Inspiré de faits et de personnes réels

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Roland Vartogue
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Réalisme des personnages. Jusqu'où faut-il aller ?

Messagepar Roland Vartogue » 09 Mai 2007, 13:51

Je pense que la plupart d'entre vous s'inspirent des gens existants et de situations réelles quand vous écrivez. Après tout, cela semble être la meilleure façon de procéder pour écrire une histoire crédible et des peronnages vivants.

Mais n'avez-vous jamais le sentiment que cette méthode trouve parfois ses limites ? Qu'un personnage trop réaliste - jusque dans les bizarreries qu'on trouve parfois chez les gens - peut ne pas fonctionner ?
Rien qu'en termes de bétise humaine... J'ai rencontré des gens extrêmement idiots à l'occasion et lorsque je veux m'en inspirer pour un personnage en me disant que cela pourra donner un portrait haut en couleurs, eh ben ça ne marche pas. Le personnage n'a aucune crédibilité. On dirait que je force le trait délibérément alors que ce n'est pas le cas.

Des choses peu crédibles ne cessent d'arriver dans la vie de tous les jours ! Les gens agissent de façon parfaitement irrationnelle. Ils tombent amoureux sans dicernement parfois, font des choix de vie abérents par rapports aux objectifs qu'ils s'étaient fixés et oublient des amis de longue date qui autrefois comptaient beaucoup.

Alors est-ce que comme moi vous atténuez le réel pour en faire une intrigue correcte ? Ou pensez vous que ce qui est possible dans notre monde est forcément possible aussi dans la fiction ?
C'est là que j'ai rencontré mon seigneur et maître. Ce n'était pas par hasard, comme ce n'est pas par hasard si je suis le conteur de cette histoire.

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SA_Avenger
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Messagepar SA_Avenger » 09 Mai 2007, 14:02

Personnellement je ne m'inspire pas de gens qui existent ou que je cottoie.
Je me contente de penser à un personnage dans une situation et je le laisse parler en sachant ce qu'il doit faire/être.
Peut-être alors que tout mes personnages se ressemblent? je n'en sais trop rien.

Pour les comportements j'essaie soit qu'ils soient crédibles soit qu'ils soient expliqués.

Par contre tu as tout à fait raison qu'un comportement réel peut parfois paraître exagéré une fois écrit. Le mieux est parfois alors de diviser un personnage/un comportement. C'est à dire plutôt que d'avoir une personne au comportement exagéré, partager ce qu'on veut faire faire d'exagéré entre plusieurs personnages.

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Mattieu
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Messagepar Mattieu » 09 Mai 2007, 14:06

J'ai eu une expérience étrange une fois en m'inspirant d'un proche. J'ai décrit une situation à laquelle il avait réagit. Je fais lire la scène et là on me dit:
"Personne ne réagirait comme ça, elle ne va pas ta scène !"
Et là, c'est vrai qu'on manque d'argumentation et surtout de discernement pour réécrire le fameux passage...

L'autre chose qui me vient à l'esprit c'est de ne pas toujours s'inspirer de situations trop réelles. Il faut laisser courir son imagination car trop de situations qui nous paraissent incroyables dans la vie "réelle" tombent à plat dans un roman fantastique ou de fantasy.

Donc je pense qu'il est bien de s'inspirer des éléments qui nous entourent mais avec parcimonie...

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Napalm Dave
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Messagepar Napalm Dave » 09 Mai 2007, 18:49

Si un personnage est secondaire ou du moins n'est pas aussi décrit que le héros et son éventuel némésis, ledit personnage aura souvent un ou deux traits de caractère un peu forcés pour l'inscrire dans un concept; par exemple, pour le premier volume de la Belgariade:
Silk: aventurier filou, rusé et ironique
Rundorig: jeune garçon costaud, brute de caractère et peu subtil.
Etc.

Les personnages secondaires peuvent souvent se définir en une ou deux lignes de concepts et c'est pour ça qu'ils ne seraient peut-être pas crédibles en soi. Ceci dit, je suis d'accord avec ce qui a été dit plus haut: certains personnages réels sont si peu créduibles dans leur psychologie qu'un relecteur froncerait les yeux si l'écrivain s'en inspirerait à 100%.

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Messagepar luciole » 11 Mai 2007, 13:05

Je m'inspire toujours des gens. Bref, la réalité est si fascinante même dans ce qu'elle a de plus sombre, que c'est une source inépuisable d'inspiration.
J'accentue ensuite leurs réactions et leurs émotions. Après tout, la différence évidente entre le roman et la réalité, c'est que l'un n'a pas à supporter le carcan de la politesse (ou de l'hypocrisie, tout dépend de quel côté on voit les choses urf urf) que l'autre s'oblige à porter.
Un exemple : le pouvoir. Depuis toujours les hommes sont fascinés par le pouvoir. Il suffit de regarder les politiques pour s'en persuader (source intarissable d'inspiration). Mais difficile pour eux d'éliminer les concurrents (encore que...) violemment (je te plonge une épée dans le ventre et c'est moi le plus fort, ça ne se fait pas) mais cela n'empêche pas qu'ils le fassent par d'autres moyens.
Et si on accentue le côté "avide de pouvoir" d'un personnage, on lui donne facilement l'étiquette "méchant", ce qui est limite dans la mesure où je ne crois pas qu'on considère nos politiques en ces termes.
Bon, je m'éloigne là. Bref, en résumant, vu qu'on est tous un peu différent, et qu'on s'inspire de gens différents, difficile encore une fois de faire l'unanimité.J'aime les gens cyniques, qui font la gueule ou qui trainent leur misère sans se plaindre. Je les aime froids et méthodiques. Pourquoi irais-je m'inspirer de personnes éxubérantes aux paroles colorées?

