : je désire raconter une histoire qui fait peur, vraiment peur. En me basant sur mon expérience perso de lecteur, je me rends compte que le style et les histoires de Lovecraft me glacent le sang : je n'avais jamais rien vu de tel avant, je me dis que ce type devait être un génie...Soit un gars totalement barré...Soit les deux. Bref, je ne trouve aucun style qui pourrait plus effrayant que celui de Lovecraft et qui collerait mon histoire.
Quels sont les choix qui s'offrent à moi?
1- J'essaye d'être un génie à mon tour et j'essaye de trouver un nouveau truc, LE truc, LA nouvelle façon de raconter des histoires de terreur, et je peux chercher longtemps.
2- On se prend pas la tête, on écrit : point barre, ça viendra tout seul. Il faut écrire un premier jet naturellement, comme on respire, tant pis si ce n'est pas bien, tant pis si on bloque à un moment, au moins on fait tout tout seul. Bref : là pour moi il s'agit de l'image du véritable écrivain.
3- On décide de s'inspirer de Lovecraft, de faire comme lui. Du coup là on s'aventure dans des terrains plus glissants. Car ce qu'on fait alors, est-ce du boulot de lecteur/écrivain qui apprend de nouvelle techniques à chacune de ses lectures. Bref, comme disait Claire : plus ou lit, plus on apprend. Soit c'est ça, soit...On commence déjà à recracher bêtement la soupe comme on dit, faire du par coeur bête et méchant. Quoiqu'il en soit, dans ce cas-ci on travaille de la sorte : on lit beaucoup de Lovecraft, on écrit beaucoup en faisant comme Lovecraft, au point que ça finit d'être naturel. Le problème c'est que Lovecraft, contrairement à plusieurs écrivains (tout du moins c'est l'impression que j'ai eut, moi petit lecteur), à vraiment un style bien à lui qu'on repère aussitôt. Si j'écris pour me faire plaisir, il n'y a aucun mal. Si j'écris pour être édité, et que je fais du "remake de Lovecraft", peut-on déjà commencer à parler de plagiat? Ou est-ce faire "du neuf avec du vieux"? On associe souvent l'artiste H.R Giger, sans doute car ses travaux inspirent le même malaise...Quoiqu'il en soit, combien de personnes ne sont inspirées du travail de Giger, en bien comme en mal?
4- J'écris comme Lovecraft, mais ça ne me plait toujours pas. Je n'arrive pas à la cheville de maître. Du coup je ressorts mes histoires de Lovecraft et je lis des passages entiers que je décortiques à la loupe : cette description du monstre, par exemple, comment fait-il pour provoquer ce sentiment de malaise? Quels sont les effet de style, oppositions de mots, etc, etc, qu'il utilise pour que ça marche? Quel genre de vocabulaire exactement? Est-ce que je peux en faire autant? Perso, c'est jusqu'ici maximum que je vais, pas plus loin, et tant pis si je ne fais pas aussi bien que le maitre!
5- Ca commence sincèrement à me faire chier, donc je jette un coup d'oeil sur les bouquins de Lovecraft et je recopie quelques mots, expressions qu'il n'utilise pas souvent, auxquels je ne pense jamais, et qui collent parfaitement avec mes passages.
6- Mode de véritable feignasse ON : je recopie carrément tout une phrase du maitre, car franchement, elle fiche trop la pétoche et puis voilà!
7- Etant donné que j'ai déjà bien pompé sur Lovecraft, si je faisais la même chose en rajoutant de S.King par exemple? Soit je m'inspire de son style, soit je vais carrément faire un copier/coller de ces meilleures phrases, passages, etc, etc?
...
Bon, de tout ce long blablabla sans plan et qui part dans tous les sens, je voudrais savoir : où te situes-tu exactement Neryelle quand tu dis que tu recopies, et à partir d'où vous situez le plagiat/pillage/etc, Beorn et Claire?
Au passage je voudrais rajouter quelque chose, d'un point de vu de lecteur, et là je vais passer pour un véritable hérétique. Je me fiches de savoir comment un bouquin a été écrit, ou comment un film a été tourné (bon, OK, ça me dérangerait quand même si on a maltraité des êtres humains et/ou animaux!
