ce que j'aime dans vos textes

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Beorn
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ce que j'aime dans vos textes

Messagepar Beorn » 19 Mars 2007, 21:44

Suite au post de Saulz, je me lance dans l’exercice inverse : « ce que j‘aime dans vos textes », ce qui est sacrément plus coton, vous en conviendrez, eh eh, c’est toujours plus facile de critiquer que de se coller à la barre (Saulz, petit brigand, je te retiens ! :evil: )
Ce sera moins précis, ce sera plus souvent sous forme de métaphores obscures, mais j’ai fait ce que j’ai pu.

Attention, c’est sans doute encore plus personnel que l’autre post : c’est juste ce que j’aime, moi, Beorn, 29 ans et trois dents de sagesse.

Si certains peuvent y trouver des pistes pour s'améliorer, tant mieux. Pour les autres, contredisez-moi, complétez, surenchérissez, ne soyez pas timide. :wink:


Ce que j’aime, donc :

J’aime des dialogues riches.

1) Quand les personnages parlent, l’auteur n’a même pas besoin de mettre « fit Saint George » à la fin, parce que c’est évident que c’est Saint George qui parle.
Pourquoi ?
Parce que Saint-George parle comme ça, voyez : « Sur mon honneur, je ne saurais laisser au bord d’un chemin une infant en détresse, venez, montez en croupe, damoiselle. »
Et quand Bécassine lui répond, on sait que c’est Bécassine, parce que quand elle parle, c’est pour dire : « Jamais de la vie, goujat ! P’tiote paysanne peut-être, mais non point cruche à caboche vide, que je suis. Hin, ça vous fait des galanteries par devant et ça vous trousse les filles au coin d’un bois ! »
Franchement, a-t-on besoin d’ajouter « répondit-elle » ?

Désolé, j’improvise, ce n’est pas peut-être pas génial, mais c’est l’idée.

2) quand ils parlent, les gens, eh bien on s’amuse, on tend l’oreille.
Les dialogues, c’est vivant : les personnages s’énervent, ils s’émeuvent, ils se tombent dans les bras ou se mettent une main aux fesses, ou une gifle sur la joue. Ils se répondent à côté de la plaque, ils ne s’intéressent pas aux mêmes choses. Il y en a un qui veut parler, l’autre qui rêvasse, un qui a une question brûlante, l’autre qui tourne autour du pot. Il y en un a qui a de l’amour pour l’autre, ou qui le méprise, ou qui le prend pour ce qu’il n’est pas.

Bref un dialogue, ce n’est pas juste un tiret et le narrateur qui rentre de force dans le corps de son personnage, qui lui écarte les mâchoires et qui parle par sa voix. Ça, ça s’appelle un viol de personnage. Ouh, ce n’est pas joli à voir, croyez-moi.

J’aime reconnaître une idée ou un thème universel, qui me fait réfléchir.

Mais non, ce n’est pas si difficile : voyez comme le thème de la dépendance (alcool, drogue, tabac, jeu ou toute autre forme de dépendance) est contenu dans le seigneur des anneaux ?
Eh bien, ce genre de chose, ça me plaît.
Ça peut être intime ou ça peut être des thèmes de société comme le racisme, l’exploitation, l’écologie, ça peut être la fraternité, l’amitié, la jalousie… enfin, quelque chose d’universel, caché derrière une magie ou une intrigue un peu originale.
Tiens : « Luke, je suis ton père ! ». C’est le thème du lien filial : nous, moi, vous, votre voisin, sommes-nous des êtres indépendants ou juste le produit de nos parents, destinés à les imiter ?
Et : « Laisse toi envahir par le côté obscur de la force ! ». Je ne dis pas que ce soit renversant, comme trouvaille, mais c’est universel : maîtrisez votre colère, soyez forts sans être mauvais.
Ça ne paye pas de mine, mais ça touche quand même tout le monde. Qui n’a jamais shooté rageusement dans un caillou à la première contrariété ? mmh ?

Ne croyez pas que seuls les écrivains confirmés y parviennent : certains textes de débutants
sont très bons de ce côté là.

J’aime un niveau de langage cohérent.

Ça peut être soutenu ou familier, ça peut-être complètement délirant, ça peut être mâtiné de vieux François, ou de patois local… m’en fiche : le tout, c’est que ça reste le même pendant tout le récit.
Si ça change, il faut que ce soit pour une bonne raison (un autre narrateur par exemple).

