Le feu.

Avatar de l’utilisateur
Slayard
Messages : 21
Inscription : 20 Juin 2008, 22:29

Le feu.

Messagepar Slayard » 28 Juin 2008, 01:30

Bon histoire de... je vais vous raconter l'épisode traumatisant qui m'est arrivé aujourd'hui.

Vers midi, je trainassais en pyjama dans ma chambre au deuxième étage de la maison. Une tasse de café et deux tartines de nutella, en train de mater l'épisode de futurama où ils vont sur la planète d'exil des acteurs de star trek.

J'en étais au moment où l'équipage du galaxy express était obligé par une entité d'énergie pure à combattre les acteurs ( dont un avait déchiré lui même sa chemise avant la bataille) quand je commence à sentir une odeur de brûlé.

Au départ je m'inquiète pas trop. Depuis quelques jours il y'a des travaux chez moi, et toutes sortes d'odeurs plus ou moins chimiques et dégueulasses: enduit, peinture, white spirit etc...

Au bout de quelques minutes ça commence à bien sentir. Je me dis qu'il faudrait que j'aille voir en bas ce qu'il se passe, une fois que j'aurais fini l'épisode, et surtout, mon café. Il n'y a qu'après le premier café que mes vagues projets peuvent se concrétiser en action.

Pas le temps de le finir, mon petit frère se met à hurler dans la maison. Je vais voir ce qu'il se passe, il me dit de sortir tout de suite. Du haut de l'escalier du rez de chaussée, je vois que tout le monde est dans l'entrée et que la maman est sérieusement paniquée. Okay, je sors. Je n'ai pas mis de chaussures.

La maison du voisin est en train de brûler. La fenêtre de la chambre juste contigue a la mienne vomi de belles flammes qui vont lécher la gouttiere en haut.

"Féchié" me dis-je. "C'est bon c'est à côté, pourquoi est ce que je ne pourrais pas aller finir mon café?"

Le gosse du voisin, environ 10 ans, a été laissé tout seul chez lui, la grande soeur ( 16 ans) ailleurs et le père ( un sacré dingo ) au boulot.

On sait pas comment il a mit le feu, mais il est vite sorti, il n'y a plus personne dans la maison.

Ma mère commence à rassembler les quelques voisins vicieux venus mater dans un long pamplhé mélodramatique sur les parents irrésponsables.
Je me dis que j'ai vraiment pas envie d'être là. Des tas de jeunes filles du voisinage que je n'ai jamais aperçu peuvent me voir en pyjama craignos. Je me sens comme dans ces cauchemar pourris où on se rend à poil, ou en slip, ou juste avec un t-shirt rigolo, dans un de ses lieux de fréquentation quotidien. La douleur des échardes qui se plantent à travers ma chaussette nue me disent que c'est pourtant bien la réalité.

Avec un large sourire réjouie, l'une des plus connes de mes voisines montre la gouttiere. "Oh regardez! On dirait que ça prend chez vous!" Je lève les yeux. Les flammes suivent en effet le chemin de la corniche du toit et de la gouttiere vers le store de ma fenêtre. Je ne vois plus que les flammes.

"Regardez! Regardez! Holala! C'est sûr ça prend chez vous!" insiste la voisine.

Je préfère l'ignorer, parce qu'il commence à y'avoir des voitures de police devant la maison. Ce serait mal choisir le moment pour la tuer.

Les flammes touchant les tuiles, ma mère passe un autre niveau dans le mélo. Elle invoque avec force cris et larmes les différentes tragédies qui ont frappés notre famille. Le vent tourne, le feu s'arrête a un mètre de ma fenêtre et ne progresse plus le long de la corniche, mais maman continue.

Une dame que je n'ai jamais vu s'approche d'elle pour essayer de lui faire entendre raison " Allons madame, ce n'est même pas votre maison...". Elle semble chercher du soutient du côté de mon petit frère et moi. Je lui fais comprendre subtilement que lorsqu'elle est dans cet état, il n'y a rien qu'on puisse faire pour qu'elle s'arrête. Juste serrer les dents et essuyer tout le discours. Quelques mots qu'on puisse ajouter ne fera qu'alimenter le délire.

