Alerte à la loi Lang

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Vinyamar
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Messagepar Vinyamar » 30 Mai 2008, 01:49

S'il faut faire un choix... je prend mon livre électronique avec la bibliothèque de Babel numérisée, un générateur à l'énergie solaire, et direction une île déserte du pacifique.

Regarde fils ! C'est ça un bobo ! Et ça n'a pas honte (jusqu'à ce que ça ait faim).


Oui, évidemment que je caricature, la partie catastrophiste de mon post. Dans les bidonvilles d'Inayawan à Cebu, les types, ils sont pas contre la culture, c'est même vachement important, on leur paye l'école pour qu'ils y aillent. Mais ici la culture a un sens un peu plus social que le fait de lire le dernier bouquin de Mille Saison. Ici on parle de survie : la culture, c'est apprendre à lire pour avoir un bon travail, un bon salaire. (l'éducation, ça s'appelle)
Et même, apprendre à lire, ça ne marche que si AVANT je lui achète du pain et des vêtements. Sinon il s'en fout de la culture, il vit en mode survie le type.

Pourquoi je te parle d'Inayawan alors que tu ne sais même pas que ça existe et que t'en fous dans ton appartement avec l'eau courante et l'électricité en France ?
Parce que dans ta bouche, la culture ça veut aussi désigner ça, et que c'est donc par ce point que j'illustre le côté idéaliste de tes arguments biens aiguisés (genre, même pas besoin de regarder ce que je coupe avec, j'ai raison parce que ça sonne bien !)

Ne pas lire les livres de Mille Saison ou de Folio ne nuit en rien à cette culture dont je parle, qui est la base de la connaissance !

Pourquoi est-ce que je parle d'Inayawan ? Pour que tu lises la partie importante de mon post et pas juste la première ligne.
Un gouvernement s'occupe ou ne s'occupe pas de la culture selon que les circonstances permettent ce LUXE ou non
la culture et l'éducation étant deux choses distinctes.

Pour te dégrossir mon post que tu n'a pas lu :
Là le gouvernement il a des crises à répétition à gérer : crise du logement, crise écologiste, crise du pétrole, crise du chômage, crise des retraites / des réformes, crise de la dette, crise des pêcheurs, crise du renouvellement des générations, et j'en passe.
Et ses ressources financières sont pauvres (en vérité il n'en a même aucune, il vit sur endettement au dessus de ses moyens). Donc il ne peut pas régler tout ça et en même temps filer des sous pour que ce que certains appellent "culture" (parce que franchement parfois, on se demandent qui a osé mettre des millions d'euros dans les horreurs modernes qu'on ose présenter à la population comme de la création culturelle) puisse prospérer.
Pendant que des zigotos font les zouaves tout nus sur des scènes noires sous les regards médusés d'un public en costume et robe longue qui n'aura d'autre choix que de trouver cela "têllement ôriginâl" et "têllement provocateur" (comme si c'était devenu la marque du génie) (oui, parce que c'est ça aussi la culture), d'autres gens réclament une maison ou un travail.
Est-il décent d'aider la culture à n'importe quel prix et pour n'importe quelle créativité ?
L'idée de jugement par le public de Sarkozy n'est certes pas très élitiste, mais me semble plus démocratique que de laisser des grosses production se prendre la part du lion sans aller chercher un public.

Mais tout cela n'a rien à voir avec la loi Lang, ayant déjà dit qu'il n'y avait plus rien à en dire. Sur la culture, faut arrêter de croire que seul l'Etat peut et doit la faire progresser ! Faut se responsabiliser aussi !

[quote=Oliv]Peut-être parce qu'être de droite ne signifie pas forcément être un électeur de Sarkozy?[/quote] On dirait que tu es très intéressé de deviner pour qui je vote. Alors soit tu me le demandes carrément, au lieu de faire des allusions aussi fines qu'un parpaing, (et tu m'expliqueras aussi pourquoi la démocratie a voulu faire des isoloirs), soit tu te fous complètement que je sois de droite, de gauche, de haut ou de bas, et tu lâches l'affaire.

