Forum Mille Saisons

Je m'explique, en fantasy : "Le SDA", pour le tome un, côté road-movie nature avec une traque par des créatures inconnues (les deux autres tomes, j'aime moins), "le Trône de fer" pour le côté coups tordus géniaux, comme dans les noces pourpres, dantesque !!! (mais est-ce vraiment de la fantasy ou plutôt du fantastique ?), "la Compagnie noire", pour l'amour... Eh oui, ce toubib avec sa Dame, c'est pas mimi, tout ça ?, "Lyonesse" (Jack Vance), parce que c'est le meilleur conteur que je connaisse.

En fantastique : "Sans parler du chien" et "le Grand Livre" (Connie Willis), parce que c'est super rigolo et très bien écrit ! Dan Simmons, pour "l'Echiquier du mal", en particulier, l'idée est géniale.

En fait, je m'aperçois que j'aime ces genres, non pas parce qu'il y a des elfes, des orques méchants ou des créatures infernales (sauf peut être dans Lovecraft...), mais parce ces auteurs recyclent à merveille des sentiments bateaux et des idées communes -ou pas-. Les auteurs de fantasy / fantastique auraient-ils donc plus d'imagination que les auteurs de littérature blanche, finalement ? Non pas pour créer un univers original, mais pour réinventer des sentiments dans des contextes improbables. Je ne sais pas. A vous de me faire part de votre avis...

Ce que j'aime dans le fantastique, c'est quand l'auteur se sert du fantastique pour amener une reflexion, se sert du fantastique pour amener une critique social exemple S. King.
Lorsque le fantastique est un "personnage secondaire" exemple l'heure du loup.
Ou encore quand il apporte quelque chose de novateur, l'exemple le plus flagrand est: Le cycle de Lirael de G. Nix ou Faérie de Fest.

En fait, je m'aperçois que j'aime ces genres, non pas parce qu'il y a des elfes, des orques méchants ou des créatures infernales (sauf peut être dans Lovecraft...), mais parce ces auteurs recyclent à merveille des sentiments bateaux et des idées communes -ou pas-. Les auteurs de fantasy / fantastique auraient-ils donc plus d'imagination que les auteurs de littérature blanche, finalement ? Non pas pour créer un univers original, mais pour réinventer des sentiments dans des contextes improbables. Je ne sais pas. A vous de me faire part de votre avis...

Oui, je crois que tu tiens une partie de la réponse: des thèmes intéressants insérés dans des univers qui sont attrayants et renouvellent le plaisir de la lecture. C'est un peu renouer avec la lecture-plaisir après avoir subi la "trahison" affective de la lecture obligatoire dont parle Daniel Pennac. Non pas qu'aborder des romans plus "psychologiques" que nos livres d'enfants ne soit pas nécessaire, mais après tout, on peut très bien trouver des thèmes "sérieux" en SFFF.
Plus simplement, l'imaginaire nous plonge dans une bonne vieille magie du rêve qu'on avait eu tendance à oublier.

Qaunt à ceux qui ne supportent pas le fantastique et qui me disent que ça ne correspond en rien à la réalité, je leur rétorque que bien souvent, les études sociologiques des romans d'anticipation ou de fantasy sont plus proches de la réalité que les romans noirs dits "réalistes". Il n'y a qu'à voir "le trône de fer", qui vaut pour cela "les rois maudits" amha, par exemple.

Oui mais c'est un faux débat : ça n'a rien à voir avec le genre.
Quand tu parles de ce qui te plaît dans la fantasy etc, tu prends tout de suite des auteurs comme exemple. Donc tu nous dit ce qui te plaît chez ces auteurs.
Si je regarde la fantasy dans son ensemble, ce qui me plaît, a priori, et ce qui fait que je continue d'en lire malgré le fort coefficient de bouse qu'il y a dans le genre, c'est cet univers héroïque, pas trop écrasé par la science, et la beauté, finalement, de ces univers, qui est celle de notre moyen-âge.
Pour le fantastique : le fait d'imaginer, le temps du roman que notre société toute plate ne l'est pas complètement, qu'il y a encore des mystères, des secrets, un dessous des cartes. Quelque chose comme ça.