Je n'ai rien contre un langage soutenu et des mots compliqués (j'adore par exemple "Le dernier des Gris", dans le Dernier Solstice whistle , comment ça, c'est moi qui l'ait écrit :roll: ?). Le problème, c'est que trop souvent, entre deux mots compliqués, on trouve une tournure familière. Et là, ces pauvres mots compliqués ont l'air soudain ridicules.

J’aime une histoire prenante, logique, surprenante et émouvante.

Mais oui, tout ça.
Comment faire ? euh, bonne question.

Quelques points d’interrogations pour savoir si vous êtes sur la bonne voie :
— pouvez-vous visualiser votre personnage ? là, devant vous ? Fermez les yeux. Tendez la main et touchez le, flairez-le du bout du nez, tendez l’oreille, faites le tour et parlez-lui, est-ce qu’il vous répond ? est-ce qu’il est tout gris et plat derrière comme une photo découpée ?
— est-ce que la fin est logique ? Voyez ce que fait une pierre quand vous la jetez devant vous : elle monte, elle suit une trajectoire, puis elle retombe. Est-ce que votre fin est bien au bout de votre trajectoire ? Est-ce qu’elle n’est pas décalée de trois bons mètres ?
— est-ce qu’il y a une idée forte dans votre récit, qui dépasse de toutes les autres et qui est présente du début à la fin ? est-ce que vous pouvez dire, à n’importe quel moment du récit : là, le fil rouge passe par ici. Il est peut-être au second plan parfois (dans un roman, pas dans une nouvelle) mais quand il va revenir en force, on se dira : tiens, oui, il était là tout du long, et le revoilà qui nous fait coucou.
Ex :
dans le Trône de fer : la famille.
Dans Pern : la lutte contre les fils
Dans Autant en emporte le vent : l’amour entre Scarlett et Reth Butler
Etc.

Bon, c’est peut-être un peu obscur tout ça, désolé.

J’aime les descriptions « sans grumeau »

Moi, ce que j’aime, c’est que ça vienne tout seul.
Qu’on ne me dise pas : viens, lecteur, en me tirant par la manche et en me montrant une direction du doigt. Regarde par là, abruti !
Il y a mille techniques pour décrire : externe, interne, allégorique, liée au personnage ou pas, et même dialoguée pourquoi pas, du genre
« Tu as vu le balafré avec une tête de tueur ? »
« le grand avec un capuchon et une sorte d’anneau idiot dans le nez ? »
« Il a tourné la tête à notre passage ».
Voyez tout ce qu’on a décrit en trois répliques.

La bonne technique, elle n’existe pas : elles sont toutes bonnes et elles sont toutes mauvaises. J’aime quand c’est varié.

Le tout, c’est que la description ne fasse pas comme un gros grumeau de farine dans un gâteau au chocolat : elle est mélangée, voyez, on ne la sent pas, elle donne du corps sans être fadasse. Elle ne doit jamais laisser voir que votre gâteau, c’est juste trois ou quatre trucs immangeables séparément (en général beurre, sucre, farine, œuf que l’on peut comparer à dialogues, action, descriptions, personnages), que vous avez juste touillés ensemble avec une spatule.

La psychologie : j’aime bien voir que l’auteur a appris, au cours de sa vie, que les humains sont des petites choses très très compliquées.

Je veux sentir qu'il en connaît long sur nous-mêmes. Qu’il nous parle bien de nous, qu’il nous respecte dans toute notre complexité, notre folie. Qu’il n’essaye pas de nous faire croire qu’un personnage, c’est un bout de chiffon qu’il peut agiter sous nos yeux et utiliser comme un pion. En croyant qu'on va gober ses singeries.
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Messagepar Luen » 19 Mars 2007, 22:28

Je suis totalement d'accord avec ce que tu a écrit et je tente de faire de même ! C'est pas toujours évident mais le fait juste de pouvoir taper la discut avec mes personnages principaux quand j'ai rien à faire juste en fermant les yeux, c'est génial. Et ils me chucotent des trucs super intéressants pour mon livre. En fait il suffit de se mettre à leur place : imaginons un homme ordinaire qui se balade tout le temps avec six montres et qui a un bras super faible. Et bien selon le comportement du personnage lors d'une marche ils se plaindras ou pas de la lourdeur de ses montres...Et ça marche pour TOUT ! XD
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Messagepar Any » 19 Mars 2007, 22:48

Mes personnages à moi ils me parlent pas :-?

