Pierre Bordage ... ou le succès du détestable
Publié : 17 Août 2006, 11:56
Bon,
je sais qu'il est écris en sous-titre que ce forum c'est pour partager ses coups de coeur, mais là c'est le contraire, tant pis.
Ayant plusieurs heures à passer en gare entre deux trains, je suis allé faire un tour au RELAY pour m'acheter un bouquin. Je voulais de la SF - je tombe souvent sur des trucs sympa - mais là rien de terrible. Et puis si, quand même, un livre de SF de Pierre Bordage, que je connais de réputation en fantasy.
Je me dis "tiens, une bonne occasion de découvrir cet auteur dont on dit tant de bien. Et un français en plus".
J'achète le livre "Abzalon" en format Poche. Empli de curiosité, surtout que le 4e avait l'air aléchant (de la fantasy dans un univers SF manifestement, avec un garçon aux super pouvoirs...) je m'installe confortablement (autant qu'une gare le permet) et j'ouvre le livre.
1er chapitre : consternation... Ca commence par une lettre de 5 pages écrite en italique à la 1ere personne, un des procédés que je déteste le plus en fantasy. En plus le texte est lourd, plombé, et parfois emplis de détails dont on se passe en général en littérature. Bon je me dis un mauvais moment à passer, ensuite l'histoire commencera.
L'histoire commence... avec un mot inventé par phrase. C'est déjà insupportable, mais je m'accroche, je veux découvrir ce monde et cette histoire.
Le chapitre est odieux, mal écrit (avec des phrases de 5 lignes, que j'en oublie le sujet quand je suis arrivé au verbe !), mais présente au moins un univers complexe (mais un peu pompeux, voire pédant).
Plus une psychologie (baptisée philosophie métaphysique sur le 4e de couv) de bas étage, où on me fait a leçon pour m'expliquer que seul l'instant est vrai et que le reste n'est qu'impression, que seule l'autonomie a de la valeur et que toute autorité est néfaste, enfin bref, du boudhisme sauce stoïcisme épicé de christiannisme. (quand même, faut pas déconner).
Bon, chapitre suivant, re gros sermon sur le carpe diem, l'illusion de la sensation, la religion, re-lettre à la première personne insupportable de pédanterie, et ouverture de l'histoire sur une autre scène, autres personnages. Pas le temps de m'attacher à eux.
3e Chapitre : même recette.
4e : j'en ai marre, je regarde si tous les chapitres vont m'infliger la même horreur. Oui. J'ouvre au 2e tiers, en me disant qu'au moins je serai plongé dans l'action, que les personnages seront posés et que je me mettrai enfin à suivre leurs péripéties.
Peine perdue. Phrases lourdes et plombées, style déplorable, rythme inexistant, dialogues sans intérêt... je referme en me disant "Mais mince ! Ce type a été édité, son roman s'est vendu à plus de 2000 exemplaire - condition pour passer en format poche - et c'est ça qu'il écrit !!!! Même moi j'écris mieux que lui!"
Bref, retour à RELAY, qui accepte de m'échanger le roman. Je prend un bon vieux policier de gare, et là je tombe sur un roman sympathique aux personnages attachants... rien d'inoubliable, mais efficace.
Bref, d'où vient ce succès d'un type qui utilise avec maheur tous les clichés du genre, qui écrit de manière odieuse (on me reproche de faire parfois des phrases trop lourdes... Eh ben !! J'ai envie de faire lire ce roman à mes bêta lecteurs ! Ils n'arriveront pas à croire que ça a été publié, et encore moins que ça a eu du succès !! Il fait deux fois plus lourd que moi...), qui nous gave de noms inventés sans nous laisser le temps de les assimiler l'un après l'autre, bref, qui ne sait pas écrire.
D'ailleurs j'avais eu le même sentiment avec Eddings. Certes ses romans ont au moins l'atout de nous faire vivre aux côtés de personnages attachants, avec un humour parfois sympathique, certes la traduction était visiblement pour quelque chose dans le vilain style que je détectais... mais pas que ! (Je me place au niveau style largement au dessus de Bordage, un peu au-dessus d'Eddings (largement en dessous de Tolkien, un peu en dessous de Hobb), j'estime et mes lecteurs aussi que mon histoire est prenante, alors pourquoi eux et pas moi ???!!!!)
Bref, déçu et surpris par Bordage, et par son succès.
ps: Et ayant lu d'autres auteurs français (Ange je crois) en fantasy, j'en viens à me demander s'il les français n'ont pas un problème avec la religion. Ca vient toujours sur le tapis d'une manière grandiloquente et détestable (la religion jouant souvent un rôle de méchante). On n'a pas du tout ce genre d'approche en littérature anglo-saxonne.
