Yo à tous,
Je prends le train en marche et le thread au vol

. Certains posts me laissent effarés, mais bon... Bragelonne en a vu d'autres, on survivra.
Un point que je voudrais quand même souligner, et qui va me valoir beaucoup d'ennemis - vous voilà prévenus :
En vingt-cinq ans de "carrière littéraire" j'ai rencontré des gens qui écrivaient (romans ou nouvelles) et qui étaient des écrivains, et d'autres, qui écrivaient aussi, et qui n'étaient pas des écrivains. Ils alignaient des phrases, des pages, des chapitres, et ça ne constituait pas, à mon humble avis, c'est mon opinion personnelle et tout ça, des oeuvres littéraires. Juste des empilements de mots.
Là, on ne peut rien faire. Un mauvais écrivain peut devenir meilleur, un écrivain débutant peut enrichir sa palette et évoluer. Par contre, un non-écrivain, à ma connaissance, ne peut pas devenir un écrivain. Je ne sais pas pourquoi c'est comme ça, je me borne à le constater. J'ai vu des gens essayer pendant des années, pour rien. Je les ai vus s'obstiner sur leurs pages, s'arracher de belles phrases et mettre leurs tripes dans des textes qui, au final, ne me paraissaient pas appartenir à la littérature.
Ces "non écrivains" représentent, à vue de nez et d'après mon expérience, plus de 90% de ceux qui écrivent. Demandez autour de vous, à vos copains, aux membres de votre famille... Combien ont dans leurs tiroirs un recueil de poèmes, un début de roman, une nouvelle ou deux ? Regrdez les blogs sur internet - la masse de textes que cela représente, et l'intérêt moyen de l'ensemble. Pour les manuscrits, c'est pareil.
Quand un éditeur pro - ou son comité de lecture - reçoit un manuscrit d'un "non écrivain", il l'élimine, tout simplement, dès la première lecture, les premières pages. En général avec la lettre circulaire de base, genre "votre manuscrit ne correspond pas à nos besoins actuels". Aucun dialogue n'est possible, malheureusement, ou alors il faut être clair et miséricordieusement cruel, en disant "votre manuscrit ne m'a pas convainccu que vous étiez un écrivain"...
Ces "non écrivains" sont des proies rêvées pour les éditions à compte d'auteur. Les éditions à compte d'auteur que j'ai connues sont en général des sociétés qui se gardent bien de lire les manuscrits - tout juste les survolent-ils pour éviter les textes impubliables (genre diffamation, textes censurables, etc.). Elles n'aident en rien un éventuel écrivain à devenir meilleur, et elles font croire à un non écrivain qu'il peut rivaliser avec les écrivains. Elles vendent un rêve que je trouve pernicieux et dangereux, mais après tout les gens ont le droit de s'offrir les rêves qu'ils veulent. Le choix leur appartient.
J'ajoute qu'en tant qu'éditeur, je peux passer beaucoup de temps à discuter avec un auteur que je décide de publier, pour que l'ouvrage final qui sort des presses soit le plus réussi possible, le plus "abouti". Cela veut dire, par contre, que le manuscrit m'a déjà convaincu et qu'il contenait donc tous les ingrédients qui me plaisaient, ou presque. Améliorer, amplifier, épurer, oui. Changer, non !
L'idée de "faire refaire" un manuscrit pour qu'il corresponde à mes attentes est absurde : c'est comme si on épousait le premier venu en l'envoyant chez un chirurgien esthétique pour le faire retailler afin qu'il nous plaise !
Mais c'est mon avis, vous avez le droit de hurler...
Je vous poutoune,