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Publié : 26 Mars 2007, 21:42
par Beltane
Juste pour vous raconter ce qui vient d'avoir lieu au Québec.

Un éditeur a cru avoir trouvé la Céline Dion de l'écriture et a publié un roman écrit par une fillette de 12 ans.

Un roman dont le style était impressionnant de maturité pour une fillette de cet âge. Le titre ? Laura l'Immortelle.

Il se trouve que la communauté des fans de Highlander a écrit et publié, en fanzine ou sur le web, nombre de fan fictions. Frédéric Jeorge (qu'un de mes amis connaît bien) est l'auteur de l'une de ces fan fictions disponibles sur internet. En lisant le roman de la jeune prodige, ne découvre-t-il pas qu'il s'agit, ni plus ni moins, de sa nouvelle ?

Finalement, le scandale a éclaté et la demoiselle a avoué avoir copié la fan fiction écrite par un adulte.

L'éditeur n'avait même pas remarqué que le texte s'inspirait grandement de Highlander, c'est assez pitoyable de sa part.

En tout cas, cette anecdote confirme que les probabilités de trouver un Mozart de la plume sont fort réduites. Quand on veut nous en vendre un, c'est un fake. Dommage...

http://www.radio-canada.ca/arts-spectac ... sp?ref=rss pour en savoir plus.

Publié : 26 Mars 2007, 22:04
par Any
Je me permet de citer un morceau de l'article :
Bon éditeur ou non?

L'éditeur Michel Brûlé dit avoir été berné: « Jamais je ne me serais attendu à ce que ce soit un plagiat, parce que j'avais l'impression d'être en face d'un petit génie ».

Il s'est engagé à verser à Frédéric Jeorge toutes les recettes du livre. Il veut aussi que les parents de Marie-Pier Côté lui remboursent les 24 469,32 $ de frais de production du roman, tiré à 5000 exemplaires.

Ca me choque énormément. :shock:
Cette gamine, à 12 ans, a fait une erreur énorme. Je pense que tout le monde s'accordera à le dire. Mais il est un peu facile pour l'éditeur de se dédouaner de la sorte.
Peut-être que justement, vu son jeune âge, il aurait du vérifier à deux fois avant de crier au génie.
Et pour ce qui est de demander aux parents de rembourser les frais de publication... :shock:

Publié : 26 Mars 2007, 22:04
par Krystal
mon dieu...
Comment peut on faire ça à cet âge ??? Je veux dire voler une nouvelle et ensuite l'envoyer à un éditeur, signer un contrat, devoir faire face aux corrections... Je sais pas mais moi ça m'empêcherait de dormir

Publié : 26 Mars 2007, 22:07
par Any
J'imagine qu'une fois le processus enclenché, que ça l'empêche de dormir ou non, elle a du être un peu bloquée.
Ce qui m'étonne quand même c'est comment on passe d'une nouvelle à un roman en gardant plus de 99% de ressemblance ?

Publié : 26 Mars 2007, 22:11
par Krystal
moi ça qui m'étonne ce sont les 24000 € de frais de publication. Comment diable s'est il débrouillé pour que ce soit si cher...


--> Any : oui je me suis posée la même question pour le passage d'une nouvelle à un roman. Peut être que c'était une très longue nouvelle et un très court roman ?

Publié : 26 Mars 2007, 22:19
par Beltane
Un de mes amis est éditeur de non fiction au Québec, c'est lui qui m'a raconté en premier cette affaire.

Selon lui, l'éditeur Michel Brûlé n'est pas un éditeur sérieux et les dommages et intérêts qu'il demande aux parents sont proprement excessifs, injustifiés et scandaleux.

Je rejoins tout à fait Any : la gamine a fait une erreur, assez excusable vu son âge. L'éditeur, lui, les accumule et n'a vraiment pas d'excuses valables !

Pour la taille... c'était peut-être une novella qui a été publiée sous l'appelation roman court ?

