C'est marrant cette façon dont Jeff et Luciole ont à parler du travail et de la passion. Ça ferait un joli sujet de bac philo ça : "La passion doit-elle rester en dehors du cadre professionnel ?" !
Ce que j'essayais de faire amener, sans succès :(, c'est que la gratuité du travail ne se fait pas sur le plaisir pris à la réalisation du travail, ni à la passion qui l'anime, sinon le manuscrit à l'éditeur serait aussi gratuit, comme l'est par exemple la traduction des nouvelles de Greg Egan par XLVII / Quarante-Deux / 42 pour les éditions du Bélial.
Regardons un peu dans quel contexte la Direction des Impôts nous incite à encourager des gens à travailler sans rémunération : les associations reconnues d'intérêt général peuvent recevoir des dons, lesquels peuvent être déduit à 66 % sur sa déclaration d'impôts sur le revenu :) Parenthèse un brin formelle afin de montrer un exemple simple où la passion des participants n'est pas le premier des arguments.
On peut comprendre que pour une entreprise commerciale on ne veuille pas forcément des dons. On aime bien Mille Saisons, mais pas au point de donner son travail sans autre rétribution que la reconnaissance de la paternité du texte publié.
Aussi, si on intervient dans les écoles, la question de la rémunération, autant que celle du défraiement se pose en tant que question sur le don, sur la démarche pédagogique à un ensemble d'enfant comme volonté personnelle, quelque soit le coût ou dans la limite d'un certain coût, sur le désir de partager une passion.
Pour moi il faut arriver à considérer toute activité bénévole comme un choix réel de la part de l'intervenant. Cette question des interventions dans les écoles est un peu plus vaste que la simple question autour de l'auteur qui se déplace et rejoint la question sur le bénévolat en général. Dès le départ l'intervention bénévole doit être reconnue en tant que telle. Le bénévole fait un don de son temps, voir même de ses ressources personnelles, ce n'est absolument pas naturel et il ne doit rien à la structure dont il fait bénéficier son bénévolat. Reconnaitre que le bénévole n'a en fin de compte que des médailles en chocolat et n'est pas une obligation, c'est d'abord le respecter, et c'est ensuite s'assurer qu'il le fait pour de bonnes raisons. Le bénévole, ce n'est pas le commercial qui vend son livre.
L'écrivain ne peut avoir cette étiquette s'il ne vit pas de son travail ? Au contraire ! Prétendre cela, c'est permettre les gouffres entre les véritables écrivains, et ceux qui ne peuvent se permettre de vivre de leur art ! L'écrivain est-il forcément celui reconnu par le public ? Le meilleur écrivain est celui qui gagne le plus d'argent en vendant son œuvre ? Prétendre cela, c'est aussi voir certains ne plus se remettre en question sous prétexte qu'ils sont publiés chez un quelconque éditeur.
Oui vous êtes passionnés !
Oui on ne parle pas de vous à la télé !
Oui vous voulez partagez votre passion sans forcément chercher à en vivre !
Mais cela ne fait pas de vous de moins qu'écrivain...
Mais cela ne vous oblige pas à être bénévole pour cette activité, c'est d'abord votre décision. Ne pas en parler, c'est faire croire que le paiement de l'intervention, c'est pour les vrais écrivains...
Voilà

J'espère avoir été un peu plus clair. :)
Arthur C. Clarke nous a quitté :(