Malpertuis chez Malpertuis

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Lucie
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Malpertuis chez Malpertuis

Messagepar Lucie » 23 Oct 2009, 14:12

Les éditions Malpertuis ont le plaisir de signaler la parution de leur nouveau titre, attendu depuis un moment déjà :

Malpertuis I, anthologie de 22 nouvelles fantastiques dirigée par Thomas Bauduret.

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Ce projet d’anthologie, qui voit enfin le jour, est un des premiers lancés dès l’existence des éditions Malpertuis. Son but: présenter une radiographie annuelle du genre fantastique dans toutes ses ramifications et, nous l’espérons, son évolution, présentant aussi bien des auteurs débutants que des confirmés.

Nouvelles de Nico Bally, Sophie Bataille, Ophélie Bruneau, Jean-Michel Calvez, Lucie Chenu, Sophie Dabat, Patrick Eris, John Everson, Laurent Fétis, François Fierobe, Jacques Fuentealba, Benoît Giuseppin, Brian Hodge, Romano Vlad Janulowicz, Jess Kaan, Nicolas Kempf, Claude Mamier, Sylvie Miller, Jean-Pierre Planque, Guillaume Suzanne, Brice Tarvel, Clara Williams.

ISBN: 978-2-917035-12-2
15,6 x 23,4 cm.
296 pages. 16 €.

Informations et commandes :
http://www.ed-malpertuis.com/spip.php?article19
Les Enfants de Svetambre : http://www.riviereblanche.com/
Univers & Chimères : http://univers.chimeres.org/

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Trinitrotoluène
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Re: Malpertuis chez Malpertuis

Messagepar Trinitrotoluène » 15 Déc 2009, 09:28

J'ai lu ce recueil et voici quelques impressions de lecture.
Tout d'abord, et au risque de répéter ce qui a été dit ailleurs, cet ouvrage est une réussite indéniable. Pour tous ceux qui aiment le fantastique, qui aiment se donner des frissons, se faire rêver en doutant de la réalité qui les entoure, ce livre est un pur moment de bonheur. La plupart des textes fournissent un dépaysement dont on revient le front un peu pâle... ou les joues un peu rouges.

