goodnightmoon2 a écrit :oui pourquoi pas c'est une option que l'on devrait proposer mais dans l'optique ou les ouvrages envoyés (tous nullissimes soient-ils) n'aient pas simplement été sortis de leur enveloppe et replacés dans celle gentiment fournie par l'expéditeur avec la lettre en question sans autre regard alors ça serait plus juste. Non ?
Avec quelques nuances, je pense avoir une opinion dans ce genre-lá aussi. Les éditeurs n'ont pas l'équité pour objectif. Pour eux, c'est matériellement et humainement impossible. Ce sont des structures privées avec peu de ressources humaines et financières qui doivent trouver leur place sur un marché avec relativement peu de consommateurs, y survivre pour continuer leur activité et, si possible, la développer. Cela dicte leur comportement et leur politique, et toute la difficulté, voire l'utopie, réside pour eux à trouver un juste milieu entre les nombreuses contraintes et les rares libertés. Note bien que je ne suis ni avocat ni auteur plaignant.
Si ces structures étaient publiques ou fonctionnaient avec les deniers des contribuables, tu serais en droit de réclamer des comptes sur le traitement des manuscrits. En tout cas, moi, je le ferais ! Il y a quelques éditeurs qui se prendraient un sale audit de ma part. De même, si les éditeurs rendaient payant leur service de réception/lecture de manuscrits, tu pourraient exiger en cas de refus des explications plus fournies que "ne correspond pas bla-bla-bla". Mais voilà, c'est leur argent et leur temps et leurs moyens. En leur soumettant ton travail, tu dois te dire qu'ils n'ont pas l'obligation de te répondre et encore moins de préciser leur avis sur ton texte.
Dis-toi qu'un refus de texte ne signifie pas automatiquement que ton texte est mauvais. Tu me diras : c'est du pareil au même, je ne suis pas publiée ! Non, il y a une différence : l'estime que tu as envers ton travail. Bien entendu, il existe d'autres raisons au refus : planning complet de l'éditeur, finances précaires, tendance du marché pour d'autres thèmes, ligne éditoriale mal explicitée sur le site, auteur encore inconnu donc à risque, médiocres conditions de lecture/appréciation de manuscrit. Sache aussi que les lecteurs en charge des manus ne sont pas tous calés en français...
Tu sais, quand je vois le manque d'originalité et les traitements bon enfant des histoires qui se publient, j'en viens à jurer dans ma barbe. Ok, la faute m'incombe aussi : je n'ai pas su mieux sélectionner le bouquin acheté. Mais le problème est un peu plus complexe. En publiant une majorité de daubes ou du "très-passable", en fantasy par exemple, les éditeurs affectent l'image et la définition du genre (ou sous-genre, c'est selon) ainsi que le standard qualité de sa forme. Le cercle devient vicieux; quel reflet de la fantasy le consommateur/auteur en herbe va-t-il pouvoir y trouver ? Ajoute à cela ses erreurs de jeunesse, ses aspirations utopistes et sa méconnaissance de la langue, et on obtient quelques mois plus tard une trilogie caca encore pire que ce qui se vend. Ce cercle vicieux ne s'arrête pas, il est entretenu par le système lui-même qui le tire, inconsciemment ou pas mais on s'en fout, vers ce bas des tréfonds de l'abîme.
Certains culottés de l'édition t'affirmeront : "File-nous du génialissime, et on publiera du génialissime !" ou "Hey, Coco, c'est pas de la Blanche mais du divertissement !" Hypocrisie.
Et alors, parce qu'il vise au divertissement, le spectacle du clown a le droit d'être nul ?!
En France, le très bon et l'original font peur, sont synonymes de risque, de faibles ventes, de mauvaise réception. Le génial se vend très mal voire pas du tout. Les extrêmes effraient. Ils sont sujet à caution. On ne sait ni comment les présenter ni comment les interpréter. Doit-on y investir son argent pour le placer en tête de gondole ? Si le génialissime se vendait aussi facilement et rapidement que des petits pains tout chauds, l'éditeur serait inutile : auto-publication et le bouche á oreille feraient le boulot. Les Américains possèdent autour de l'écriture et de l'édition un système mieux organisé qui leur permet une approche différente, même si la concurrence est féroce; pas les Francais. Je trouve outre-atlantique un menu plus alléchant. Là-bas, la concurrence émule l'auteur; ici, elle le désoreinte et le plombe.
Bref, en tant que consommateur, on m'a carotté 20 euros (personnellement, je n'achète plus chez l'éditeur qui m'a vanté une merdouille et je commence à avoir des difficultés pour me ravitailler franchais en imaginaire); on me présente en tant qu'amateur d'imaginaire une image du genre biaisée par des conditions de marché très défavorables à la qualité; en tant qu'auteur, on me fait penser que "si-le-mec-il-a-torché-ça-tout-seul-et-qu'il-a-été-publié-alors-mon-histoire-plus-qu'originale-je-vais-me-la-faire-éditer-fissa."
La lettre de refus bla-bla-bla est seulement la partie visible de l'iceberg. La moins importante.