Et si j'étais de droite, ça te ferait quoi ? (ouh le méchant !!)
Et si en fait je n'étais pas de droite ? (aaah, le gentil ! Ah ben non, Vinyamar c'est un méchant, donc il est de droite !)

Ca valait le coup de faire deux posts rien que sur cette question ? Tu ne te perçois pas comme un brin gamin là ?

lambertine
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Messagepar lambertine » 30 Mai 2008, 02:14

Kran a écrit :
Vinyamar a écrit :Ah bon ? Moi je suis pas au courant. La culture ça se mesure sur le long terme. Sarkozy n'est-il pas en train de proposer les musées gratuits ? Les gouvernement ont tous des priorités, et la culture est franchement la dernière des priorités, celle du luxe. Quand on est en guerre, quand on subit une catastrophe naturelle, quand la France gueule parce qu'elle vit dans la rue, la culture c'est un peu le luxe que les bobos voudraient faire partager à des gens qui poru le moment ont d'autres chats à fouetter.


Ah ouais, quand même...
La culture un luxe de bobos dans un pays en guerre victime de catastrophe naturelle et dans laquelle le peuple vit dans la rue.

J'espère que tu caricatures, là, parce que sinon...
Moi, je voyais plutôt (ouaf!) la culture comme le truc qui libère, qui s'oppose à la barbarie, et qui en même temps n'empêche pas les gens de vivre et d'avoir une maison pour y ranger leur livre.

S'il faut faire un choix... je prend mon livre électronique avec la bibliothèque de Babel numérisée, un générateur à l'énergie solaire, et direction une île déserte du pacifique.

Ou un générateur à énergie musculaire, tient, cela me fera maigrir. Une vie à pédaler et lire les trésors de l'intelligence humaine, loin de tous les tracas du monde moderne. Etre seulement un lecteur, libre.

Seul? Oh, si une femme souhaitait partager mon délire, je lui laisserai un bout d'île. Et je fait bien les crêpes

Kran, c'est n'importe quoi! euh, pas plus que les autres!

Kran, héros en rouge. :wink:


ben zut à la fin.

Vin' a vécu dans un pays en guerre victime de catastrophes naturelles et où le peuple vit dans la rue.
Alors, vos remarques... elles valent autant à mes yeux que celles sur le Borinage où, si le peuple ne vit pas dans la rue, il manque autant d'argent que de travail.

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Beorn
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Messagepar Beorn » 30 Mai 2008, 09:32

Vinaymar a écrit :Citation Beorn:
Peut-être que ces deux députés sont isolés, mais s'ils ont déposé cet amendement, c'est bien parce que l'aspect "défense de la culture" est mis à mal de manière générale par le "gouvernement Sarkozy"

je ne vois pas le lien de cause à effet. Ils déposent un amendement non pas pour faire plaisir à Amazon & Co mais juste pour détruire la Culture en France parce que enfin la voie en libre ?
Ah ouaiiiiis, c'est un complot en fait !

Citation Beorn :
Peut-être aussi qu'ils agissent "pour le compte de", c'est très fréquent en politique. Et si c'est "pour le compte de", alors M. Sarkozy n'est pas loin
Ah ouaiiiiiis. C'est lui le SPECTRE !

Citation Beorn:
ce débat intervient dans un contexte où la culture est laissée pour compte par ce gouvernement et ce Président, tu ne peux pas le nier.

Ah bon ? Moi je suis pas au courant.


Sors et va gueuler un bon coup, Vinyamar, reviens quand tu seras calmé.
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Vinyamar
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Messagepar Vinyamar » 30 Mai 2008, 09:55

Ayé.
Je suis calmé,
...pourvu que ça dure.

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ereneril
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Messagepar ereneril » 30 Mai 2008, 10:20

Ma petite pierre.