- "La porte" : ce n'est certes pas le texte que je préfère. Trop de mystère, trop de petites béquilles pour maintenir le suspense. Matériellement, il est vrai que le postulat choisi (c'est à dire la nature même de l'entité néfaste) limite les possibilités. On aurait bien vu plus d'événements, de surprises, et moins de développements sur la culpabilité et la peur.
- "V comme..." : L'idée de fond est assez lumineuse, elle colle bien à notre monde actuel et à ses mythes modernes (la pédophilie). Une situation, un récit bien menés. Dommage que les choses se compliquent inutilement à la fin avec l'irruption de ce frère et de cette histoire de famille, qui gâche un peu l'"économie" du texte.
- "Ceux des marais" : pour ceux qui connaissent les BD de Chabouté, vous retrouverez ici la même ambiance. Des campagnards ravagés, inquiétants, un trou paumé et des pratiques qui survivent malgré des siècles de christianisation. Une histoire sans aucun héros, qui finit par donner la nausée au lecteur. Je vous jure, en reniflant de près, ces pages ont une odeur de vase. Et c'est très bien. Un des meilleurs textes du recueil.
- "Fais-moi confiance" : ça va vite, trop vite (une page et demie). Les nouvelles ultra-courtes sont certes les meilleures, mais celle-ci est carrément trop squelettique, incohérente, pour pouvoir se faire une opinion ; d'autant que, finalement, elle ne nous raconte pas grand'chose.
- "Golem de dancefloor" : une histoire contemporaine bien enracinée dans le passé, avec un vieux motif du fantastique : le golem. Je trouve un peu dommage que, jusqu'à la fin, on ne sache pas décider si on va aimer ou détester le personnage. Et cette façon de raconter en s'adressant à "tu, vous" manque selon moi de naturel ; le texte aurait pu être un poil résumé. Mais la chute est tout à fait convaincante : voilà un endroit où le surnaturel pourrait bien encore se cacher. La prochaine fois qu'on ira en boîte, on restera bien au milieu de la piste.
- "AOC Dealu-Mare" : vive le fantastique à thème. Cette histoire nous emmène dans le monde de l'oenologie. Même si la fin est un peu prévisible, très bien ficelé et documenté.
- "Le miracle du fusain" : ici on est plus dans le domaine du rêve, du féérique au quotidien. Une histoire d'oeuvres qui se créent toutes seules. Il y a plusieurs petits passages où l'auteur touche du doigt ce que signifie vraiment "créer". J'ai mis du temps à démêler le mystère qui est raconté là.
- "Les disparus de Saint-Bosc" : l'histoire du joueur de flûte de Hameln, revisitée. Dommage pour l'arrière-plan un peu trop guimauve à mon goût, mais c'est une histoire très bien racontée, sans temps mort, avec un style remarquable.
- "L'appel de la lune" : Je pense qu'il s'agit de la meilleure nouvelle de ce recueil. Deux personnages, un clochard et une vieille dame, font alliance pour résister à une influence surnaturelle et surpuissante. C'est écrit dans un style tout américain, avec des phrases courtes et aucune concession à ces tue-l'amour que sont les digressions psychologiques. Un fantastique fait d'informulable, de pressions, de sensations. Du grand art, avec pas grand'chose.
- "Comme une étoile filante" : transposer le pacte faustien au monde du show-biz, il fallait que ce soit fait. Avec un Tentateur sous la forme d'un enquêteur d'institut de sondage, belle trouvaille, là encore. La fin aurait pu être un poil plus percutante, mais c'est un texte plein de dynamisme et de "petits faits vrais".
- "Noirescence" : je préfère ne pas trop en parler, vu que ce genre de texte psychanalytico-surréaliste ne me parle absolument pas
- "Merlignies" : La deuxième (ou la première, après tout !) nouvelle à monter sur mon podium perso. Avec ce texte, on a sa dose de nuit pour la journée, sa dose de suspense, d'impatience et de souffle retenu. L'auteur sait comment vous prendre par le bout des tripes pour vous emmener faire une petite balade là où ça geint, là où ça grouille. Le tout raconté avec une langue bien balancée, et des personnages situés en deux-trois phrases. Pour nous amener devant un dénouement inquiétant et ridicule (oui, les deux à la fois), qu'on mettra un certain temps à digérer.
- "La poupée crucifiée" : encore une très bonne idée, même si elle n'est pas d'après moi exploitée au mieux. La montée d'adrénaline, les moments lents et les moments rapides auraient pu être mieux répartis. Malgré tout, c'est un texte où la folie déborde de partout, et c'est le principal.
- "L'Erdre et le loup" : j'ai mis un temps fou à me prendre à ce texte. Il est peut-être moins fantastique que les autres, étant donné que le "doute" ne dure pas très longtemps. Je vous préviens, vous rencontrerez là plusieurs de nos amis aux grandes dents. En tout cas, raconté avec beaucoup d'humour et une fluidité bienvenue.
- "Les chemins de Khtâr" : encore un superbe texte. C'est de la pure description, il ne se produitrien, et pourtant on passe sans arrêt de l'émerveillement aux chocottes. Pour les amateurs de Lovecraft, il faut que vous ayez lu ce texte ! Si on ne m'avait pas dit qu'il était de quelqu'un d'autre (François Fiérobe), je l'aurais attribué au Maître ! Pour tous ceux qui savent qu'une bibliothèque n'est pas un lieu innocent, et que ce qu'on sait n'est rien comparé à ce qu'on pourrait savoir...
- "La petite fille au mort" : L'idée est intéressante, même s'il y a une grosse incohérence dans la façon dont elle est "mise en intrigue". Une histoire qui procure continuellement une sensation d'écoeurement ma foi assez sympathique.
- "Je guéris le cancer" : vu le statut de mythe que le cancer a désormais dans notre société, c'est étonnant qu'il y ait si peu d'auteurs de SFFF qui essaient d'en tirer du frisson (mis à part Bernard Werber, je n'ai pas de référence...). Ici, c'est une histoire de charlatanisme très contemporaine, avec une chute qui ouvre quelques réflexions : et si on se trompait du tout au tout depuis toujours, concernant la santé et la maladie ?
- "Chien de garde" : un jour, un écrivain se demanda à quoi ça pourrait ressembler, si les dieux grecs avaient survécu jusqu'à nos jours. Il s'appelait Jean Ray. Il en fit une nouvelle, qu'il appela Malpertuis, du nom du domaine où les dieux se sont frileusement réfugiés, dans son texte. Malpertuis, qui est aussi le nom de l'éditeur du présent, recueil, et du recueil. Il fallait bien que le texte de Jacques Fuentealba figure dans cette antho, même si après le texte de Jean Ray, il n'y a plus grand chose à dire. Dommage : si on connaît un peu la mythologie, on est vite fixé sur tous les petits clins d'oeil de l'histoire. Une narration plus rapide aurait sans doute résolu le problème. Ceci dit, cette ambiance décatie, sinistre, entre vieux pleins de fric convient bien à ce qui est raconté.
- "Peau douce, peau froide" : et voilà sans conteste la deuxième dauphine. Tous les ingrédients y sont : des caractères odieux, des situations obscènes, du sang et des tripes. Encore un texte qui fabrique de la peur avec peu de moyens, et qui nous flanque un bon coup de cynisme en travers des mâchoires. Paf !
- "Plume d'ange..." : là encore, une nouvelle extrêmement réjouissante. On croyait que les athées grincheux avaient fini par disparaître, et que le monde n'était plus peuplé que de croyants et de gens "respectueux des croyances des autres". Eh bien Sophie Dabat appartient à l'ancien modèle. Chez elle, les anges morflent, et pas qu'un peu. C'est tellement inattendu qu'il m'a fallu revenir en arrière pour le vérifier. Après les innombrables histoires où l'humanité, au bord de la perdition, est sauvée par le petit geste d'un personnage au grand cœur, voilà un récit où on renvoie les beaux sentiments chez eux à grands coups de pied au cul. Idéologiquement, c'est mon texte favori dans ce recueil, et il est tout à fait à sa place dans une antho nommée "Malpertuis".
- "Ekphrasis" : encore une vampirerie. Celle-ci démarre bien, par un sympathique paradoxe : le vampire, grand seigneur raffiné, se présente au héros sur le parking d'une supérette. Il faut de tels angles d'attaque, désormais, pour raconter une histoire de vampires. Dommage que par la suite, on revienne à l'ambiance feutrée, moquettée, surfine et policée dont Ann Rice et ses copines nous ont gavés jusqu'à l'écoeurement. Cela dit, ce texte conduit quand même à une très bonne (et très pessimiste) vision de l'acte créateur. Sans compter que l'auteur est un maître, dès qu'il s'agit de parler de nourriture et de bons petits plats.
- "Béni soit le péché" : pour moi la nouvelle la plus sotte de tout le recueil. L'auteur imagine l'existence d'une secte mondiale mêlant sans aucune légitimité hédonisme et recherche du mal. Oserai-je dire que seul un cerveau puritain pouvait accoucher d'un tel non-sens ? Blague à part, ce texte me fait le même effet que les textes de Pirandello : c'est bien mené, fin, mais ça vous mène de nulle part à nulle part. Dommage que l'antho finisse sur ce bémol.