Pour Beorn. Je rejoins à peu près toutes tes réflexions, mis à part celle concernant le dialogue riche.
Déjà j'aime pas lire des textes où chacun des protagonistes a un language particulier. Surement parce que dans la vraie vie quand je discute avec les gens, je sens pas ce genre de différence de language. Du coup à l'écrit ça me semble factice. Mais là encore j'imagine que ça dépend comment c'est amené.
Par ailleurs le fait de savoir exactement où on en est dans le dialogue, je trouve au contraire qu'on peut s'y perdre tout autant. Entre autre parce qu'il faut le temps de s'habituer au style des personnages et que s'ils en ont chacun un ça devient pas forcément marrant, surtout s'ils sont nombreux.
Je préfère nettemement la méthode :

Il jeta son sac sur la table.
— J'en peux plus de ces cours de maths ! Elle aura ma peau.
— Voyons, soupira sa mère. Il ne te reste que trois jours !

Pour moi les verbes de dialogues ne sont pas à bannir à tout prix. Il faut simplement les utiliser avec parcimonie.
Pas toujours facile ceci dit, je m'en rend bien compte.
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Messagepar Zordar » 19 Mars 2007, 23:00

C'est une trés bonne idée ce petit topic (et son frère aussi).
A moi Sadantagueul !

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Messagepar xbq » 19 Mars 2007, 23:43

Je n'aime pas trop le terme de "fin logique", je préfère "fin cohérente"... Je vais à présent illustrer la différence par un exemple long, et inutile dans la mesure où lorsque tu as écrit "logique", je ne doute pas une seconde que tu aies eu la même idée en tête que moi quand je dis "cohérent". Mais bon, j'ai du temps à perdre, donc c'est pas grave :wink:


Prenons le cas d'un héros, un vrai de vrai. Il est amoureux, il a une mission à remplir, un but dans la vie, et qui plus est remplir ce but lui permettra de passer plus de temps avec et d'attirer l'attention de la femme qu'il aime (et qui finira par l'aimer aussi, parce que c'est le héros, mine de rien).

J'ai exagéré, j'en ai profité pour aller pêcher sur l'autre topic :cheers: Venons-en au point qui importe.

Admettons que ce héros se retrouve avec comme dernière étape une grande bataille, ce qui n'est franchement pas un cas à part... Et admettons que l'issue de cette bataille détermine la victoire ou la défaite du héros.

Pour que la fin soit logique, il faudrait faire monter le suspens, organiser un duel, se retrouver dans une situation où tout ne tient plus qu'à un fil et où le lecteur se retrouve scotché à son texte comme vous l'êtes à présent au mien (bon, peut-être un peu plus que ça quand même, forcez-vous un peu :lol: ). Ensuite de quoi, une fois la tension construite, le héros vaincra ou périra selon que l'auteur est méchant ou secourable. Tout autre chose constituerait une chute de tension inappropriée, et donc une forme d'illogisme dans la trajectoire de la pierre, vu qu'on s'est dirigé pendant tout le roman vers ce point culminant de tension, on est plus ou moins d'accord ?

Maintenant, imaginons que nous Voulons que ce caillou tombe à côté. Imaginons que notre but en écrivant ce texte, le message universel que nous avions à faire passer, c'était que ce n'est pas parce qu'on a une vie pleine d'intérêt et de potentiel, un background de héros que forcément, on aura un destin héroïque...

Le fait que le dit héros se prenne une flèche en pleine tête et soit la première victime du combat n'est pas une fin logique à son histoire. Mais si notre objectif était tel que je l'ai décrit, ça reste une fin cohérente et elle n'est pas condamnable.



ça fait beaucoup de lignes pour une remarque, je sais :cool: Je vais donc faire plus court pour le reste : merci !(!!), ça fait du bien que quelqu'un exprime tout cela quelque part parce que c'est carrément utile, je sens que je vais m'en servir comme aide-mémoire assez souvent :heart:
Il faut qu'il y ait des trolls sous les ponts. Autrement, à quoi sert ce monde ?

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Messagepar Chwip » 20 Mars 2007, 08:45

Encore un victoire de Beorn !

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Messagepar Beorn » 20 Mars 2007, 09:43

Chwip a écrit :Encore un victoire de Beorn !