J'approuve Vin sur un point :

Un gouvernement s'occupe ou ne s'occupe pas de la culture selon que les circonstances permettent ce LUXE ou non


Cela dit, quoi qu'on en dise, en France, on peut se permettre ce luxe.

Oui en France, il y a des gens qui crèvent de faim et ne savent pas où dormir mais la France est un pays riche et a parfois (souvent ?) des caprices de riche.

La France a les moyens si elle le veut de s'occuper de donner à manger à tous ET de généraliser l'accès à la culture ainsi qu'à l'éducation (car en France l'éducation pose aussi problème.)

L'esprit de cette loi n'est pas de tuer la culture ou je ne sais quel plan machiavélique.
L'idée de cette loi est très simple : faire plaisir aux copains patrons de grands distributeurs. C'est dans le même esprit que la généralisation des supermarchés censés faire baisser les prix (sachant que la France est déjà un des pays européens avec la plus grande implentation de grandes surfaces). C'est juste une mesure ponctuelle, cadeau aux copains, sans aucune réflexion de fond sur l'impact réel sur la société.

Pour caricaturer, la politique c'est l'économie et le social. Classiquement, la droite fait dans l'économie et remplit les caisses. la gauche fait dans le social et les vide. Avec l'alternance dont nous sommes contumiers deuis 1981, notre société devrait rouler. Les uns remplissent, les autres utilisent l'argent récolté, et on recommence.

Le gros problème de la politique actuelle, c'est que l'économie prime mais que c'est uniquement l'économie personnelle et à très court terme. Les décisions offrent de gros avantages à des personnes mais n'ont aucun impact sur les caisses de l'état et donc sur la vie des 99% de français qui ne sont pas patrons d'entreprise.
Les dés ont fini de rouler...

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Luxy
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Messagepar Luxy » 30 Mai 2008, 10:55

Vinyamar a écrit :
Pourquoi est-ce que je parle d'Inayawan ? Pour que tu lises la partie importante de mon post et pas juste la première ligne.
Un gouvernement s'occupe ou ne s'occupe pas de la culture selon que les circonstances permettent ce LUXE ou non
la culture et l'éducation étant deux choses distinctes.

Pour te dégrossir mon post que tu n'a pas lu :
Là le gouvernement il a des crises à répétition à gérer : crise du logement, crise écologiste, crise du pétrole, crise du chômage, crise des retraites / des réformes, crise de la dette, crise des pêcheurs, crise du renouvellement des générations, et j'en passe.
Et ses ressources financières sont pauvres (en vérité il n'en a même aucune, il vit sur endettement au dessus de ses moyens).


Attendez, je vais chercher un kleenex.
:arrow:

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Marcel&Co
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Messagepar Marcel&Co » 30 Mai 2008, 10:56

ereneril a écrit :La France a les moyens si elle le veut de s'occuper de donner à manger à tous ...
...
...
Pour caricaturer, la politique c'est l'économie et le social. Classiquement, la droite fait dans l'économie et remplit les caisses. la gauche fait dans le social et les vide.
1985 : gouvernement de gauche ET création des Restos du Coeur par une initiative privée.
Des fois, la mémoire c'est douloureux.

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Nicky
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Messagepar Nicky » 30 Mai 2008, 11:20

Juste en passant, je suis toujours effaré de voir les gens qui maintiennent que la culture est un élément accessoire et optionnel d'un pays.
En général, ces gens mettent en avant le fait que l'on doive manger et survivre avant tout.

Un peu comme si la France était un pays du tiers monde, mais Ereneril a déjà traité de ce point-là...