Publié : 27 Mars 2007, 07:02
par Sheratan
Et voila comment un post va alléger de 85% le travail du comité de lecture de 5S :lol:

Hormis cela, soyons honnête, "la valeur n'attend point le nombre des années" est à remettre dans son contexte : une belle pièce de théâtre. La maturité est souvent la source du réel succès littéraire et rien n'est plus agaçant de lire du "Jordy" (rappelez-vous, le môme qu'on s'est infusé pendant deux ans vers 1993 et qui chantait ces trucs qui font de beaux souvenirs pour des films de famille et des navets dont on rougit maintenant lorsqu'on se dit que c'était un des "musts" de la production musicale française.)

Les enfants et les jeunes (qui vont souvent bien au delà de "teen") sont parfaits pour le cinéma et le théâtre. Après pour le reste...(j'entends au niveau "artistique") Je ne comptabilise pas les romans de "jeunes" qui ont été publiés non pour leur "maturité" mais pour leur "vécu sensationnel" qui fait les choux gras de l'édition depuis environ 7-8 ans.

Publié : 27 Mars 2007, 08:12
par DiL
Je ne sais rien du cas Paolini, mais en tout cas la tante de Flavia Bujor travaille aux éditions Anne Carrière, où son roman est publié.

*** attention, ce qui suit n'engage que mon propre point de vue, qui se base lui-même sur mon propre vécu ***

Je pense sincèrement que publier trop tôt est une grave erreur (oui, je suis la première à le dire, n'est-ce pas un peu ironique?). Pour ma part, suite à des encouragements venant de mes amis, j'ai envoyé mon roman à une demie douzaine d'éditeurs qui m'ont répondu avec des lettres détaillées (ces refus m'ont fait très plaisir car ils étaient argumentés). Tous s'accordaient pour me dire que j'avais du talent. Tous relevaient également des maladresses et une imagination "out of control".

Publier tôt, c'est aussi, quelque part, se prendre pour plus qu'on est. Et puis, quelque part, c'est aussi mettre son roman au même titre que, je ne sais pas moi... les références des jeunes... Pullman? Rowling?

Publier tôt, c'est considérer que son tout premier ou second jet (ou même soixantième) de sa vie est bon, lisible, agréable, attirant, séduisant etc.

Publier tôt, c'est aussi s'exposer à des risques d'arnaque, quand on ne connaît rien au milieu de l'édition.

Publier tôt, c'est mettre sur le marché une oeuvre de jeunesse en avançant son âge pour vendre. Piètre argument à mon goût.

Certes, j'ai moi-même publié tôt. Je me suis fait avoir par un éditeur. Toutefois j'ai pris mon "expérience" très au sérieux en participant à des séances dédicaces, des interviews etc... et cette "expérience juste pour voir" m'a en fait beaucoup appris.

Je ne regrette pas cette publication prématurée à mon goût. Cependant, sans avoir honte de mon premier roman, sans en être si fière non plus, je suis contente d'avoir utilisé un pseudonyme.

Je ne pense pas qu'on puisse publier tôt (je veux dire, en dessous d'un certain âge). La maturité d'un auteur mineur, aussi impressionnante soit-elle, est à remettre dans le contexte d'un auteur mineur. Les dons en écriture sont là, certes, encore bourgeonnant, mais il faut leur donner le temps et la patience d'éclore et de s'épanouir.

Publier tôt, c'est aussi oublier qu'il faut lire au moins vingt ou trente fois plus qu'on écrit: n'est-ce pas une forme d'hybris?

* * *

J'attends avec impatience l'article de Beorn.

* * *

Tiens, après coup je me rends compte que j'ai oublié de préciser ma pensée dès le début du post : je parle ici des "roman publiés", que l'on vend et dont on fait la publicité.

Les nouvelles ou poèmes publiés dans le cadre de concours jeunesse, ou alors les nouvelles et poèmes publiés en webzine / fanzine sont au contraire une énorme chance pour le jeune auteur d'évoluer en compagnie d'auteurs plus âgés.