Tout à fait d'accord.

Mois, ce que j'aime, c'est quand le personnage, a une vie banal, si on peut dire sa comme cela, et que subitement, suite à un déclic étrange, sa vie change du tout au tout. Du coup, on s'engage dans une lecture ou on veut essayer de comprendre la suite afin de comprendre pourquoi c'est tombé sur tel personnage et non pas sur un autre. Et puis, j'aime quand les auteurs changent, parfois, l'idée commune. Par exemple, pour les elfes, j'aime lorsque l'auteur nous le décrit différemment que ce qu'on pourrait imaginer. Ainsi, on n'est transporté dans un univers personnel et non pas commun.

'fin tout ce que vous dites, on peut le retrouver dans la litté blanche - hormis le monde "original".

Moi j'aime pas la fantasy ou le fantastique, j'aime la littérature. Na.
Il se trouve que la SFFF c'est suffisamment barré pour me plaire particulièrement, mais d'autres bouquins y arrivent aussi et parfois mieux. Je trouve cette question particulièrement étriquée...

En effet, il est bon de lire des romans qui sont différents de la SF parfois.

Pour le fait de rejoindre des univers originaux et différents du notre, je suis moyennement d'accord. Au bout d'un moment, ces univers ont tous la même particularité ; ils sont différents du notre. Et la surprise, va la provoquer avec ça. C'est parfois d'une platitude, quand même.


On en revient au même problème : il y a des auteurs qui sortent du lot, dans le "carcan" fantasy. Mais ce qu'ils proposent alors, c'est justement de la littérature, une profondeur qui dépasse la question de la fantasy, ou pas.
Voilà pourquoi je suis plutôt de l'avis de Chwip, même si du coup, ça ne fait pas avancer le shmilbick...

Pour la question du dépaysement, du "ré-enchantement du monde" dont parle TNT, je comprends aussi. Restituer au monde tout son mystère, ça n'a pas de prix. C'est pourquoi il y a Euroc...



En fait, je trouve que la fantasy peine parfois à transporter comme elle le devrait.

Et en littérature blanche, on a autant de chance de tomber sur un aspect du monde réel, que l'on ne connaissait abslolument pas, et qui vaut autant qu'un bon voyage imaginaire.

Dans ce cas, ils font de la SFFF sans le savoir !
Blague à part, je comprends ce que vous voulez dire ; il y a certes aussi du dépaysement dans la "blanche", sauf que :
- avec l'évolution actuelle de la littérature (et surtout en France, merci Minuit, merci Duras et tous les c...ds du Nouveau Roman), on n'est plus du tout assuré de trouver ce dépaysement en ouvrant un roman "généraliste". C'est une bonne surprise bienvenue mais rare.
- les auteurs de textes "vraisemblables" commencent à donner des coups de coude du côté de l'imaginaire, sur le thème "Hé les gars, moi aussi je sais faire ça" (F. Thilliez, Dan Brown, la série Medium...) A croire que le fantastique/fantasy on quand même des choses à leur apprendre
- pour moi, la bonne littérature est toujours un nid, un écheveau de symboles qui se répondent, plus ou moins ouvertement. De ce point de vue, la "blanche" est toujours trop faible en symboles, alors qu'un bouquin honnête de fantasy ou de fantastique donnera toujours cette impression de "vibrer" dans mes mains (je crois que je réponds, là, plus personnellement à la question posée : voilà ce que j'aime dans la F et dans le F...)

Peut-être bien qu'actuellement, la production manque de "vibrance". Mais en fait, il y a tellement de choses à lire que le présent littéraire m'échappe complètement...
Quels sont les symboles dont tu parles, sinon ?