Cependant, je me sens un peu obligé de contredire la base même de ce raisonnement : non, la culture n'est pas accessoire.
Sans une culture riche, avec des bases fortes, et en constant renouvellement, pas de pays. Car pas d'identité culturelle, déjà, mais pas de motivateur, pas d'éléments qui va rendre les gens un peu plus heureux (et donc, un peu plus productifs).
Paske faut bien rappeler que vivre pour vivre, ça marchouille, ça permet de vivoter, mais ça ne donne pas énormément de raisons d'en faire plus. Il faut un moteur culturel, que certains appellent aussi moteur spirituel.
Si les humains ne se nourrissaient que de bouffe et que ça leur suffisait, on serait pas allé plus loin que la lance et le feu. Les humains ont aussi besoin de nourriture spirituelle, fondamentalement. Ce n'est pas un luxe, c'est un besoin primaire.

Affaiblir la culture, c'est affaiblir le pays à moyen terme. C'est se priver des élites qui peuvent tirer vers le haut, c'est se priver de l'aura culturelle qui donne une crédibilité à certains pays envers d'autres (cette valeur a été pas mal remplacée par l'industrie, mais rien ne dit que ça durera encore perpet ; une autre valeur de crédibilité reste le pouvoir militaire, mais c'est franchement moins sympa non ?).
A certaines époques, la culture était réservée aux riches/nobles/bourgeois, en effet. Peut-on en dire que "le pays se portait bien" ? y avait-il autant de possibilités, de richesse d'action que maintenant ? Et surtout, c'était pas des époques iniques où le peuple avait à peine plus de droits que la vache d'à côté ?

La culture n'est pas un truc de "bobos", c'est un élément fondamental de la construction d'individus, de groupes, de nation, et on l'espère à long terme, d'humanité.
Et ça existe depuis bien plus longtemps que l'époque capitaliste, et probablement lui survivra.

Ensuite, ce projet de loi n'aurait pas détruit l'industrie du livre à lui tout seul, mais il lui aurait probablement fait du mal. Mais il ne passera probablement pas, et a été proposé par 3 pieds nickelés influencés que personne ne suit.
Pas trop besoin de s'engueuler sur tant de pages pour ça, si ? :-P
De la fantasy ? Mais c'est pour les filles...

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Marcel&Co
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Messagepar Marcel&Co » 30 Mai 2008, 11:31

Nicky a écrit :Ensuite, ce projet de loi n'aurait pas détruit l'industrie du livre à lui tout seul, mais il lui aurait probablement fait du mal.
Je n'ai d'ailleurs toujours pas compris (mais je dois être un peu gogol) pourquoi ramener de 24 mois à 6 mois la période pendant laquelle les livres ne peuvent être soldés est nocif au livre et/ou à la culture.
Si quelqu'un pouvait m'expliquer en termes simples, compréhensibles et non belligérants, je lui en serais éternellement reconnaissant.

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ereneril
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Messagepar ereneril » 30 Mai 2008, 12:00

C'est indirect :

si on permet ça, on favorise grandement les grosses structures par rapport aux petites qui aujourd'hui tiennent grace à cette égalité forcée.

Si on libéralise, c'est à plus moins court terme la mort des librairies indépendantes devant les grandes surfaces ou groupe culturel (Fnac&Co). C'est aussi une accentuation du poids des gros éditeurs par rapport aux petits. En cas de soucis les gros aurant un levier supplémentaire que les petits ne pourront pas utiliser.

Ca va donc vers une uniformisation de l'offre et du vecteur de diffusion. C'est un apauvrissement culturel.
Les dés ont fini de rouler...

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Messagepar Nicky » 30 Mai 2008, 12:14

ereneril a écrit :C'est indirect :

si on permet ça, on favorise grandement les grosses structures par rapport aux petites qui aujourd'hui tiennent grace à cette égalité forcée.

Si on libéralise, c'est à plus moins court terme la mort des librairies indépendantes devant les grandes surfaces ou groupe culturel (Fnac&Co). C'est aussi une accentuation du poids des gros éditeurs par rapport aux petits. En cas de soucis les gros aurant un levier supplémentaire que les petits ne pourront pas utiliser.

Ca va donc vers une uniformisation de l'offre et du vecteur de diffusion. C'est un apauvrissement culturel.