Les policiers nous font reculer. Les pompiers sont enfin arrivés alors que le feu semble gagner l'étage en dessous. Ils envoient de l'eau par les deux fenêtres. Un épais nuage de fumée dégueulasse se leve.

Les policiers essayent de nous faire encore reculer, mais la voisine conne s'inquiète pour ses clébards dans son jardin. Elle supplie son mari. "Des clous j'y vais pas" dit il en substance. Et ponctue du même " Ranafoutre!" qu'il hurle les nuit de barbecue quand il est beurré avec ses copains beauf. La pauvre dame courre toute seule dans un élan de panique pour aller sauver les bêtes. La pudeur et la necessité de garder un visage humain m'empêche de vous dire tout le succès que j'ai souhaité à son entreprise.

Au bout de quelques minutes, les flammes sont noyées, le nuage s'est dissipé. Tout danger est vraissemblablement écarté. Ma mère a fini de s'échauffer pour son discours, et va sérieusement haranguer quelques autres gens de l'autre côté de la rue. La dame que je n'ai jamais vu me demande où a disparu la voisine conne. Je lui dis qu'elle est passé derrière sa maison, et l'accompagne un bout de chemin pour lui montrer où, malgré la douleur que m'inflige les cailloux pointus du sol.

Je reviens devant ma maison. Un pompier sur la grande échelle fouille sous les tuiles avec une grande perche. Le velux de ma chambre semble ouvert alors que je me souviens pas l'avoir fait. Si pompier et flics sont entrés dans ma chambre, reverrais-je les billets que je laisse traîner sur mon bureau? Ma tartine de nutella aura-t-elle toujours bon goût quand je pourrais enfin rentrer?

"Vous semblez avoir été pris sur..."

La voisine gentille arrive. Elle a emmenagé récemment.

"Pris au dépourvu, oui m'dame. On a rarement le temps de s'habiller dans ce genre de cas. Est ce que vous avez une idée de comment ça se présente? Le feu a t-il gagné la chambre à côté? C'est la mienne."

"Non, aucune idée. Mais ça va, vous allez bien?"

"Oui. Et vos enfants?"

"Ils sont chez des amis plus loin dans le quartier. Si vous avez besoin de quoi que ce soit n'hésitez pas! Après tout les voisins, c'est fait pour ça, pour s'entraider!"

"Oui m'dame, bien sûr! C'est gentil de proposer. ça ira."

"Il faut que j'aille voir mes enfants. Bon courage!"

"M'rci m'dame."

Ma mère se tait quand passe enfin les enfants du voisin pour être embarqué dans une voiture de police. La grande soeur pleure qu'elle ne veut pas. Tout le monde mate lourdement.

Mon petit frère me dit qu'il a vraiment la dalle.

Un ou deux vieux amis de la famille/anciens voisins et autres gens que je connais pas viennent me dire que c'est cool et me raconter leurs vies. J'étais en pyjama sans chaussure, je pouvais pas feindre d'avoir autre chose à faire et m'en aller assez rapidement.

Deux heures plus tard je pouvais enfin rentrer chez moi. Les murs de ma chambre ne sont même pas chauds. Les ouvriers reprennent leur travail. Des pompiers viennent contrôler rapidement notre grenier voir si le feu n'a pas pris sur les poutres. Tout est ok, mais ça pue.

Dans ma chambre il y'a juste quelques cendres qui sont entrées par le velux.

J'pense qu'à l'avenir je vais quand même me payer des pyjamas un peu plus classes.

Avatar de l’utilisateur
ereneril
Calembourbeur
Messages : 710
Inscription : 24 Oct 2005, 15:04
Livre préféré chez Mille Saisons : Les Perles d'Allaya
Localisation : Ambassade lilloise du Dentikistan
Contact :

Messagepar ereneril » 28 Juin 2008, 09:09

J'pense qu'à l'avenir je vais quand même me payer des pyjamas un peu plus classes.


:lol: whistle :lol:

Cela dit, gloups quand même, ça doit quand même être flippant de rester là à attendre de savoir si sa propre maison va y passer ou non.

Et je ne parle même pas des gens qui eux ont perdu la leur. :cry:
Les dés ont fini de rouler...


Revenir vers « Les pires moments de votre vie »

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 2 invités