En résumé, donc, un ouvrage très touffu, mêlant d'innombrables genres, pour tous les goûts, et contenant une bonne moitié de bons textes et un quart d'autres tout à fait corrects. Il y a là plusieurs découvertes, pour moi, et une certaine satisfaction : non, comme le dit Thomas Bauduret, l'anthologiste, dans son introduction, le fantastique n'est pas mort. On respire, avec lui, un grand coup.

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Re: Malpertuis chez Malpertuis

Messagepar Oph » 15 Déc 2009, 19:43

Trinitrotoluène a écrit :- "L'Erdre et le loup" : j'ai mis un temps fou à me prendre à ce texte. Il est peut-être moins fantastique que les autres, étant donné que le "doute" ne dure pas très longtemps. Je vous préviens, vous rencontrerez là plusieurs de nos amis aux grandes dents. En tout cas, raconté avec beaucoup d'humour et une fluidité bienvenue.

Merci. :oops:
Je ne suis pas aussi indulgente que toi : en me relisant, j'ai presque eu l'impression d'être devant Eddy M.

Je n'ai pas encore lu le livre. Je m'y mettrai dès que j'aurai fini celui sur lequel je suis en ce moment.

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Re: Malpertuis chez Malpertuis

Messagepar Oph » 18 Oct 2010, 18:43

Malpertuis persiste et signe !

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L'anthologie Malpertuis II doit paraître le 5 novembre 2010 à l'occasion de la Foire du Livre de Brive-la-Gaillarde.

Après le succès de la première anthologie Malpertuis, voici la seconde édition de ce qui se veut un panorama annuel du meilleur de la production littéraire fantastique. La progression exponentielle du nombre de soumissions, qui a quadruplé en un an, montre que ce carrefour du fantastique est désormais incontournable. S’y mêlent débutants et auteurs confirmés illustrant toute les facettes du genre, du plus intimiste à des textes plein de mordant, avec cette fois une ouverture internationale plus marquée grâce à deux textes du domaine hispanophone. En attendant Malpertuis III !

Nouvelles de Nico Bally, Jo Belley, Claude Bolduc, Sylvain Bonnet, Ophélie Bruneau, Jean-Michel Calvez, Santiago Eximeno, Fransk Ferric, Jacques Fuentalba, Christophe Garreau, Serena Gentilhomme, Romano Vlad Janulewicz, Jess Kaan, Bernard Leonetti, Emmanuelle Maia, Dominique Molès, Lucas Moreno, Michaël Moslonka, Georges Mugand, Marija Nielsen, NokomisM, Christian Perrot, Johan Scipion, Pierre-Alexandre Sicart, Christian Simon, Ketty Steward, Brice Tarvel, Melanie & Steve Rasnic Tem, Jan Thirion.

Plus de nouvelles, plus de pages, mais toujours pour 16 euros.


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