Etant donné qu'on a déjà répété ça 5 ou 6 fois, je pense que Marcel&Co attend un argumentaire, comme il l'a dit, plus simple, plus compréhensible.
Y a trop de mots avec plein de syllabes dans ce message.
De la fantasy ? Mais c'est pour les filles...

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Marcel&Co
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Messagepar Marcel&Co » 30 Mai 2008, 12:20

ereneril a écrit :C'est indirect :

si on permet ça, on favorise grandement les grosses structures par rapport aux petites qui aujourd'hui tiennent grace à cette égalité forcée.

Si on libéralise, c'est à plus moins court terme la mort des librairies indépendantes devant les grandes surfaces ou groupe culturel (Fnac&Co). C'est aussi une accentuation du poids des gros éditeurs par rapport aux petits. En cas de soucis les gros aurant un levier supplémentaire que les petits ne pourront pas utiliser.

Ca va donc vers une uniformisation de l'offre et du vecteur de diffusion. C'est un apauvrissement culturel.
Excuse moi, mais, même en voiture, j'ai du mal à suivre les raccourcis.

Je vais essayer de reprendre ton cheminement.

En quoi ramener de 24 mois à 6 mois la période pendant laquelle les livres ne peuvent être soldés favoriserait grandment les grosses structures par rapport aux petites ?

Pourquoi l'accentuation du poids des gros éditeurs par rapport aux petits entrainerait-elle l'uniformisation de l'offre de livre ? (Uniformisation des éditeurs, je veux bien. Mais pourquoi des livres ?)

Pourquoi l'uniformisation du vecteur de diffusion entrainerait-elle un appauvrissement culturel ?

Je sais, j'ai la tête dure, mais le sujet me semble d'importance.

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Marcel&Co
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Messagepar Marcel&Co » 30 Mai 2008, 12:22

Nicky a écrit :Y a trop de mots avec plein de syllabes dans ce message.
Et les lettres ! N'oublie pas les lettres !

Passé le M dans l'abécédaire, j'ai du mal ^^

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Beltane
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Messagepar Beltane » 30 Mai 2008, 12:56

J'ai une réponse :)

Un gros éditeur amortit rapidement ses livres, dans les mois qui suivent leur publication. Pourquoi ? Plus forte médiatisation, plus forte présence en librairie grâce au forcing des diffuseurs, aux offices, à la taille du réseau couvert, plus forte notoriété acquise depuis longtemps auprès du grand public, plus de poids pour négocier avec les grands distributeurs...

Donc pour le gros éditeur, qui rentabilise déjà (globalement) ses titres dans les 3 à 6 mois qui suivent la sortie (et le reste c'est que du bénéfice, en plus y a les ventes des titres en clubs de livres style France Loisir...), faire sauter la Loi Lang, ça ne va rien changer.

En revanche, le petit éditeur indépendant, qui met déjà plusieurs mois à obtenir des libraires qu'ils mettent son titre en rayon, qui vend aussi sur Salons et Festivals, ben il lui faut nettement plus de 6 mois pour commencer à vendre des quantités lui permettant de rentrer dans ses frais. Donc si très vite il se retrouve obligé de vendre à perte, il va couler.

Les gros éditeurs publient essentiellement des valeurs sûres. Qui prend les risques pour faire découvrir de nouveaux auteurs ? Surtout les indépendants. Et un nouvel auteur n'est pas "découvert" du jour au lendemain par le lectorat, il faut laisser le temps au bouche à oreille de faire son office. 6 mois... c'est un minimum. D'autant que chez les gros libraires ou plus exactement les gros distributeurs de livres, un bouquin est retiré des étalages au bout de 3 mois (parfois avant). Seuls les petits libraires spécialisés vont permettre aux titres des éditeurs indépendants, avec leurs nouveaux auteurs, de rester plus longtemps dans leurs rayons.

