Avez-vous des tabous ?

[Oliv]

Je ne sais pas s'il s'agissait véritablement d'un tabou chez moi, mais je me suis rendu compte d'un truc étonnant: après plus de dix années d'écriture digne de ce nom, ce qui représente environ 450 000 mots d'écrits en comptant nouvelles et romans, je n'avais jamais fait mention de la Picardie.

Depuis aujourd'hui, c'est chose faite. Cette terrible barrière est finalement tombée, le tabou n'existe plus, si bien que je me sens prêt à tout. Prochaine étape: placer le mot "betterave" dans un de mes textes.

Alors on pourra dire que j'assume enfin ma picarditude.

[lambertine]

Et placer des betteraves dans ton assiette ?

[Mirerwen]

A 15 ans, je ne pense pas avoir de tabous. Je peux parler d'homosexualité dans mes histoires, ça ne me pose aucun problème. Je n'ai jamais écrit de scènes érotiques, n'en ayant jamais eu besoin, cependant ça ne me gênerait pas de parler de l'acte sexuel.

ça me fait penser à une petite anecdote : à la rentrée 2007, un mois après mon arrivée en seconde, un café littéraire a été créé dans mon lycée. Le premier texte que j'ai lu est une nouvelle traitant de deux lesbiennes, devant plusieurs profs dont certains faisaient partie des miens, la principale et la CPE, et ça ne m'a pas gêné du tout.

Une prof à l'allure un peu macho n'a cessé de me reparler de ce texte tout au long de l'année, me demandant de le continuer...
Elle a des enfants mais je pense qu'elle est bi, en tout cas c'est une personne très sympathique ! ^^

[siana-blackangel]

Pareil,pas vraiment de tabou. Ou juste les scènes de sexe, peut-être, mais je n'en mets pas par manque d'utilité. Puis, dans mon histoire, je ne vois pas l'intérêt, ni où je pourrais en placer.

Sinon j'ai pas mal de sujets qui ne me dérangent pas à l'écrit, comme l'homosexualité ou la bisexualité, car j'ai quelques personnages dans ce cas, ni l'esclavage, que j'ai introduis dans une époque de l'histoire (avec ses raisons antécédentes). La discrimination raciale est aussi un de mes thèmes, pour lequel je me suis inspirée des idées d'Hitler dans le traitement, mais bien sûr, cette forme de pensée est en opposition avec une autre, qui est contre, et tout cela sert cette époque précise de l'histoire (qui ne durera qu'un temps, d'ailleurs).


Edit : n'aurais-je déjà pas répondu sur ce fil? Au pire, tant pis.

[Isleene]

Personnellement j'ai beaucoup de mal avec l'esclavage, quand j'écris, je ressens une forme d'empathie pour mes personnages, et je n'arrive pas concernant l'esclavage a écrire ce que peuvent ressentir ces personnages là, et les essais que j'ai pu faire dessus sont consternants et vides.

Après ce n'est pas vraiment un tabou je pense

[siana-blackangel]

L'empathie est importante pour traiter des réactions et sentiments des personnages. Mais il reste des thèmes plus ou moins difficiles à aborder selon les gens. Je pense qu'il ne faut pas s'acharner à écrire sur quelque chose ou on ne se sent pas à l'aise, ça n'apportera rien de bon à l'histoire, autant dans le traitement que le style.

[NB]

Un tabou d'écriture ? Le viol. Définitivement.
Impossible à écrire.
Enfin, jusque là, je n'ai pas eu besoin (et, me connaissant, je ferais en sorte de ne pas être confrontée au problème d'écrire ce genre de scène).

Le reste ? Non, ça va.

[siana-blackangel]

C'est là qu'intervient le traitement du sujet. On peut l'aborder sans pour autant le décrire au détail près. On peut aussi décrire sans passez pour autant dans ce que j'appelle "voyeurisme". Pour moi, c'est un manque de tact que de décrire de genre de scène d'une manière trop détaillée avec toute sa violence, surtout si le livre est en vente libre pour le grand public.

[Max Katarn]

Il n'y a ni voyeurisme ou complaisance à décrire en détail un viol, simplement on se coupe d'une certaine partie du public, et pas qu'à cause de l'âge. Mais si ça sert l'histoire et l'ambiance, pourquoi pas ?
Requiem For A Dream sans les scènes ou la fille se prostitue ou Irréversible sans la scène du viol, ça n'a pas le même impact.

Pour ma part, je n'arrive pas à parler du casual-gaming...
Tous ces gens qui se ruent sur "Léa passion Cheval", "Cooking Mama" ou qui gesticulent devant la Wii, ça me perturbe énormément.

[ereneril]

Tous ces gens qui se ruent sur "Léa passion Cheval", ça me perturbe énormément.

On en reparlera quand tu auras une fille de 8 ans.

[Jo Ann v.]

Mes thèmes récurrents étant les traumatismes, les cicatrices et les secrets de famille, je dois souvent décrire des scènes de viol ou d'autres scènes traumatisantes (non, je ne suis pas du tout morbide !).
Autant j'arrive à décrire un viol, sans le côté voyeurisme, autant je suis *incapable* de décrire une scène de sexe consentant. Je fais des ellipses juste après que la première chemise s'envole...
Donc je n'ai pas réellement de tabou dans l'écriture, je pense justement que l'écriture est là pour qu'on s'en débarrasse, mais il y a des scènes où il faut un talent (ne serait-ce que pour une course poursuite !) et que si on ne l'a pas, ça fait très amateur...