L'est trop fort, le labrador ! :-? (tiens, ça rime)

Xbq a écrit :Le fait que le dit héros se prenne une flèche en pleine tête et soit la première victime du combat n'est pas une fin logique à son histoire. Mais si notre objectif était tel que je l'ai décrit, ça reste une fin cohérente et elle n'est pas condamnable.


Je ne suis pas d'accord, mais encore une fois, ce n'est que mon avis. :wink:
C'est réaliste, certes, mais pour moi, c'est incohérent.
Je veux dire, bien sûr, une flèche en pleine bataille, ça peut arriver à tout le monde, mais à moins que tu ne rédiges un récit parodique, ou volontairement absurde (à ce moment là, c'est bien dans la trajectoire de la pierre), c'est incohérent par rapport à la construction de ton récit. Avec cette fin, tout le début paraît dépourvu de sens, on se demande : mais alors, pourquoi nous a-t-il raconté tout ça ?

Je ne dis pas que tout doit être prévisible (ce serait ennuyeux comme la pluie :cry: ). Mettons, pour reprendre la métaphore de la pierre, qu'elle peut recontrer un obstacle imprévu et faire un rebond inattendu ; seulement une fois le livre refermé, il faut qu'on se dise "eh oui, je ne l'aurais pas deviné, mais finalement, tout cela se tient".

Pour reprendre ton exemple : si ton jeune homme est blessé, fait prisonnier, qu'il tombe amoureux d'une femme ennemie, ce n'est pas ce qu'on attendait, mais c'est logique (ou cohérent :wink: ). la pierre a juste fait un rebond, pour notre plus grande joie.
Le personnage avait déjà une tendance à tomber amoureux, donc, ça ne nous semble pas improbable.

Any a écrit :Déjà j'aime pas lire des textes où chacun des protagonistes a un language particulier


C'est affaire de goût, c'est vrai que tout le monde n'aime pas et que cela demande peut-être plus d'effort pour le lecteur. Moi, j'aime bien.

Surement parce que dans la vraie vie quand je discute avec les gens, je sens pas ce genre de différence de language. Du coup à l'écrit ça me semble factice.


C'est peut-être parce que tu fréquentes surtout des gens qui te ressemblent par leur milieu social (?).
Moi qui habite en Picardie (ce qui n'est pas ma région d'origine), je tends l'oreille quand j'entends parler des gens qui habitent à la campagne ou qui ont peu d'éducation : ils ont un accent très fort et des tics de patois local ("le ch'tiot péére", pour le petit garçon par exemple).

Sans chercher plus loin, j'ai un ami américain qui a un accent délicieux quand il parle Français.
J'ai aussi un fils de trois ans, qui parle évidemment à la manière d'un enfant de trois ans.
Etc.

Pour prendre un ex tiré d'un roman publié, dans le Trône de Fer, les nobles parlent comme vous et moi, et les gens du peuple parlent mal, avec des tournures familières ou incorrectes. Cela créé une distance entre les personnages, immédiate et subtile. Evidemment, entre un noble et un paysan, il existe un monde, un gouffre (c'est tout juste s'ils sont de la même espèce, dans leurs esprits), et si les deux parlaient de la même manière, il serait difficile de percevoir cette distance à l'écrit.

Il jeta son sac sur la table.
— J'en peux plus de ces cours de maths ! Elle aura ma peau.
— Voyons, soupira sa mère. Il ne te reste que trois jours !


Dans ton exemple, il s'agit d'une mère et de son fils, donc ils ont à peu près le même langage, c'est normal.
Ce qui rend ton dialogue vivant, c'est l'exaspération du fils (rendue par le "il jeta son caetable", le "J'en peux plus" sans "n'" et le "!" à la fin) et la résignation fatiguée de la mère ("soupira").

En effet, ton dialogue est riche : tu emploies d'autres méthodes (notamment les gestes), et tu y arrives d'une autre manière. :wink:

Je note quand même que la mère n'aurait pas dit quelque chose comme "elle aura ma peau" (tournure familière).
Et si l'interlocuteur du fils avait été un copain de son école, le copain n'aurait jamais dit "Voyons". Tu lui aurais fait dire quelque chose comme : "t'inquiète, y'en a plus que pour trois jours !"