Donc les 2 ans, c'est une marge de sécurité pour l'éditeur indépendant, car pendant cette période, même si le titre n'est pas en rayon, les libraires le commandent si des acheteurs se manifestent, et le livre est vendu à son prix normal. Mais si, au bout de 6 mois, il doit être vendu à perte, l'indépendant va vite devoir mettre la clef sous la porte.

Et le petit libraire indépendant, qui n'a que sa marge de libraire pour vivre, ben il risque de mettre la clef sous la porte aussi, s'il doit baisser ses prix pour s'aligner sur les gros style Carrefour.

S'il n'y a plus de petits libraires spécialisés et plus de petits éditeurs indépendants, il n'y a plus trop de nouveaux auteurs non plus (les portes des gros éditeurs leur étant fermées), donc appauvrissement de l'offre et réduction drastique des chances de percer.

Et toi, en tant que lecteur, tu seras confronté uniquement à une offre correspondant aux modes de l'instant, avec des titres choc vite lus vite oubliés, parce que la démarche des gros n'est pas de faire de la littérature mais de faire un max de pognon dans le plus court délai. Vision à court terme, mais ça, on commence à en avoir l'habitude :(

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Luxy
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Messagepar Luxy » 30 Mai 2008, 12:58

merci à Nicky pour son post sur la culture plen de bon sens.

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Messagepar Beorn » 30 Mai 2008, 13:22

Nicky a écrit :Juste en passant, je suis toujours effaré de voir les gens qui maintiennent que la culture est un élément accessoire et optionnel d'un pays.


Hum hum, eh bien je l'aurais dit au moins une fois dans ma vie : Vive Nicky.

J'ajoute mes grains de sel :

Eliminez la culture des budgets (soit dit en passant, budgets ridicules, en masse), vous aurez toujours des SDF et des chômeurs...

Accessoirement, je ne vais pas développer, mais les activités culturelles sont créatrices de richesses, même sur le strict plan économique.

Dernier truc : la Loi Lang, en l'occurence, ne coûte pas un centime à l'Etat, comme quoi, ce n'est pas seulement une question d'argent.
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Messagepar Marcel&Co » 30 Mai 2008, 13:27

Beltane a écrit :J'ai une réponse :)
Merci ^^

Beltane a écrit :En revanche, le petit éditeur indépendant, qui met déjà plusieurs mois à obtenir des libraires qu'ils mettent son titre en rayon, qui vend aussi sur Salons et Festivals, ben il lui faut nettement plus de 6 mois pour commencer à vendre des quantités lui permettant de rentrer dans ses frais. Donc si très vite il se retrouve obligé de vendre à perte, il va couler.
C'est là que j'ai du mal à trouver la causalité.
Pourquoi le petit éditeur indépendant se trouverait-il obligé de vendre à perte au bout de 6 mois ?
Pour un nombre non négligeable d'entre eux, si je suis bien ce qui se dit et s'écrit sur leurs fora, la majorité des ventes se fait soit par commande directe, soit sur les Salons et Festivals.
Soyons clairs. Pour, par exemple Mille Saisons, je ne vais pas aller chercher en librairie alors qu'il y a une boutique en ligne.
Je ne vais pas non plus aller chercher les conseils d'un libraire alors que le forum recense nombre d'avis, dont ceux de personnes dont je sais partager les goûts.

Beltane a écrit :Seuls les petits libraires spécialisés vont permettre aux titres des éditeurs indépendants, avec leurs nouveaux auteurs, de rester plus longtemps dans leurs rayons.
Je serai preneur de données dans ce domaine (Chwip ?).
Combien y-a-t'il, réellement, de libraires qui conservent en rayon plus de 6 mois les ouvrages SFFF d'éditeurs "indépendants" ?
Seront-ils tentés de les solder au bout de 6 mois ? Et ces soldes seront-ils nocifs à la diffusion de l'ouvrage ?

Beltane a écrit :Mais si, au bout de 6 mois, il doit être vendu à perte, l'indépendant va vite devoir mettre la clef sous la porte.
Là encore, si le livre est commandé, pourquoi devrait-il être vendu à perte ?