[Selsynn]

Je suis somme toute assez récente dans l'écriture. J'ai découvert il y moins d'un moi que j'aimais beaucoup décrire les sensations lors d'un repas. Juste parce que pour une fois je m'étais astreinte à suivre mon plan et que mon héroïne avait été presque *droguée*.

J'ai découvert que j'aimais beaucoup écrire ce type de texte. On est encore loin du tabou, me direz vous.

Vous n'auriez pas tord... Mais je n'ai jamais tenté d'écrire une scène de :
-> combat
-> violence : tortures / viols...
-> sexe
Donc je ne sais pas si ça me pose un réel problème ou pas.

Pour ce qui est des tabous non pas dans la description mais dans l'utilisation, que les gens soit hétéros ou pas m'est complètement indifférents tant qu'ils imposent pas leur mode de pensées.
J'aime pas les émissions de télé-réalites... et si j'en met dans une histoire, ce sera au moment où l'héroïne défonce la télé de rage... c'est à peu près la seule chose que je pense de ça... pareil, les magazine people ont même pas le bénéfice de faire de bon feu à ma connaissance car ils sont trop glacés...

Enfin... je crois que j'ai dit le fond de ma pensée là...

[Oliv]

Vous n'auriez pas tord... Mais je n'ai jamais tenté d'écrire une scène de :
-> combat
-> violence : tortures / viols...
-> sexe

Mais alors... tu écris sur quoi? Je veux dire, en te privant des combats, des tortures et du sexe, tu te prives des principaux sujets dignes d'intérêt, non?

[Curwen]

Oh, je n'ai aucun des trois dans ma vie ces temps-ci, mais il me reste quand même deux ou trois centres d'intérêt, ça va.

[Selsynn]

Vous n'auriez pas tord... Mais je n'ai jamais tenté d'écrire une scène de :
-> combat
-> violence : tortures / viols...
-> sexe

Mais alors... tu écris sur quoi? Je veux dire, en te privant des combats, des tortures et du sexe, tu te prives des principaux sujets dignes d'intérêt, non?

Oliv, il existe d'autres choses dans la vie ^^

Mais c'est vrai que je suis une romantique, alors j'écris principalement des histoires d'amours impossibles/interdits
Et puis une histoire où il y aura des combats mais je ne suis pas encore là... Je sais que pour celle de combats, j'ai tenté d'en écrire une (entre un adolescent et un chien noir très grand) et c'était une catastrophe...

Rassure toi Oliv ! et au pire je me condamne à écrire que des roman pour les 7-9 ans... Y'a plein de thèmes sans tabous à aborder là !

nan, mais, trève de plaisanterie, ce que je voulais dire c'est plutot que je n'ai aucun a priori sur les tabous, mais je manque d'expérience pour savoir si c'est le cas ou pas.

Et je pense que les tabous est juste psychologique. Car il y a tant de façon d'aborder une scène que si on refuse catégoriquement de la faire pour ce qu'elle est on se prive d'une expérience (enfin je pense...)

[sylmar]

Je n'ai absolument aucun tabou. Aucun identifié en tout cas. Par exemple, il ne me viendrait pas à l'idée d'écrire une scène de torture. Mais je pense que je le pourrais. Une scène de sexe ? Oui, certainement. Mais...non, rien.

Ce qui me paraît le plus tabou, c'est le bonheur, finalement !

[Curwen]

Ben, c'est un peu triste à dire mais le bonheur suppose l'absence de toute forme de conflit, donc l'absence d'intrigue. Du moment qu'on écrit de la fiction, on ne va pas parler du bonheur.
Il ne peut être qu'un commencement ou une fin dans une histoire (ou alors une étape très très passagère).

[Trinitrotoluène]

En fait, j'écris que les trucs que j'ai envie d'écrire. J'imagine que les tabous font partie de la masse de ces trucs qui ne m'intéressent pas en tant que sujets d'écriture... ?

Et note en passant : "les gens heureux n'ont pas d'histoire". Je pense comme Curwen que, si on ne fait rien arriver d'un peu extrême à ses perso, ils ne décollent pas. Ils sont chiants.

[sylmar]

En fait, j'écris que les trucs que j'ai envie d'écrire. J'imagine que les tabous font partie de la masse de ces trucs qui ne m'intéressent pas en tant que sujets d'écriture... ?

Ben voilà, je me demandais si finalement ce n'était pas ça.
Quant à la question du bonheur, je vous suis dans l'idée, mais c'est sûrement un peu plus complexe que ça...?

[Napalm Dave]

Mais c'est vrai que je suis une romantique, alors j'écris principalement des histoires d'amours impossibles/interdits
Et puis une histoire où il y aura des combats mais je ne suis pas encore là... Je sais que pour celle de combats, j'ai tenté d'en écrire une (entre un adolescent et un chien noir très grand) et c'était une catastrophe...

Rassure toi Oliv ! et au pire je me condamne à écrire que des roman pour les 7-9 ans... Y'a plein de thèmes sans tabous à aborder là !

La romance peut être accompagnée de violence (puisqu'elle va chercher ses ressorts sur le terrain des passions): après tout, Roméo et Juliette est une tragédie pleine de violence bâtie autour de la romance.
A vous lire tous et toutes j'en viens à me demander si les "tabous" d'écriture viennent réellement de vos tabous intériorisés ou bien d'un manque d'aisance à traiter certaines situations en écriture (sexualité, violence et autres).
Quant à la littérature de jeunesse, elle est effectivement plus policée même si elle ne fait pas forcément impasse sur les scènes de combat, la violence (notamment familiale) ni sur certains aspects de la sexualité.