Le Voleur de Vent, par Frederic H. Fajardie, premier volume de deux tomes, le suivant étant Les foulards rouges, et ayant pourtant écrit avant.
Commençons par présenter le livre de manière "normale" avant de s'enflammer de passion pour cet agencement de mots et d'idées fort bien réussi et... hmmpppfff !
ISBN : 2-253-10807-3
Le voleur de vent
de Frederic H. Fajardie, auteur contemporain
Roman de Cape et d'épée, réaliste malgré les 'loup-garous'...
(vous allez comprendre si vous liser!!)
Style d'écriture [strike]sublime [/strike]à l'ancienne
Chez Le Livre De Poche : 8€50
763 pages
Des tonnes de bonheur...
www.fajardie.net
Synopsis : (qui ne rend pas hommage à ce que contient le roman à mon humble avis, à savoir : un navire et son capitaine et amiral servant son pays jusqu'à la mort, un sombre complot ourdi par un moine terrifiant, et les plus belles et grandes têtes de France qui finissent par sauter...)
Décembre 1609.
Par une nuit sombre et glacée, deux cavaliers vêtus de noir approchent d'un château en ruines dans les caves duquel va se tramer un terrible complot. L'un de ces cavaliers est un des hommes les plus puissants du royaume des Lys.
Son acolyte, horriblement défiguré, est sans doute ce que le mal a produit de plus raffiné en les siècles. À ses ordres, demi-fous, la gueule sanglante mais maniant l'épée en virtuoses, une troupe de loups-garous dressée attend son heure pour participer à la folie meurtrière qui va secouer le pays durant les six mois qu'il reste à vivre au roi Henri quatrième. Et pour mieux assurer l'infamie, à Paris, en de riches demeures, ils sont douze conjurés, les fleurons de la Cour, portant cagoules de pénitents, qui se réunissent pour fermer autour du roi trois cercles de fer et de mort.
C'est compter sans Thomas de Pomonne, comte de Nissac et amiral des mers du Levant, aussi à l'aise au sabre qu'à l'épée, aussi redoutable sur terre que sur mer. Entouré de rudes compagnons, fidèles à un roi qui, le premier en l'histoire, reconnut la liberté de conscience, Nissac va tenter de sauver Henri IV.
Duels, assauts, abordages, attentats à l'explosif, trafics d'armes, rendez-vous secrets, pierres tombales qui bougent, prêtres crucifiés sur la porte des églises, machinations, hurlements en la nuit, démons et merveilles, Nissac, des glaces du Danemark aux côtes d'Afrique mais plus souvent en les obscures ruelles de Paris ou les couloirs du Louvre, devra faire face partout.
En outre, son cœur balancera entre trois merveilleuses femmes - maniant parfois l'épée mieux que les hommes - qui se disputent son amour.
Enfin, ayant échoué de peu à sauver le roi, il tentera de châtier ainsi les coupables... Pour découvrir, en un extraordinaire coup de théâtre final, qu'Henri n'est peut-être pas mort comme on a voulu nous le laisser croire.
Ceci fait, mon avis personnel maintenant...
Rien à redire, j'ai a-do-ré.
Le scénario, roman historique, est absolument savoureux. Je ne sais si les histoires des loup-garous et du moine perverti sont réelles, si autant de grandes gens ont participé à ce complot horrible, si Nissac a réellement existé (un peu à la manière des mousquetaires, c'est à dire juste un nom dont on a inventé l'histoire, ou réellement existé, ou ni l'un ni l'autre...), etc, mais... ce livre est très cohérent, regorge d'aventures fantastiques, réelles, et une bonne partie se passe en mer, à bord du Dragon Vert ! On en redemande ! Je vais me hâter d'acheter les Foulards Rouges, soit la suite, racontant les aventures de Loup, le fils de Thomas de Pomonne, Comte de Nissac, Vice-amiral puis amiral des Mers du Levant.
L'a-t-il appellé "Loup" (son fils) en hommage aux loup-garous ? Bonne question...
Merci, Andromède, de m'avoir offert ce splendide chef d'oeuvre !
Il a été un coup de coeur énorme, et aussi un coup de sang, j'en viens à repenser ma manière d'écrire tant cela m'a plu, enchantée, et transportée.
Voici quelques passages que j'ai trouvé sublimes dans leur écriture, leur ambiance, ou leur manière d'être amenés.
Savourez !!
Alors, à la lumière d'une lune complice elle aussi et tandis que filait une étoile sur fond marine, la duchesse embrassa le vice-amiral. Et ce fut bien le premier abordage en lequel Monsieur de Nissac n'eut point l'avantage, rendant les armes sur-le-champ et capitulant sans conditions...
[première partie, fin chapitre 26)
"Jaune" [un des loup-garous] constata qu'on l'entourait de toutes parts et vit le curé hocher la tête d'un air de grande componction.
Alors, ce fut violence extrême et déchaînement infernal chez tous ces hommes si favorables à un Dieu de Bonté et de Pardon.
[milieu du chapitre 48]
Tous les ruffians de l'équipage du Dragon Vert apprenant la nouvelle d'une femme à bord entrèrent en grande fébrilité. On coupa les cheveux, tailla les barbes, lava les vêtements durcis de crasse et, en émouvante façon, chacun s'éprouva à parler langage de politesse qui déclenchait force crises de rire quand tel, qui disait habituellement : "Denis, porc immonde au fumet mâtiné de bouc en pleine pourriture du fondement, tends-moi le tonnelet d'eau-de-vie !" revoyait sa façon pour la rendre plus exquise : "Denis, doux ami au regard pur et dont le coeur ne l'est pas moins, me feras-tu l'honneur de me tendre ta fiole d'eau-de-vie ?".
Et cela faisait rire aux larmes.
(milieu chapitre 56)
(la scène suivante se passe à la cours, après que Nissac soit parti avec le roi. Sousseryac est un des officiers principaux du navire le Dragon Vert)
Princesse flamande fortunée, elle scrutait sans se gêner Monsieur de Sousseyrac, haut d'une toise et charpenté telle une armoire. A la vérité, le baron se trouvait en grande fascination de cette princesse de poids dont il songea : "Tudieu, quel beau morceau !"
La princesse, de son côté, se trouvait en pensées voisines car c'est sans faire de façons qu'elle s'adressa au capitaine de l'infanterie d'assaut :
— Ah çà, Monsieur, vous et moi dans un lit, l'affaire sera chaude !
— Quel combat ! répondit Sousseyrac.
[...]
— Cependant, Madame, il est d'évidence qu'aucun lit n'y résistera.
— Foin du lit !... Mais vous-même, y résisterez-vous ?
(chapitre 66)
Le roi, lui, venait de s'éveiller en sursaut. Et, peut-être parce qu'il était roi, il eut le pressentiment que Nissac allait passer à l'action pour assurer grand renom à son règne. Alors il sourit et se rendormit en convoquant mille images de combats magnifiques et glorieux mais, peut-être parce qu'il était roi, il ne songea point aux larmes, au sang, aux tripes fumantes et aux cadavres pourrisants...
(fin chapitre 71)
Et ce ne sont là que quelques uns des très nombreux passages absolument savoureux. J'ai choisi les plus drôle et les plus émouvants...
Après, que dire sinon répéter que j'ai adoré, et ne me suis jamais autant régalée dans aucun autre livre ?
Voilà une épopée qui mérite d'être lue, et relue, et offerte, et achetée...
A lire sans modération !!
A noter : Monsieur Fajardie est aussi l'auteur de très nombreux polars, dans un tout autre style d'écriture.
Un maître en son art, vous dis-je !!