D'ailleurs, une certaine Chloé a publié un très joli texte sur le webzine Antre des Ecrivains...

Publié : 27 Mars 2007, 08:53
par Beorn
Voici l'article que j'avais prévu de poster ici avant d'être devancé par Krystal sur le sujet :wink: .

Evidemment, il n'apporte pas grand chose puisque tout a été dit ou presque, surtout par DiL qui a fait le tour de la question, mais bon le voilà quand même :


La maturité de l’auteur.

Dans la série « tonton Beorn vous parle des auteurs et de leur production », voici un nouvel épisode : les auteurs jeunes.

Je n’ai pas dit « jeunes auteurs », pour ça, il y a déjà une FAQ, non : je veux parler des « auteurs jeunes », ceux qui n’ont pas vu beaucoup de printemps, quel que soit leur passé en écriture.

Voyez, moi j’ai 29 ans, et j’écris depuis l’âge de 6 ans (c’est à 6 ans qu’on apprend à écrire…) alors de temps en temps, je me penche sur les différentes strates géologiques de mes chefs-d’œuvre, et vous savez ce qui se passe ? Je rigole.
Prenons un petit texte que j’ai écrit il y a seulement trois ans et que j’ai relu cent fois (et ce n’est pas une façon de parler), quand je le lis aujourd’hui, je vois les erreurs comme si elles étaient marquées au fluo. Je vois ce qui est bon, ce qui est mauvais et ce qui serait mieux : c’est comme si tout à coup, j’étais omniscient !
Voyez, Dieu descendant parmi les hommes et disant : ben voilà, c’est comme ça qu’il faut faire, bande de bras cassés, sinon votre monde va partir à vau l’eau.

Et plus je m’enfonce dans mon passé, plus je rigole (et je pleure aussi, parfois). Je me revois en train d’aligner mes poncifs, plus jeune, et je m’engueule tout seul : abruti ! Tu ne vois donc pas que c’est nul ?
Eh bien, c’est un fait : non. Quand j’y étais, je ne le voyais pas, j’adorais mes darlings, je faisais des personnages creux et qui puaient le carton pâte, et je ne voyais rien de tout cela : pour moi, c’était beau, c’était brillant.
Attention, je ne dis pas que je n’avais pas de talent (et le premier qui le dit, je le massacre) : seulement, j’étais en phase de maturation.

Pourquoi j’ai progressé, parce que j’ai soufflé des tas de bougies sur des tas de gâteaux ? Peut-être. Parce que j’ai lu et écrit, tout ce temps, et écouté mes lecteurs ? Sûrement aussi. En tout cas, j’ai progressé.

Alors vous qui êtes jeunes, quand on vous dit : tu as du talent mais tu as encore beaucoup à apprendre, ce n’est pas juste pour vous vexer, ne vous mettez pas en rogne.
Dans quelques années, vous rigolerez comme moi.
A ceux qui pensent être publiés à 15 ans, je dis : même Superman était nul à cet âge là.

Il y a des génies, me direz-vous. Oui, bon, ça existe peut-être, mais ne comptez pas trop là-dessus : le génie, c'est un peu comme les miracles, c'est bien rare et ça ne tombe jamais sur vous.

C’est un peu comme un gâteau pas cuit, voyez (encore une métaphore culinaire, désolé) : sortez-le du four avant l’heure, et dans les estomacs ça va être Verdun, 1916. Est-ce que vous êtes mauvais cuisinier pour autant ? Certainement pas, seulement, il faut le temps que ça cuise. Ne ruinez pas votre réputation avec des gâteaux pas cuits !

Je vous entends déjà me dire : nous avons parmi nous un auteur de 20 ans.
Moui, il y en a un, tant mieux pour lui, il est doué. Mais c’est presque dommage, je suis sûr que dans quelques années, il sera encore meilleur : il trouvera que son texte aurait pu être encore meilleur lui aussi et peut-être même qu’il regrettera de ne pas avoir attendu un peu.