Pour prendre un exemple simple de "vibrances", de rapports symboliques qui moi me font rêver : l'incontournable chiffre 8 dans les annales du disque-monde ; dans un bouquin que j'aime beaucoup, "Le sommeil de la Raison" : une sorte d'affrontement cosmique, éternel, entre monde germanique et monde latin ; "Le Maître et Marguerite" : les rapports entre Satan et l'écriture ; "La fiancée du Dieu-rat" : une réalité toujours prête à être bouffée par nos amis les rats...

Je ne sais pas si c'est très convaincant pour vous ; c'est vrai que je n'ai jamais essayé de formuler tout ça.
Des symboles, on en trouve aussi dans la littérature "pas-d'imaginaire", mais pour bien fonctionner, il faut aux symboles un côté ancien, et un côté cosmique, absolu ; choses qui résident naturellement, selon moi, dans la poésie, dans les contes et légendes, et surtout dans le genre fantastique ou de fantasy.

Trinitrotoluène a écrit :Pour prendre un exemple simple de "vibrances", de rapports symboliques qui moi me font rêver : l'incontournable chiffre 8 dans les annales du disque-monde ; dans un bouquin que j'aime beaucoup, "Le sommeil de la Raison" : une sorte d'affrontement cosmique, éternel, entre monde germanique et monde latin ; "Le Maître et Marguerite" : les rapports entre Satan et l'écriture ; "La fiancée du Dieu-rat" : une réalité toujours prête à être bouffée par nos amis les rats...

Tu parles donc de contenus littéraires manifestes . Bon je nomme ça comme ça, mais dans l'idée...c'est bien ça, c'est une profondeur dans un thème. Pour le côté absolu dont tu parles plus bas, je comprends que tu "préfères" la SFFF, qui a plus de chances de concentrer les éléments cosmiques que tu recherches.

Je ne sais pas si c'est très convaincant pour vous ; c'est vrai que je n'ai jamais essayé de formuler tout ça.

Mais euh, tu me vouvoies ou tu t'adressais à tout le monde ? Tu veux me foudroyer sur place, moi qui croit aux amitiés de forum éternelles ?


Des symboles, on en trouve aussi dans la littérature "pas-d'imaginaire", mais pour bien fonctionner, il faut aux symboles un côté ancien, et un côté cosmique, absolu ; choses qui résident naturellement, selon moi, dans la poésie, dans les contes et légendes, et surtout dans le genre fantastique ou de fantasy.

juste une petite digression : je ne connais quasiment rien en poésie mais as-tu déjà jeté un oeil sur le petit recueil de poèmes de Paul Auster, "Disparitions" ?

Héhé non, c'était bien une deuxième personne du pluriel, ami Sylmar (en fait c'est un appel à ce que d'autres donnent leur point de vue sur cette question fascinante) ; non, je ne connais pas du tout Paul Auster. Depuis le temps qu'on m'en parle, il faudrait que je me trouve un de ses bouquins...

Autant pour moi , je sais pas ce qui me passe par la tronche des fois ...

Un exemple de symbole puissant chez Auster, tiens. Puissant, et d'une portée peut-être pas cosmique, mais au moins métaphysique:

Dans un de ses bouquins, Brooklyn Follies, il raconte l'histoire d'un retraité tout frais, qui vient d'atteindre un âge qu'il considère "fatidique" au vu de son environnement. Divorcé, vieux, brouillé avec sa fille unique, plus d'attaches...
Il va se retrouver avec un neveu, promis à un avenir studieux auparavant, qu'il retrouve donc un peu enrobé, l'oeil pateux, bossant dans une bibliothèque dont le propriétaire est un homosexuel ayant baigné dans le trafic d'oeuvres d'art. Jusque là, peu de télescopages.
Puis entre eux un soir, une discussion surréaliste a lieu, et c'est la désillusion qui les réunit, presque inconsciemment, autour d'un idéal un peu flou, émergeant peu à peu dans la conversation.
Ils en viennent à définir un "Hotel Existence", un lieu particulier où chacun dispose de sa liberté, et du droit à l'espérance en un avenir meilleur.

