Lecteur, ego et bêta-lecture

[Mattieu]

En fait c'est dans l'idée de guider le lecteur dans une démarche, car les lecteurs qui m'entourent sont parfois un peu légers dans leurs critiques (positives ou négatives).
C'est clair que la fiche de lecture n'est pas tout et que le commentaire ligne par ligne est indispensable.

[Mattieu]

Toutes les réponses sont ici et tu as une fiche type à télécharger.

Ce genre de fiche de lecture peut s'appliquer chapitre par chapitre. Merci pour le lien, en plus tes commentaires dans le blog me seront utiles.

[pingu]

Voilà quelque chose que je racontais dans la section "écriture" de ce même forum :

Je n'ai aucun conseils a te donner vu que tu écris mieux que moi

Tu peux écrire comme un chou-fleur mal cuit et cependant être de bon conseil pour les autres. Ce n’est pas parce que tu ne sais pas coudre que tu retiens toutes les remarques que tu peux faire sur la façon dont quelqu’un est habillé. Je ne sais pas fabriquer les chaussures, mais quand c’est mal collé, je le remarque. Même si tu ne connais qu’un seul mot, ce sera peut-être justement celui-là qu’un autre se saura pas utiliser, et alors tu pourras l’aider. Tu peux ne pas savoir cuisiner et remarquer quand c’est bon ou trop salé. Tu peux ne pas savoir comment marche ton ordi et dire : là il y a un problème, mais je ne sais pas ce que c’est.
Un roman est destiné à être lu. Si seuls ceux qui écrivent se permettaient de lire, ce serait tristouille. Quelqu’un qui écrit « a besoin » du retour de gens qui lisent, pas nécessairement de gens qui écrivent. Pour finir : on ne regarde pas le texte d’un autre comme on regarde le sien propre. Corriger-retravailler son propre texte n’a presque finalement que peu à voir avec commenter-critiquer le texte d’un autre. Même si ces deux pratiques peuvent s’apporter beaucoup l’une l’autre, la base, la matière (texte) est différente, les moyens (critique plus ou moins argumentée, impressions de lecture / réécriture, refonte, changements, mouvement, suppressions, bidouilles diverses et liberté totale) ne sont pas les mêmes non plus, et la finalité ([vouloir] aider le camarade / atteindre soi-même la plus grande perfection possible) elle-même est autre.

Et puis depuis que j’ai dit ça, ça se bagarre dans ma tête à grands coups de sabres à plumes et de machettes laser, ça crie ça insulte ça court dans tous les sens. Genre je suis à peine d’accord avec moi-même.

Alors j’ajoute :

D’un autre côté, je crois que la musique se goûte et s’entend mieux si on a ou a eu une pratique musicale, même toute p’tiote.
Quant à la mise en scène ou à l’art de l’acteur, celui qui n’y connaît rien et est simple spectateur n’a, à mon avis, qu’à fermer sa figure pour ce qui est de « conseils » précis (tu devrais regarder là, une lumière bleue serait mieux, dis ça plutôt avec tel ton, sors côté jardin etc.), mais par contre peut donner son avis et son sentiment (là je comprend pas, là j’étais à fond dedans, là j’ai compris plutôt ça comme ça, telle scène j’y ai pas cru, etc.)

Et finalement, pour celui qui cherche des conseils, les deux (conseils de connaisseur et remarques de quidam) sont à prendre (pour en faire ce que bon lui semble).

Et je poste dans la rubrique qui me paraît la plus appropriée.

[Chwip]

Il y a déjà un sujet sur les questions de bêta-lecture ici.
Néanmoins, je vais y répondre.

Ecrire et bêta-lire sont deux choses complètement distinctes. L'auteur cherche à mettre en place un monde, une histoire, un ressenti, le lecteur teste, pour voir si ça fonctionne.

Le chirurgien vous charcute, le kiné vérifie que vous fontionnez bien. Le kiné n'a pas besoin d'être chirurgien pour faire un bon kiné.

Je ne suis pas écrivain, même si je m'y essaie de temps en temps, mais il paraît que je suis une excellente bêta. (Dixit Oliv, compliment que j'ai reçu hier soir, alors que je n'attendais même plus un seul remerciement... )

Pour bêta-lire, il faut deux compétences : aimer lire, et savoir exprimer ce qu'on ressent face à cette lecture.

Si la bêta-lecture s'accompagne de corrections, ça se complique, parce qu'il faut maîtriser un certain nombre de notions.

[Beorn]

Et puis depuis que j’ai dit ça, ça se bagarre dans ma tête à grands coups de sabres à plumes et de machettes laser, ça crie ça insulte ça court dans tous les sens. Genre je suis à peine d’accord avec moi-même.

parfois pingu, je donnerai cher pour savoir tout ce qui se passe dans ta tête.

Sur le fond, je dirais qu'il y a deux choses :

-les techniques d'écriture seront mieux maîtrisées par quelqu'un qui sait écrire ou qui a l'habitude de bêta lire, c'est évident, donc un lecteur-auteur ou "expérimenté" est susceptible d'apporter un "plus" par rapport à un simple lecteur, de dire des choses comme "là, ta phrase est lourde" ou "tu devrais couper ce paragraphe pour une question de rythme" ou encore "ce perso devrait être plus exploité/mieux écrit/avoir un passé"

-chaque personne porte en soi sa vision et sa sensibilité, donc a priori n'importe qui, auteur, bêta lecteur ou non, peut avoir quelque chose à dire d'intéressant, notamment sur ce qui touche non pas à la technique mais à l'affectif (thèmes abordés, attachement aux personnages, sentiments ou sensations éprouvées : peur, concupiscence, colère ou exaltation...)
Il peut arriver que ce "quelque chose" le plus important soit apporté par un non-auteur.
par exemple "ton histoire est sympa, mais le méchant, il me fait penser à gros patapouf, mon ours en peluche" (et là on se dit, bon sang, il faut que je travaille mon méchant!) ou encore "mais je ne comprends pas : pourquoi il déteste son frère, il a une raison pou ça ?" (et là on s'aperçoit qu'il faut absolument étudier le passé du perso)

[Beorn]

Hop, prenons une métaphore :

C'est un peu comme si on devait éclairer un tableau, et que chacun tenait une lampe de poche pointée sur un endroit précis du mur du tableau : certaines sont braquées carrément à côté et n'apportent rien, d'autres sur un angle pas intéressant, et d'autres encore pile à l'endroit ou l'auteur avait besoin d'être éclairé.

Un autre auteur (ou bêta lecteur expérimenté) saura dire, même dans la pénombre, si les perspectives sont OK, si les couleurs jurent entre elles ou s'il y a des gros pâtés de peintures à éradiquer, mais pour ce qui est de dire si c'est beau ou émouvant ou pas du tout, il n'aura que sa petite voix personnelle, au même titre que le simple lecteur.

[louve]

un béta lecteur, se doit de pouvoir décortiquer certains aspects d'un texte et de donner un avis commenté. Dire " j'aime pas" sans explications, ce n'est pas de la béta lecture.

Quand j'estime béta lire, c'est que j'apporte mon jugement avec des explications qui me sont personnelles.

" je n'ai pas aimé ce passage parce que.... et puis que..."

et généralement, ces remarques seront prises au sérieux par l'auteur qui avec des explications pourra vérifier si oui ou non son texte à un défaut.