Quand on dit à un auteur que son texte est encore trop naïf ou immature, il le prend pour sa pomme : le roman ou lui-même, il ne fait pas la différence. Eh bien, il a raison : il y a un âge pour tout, ce n’est pas une insulte que de le dire.
Qu’on n’ait pas la même vision du monde à 16 ou 30 ans, c’est une évidence, et ça vaut mieux pour tout le monde : vous avez 16 ans ? Bon sang, vous en avez de la chance : profitez-en, faites votre goût, forgez vos idées, découvrez, reniflez, bricolez, écrivez et faites lire, il y a des tas de bonnes choses en vous qui vont pousser comme des légumes au potager, mais de grâce, si on vous dit que vous n’êtes pas prêt, n’envoyez pas vos manuscrits aux éditeurs !
Et ne vous lamentez pas, soyez heureux au contraire et continuez de travailler votre style : vous allez bientôt être nettement meilleurs, c’est pas une bonne nouvelle, ça ? Parce que si vous croyez que vos 16 ans vont durer toute une éternité, vous vous fourrez le doigt dans l’œil.

Alors, à quel âge faut-il se décider ? Certains sont prêts très tôt, d’autres moins. Moi je ne peux pas le dire : ça, c’est à vos beta de vous le dire. Pas juste un beta, qui peut toujours se tromper, mais plusieurs (et si possible, au moins un qui soit plus âgé que vous).

Les beta, c’est comme les dentistes : ils vous font mal, ces vachards, mais c’est pour votre bien. Est-ce que vous avez déjà mis votre poing dans la gueule de votre dentiste ? Allez, vous en avez rêvé, avouez-le. Et pourtant, à la fin, vous lui faites un chèque ! Alors que le beta, rien : des prunes… Alors soyez gentils : faites un chèque à votre beta, et si vous êtes fauché, faites-lui toujours un bisou.




Ah, et le premier qui me parle de Rimbaud je lui réponds : Rimbaud écoutait les vieux tontons, lui aussi…

Publié : 27 Mars 2007, 09:28
par Blackwatch
D'ailleurs, une certaine Chloé a publié un très joli texte sur le webzine Antre des Ecrivains...


Si c'est la même personne que chez Griffe d'Encre, ca ne m'étonne pas.

Cette gamine, à 12 ans, a fait une erreur énorme. Je pense que tout le monde s'accordera à le dire. Mais il est un peu facile pour l'éditeur de se dédouaner de la sorte.


Idem. :|

Publié : 27 Mars 2007, 09:30
par Blackwatch
C’est un peu comme un gâteau pas cuit, voyez (encore une métaphore culinaire, désolé) : sortez-le du four avant l’heure, et dans les estomacs ça va être Verdun, 1916


:lol: Très chouette article.

Publié : 27 Mars 2007, 10:30
par ereneril
L'article de Beorn me rappelle mon prof de français en 1ère à propos d’un commentaire de texte. En substance il disait :

- Ne vous attaquez pas à un commentaire sur l’amour et le couple. Je suis désolé mais vous n’y connaissez rien. Vous tomberez à côté. Vous avez peut-être pour certains un tas de petites anecdotes croustillantes à raconter mais ça n’est pas ça l’amour. Lorsque vous aurez vécu des années avec l’autre, lorsque vous aurez dormi, oui j’ai bien dit dormi, des centaines de nuits à côté de l’autre, vous comprendrez de quoi je parle.

A l’époque on l’avait tous considéré comme un vieux con, alors qu’il avait raison…

Publié : 27 Mars 2007, 11:11
par Mattieu
Beorn a écrit :Je vous entends déjà me dire : nous avons parmi nous un auteur de 20 ans.
Moui, il y en a un, tant mieux pour lui, il est doué. Mais c’est presque dommage, je suis sûr que dans quelques années, il sera encore meilleur : il trouvera que son texte aurait pu être encore meilleur lui aussi et peut-être même qu’il regrettera de ne pas avoir attendu un peu.