Je m'étale là, je suis en vrac au milieu de la page, mais dans l'idée je trouve que c'est un exemple parlant de symbole, de "marque", de "truc qui vibre" pour finir.

Sans être la clé ultime de l'histoire dont je parle (il faudrait déjà que j'en lise les 40 dernières pages...), on retrouve ce concept durant le roman, puis il s'élargit...il reste "présent", en tout cas et marque le discours.

Dans la Horde du Contrevent, il y a quelque chose de non pas semblable, mais qui peut se targuer d'être un objet universel, qui nous parle à tous, à priori. C'est cette course, cette remontée jusqu'à l'Extrême Amont, qui prend la forme d'un voyage "à vie", et qui lui donne une portée véritable.

Bref, j'aime la bonne fantasy, qui est bonne, quand pour moi, elle parvient à traiter de quelque chose et à m'en parler.

TNT, OK avec toi sur le fait que ce sont des auteurs, et non le genre en lui-même que j'aime. Mais J.Vance, par exemple, est excellent dans Lyonesse, et souvent moins bon en SF, par exemple. Et en littérature blanche également, c'est l'auteur qui fait tout, bien évidemment.
Mais je maintiens que certains thèmes sont davantage abordés en fantasy et fantastique, et plus rarement en littérature blanche, et c'est cela qui me plaît dans ce genre.
Il faut reconnaître qu'actuellement, (OK avec toi) il y a beaucoup de bouses en fantasy, il n'y a qu'à voir certains rayons de FNAC avec des dizaines de livres estampillés "M" et de "B", dont la moitié ne valent pas pipette. En demandant à la responsable livres fantasy de la FNAC de la ville de "T", pourquoi il n'y avait pas d'autres éditeurs en gondole, elle m'a dit que c'était "ça" que demandait le public. Je trouve cette réflexion très méprisante pour le lecteur (bon, je sors du cadre de la question), et je lui ai dit qu'il y avait de l'excellente fantasy chez des petits éditeurs...
Amha, si pour elle "ça", est la quintessence de la fantasy, alors G. Musso est le "ça" du thriller moderne (non, mais, sans blague...)
Bon, quant à savoir si la question est étriquée, nous sommes sur un forum fantasy et fantastique, n'est-ce pas ?

Bon, en même temps, la façon de remplir son rayon pour un responsable ne dépend peut-être pas uniquement de ses goûts...il a même plutôt intérêt à prendre ce que le public veut, même s'il trouve ça mauvais.
D'ailleurs, en matière de bouse, je me demande si ce n'est pas seulement le début.

quant à savoir si la question est étriquée

C'est pas moi qui ai dit ça ??

Mille pardons, je n'ai pas été clair, là, je répondais à Chwip.

Pour ma part, si j'aime la littérature fantastique c'est que j'ai toujours en moi un enfant à qui l'on a raconté plein de beaux rêves...
Mais qui ne sont que des rêves (le nom commun est "conte", si je ne m'abuse).

Et j'ai eu des moments où j'aurais encore plus aimé que certains rêves puissent être vrai... voyager instantanément, pouvoir ressusciter les morts, pour ne citer que deux exemples.

Mais m'a t'on appris, une adolescente ne doit pas lire de conte, ça fait attardée, ça fait mauvais genre. Faut attendre d'avoir un gamin pour relire des contes...

Alors j'ai (re-)trouvé ce genre, dans lequel les rêves d'enfants sont possibles... et ils ont alléger mon cœur...

Alors pourquoi j'aime ? Car j'aime rêver ! Et que je n'aime pas le monde actuel, plein de valeurs sur l'argent, sur la propriété privée... sur ces choses que je n'aime pas...

Voilà pour ma part... Nul besoin d'elfe et de dragons pour me combler, juste besoin de me faire rêver...