Je vais déterrer une vieille réaction de ce post qui m'a fait tiquer
Vinyamar a écrit :
Dans les western, nous montrer des femmes tueuses chevauchant dans la poussière et le soleil couchant au milieu des bouses de vaches, des coyotes et des desperados, jouant du colt et aimant la poudre à fusil, ben je suis désolé, mais ça passe pas.
On peut faire une femme guerrière, si au fond on conçoit qu'elle reste femme ! Qu'elle ne devienne pas un monstre sanguinaire ! (Eowyn de ce côté est un exemple encore perfectible mais acceptable.) Qu'elle réagisse en femme, aussi bien psychologiquement, que physiquement (non, ce n'est pas elle la plus forte !), que moralement, qu'affectivement...
Et pourtant, Calamity Jane était bien réelle. Elle chevauchait dans la poussière, jouait du colt, jurait et se bourrait la gueule, elle n'en était pas moins une femme! (et si je ne me trompe pas, elle avait un enfant, mais était lesbienne)
D'où ma question, c'est quoi alors "réagir en femme"?
Dans la fiction, j'ai lu récemment un livre intitulé "La Couturière" de Frances De Pontes Peebles. Un roman historique basé sur la révolution au brésil en 1930. On y croise deux soeurs séparées par le sort. L'une se fait enlever par les cangaceiros, les bandits de l'époque et l'autre épouse un notable et va habiter en ville. Tout au long du livre, on suit en parallèle la vie des deux soeurs. Celle qui a épousé le notable a réalisé son rêve mais n'est pas heureuse pour autant. Celle qui se fait enlever par les bandits devient bandit à son tour et même chef de la bande à la mort de celui-ci. Une évolution du personnage qui, dans le contexte du livre, est plus que crédible.
De même, dans la tour sombre de King, où le western est matiné de fantasy et de SF, Suzanna rejoint (malgré elle) la troupe du Pistolero, vit dans la boue et la poussière, apprend à tirer, bref, à vivre à la dure, aux côtés de ses compagnons de quête. Et, détail suprême, elle est infirme et se déplace en fauteuil roulant! Le personnage, très bien fouillé, est lui aussi, plus que crédible dans son contexte.
Moralité, vouloir attribuer des rôles aux hommes et aux femmes sous prétexte que les voir autrement "ça ne passe pas", je trouve ça réducteur et c'est, finalement, faire peu de cas de la réalité. Hors, pour un écrivain, cela trahit deux choses: ne pas prendre en compte les réalités de l'existence (et donc s'endormir sur certains clichés, finalement) et c'est également se priver d'une grande liberté dans l'écriture.
En effet, la réalité du quotidien peut ammener n'importe qui, homme ou femme, à être et agir de façon peu habituelle pour le "genre" auquel il/elle appartient, "genre" auquel on voudrait le rattacher par commodité. Ben non, la vie c'est pas tout rose mes enfants!
De même, en littérature, tout comportement est acceptable pour un homme comme pour une femme, du moment qu'il soit justifié par son expérience, son vécu, son passé, bref, par son histoire, influencé par son contexte (son monde, son univers, sa culture...) qu'en rébellion avec lui. A ce titre, ce roman de la Couturière illustre à merveille ces deux aspects.
Pour en finir, et pour répondre plus directement au sujet.
Je me retrouve, quant à moi, avec très peu de personnages féminins dans mon roman. Je ne l'explique pas, cela s'est fait ainsi. Mon personnage principal est un homme, un mage très puissant dévoré par le manque de confiance en lui. Le personnage secondaire est un homme, un guerrier aux belles valeurs. Le troisième personnage important est un prince "tête de con". Il y a bien une reine, figure de la souveraineté, qui hérite du pouvoir simplement parce qu'elle est la première née (et non par revendication d'un quelconque "girl power", s'il vous plait), mais si ce personnage est quelque peu présent, ce n'est pas sur elle que porte l'histoire.
Je n'ai cherché à ménager aucune parité, je n'en vois pas l'interêt. Ce débat étant stérile pour ma part. Ce qui compte, au final, c'est l'Etre, au-delà de toute distinction de sexe (et donc de classe ou de race, ect...). Ce qui compte, c'est sa capacité d'adaptation, d'évolution (ou de stagnation
d'ailleurs), en réaction à ce qu'il a vécu, en préparation de ce qu'il a à vivre.
En gros, pas de cases, juste la vie, quoi!
(Qui a dit que j'enfoncais des portes ouvertes?
)