Donc à mon avis, dans ton dialogue, chacun a bien sa façon de parler et tu me rejoins un peu quand même. :lol:
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Messagepar Blackwatch » 20 Mars 2007, 09:51

Le tout, c’est que la description ne fasse pas comme un gros grumeau de farine dans un gâteau au chocolat : elle est mélangée, voyez, on ne la sent pas, elle donne du corps sans être fadasse. Elle ne doit jamais laisser voir que votre gâteau, c’est juste trois ou quatre trucs immangeables séparément (en général beurre, sucre, farine, œuf que l’on peut comparer à dialogues, action, descriptions, personnages), que vous avez juste touillés ensemble avec une spatule.


Ca et la théorie de la pâte à crêpes... Tu ne serais pas un tit peu gourmand sur les bords ? :lol: :lol:

Sinon, très bon topic. Clair, simple, entrant dans le vif du sujet sans faire de généralisation excessive... Et je suis aussi d'accord pour le style soutenu et cohérent (tiens oui, j'avais aussi apprécié "Le dernier des Gris" :wink: )

Bref merci Beorn! :wink:
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Messagepar Beorn » 20 Mars 2007, 10:02

Blackwatch a écrit :Ca et la théorie de la pâte à crêpes... Tu ne serais pas un tit peu gourmand sur les bords ?


:shock: My god ! Je suis percé à jour !!! :lol: :lol:
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Messagepar Blackwatch » 20 Mars 2007, 10:13

Beorn a écrit :
Blackwatch a écrit :Ca et la théorie de la pâte à crêpes... Tu ne serais pas un tit peu gourmand sur les bords ?


:shock: My god ! Je suis percé à jour !!! :lol: :lol:


Yep. Et tous ces exemples donnent faim en plus.
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Re: ce que j'aime dans vos textes

Messagepar Shigure » 20 Mars 2007, 16:41

Beorn a écrit :
J’aime un niveau de langage cohérent.

Ça peut être soutenu ou familier, ça peut-être complètement délirant, ça peut être mâtiné de vieux François, ou de patois local… m’en fiche : le tout, c’est que ça reste le même pendant tout le récit.
Si ça change, il faut que ce soit pour une bonne raison (un autre narrateur par exemple).


Pingu me faisait remarquer le manque de cohérence dans le langage de mon héros, ma nouvelle est à la première personne. Je me pose donc une question : quand le héros est stressé, énervé ou autre, son langage doit rester le même dans les descriptions/réflexions ? Il n'a pas le droit de devenir légèrement plus familier ?
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Re: ce que j'aime dans vos textes

Messagepar Misato » 20 Mars 2007, 17:05

Shigure a écrit :quand le héros est stressé, énervé ou autre, son langage doit rester le même dans les descriptions/réflexions ? Il n'a pas le droit de devenir légèrement plus familier ?


Le contraire ne serait pas très naturel (amha).
Mais ça n'empêche pas d'être cohérent.
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Messagepar Any » 20 Mars 2007, 17:06

Beorn a écrit :Donc à mon avis, dans ton dialogue, chacun a bien sa façon de parler et tu me rejoins un peu quand même. :lol:

Oui j'imagine :wink:
En fait comme tu l'as dit, c'est surement une histoire de goûts. Peut-être d'habitude aussi, comme j'ai peu l'habitude de lire ce type de dialogue, je bloque sans doute plus dessus.
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Messagepar Beorn » 20 Mars 2007, 17:34

Shigure a écrit :Pingu me faisait remarquer le manque de cohérence dans le langage de mon héros, ma nouvelle est à la première personne. Je me pose donc une question : quand le héros est stressé, énervé ou autre, son langage doit rester le même dans les descriptions/réflexions ? Il n'a pas le droit de devenir légèrement plus familier ?


Pour le droit, adresse toi à un juriste ! :lol:

Mon humble avis, sinon, c'est que pingu a raison dans 99% des cas. Mais cela dépend de ton choix de départ : ton personnage a deux fonctions : celle de personnage et de narrateur. Laquelle vas-tu faire primer ?

En tant que narrateur, il explique des choses qu'il n'aurait peut-être pas le temps d'expliquer en tant que personnage, ou qu'il peut avoir appris bien plus tard. En tant que personnage, il vit dans l'action et dans le temps de l'action en permanence.
C'est à toi de choisir ce qui prime :

1) tu peux faire des descriptions très calmes et précises sur des faits pourtant très rapides et pleins de passion

ex : "la balle fut éjectée du canon, traversa l'espace entre le pistolet et la cafetière, percuta le manche et dévia de sa trajectoire, qui la déporta exactement à l'emplacement de la tête de M. Méchant, qui riait encore quand elle lui traversa le crâne de part en part et se ficha dans le plâtre derrière le lavabo. J'étais effondré. Je ne pouvais pas savoir que dans sa poche, il tenait un revolver pointé vers moi."

