Désolé de faire remonter ce topic quelque peu douloureux.
Et juste ppour les rarissimes personnes qui pouvaient ne pas être informé la maltraitance n'est pas question de CSP, de pauveté ou d'ignorance. La seul différence, c'est qu'en général on repère beaucoup moins celle-ci dans les classes supérieures, d'une part parceque l'apparence est mieux sauvegardée avec des profils de maltraitants plus intelligents et plus pervers dont l'emprise est plus insidieuse, et par ailleurs parcequ'ils sont moins en contact avec les services sociaux.
Inexact. Enfin le "La seule différence".
Le reste est en effet assez vrai.
Le type de maltraitance dans les milieux aisés est aussi très différente que dans les milieux pauvres. On y trouve, par exemple, beaucoup plus de maltraitance psychologique, ne serait-ce que le très classique "Pfff ! Tu ne feras jamais polytechnique comme ton grand frère ou HEC comme ta grande soeur !". On y trouve beaucoup plus d'enfants dépressifs et suicidaires aussi.
Niveau maltraitance sexuelle, c'est globalement kiff-kiff.
Le souci des milieux pauvres, c'est que le contexte économico-social précaire constitue autant de facteurs aggravants.
On ne peut pas demander à une mère seule avec trois enfants, qui touche à peine le smic et dont le principal souci est d'éviter l'expulsion de son logement ou de demander une aide alimentaire pour tenir jusqu'à la paye, d'être tous les jours au top avec ses enfants.
Ce sont aussi souvent des personnes socialement isolées, en rupture avec la famille, sans réel entourage amical.
Conséquences : stress, surmenage, exaspération, dépression.
Conséquences au niveau des enfants : pas de disponibilités, un ou des parents peu disponibles. La claque qui vole un peu facilement. Ou bien, le plus classique, le laisser-aller total et donc enfants élevés sans cadre éducatif (plus du respect de l'adulte, de l'autorité, échec scolaire, toute-puissance, etc...).
Quand ça intervient dans une zone urbaine sensible (joli nom pour "ghetto"), ces enfants sont souvent mieux pris en charge par les caïds du quartier que par leurs parents.
Dans les milieux aisés, on a aussi le syndrome des "enfants rois". En gros, parents peu disponibles car trop occupés par leurs brillantes carrières. Cela-dit, le gamin est plus protégé du fait des moyens financiers. En gros, en général, il va devenir un petit con arrogant.
Dans les "quartiers", il va devenir de la "racaille" pour reprendre le bon mot de notre cher Président (qui s'y connaît en la matière).
En gros 70% des cas de maltraitance sont relevés dans des familles monoparentales.
Là aussi nous avons un facteur fragilisant.
J'imagine que beaucoup de parents ici pourront confirmer combien ça compte d'avoir le (la) conjoint(e) pour prendre le relais de temps en temps.
Bon, j'arrête là à ce sujet.
Je suis très naïve, mais je crois aussi qu'ils le paient toujours un jour, ne serait-ce que quand, bien vieux, ils se retrouvent tout seul pour mourir, comme les cons qu'ils sont.
Oui et non aussi.
Certains maltraitants, les pires en général, ne le paient jamais.
D'autres, beaucoup même, ont des circonstances atténuantes. Cf l'exemple plus haut.
Sont-ils cons ? Doivent-ils payer ?
Il ne faut pas se faire des films.
La plupart des parents maltraitants ne sont pas des sadiques pervers qui prennent du plaisir à faire du mal à leurs enfants.
Ce sont aussi des hommes et des femmes qui souffrent profondément, qui sont fragiles psychologiquement, qui ont une image d'eux-même très dévalorisée.
Le parent maltraitant comme on en voit à la télé, il ne s'agit là que d'une infime minorité du champs d'application des mesures de Protection de l'Enfance.
Ne vous leurrez pas non plus. Personne n'est à l'abri. Personne. Vous, moi, votre voisin, un jour vous pouvez basculer, pas forcément dans la maltraitance physique mais dans le conflit ouvert avec votre enfant.
Et il n'y a pas forcément de coupables. Il peut simplement s'agir d'une incompatibilité de caractère.
S'il y avait une recette miracle pour éduquer des enfants, ça se saurait.
Elle aurait aussi put te mettre dans un foyer ou un orphelinat. Tu aurais eu une famille d'accueil ou tu aurais été adoptée.
Il ne s'agit pas d'une solution miracle. Malheureusement.
Il convient de privilégier la solution familiale (frère, soeur, grand-parent, etc...).
Visiblement, Chance a eu un "bon" souvenir de son passage en Maison d'enfants mais je peux vous assurer que c'est loin d'être la panacée.
Bien souvent, il s'agit de la solution "la moins pire".
Je suis née, m'a-t-elle dit, "parce qu'il restait la chambre d'amis". C'était ce que j'étais, celle en trop, reléguée dans la chambre en trop.
C'est la pire raison d'avoir un enfant que j'aie jamais entendue
Elle avait une chambre pour elle. C'est déjà ça.
Certaines font des enfants pour obtenir une régularisation de leurs papiers.
D'autres en font parce que le seul moment où elles se sentent valorisées c'est quand elles sont enceintes. Et puis, c'est la seule chose qu'elles savent "bien faire".
D'autres en font pour garder un mec près d'elles.
Certaines mineures font des enfants rien que pour emmerder leurs parents tandis que d'autres en font parce qu'elles auront ainsi un pouvoir sur quelque chose. Parce qu'elles ne seront plus l'ado qui fait chier, mais la jeune maman qu'il faut protéger.
Il va sans dire que le gamin dont la mère est mineure, en rupture scolaire, fachée avec sa famille, sans ressources, le père... euh... youhou ?... il part dans la vie avec un petit paquet d'handicaps.
La suite, spéciale dédicace à Oliv, je pense qu'il va adorer :
Le droit d'avoir un enfant est sacré. N'importe qui peut le faire, quand il veut, comme il veut.
On passe un "permis" pour conduire.
C'est quoi la plus lourde responsabilité ?
Conduire une voiture ou élever un gamin dans de bonnes conditions ?
Pourquoi pas un permis pour élever un enfant ?
Eh oui, facho, nazi, tout ce que vous voulez, j'assume.
Mais pensez à ce bébé d'une mère toxico qui a passé 6 mois en pouponnière pour sevrage, qui a été placé peu après parce que la mère pouvait le laisser seul sans changes et sans nourriture pendant un ou deux jours...
Pensez à ce bébé abandonné par sa mère vivant dans un squat...
Pensez à ce bébé dont le père est un alcoolique reconnu déjà condamné pour maltraitance sur enfant...
Encore une fois, je m'arrête là.
Pour terminer ce roman :
J'ai du mal à comprendre l'intérêt d'étaler ce genre de choses sur un forum littéraire devant de parfaits inconnus.
Ce n'est pas ton problème. C'est celui de Chance.
Si je me suis permis ce long post, c'est que des histoires comme celle de Chance, des pires et des moins pires, c'est mon quotidien professionnel. Je ne pense pas en reparler de nouveau, mais sait-on jamais.
Chance, tiens bon le cap !
Pour moi, tu fais partie des "survivantes" et j'en croise pas si souvent que ça, alors ne lache pas ! Jamais !