Du coup je me pose une question: A quel âge sommes nous susceptibles d'avoir un roman mature, qui ne pourrait pas être mieux, etc... ? Je pense qu'on peut indéfiniment revenir sur un écrit et lui trouver quelque chose à redire non ?

Publié : 27 Mars 2007, 11:25
par Beorn
Mathieu a écrit :A quel âge sommes nous susceptibles d'avoir un roman mature, qui ne pourrait pas être mieux, etc... ? Je pense qu'on peut indéfiniment revenir sur un écrit et lui trouver quelque chose à redire non ?


C'est vrai qu'il faut bien se décider un jour et ne pas tomber dans l'excès inverse du "je ne suis jamais prêt".

Pour cet auteur, c'est une supposition, je me trompe peut-être.
Pour les autres, comme le dit DiL, faites-vous déjà éditer en revue (plusieurs fois), c'est un bon test.

Et puis, bien sûr, comme je l'ai dit :
Alors, à quel âge faut-il se décider ? Certains sont prêts très tôt, d’autres moins. Moi je ne peux pas le dire : ça, c’est à vos beta de vous le dire. Pas juste un beta, qui peut toujours se tromper, mais plusieurs (et si possible, au moins un qui soit plus âgé que vous).


EDIT :

DiL a écrit : J'attends avec impatience l'article de Beorn.

merci !
Blackwatch a écrit : Très chouette article

et merci !

Publié : 27 Mars 2007, 15:20
par Riel
Allez je me lance dans un remarque d'un interêt pure puissance avec le moins de fautes possible !

L'autre jour je feuilletais un de ces merveilleux mag sur comment s'habiller ou se conduire quand on est une femme in lorsque je tombe sur une page pub pour un roman écrit par une demoiselle de 16 ans. J'étais dans la rubrique : les ados font de sérieuses dépressions. Détail hypra important de ma remarque supra constructive :lol:
Bref, donc la demoiselle avait fait un forte dépression à l'age de 14 ans et elle le racontait 2 ans plus tard dans un livre.
Mon regard a donc cherché aussitôt les extraits.
:-? Bien sûr, zallez me dire, ce ne sont que des extraits, hors contexte, on peut pas juger ... Mais j'ai trouvé le style ... scratch Trop mature ? pour une jeunette, mais surtout ... J'ai trouvé cel pompeux, prétentieux, genre je me lance dans des comparaisons grandiloquantes avec une construction mal digérée ...
Bref ... Le plus étrange ce fut les choix des extraits, mais choix éditorial murement réfléchi je suppose.

Là où je disais que ce serait constructif c'est que je n'ai aucune idée du titre, de l'écrivain ou la maison d'édition. Mais si quelqu'un se souvient avoir lu l'histoire d'une dépressive qui se comparait à une éponge en sortant du psy, il comprendra :lol:

Publié : 27 Mars 2007, 15:43
par Samy NC
Riel a écrit :Mais si quelqu'un se souvient avoir lu l'histoire d'une dépressive qui se comparait à une éponge en sortant du psy, il comprendra :lol:


Ca ressemble à ma mère. L'éponge, elle était imbibée d'alcool ou pas ?

Ok j'arrête.

Publié : 27 Mars 2007, 16:46
par Shigure
On peut toujours avoir un très bon style à 15 ans si on écrit depuis toujours, mais l'expérience vient après, avec le temps. Je me souviens de mes histoires de l'époque, tellement naïve !

Puis j'ai connu mon premier grand amour, le sexe, la rupture, la dépression logique après, se remettre debout, déménager, la solitude, l'administration et ses galères, gérer l'argent, sortir et tisser des liens, les rencontres, les flirts, la création d'une association avec des amis, l'apprentissage d'un jeu de stratégie très sympa... sur une période de 4 ans. Puis j'ai recommencé à écrire, et malgré un manque de lecture et d'écriture flagrante ces années là, mes histoires et mon style n'ont plus rien à voir. Preuve que même le vocabulaire et l'expression s'enrichissent autant avec le quotidien que les lectures.