Beltane a écrit :Et toi, en tant que lecteur, tu seras confronté uniquement à une offre correspondant aux modes de l'instant, avec des titres choc vite lus vite oubliés, parce que la démarche des gros n'est pas de faire de la littérature mais de faire un max de pognon dans le plus court délai.
Mais je suis déjà confronté à cela.
Donc, pour trouver les ouvrages et auteurs qui m'intéressent, qui m'interpellent, qui m'ouvre de nouveaux horizons, qui répondent à mon insatiable appétit de lecteur, je ne vais plus dans les circuits clasiques de distribution (y compris mon libraire de ma petite ville de province).
Pour faire mon choix, j'arpente les fora.
Puis je vais commander chez la seule librairie de ma ville plutôt que sur internet.
Mais là, ça relève uniquement de l'action sociale et citoyenne pour préserver le commerce de proximité. Pas du soutien à la culture.

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ereneril
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Messagepar ereneril » 30 Mai 2008, 13:29

Beorn a écrit :
Dernier truc : la Loi Lang, en l'occurence, ne coûte pas un centime à l'Etat, comme quoi, ce n'est pas seulement une question d'argent.


Ben si, mais pas d'argent des pouvoirs publics.

C'est une histoire d'argent privé (éditeurs/distributeurs/libraires).

L'état favorise des intérêts privés sans se préoccuper des éventuelles impacts sociétaux.
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Sheratan
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Messagepar Sheratan » 30 Mai 2008, 13:31

Désolé Luxy et Beorn, mais ça non, ce n'est pas un post plein de bon sens.

Nicky a écrit :Juste en passant, je suis toujours effaré de voir les gens qui maintiennent que la culture est un élément accessoire et optionnel d'un pays.
En général, ces gens mettent en avant le fait que l'on doive manger et survivre avant tout.

Un peu comme si la France était un pays du tiers monde, mais Ereneril a déjà traité de ce point-là...


Bravo pour lae côté hautain et purement occidental de ce post. Parce qu'en clair, les pays du tiers-monde n'ont pas de culture?

La culture, ce n'est pas qu'être fashion, lire le dernier houellebecq en dégustant un repas régressif après une petite virée à la FIAC. La culture c'est plus profond que ça et même les pays du tiers-monde possèdent leur culture. Ce paragraphe est digne des colonialistes du siècle dernier, il ne manque plus que le beau discours pour expliquer pourquoi les blancs ont une âme et pas les autres.


Sans une culture riche, avec des bases fortes, et en constant renouvellement, pas de pays. Car pas d'identité culturelle, déjà, mais pas de motivateur, pas d'éléments qui va rendre les gens un peu plus heureux (et donc, un peu plus productifs).


C'est complètement vide comme remarque. Tous les pays ont une identité culturelle.


Paske faut bien rappeler que vivre pour vivre, ça marchouille, ça permet de vivoter, mais ça ne donne pas énormément de raisons d'en faire plus. Il faut un moteur culturel, que certains appellent aussi moteur spirituel.



Fais un peu de sociologie et tu comprendras que cette remarque est inepte.


Si les humains ne se nourrissaient que de bouffe et que ça leur suffisait, on serait pas allé plus loin que la lance et le feu. Les humains ont aussi besoin de nourriture spirituelle, fondamentalement. Ce n'est pas un luxe, c'est un besoin primaire.


L'homme de cro-magnon ne s'est pas réveillé un matin en se disant qu'il allait peindre la chapelle sixtine. En terme d'évolution, l'émergence des "arts primaires" (terme débile s'il en est) est liée en premier lieu au côté pratique de pouvoir transmettre aux autres, en son absence, la position éventuelle du gibier, puis à la volonté de transmettre une histoire à ses descendants et enfin à l'émergence des premières religions et croyances surnaturelles. L'art n'était pas un moteur mais un outil au même titre que la hache en silex. La vraie révolution, c'est l'écriture, pas la "culture" puis bien plus tard, la monnaie. Et non l'art n'est pas un besoin primaire : ceux qui meurent de faim partout dans le monde ne hurlent pas "je veux voir un Tuckeeer" ou "je veux liiiiire Nothomb" : non ils hurlent qu'ils ont faim et soif. Mais la petite bulle ouatée du confort occidental nous rend souvent sourd à cela mais de la à tenir de telles élucubrations... faut redescendre sur terre un peu.