Des relents de 1789 ou plus probablement des auteurs formés par des maîtres de 68 !!?
je sais qu'il est écris en sous-titre que ce forum c'est pour partager ses coups de coeur, mais là c'est le contraire, tant pis.
Ayant plusieurs heures à passer en gare entre deux trains, je suis allé faire un tour au RELAY pour m'acheter un bouquin. Je voulais de la SF - je tombe souvent sur des trucs sympa - mais là rien de terrible. Et puis si, quand même, un livre de SF de Pierre Bordage, que je connais de réputation en fantasy.
Je me dis "tiens, une bonne occasion de découvrir cet auteur dont on dit tant de bien. Et un français en plus".
J'achète le livre "Abzalon" en format Poche. Empli de curiosité, surtout que le 4e avait l'air aléchant (de la fantasy dans un univers SF manifestement, avec un garçon aux super pouvoirs...) je m'installe confortablement (autant qu'une gare le permet) et j'ouvre le livre.
1er chapitre : consternation... Ca commence par une lettre de 5 pages écrite en italique à la 1ere personne, un des procédés que je déteste le plus en fantasy. En plus le texte est lourd, plombé, et parfois emplis de détails dont on se passe en général en littérature. Bon je me dis un mauvais moment à passer, ensuite l'histoire commencera.
L'histoire commence... avec un mot inventé par phrase. C'est déjà insupportable, mais je m'accroche, je veux découvrir ce monde et cette histoire.
Le chapitre est odieux, mal écrit (avec des phrases de 5 lignes, que j'en oublie le sujet quand je suis arrivé au verbe !), mais présente au moins un univers complexe (mais un peu pompeux, voire pédant).
Plus une psychologie (baptisée philosophie métaphysique sur le 4e de couv) de bas étage, où on me fait a leçon pour m'expliquer que seul l'instant est vrai et que le reste n'est qu'impression, que seule l'autonomie a de la valeur et que toute autorité est néfaste, enfin bref, du boudhisme sauce stoïcisme épicé de christiannisme. (quand même, faut pas déconner).
Bon, chapitre suivant, re gros sermon sur le carpe diem, l'illusion de la sensation, la religion, re-lettre à la première personne insupportable de pédanterie, et ouverture de l'histoire sur une autre scène, autres personnages. Pas le temps de m'attacher à eux.
3e Chapitre : même recette.
4e : j'en ai marre, je regarde si tous les chapitres vont m'infliger la même horreur. Oui. J'ouvre au 2e tiers, en me disant qu'au moins je serai plongé dans l'action, que les personnages seront posés et que je me mettrai enfin à suivre leurs péripéties.
Peine perdue. Phrases lourdes et plombées, style déplorable, rythme inexistant, dialogues sans intérêt... je referme en me disant "Mais mince ! Ce type a été édité, son roman s'est vendu à plus de 2000 exemplaire - condition pour passer en format poche - et c'est ça qu'il écrit !!!! Même moi j'écris mieux que lui!"
Bref, retour à RELAY, qui accepte de m'échanger le roman. Je prend un bon vieux policier de gare, et là je tombe sur un roman sympathique aux personnages attachants... rien d'inoubliable, mais efficace.
Bref, d'où vient ce succès d'un type qui utilise avec maheur tous les clichés du genre, qui écrit de manière odieuse (on me reproche de faire parfois des phrases trop lourdes... Eh ben !! J'ai envie de faire lire ce roman à mes bêta lecteurs ! Ils n'arriveront pas à croire que ça a été publié, et encore moins que ça a eu du succès !! Il fait deux fois plus lourd que moi...), qui nous gave de noms inventés sans nous laisser le temps de les assimiler l'un après l'autre, bref, qui ne sait pas écrire.
D'ailleurs j'avais eu le même sentiment avec Eddings. Certes ses romans ont au moins l'atout de nous faire vivre aux côtés de personnages attachants, avec un humour parfois sympathique, certes la traduction était visiblement pour quelque chose dans le vilain style que je détectais... mais pas que ! (Je me place au niveau style largement au dessus de Bordage, un peu au-dessus d'Eddings (largement en dessous de Tolkien, un peu en dessous de Hobb), j'estime et mes lecteurs aussi que mon histoire est prenante, alors pourquoi eux et pas moi ???!!!!)
Bref, déçu et surpris par Bordage, et par son succès.
ps: Et ayant lu d'autres auteurs français (Ange je crois) en fantasy, j'en viens à me demander s'il les français n'ont pas un problème avec la religion. Ca vient toujours sur le tapis d'une manière grandiloquente et détestable (la religion jouant souvent un rôle de méchante). On n'a pas du tout ce genre d'approche en littérature anglo-saxonne.
Des relents de 1789 ou plus probablement des auteurs formés par des maîtres de 68 !!?