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Beorn
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Messagepar Beorn » 11 Mai 2007, 13:38

Roland a écrit :Des choses peu crédibles ne cessent d'arriver dans la vie de tous les jours ! Les gens agissent de façon parfaitement irrationnelle. Ils tombent amoureux sans dicernement parfois, font des choix de vie abérents par rapports aux objectifs qu'ils s'étaient fixés et oublient des amis de longue date qui autrefois comptaient beaucoup.


Le fait est que nous ne connaissons jamais complètement les personnes réelles, ce qui peut expliquer en partie ce "réel non crédible". Des comportements qui peuvent nous paraître absurdes ont en général des causes, seulement elles nous échappent parce qu'il est impossible de savoir TOUT se qui se passe dans la tête des gens (ou TOUT se qui se passe ou s'est passé autour d'un évènement).

Jacques, jeune homme fiable de réputation, peut bien proclamer haut et fort que l'amour de sa vie, c'est Anne-Charlotte, et nourrir en fait une secrète passion pour Marie-Bernadette. Aussi, il nous paraîtra abherrant d'apprendre qu'il trompe l'une avec l'autre, alors que de son point de vue, c'est parfaitement logique (je sais, je caricature un peu, mais c'est l'idée).

L'écrivain, au contraire, doit laisser penser qu'il sait tout, ou si ce n'est pas le cas, si c'est un personnage qui décrit la scène avec ses yeux non omniscients, le lecteur aura conscience qu'il n'a qu'un point de vue et accepter cette imperfection.
Se calquer sur des faits réels tronqués de tous leurs secrets et les présenter comme crédibles, c'est en effet passer à côté de la plaque.

Or ce qui se passe dans la tête des gens, c'est très compliqué, c'est plein de contradictions, de choses inconscientes, de vieilles frustrations et de souvenirs plus vieux encore... On ne voit souvent des gens que la partie émergée de l'iceberg.

Luciole a écrit :J'aime les gens cyniques, qui font la gueule ou qui trainent leur misère sans se plaindre. Je les aime froids et méthodiques. Pourquoi irais-je m'inspirer de personnes éxubérantes aux paroles colorées?


Tout à fait d'accord sur ce point.
Chacun voit le monde à sa manière, les choses qui brillent et nous fascinent, celles qui nous glacent le coeur, ce ne sont pas les mêmes pour tous.
Il faut se méfier des choix qui semblent s'imposer parce qu'ils nous semblent plus "photogéniques" : ce que le lecteur veut voir chez un auteur, c'est son âme, pas un exercice de style.
Les conseils de Tonton Beorn + ses frasques dans le monde de l'édition
T1 "La perle et l'enfant" (Mnémos) en librairie le 23 septembre !

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Messagepar luciole » 11 Mai 2007, 14:01

Beorn a écrit : ce que le lecteur veut voir chez un auteur, c'est son âme, pas un exercice de style.


Je "plussoie".
Et envoyer son manuscrit n'est pas facile pour cette raison. C'est une part de soi qu'on envoie, c'est une part qu'on offre et qu'on livre en pâture.

pingu
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Messagepar pingu » 11 Mai 2007, 22:00

"pâture" c'est un peu rude, quand même, même si parfois le lecteur remâche et rumine et régurgite cet excellent roman qu'il vient de finir en regardant le paysage défiler par la fenêtre du train.
Même si les Hommes ont inventé le chouine-gomme, dire suçoter le bonbon de l'âme, c'est plus mignon, non ? Surtout qu'il y en a avec au coeur une p'tite graine qui croque (anis je crois :wink: ), alors qu'à force d'être mchouillé mchouiné, le chouine pert du goût et devient même coriace sous la dent, et après on le jette (alors que le bonbon quand y'en a plus, c'est juste parce qu'on l'a fini et qu'on en veut un autre).
Pfff, mode métaphore pôintilleuse off...
Zou :arrow:

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Messagepar luciole » 14 Mai 2007, 12:17

pingu a écrit :"pâture" c'est un peu rude, quand même, même si parfois le lecteur remâche et rumine et régurgite cet excellent roman qu'il vient de finir en regardant le paysage défiler par la fenêtre du train.


Par "pâture", je ne songeais pas spécialement aux lecteurs mais aux critiques. :twisted: Encore qu'un critique est un lecteur, mais bon, je m'éloigne du sujet.

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Claire Panier-Alix
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Messagepar Claire Panier-Alix » 14 Mai 2007, 13:43

luciole a écrit : Encore qu'un critique est un lecteur, mais bon, je m'éloigne du sujet.


encore que j'en connais pas mal qui ne lisent pas whistle

(je sors)


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