Je sais que tu caricatures pour les besoins du débat, Ereneril, mais... mais justement, si le récit peut être transposé dans n'importe quel univers, alors à mon avis, il sera mauvais.
Pas vraiment. Tout dépend de ce que l'on appelle "récit" Ce dont parle Ereneril, me semble-t-il, c'est la trame, le synopsis. Et le synopsis du complot d'un prêtre visant à renverser le Roi légitime peut parfaitement se situer en Egypte comme en Scandinavie ( ou d'ailleurs au Congo, en France, dans l'Empire galactique ou dans le monde merveilleux de Candy) tout comme celui de Roméo et Juliette (dont c'est pour ainsi dire le scénario même qui a été repris plusieurs fois voir West Side Story, par exemple, ou le film de Luhrman, ou encore une transposition "banlieusarde" appelée Pierre et Djemila). Seulement le synopsis a lui seul ne fait pas le récit : les péripéties, les personnages seront intimement influencés dans leur réactions, leurs attitudes par leur mentalité, et par leur environnement. Donc, si j'ose dire, bien que le récit (et surtout les personnages) prime pour moi sur l'univers, je rajouterais que l'univers lui-même est partie intrinsèque du récit. Et qu'il n'a, selon moi, d'intérêt que dans la mesure où le récit s'y déroule. Dans le sens où un roman n'est pas un jeu de rôle mais une histoire construite. J'ai pris parfois bien du plaisir à m'immerger dans les codex Warhammer, mais ce sont des bases, pas des romans. (ce qui ne veut pas dire que l'on ne peut pas passer du jeu de rôle à la littérature, bien au contraire). De même, s'il est indispensable d'avoir une base solide en Histoire médiévale pour écrire un roman de chevalerie, un roman de chevalerie ne doit pas - ne peut pas - se réduire à un traîté d'Histoire médiévale romancé . Même si Duby peut parfois se lire "comme un roman".