C’est que je dois exorciser une série de calamités qui m’est arrivé à cause de ce qu’on pourrait appeler un objet maudit dans la plus pure tradition des vieux récits d’horreur démodés. Je veux parler de la chronique de «Zuribanda » la télé sanglante…
Tout commence lorsque ma pauvre télévision, une télé d’hôtel d’occaz achetée il y a déjà longtemps (je l’avais payée en francs !) tombe définitivement en panne après quelques épisodes de soubresauts et autres allumages intempestifs au milieu de la night. A priori, c’est une pièce réglant l’allumage qui est responsable de la panne mais, n’ayant aucun sou d’avance, je me contente de hausser les épaules et de la bazarder aux encombrants. Sachant en plus que, pour la petite histoire, ma vieille télé me lâche la même semaine que ma voiture, mon outil de travail, tombe en panne.
Mon meilleur ami, qui m’a déjà dépanné d’un magnétoscope, se propose alors de me dépanner gratuitement grâce à sa vieille télé de chambre. Il s’agit d’une petite 36 cm qui marche bien et sur laquelle il a longtemps joué à la console dans son HLM des rives du Cher. Cette télé a plus de 20 ans, a connu donc l’époque du top 50 et a été connectée à une Atari et elle a un nom : « Zuribanda » a cause du gros autocollant vomitif que mon pote avait collé dessus lors de ses très jeunes années
Avoir une télé qui s’appelle Zuribanda, ça craint, mais j’apprécie beaucoup le cadeau et l’installe dans mon salon. Nous sommes très heureux de pouvoir à nouveau couvrir le bordel quotidien de nos voisins avec une télé un peu petite certes (36 cm à regarder à 3m75 de distance) mais dont le son marche parfaitement et qui nous suffit en attendant notre proche déménagement de ce bouge.
Un matin, alors que ma pauvre voiture attend son sort au garage, « Zuribanda » se met à produire un sinistre grésillement électrique accompagné d’une odeur de brûlé plus que suspecte. Ni une ni deux, ma copine éteint tout et débranche le dangereux objet. « Zuribanda » menace d’imploser après plus de 20 ans de bons et loyaux services…
Mais cette semaine là, je suis tellement blasé que je me contente de soupirer et de la laisser là en attendant le jour des encombrants. Au passage, alors que je raconte ce qui s’est passé, un collègue me dit « oh mais c’est pas possible, c’est la calamité chez vous ! ». que dire de plus lorsqu’il a raison…
Avoir une télé qui s’appelle « Zuribanda » et qui menace au mieux de foutre le feu à l’appartement, au pire de vous péter à la gueule, ça craint carrément. Sauf que l’histoire ne s’arrête pas là…
La veille du passage des encombrants, je me décide, malgré mes muscles qui crient leur fatigue, à descendre « Zuribanda » dans le local à poubelles. Trop tôt, trop de neuneus qui squattent en bas. Je soupire et décide d’attendre 22 heures avant d’y aller.
Arrive l’heure fatidique, je descends les quelques marches qui me séparent de la cour intérieure enfin calme à cette heure ci, je porte « Zuribanda » contre mon estomac et comme toutes les télés de cette époque, elle pèse son poids, un poids inversement proportionnel à la taille de son écran. C’est là que le fils d’un de mes voisins fait irruption dans le hall et coince la porte avec le paillasson pour je ne sais quelle raison. Le garçon, âgé d’une douzaine d’années est extrêmement bien élevé mais a la fâcheuse manie de monter les escaliers comme une fusée et de courir partout.
« clac » fait la minuterie de la lumière au même moment. Nous voilà dans le noir total avec « Zuribanda » dans les bras pour ma part. Je le pense très fort mais ayant un enfant en face de moi dans l’escalier, je me retiens de lâcher une bordée de jurons du style « p**tain de minutrie d’enc****rie de m*** ».
Une microseconde.
Le gamin n’avait même pas remarqué ma présence dans la pénombre et c’est le choc !
Je ressens une secousse contre mon estomac et un gémissement étouffé qui n’augure rien de bon. Bien sûr, il a monté les escaliers quatre à quatre pour la énième fois sauf que cette fois, c’est l’arrière en forme de pain de sucre de « Zuribanda » qui l’a réceptionné et pas le vide.
J’évite de céder à la panique et me rappelle les gestes appris lors des premiers secours : vite j’allume la lumière, j’examine le visage du gamin pour voir s’il ne s’est pas cassé d’os ou de dents. Y a qu’à faire marcher les assurances pas vrai ? Un moment, j’imagine le pire, le hall et les escaliers tournent autour de moi.
Gros soulagement, le choc l’a un peu séché mais il n’a miraculeusement rien : l’arrière de Zuribanda est saillant, mais creux. Je n’ose imaginer ce qui serait arrivé s’il avait percuté l’écran. Mais bon je suis un peu polio, mais pas gland au point de tenir une télé de ce côté là !
Lentement, la nuit, je me remets de la mésaventure, bénissant je ne sais qui que ce ne soit pas terminé plus mal.
Le lendemain matin, je redescends à une heure très matinale, comme d’habitude. Et là je m’aperçois qu’avant même le passage des monstres, « Zuribanda » a déjà disparu…

Voilà le genre de choses dont rigole après coup mais autant vous dire que je n’ai pas fait le malin au moment du choc…