Affaiblir la culture, c'est affaiblir le pays à moyen terme. C'est se priver des élites qui peuvent tirer vers le haut, c'est se priver de l'aura culturelle qui donne une crédibilité à certains pays envers d'autres (cette valeur a été pas mal remplacée par l'industrie, mais rien ne dit que ça durera encore perpet ; une autre valeur de crédibilité reste le pouvoir militaire, mais c'est franchement moins sympa non ?).


C'est marrant car les pays phares économiquement ne sont pas les pays qui prônent la culture, mais ceux qui prônent l'ultra spécialisation professionnelle et la rentabilité (genre les USA qui ne sont pas un modèle de culture populaire). Et si tu lis un peu l'opinion qu'ont les autres pays de la France, Ô grand pays de rayonnement culturel, tu verras que cette opinion est plutôt déplorable. Quant à sa crédibilité...

A certaines époques, la culture était réservée aux riches/nobles/bourgeois, en effet. Peut-on en dire que "le pays se portait bien" ? y avait-il autant de possibilités, de richesse d'action que maintenant ? Et surtout, c'était pas des époques iniques où le peuple avait à peine plus de droits que la vache d'à côté ?


et maintenant qu'elle est accessible à tous, tu croises tout le monde en train de bouquiner, d'aller au musée etc... Non, les gens pensent pour l'essentiel football, bon gueuleton, bonne saoûlerie. La culture n'est pas une affaire d'argent mais de volonté et de goût. Tu trouves de tout dans tous les milieux et même à cette époque "inique", il arrivait que de petits paysans sachent lire et écrire. Et actuellement si tu regardes bien, ce sont toujours les riches qui ont accès à la culture vu le prix de la plupart des produits culturels. Sauf que maintenant, on a mis de la vaseline démocratique pour faire croire que tout le monde peut se le permettre. Donc ces conditions sont toujours aussi iniques et rien n'a changé.

La culture n'est pas un truc de "bobos", c'est un élément fondamental de la construction d'individus, de groupes, de nation, et on l'espère à long terme, d'humanité.
Et ça existe depuis bien plus longtemps que l'époque capitaliste, et probablement lui survivra.


Sors de ta bulle et de ton cecle d'amis, ouvre ta porte, descends dans la rue et parle à l'individu lambda, genre le mec en marcel et bob au camping devant son pastis avec sa boule de pétanque et tu verras si la culture au sens où tu l'aborde lui a permis de se construire en tant qu'individu. Et pourtant, son, mode de vie est une culture en soi. Comme quoi, ce mot "culture" est complètement biaisé. Je ne commenterai pas l'envolée lyrique qui est plus un effet de style qu'une vérité avérée.
Dernière édition par Sheratan le 30 Mai 2008, 13:35, édité 2 fois.
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Messagepar ereneril » 30 Mai 2008, 13:32

Marcel&Co a écrit :Puis je vais commander chez la seule librairie de ma ville plutôt que sur internet.
Mais là, ça relève uniquement de l'action sociale et citoyenne pour préserver le commerce de proximité. Pas du soutien à la culture.


Justement. Tu fais cet effort citoyen parceque finaicièrement, c'est équivalent.
Si en passant par une grande enseigne (virtuelle ou réelle) tu obtiens un rabais que le petit libraire ne pourra pas te consentir s'il veut manger à la fin du mois, feras-tu ce même effort ?

Même si toi tu le fais, combien le feront aussi ?
Les dés ont fini de rouler...


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