On y met nos sous, plein, on se ruine, on ne touche pas des caouettes avant d'avoir réussi à mettre la main sur Marc Levy, on se ruine aussi la santé, on s'épuise ;
On se prend le chou à lire des tonnes de merdes ou à répondre à des gens qu'on en a marre qu'il se fichent comme de l'an 40 de faire montre du plus petit respect envers l'éditeur en 1) corrigeant leurs fautes d'orthographe, 2) vérifiant que leur texte correspond bien à la politique éditoriale du sus-dit éditeur ;
On se fait engueuler, insulter par le premier scribouillard venu qui hurle qu'on est des gros connards prétentieux qui ne bittons rien à la qualité de leur chef d'oeuvre incompris ;
On se fait engueuler par des auteurs qui se la pètent et sont persuadés, alors qu'on est au lit avec 40° de fièvre qu'il est inadmissible qu'on ne soit pas sur les routes à défendre leur texte et que c'est parce qu'on est des nazes qu'il ne se vend pas à 50 000 exemplaires - alors que bien sûr on est ravis d'avoir mis nos sous dans un bouquin auquel on croit et de se faire ruiner parce que personne d'autre n'en veut. Franchement, si on savait comment on fait Marc Levy ou Harry Potter, même les purs et durs feraient du best seller, bordel !
On donne des conseils avisés à des tas de jeunes, gentiment, patiemment, jusqu'à ce qu'ils nous fassent péter les plombs à force de vouloir réinventer l'eau chaude toutes les deux minutes ET s'y brûler les mains parce que les conseils des pros, on s'en branle, tous des gros c**.
Pourquoi on est éditeurs ?


et puis des fois, on tombe sur un livre sublime, un auteur adorable pour aller avec, et allez, on se fait avoir une fois de plus.
C'qu'on est niaiseux, quand même, quand on est éditeur....