C'est en général ce qui est fait. C'est beaucoup moins casse-geule, et là, en effet, le niveau de langage doit rester le même (ou presque) quelles que soient les circonstances. La fonction "narrateur" t'y oblige.

2) ou tu peux essayer de tout décrire en collant à ton personnage, en faisant primer cette fonction sur celle de narrateur.

ex : Un coup de feu claqua : il y eut le "tong" d'une balle qui rebondit sur du métal, puis M Méchant s'écroula tout à coup. Comment ? Pourquoi ? pas la moindre idée. La balle ? Elle avait peut-être rebondi sur la cafetière ?"

Si c'est le personnage qui prime, le niveau de langage peur varier un petit peu en cas de stress : l'homme peut révéler des tics de langage (par ex : des jurons, des insultes, des "!", des phrases courtes, des mots de patois...).
Mais pas plus d'un tout petit peu, car il doit garder son "langage naturel" en permanence. Il ne peut pas "s'improviser" un langage de charetier.

Le seul 1% de cas où je pourrais comprendre une évolution brutale et radicale du niveau de langage, ce serait le cas où tu as un personnage qui prime sur le narrateur + un personnage qui parle au naturel de manière familière et qui le cache en temps normal.
Auquel cas, le stress pourrait révéler son vrai langage.

Par exemple, un capitaine de navire qui dans les moments calmes se maîtrise pour parler correctement pourra révéler son "vrai langage de marin" en cas d'attaque ennemie, par exemple.

"Madame la marquise monta sur le pont et me présenta la main, je l'aidai à grimper à bord"
(moment calme)

"Un nouveau boulet de douze livres ébranla la château arrière : je me précipitai pour voir l'étendue des dégâts mais cette petite putain vérolée de marquise de mes fesses se cramponnait à mon bras, en gigotant et en piaillant comme une dinde !"
(moment moins calme)

Voilà, enfin, comme je le dis, ce n'est pas une règle, c'est juste comme ça que j'aime bien. Maintenant, je te laisse entre les main du pingouin buveuse de café. :wink:
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Messagepar Shigure » 20 Mars 2007, 17:51

Merci Beorn pour ces précisions :wink: Je serais ravi que tu jetes un coup d'oeil à mon prologue une fois terminé la réécriture, j'aime bien ta façon de voir les choses whistle
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Messagepar Beorn » 20 Mars 2007, 23:12

Je veux bien y jeter un coup d'oeil ! (Mp)

Mais attention : pingu et moi sommes TRES rarement d'accord, tu risques d'avoir deux beta opposées...
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Messagepar Shigure » 21 Mars 2007, 01:09

Beorn a écrit :Mais attention : pingu et moi sommes TRES rarement d'accord, tu risques d'avoir deux beta opposées...


Aucun problème, je trouverai le juste milieu : ]
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Messagepar Beltane » 23 Mars 2007, 13:05

Beorn a écrit :Je n'ai rien contre un langage soutenu et des mots compliqués (j'adore par exemple "Le dernier des Gris", dans le Dernier Solstice , comment ça, c'est moi qui l'ait écrit ?). Le problème, c'est que trop souvent, entre deux mots compliqués, on trouve une tournure familière. Et là, ces pauvres mots compliqués ont l'air soudain ridicules.


Ah ben là, oui, j'adhère ! :)

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Riel
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Messagepar Riel » 23 Mars 2007, 18:52

Mais attention : pingu et moi sommes TRES rarement d'accord, tu risques d'avoir deux beta opposées...

C'est justement plus constructif non ? scratch

Comment ça je ne suis pas impartiale ?
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Chwip
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Messagepar Chwip » 23 Mars 2007, 20:07

Oui et non : deux bêtas diamétralement opposées n'aident pas forcément l'auteur dans la mesure où la correction est déjà suffisamment difficile en soi, et que le plus facile est de corriger les points convergents soulignés. Si l'un te dit "ça c'est bon", et l'autre "ça c'est nul", tu es mal barrée.


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