) : je me fiche que ça ressemble à du Lovecraft, qu'en ça en ait la couleur, je me fiches que bidule ait repompé à fond pleins de trucs du film de Machin. A un tel moment, en tant que spectateur, mon soucis principal est "est-ce que le bouquin va me plaire, est-ce que le film de bidule va me plaire?". Matrix avait pompé pas mal sur Dark City : éléments de l'histoire, plans, etc. Ca ne m'a pas empêché d'apprécier Matrix. Que dire des remakes bêtes et méchants? On pourrait presque parler de "plagiats que l'on nomme remake car on est à court d'idées pour de nouvelles histoires"...N'empêche, si je dois choisir entre le premier Ring et son homologue américain, je prends la version américaine moi (ne pas taper, pitié...). Et les adaptations de livres au cinéma?...Ou une adaptation en roman d'une légende Anglo-Saxonne?...Bref, qu'est ce qui devient le plus important? Notre plaisir face à ce genre de divertissement, ou l'idée qu'il y a de moins en moins d'idées originales derrière et qu'on fait de recyclage constamment? On ne pourra pas recycler éternellement (mince alors, ça vire limite à la philo!
)...D'un autre côté, Oliv va me répondre qu'au niveau des idées d'histoires, oui, on ne peut plus faire que du recyclage, voir du très bon recyclage, car tout a déjà été inventé!
Et concernant le boulot du créateur, qu'il soit écrivain, dessinateur, réalisateur, musicien, etc, je crois qu'il faut accorder une certaine importance à ce qui vient naturellement. Un dessinateur peut-être très doué d'un point de vue technique, mais peut-être qu'il délivrera plusieurs dessins sans âme. Un autre gars n'y connaitras rien en dessin, mais aura en tête une idée bien précise qui mettrait en scène et de façon impressionnant différents personnages : il sera peut-être incapable de la dessiner, mais s'il travaille en collaboration avec le dessinateur cité plus haut qui lui a la technique, qui sait ce qui en sortira de bon.
L'écriture a cela de bon qu'elle est vraiment à la portée de plus : ce n'est pas comme le dessin, pas besoin de s'y connaitre en anatomie, perspective, etc. Nous n'avons que deux choses, notre histoire et nos mots pour la raconter. Certains sauront vraiment bien écrire, mais peut-être que leur histoire ne m'interpellera pas. Imaginons à présent un écrivain amateur qui a une idée en tête, mais qui recopie un peu d'un peu partout...Pourtant, quand on voit le résultat final, il parvient à nous émouvoir véritablement car il a utilisé le "matériel" qu'il avait à sa disposition pour mettre en scène son histoire qui nous va droit au coeur : bref, c'est pas un écrivain, mais plutôt un "conteur d'histoire" qui aurait atteint son but. Que faut-il penser de cela? Bien, pas bien? Enfin bref, on s'éloigne du sujet, mais je ne sais pas pour vous, je trouve tout ça très intéressant! (Xss, qui participe peu, mais qui lit beaucoup sur le forum quand même!).
Pour ma part, au risque de ficher une attaque cardiaque à certains, le résultat final est le plus important pour moi : si ça me plait, que j'adore même, tant mieux, même si je serais très désolé que le "créateur" n'ait pas fait tout le boulot. Maintenant, si on recopiant à droite et à gauche il s'améliore et arrête de recopier, et ben tant mieux! S'il continu à recopier à droite et à gauche, ben au bout d'un moment ça me plaira moins...
Tout ceci me fait penser à quelque chose : le film Kingdom of Heaven. Quand j'ai vu le film au ciné j'ai fait un bond car dans une scène clef on avait passé la BO du 13eme Guerrier de Jerry Goldsmith!!!
Bilan des courses, à chaque fois que je regarde cette scène de Kingdom of Heaven la scène du 13eme Guerrier me revient en mémoire, au point que j'ai l'impression que la musique n'est pas à sa place là...Ceci dit, je trouve également que la musique colle également très bien avec le passage : si le compositeur avait décidé de ne pas utiliser la musique de Jerry Goldsmith, aurait-il trouvé quelque chose de mieux? L'impact émotionnel de la scène aurait-il été meilleur, ou moins bon?
On pourrait dire la même chose concernant une phrase tirée d'un autre roman au milieu de notre paragraphe...A ceci près qu'en littérature, ça fait franchement tâche de ficher les références à la fin : ça sonne "j'ai chourré la phrase à machin!"