Je suis encore le premier à avour mes faiblesses et mon manque de maturité, mais je lis beaucoup, je fais des bétas-lectures et je garde les yeux grands ouverts quand je sors, ça aide beaucoup : )

Publié : 28 Mars 2007, 00:00
par Ness
C'est amusant, car j'ai toujours eu un bon style (attention, je ne dis pas que j'ai un style exceptionnel ou quoi que ce soit, mais j'ai un bon style). A quatorze ans, j'avais un bon style. A dix-sept ans, j'avais un bon style. A vingt-et-un an... bref, vous avez compris.
Certes, il y avait des maladresses. Cela dit, je retombe encore actuellement sur des trucs écrits il y a plus de 10 ans et ça m'impressionne moi-même, pourtant je suis plutôt du genre à trouver tout ce que je fais super nul.
MAIS (oui, parce que j'ai l'intention d'en venir à quelque chose) : le style avait beau être bon, le texte était creux. Les personnages avaient tous quatorze ans, même si je voulais dépeindre des adultes.
Mes personnages avaient des problèmes d'adultes, mais des problèmes qu'une ado de quatorze ans pensait que des adultes pouvaient avoir. A travers ses yeux de gamine de 14 ans. Evidemment, ça donnait des personnages très bancals, qui pouvaient avoir de longs moments de maturité sur des choses comme la perte d'un être cher ou autre, mais qui ensuite devenaient des ados atardés dès qu'il s'agissait de sentiments ou de relations, quelles qu'elles soient.
Le défaut, ce n'était pas la forme, c'était le fond.
Et ce problème, je l'ai toujours : aujourd'hui, j'ai 24 ans, presque 25, et je ne suis pas une grande sage universelle pour autant. Souvent, je me rends compte que mes personnages réagissent et voient le monde avec une maturité qui ne correspond pas à leur âge, mais avec la maturité que MOI, avec mes 25 balais, j'estime qu'ils peuvent avoir à leur âge.
On m'a dit un jour "tu pourras écrire de très bons romans, mais tu n'écriras jamais d'excellents romans avant d'avoir au moins 40-50 ans et d'avoir un peu vécu".
Bon, on n'a pas tous envie d'avoir un pied dans la tombe pour écrire son bouquin (j'exagère), mais c'est un peu inévitable.
Attention, je ne parle pas de tous les genres de bouquins. Un ado aura intérêt à écrire un bouquin qui se passe dans un univers où il peut se concentrer sur l'univers, sur l'action, etc., sur tout sauf la psychologie interne du personnage, à moins que celui-ci n'ait 15 ans.
Un ado qui essaie de comprendre la psychologie d'un homme de 30 ans qui a deux gosses, ça passera moins bien.

Publié : 28 Mars 2007, 10:09
par Syven
J'aime beaucoup l'argumentaire de Ness, et pour compléter j'ajoute que cela se vérifie dans les publications.

Les héros d'auteur de moins de 35 ans ont souvent moins de 35 ans.

Publié : 28 Mars 2007, 10:49
par Beorn
Syven a écrit :Les héros d'auteur de moins de 35 ans ont souvent moins de 35 ans.


C'est vrai, mais je vais me faire l'avocat du diable : en fantasy, les héros sont souvent jeunes, ça fait partie du genre.

Je pense qu'à partir d'un certain âge, on peut inventer des personnages plus vieux que soi-même, comme on invente des personnages différents de soi-même (Ursula Le Guinn n'est pas un homme, Tolkien n'est pas un hobbit :lol: ).
Evidemment, dans ce cas, il faut tout de même que l'auteur sache de quoi il parle, mais c'est encore un autre débat...